(journal de mes sensations)

dimanche 15 juillet 2012

Bavardage matinal avant la douche

Ce premier matin de la semaine où je me lève sans contraintes je n'arrive plus à le consacrer à la course. Il faut dire que le temps me pousse plus à la douce et sensuelle oisiveté de rester sous la couette, qu'à sortir courir.
Hier soir aussi, j'ai préféré un bon livre à m'aventurer en ville. Juste avant j'ai vu une émission à propos de Jacques Prévert. Son appartement, cité Véron où il partageait la même terrasse, qui donnait sur l’arrière du Moulin-Rouge, avec Boris Vian. Cette émission m'a rassurée sur cette nature qui me caractérise, pas que j'ai tout à coup la prétention de me comparer au poète, mais cette tendance contemplative est, il faut bien le dire, qualifiée par beaucoup de, fainéantise. Prévert, l'était et même le revendiquait, nous avons ça en commun, ne serait-ce pas un signe ? Jamais, il n'avait imaginé un jour écrire, être poète et scénariste, la seule chose dont il était convaincu, c'est qu'il ne voulait faire que ce qui lui plaisait, qu'il ne voulait pas travailler... À sa mort, ce fainéant assumé, laissait pourtant à la postérité, une oeuvre variée, imposante et incontestée. 
Une anecdote m'a amusée, celle où il est raconté que Prévert avec son ami, éditeur je crois, je ne me rappelle plus, qui l’hébergeait puisqu'ils vivaient ensemble... Bref, Prévert, bavard intarissable, racontait encore quantité d'histoires, allongé sur son lit, avant de sombrer. "Paroles" en l'air que cet ami notait scrupuleusement... Le lendemain, ils faisaient alors le trie de ce qui leur semblait digne d'intérêt...  
Ce mot de "fainéant", dont les synonymes proposés dans le dictionnaire sont encore moins reluisants mais bien symptomatiques de ce qu'en pense la société : cancre, cossard, flâneur, flemmard, inactif, indolent, paresseux, tire-au-flanc. Ce mot, que dis-je, cette menace faite à l'enfant... cette perfide critique que certain d'entre nous, parce qu'admirateur ébahi de ce qui l'entoure, entendait plutôt que : "oh, comme il est travailleur" , ne conditionne-t-elle pas ce que nous finissons par devenir, si nous n'y prenons garde ?
Zut, le soleil fait son apparition, comme pour me complexer de ne pas avoir été courir... 
Où voulais-je en venir, déjà ? Ah, oui, à celle qui fût ma muse et qui le reste par procuration prise par mon âme ; ou à moi ! À moi, cette fois-ci, enfin on verra... Chaque jour j'aime à écrire ici, mais je dois le reconnaître, cela ne me coûte que peu d'effort. Bien qu'éducativement (ça n'existe pas me dit mon correcteur !? Pfff, aucun sens de l'imagination !) n'étant pas équipé pour cet art de l'expression qu'est l'écriture (ceux d'aujourd'hui, sortent de Science Po, ont fait Cagne Hypocagne... et parlent encore mieux qu'ils n'écrivent), je ne peux que constater que moi, ça me vient comme une envie de pisser, presque d'un seul trait... J'écris à l'oreille, cette même oreille qui pourtant m'handicape dans les langues étrangères. La dernière fois, j’écoutais une chanson de Bob Marley, et seul dans la voiture, je reprenais avec lui le refrain, ça donnait ça : I don't want to wait eighteen days for your love... !! Forcément c'est un peu réducteur ! Pourquoi dix-huit jours ? Je sentais bien qu'il y avait quelque chose de ridicule, que ça n'allait pas... mon instinct me donnait le juste sens de cette chanson, m'interpellant sur un texte indice... bien que mon oreille, elle me racontait n'importe quoi ! Du coup, je doute et perds ma spontanéité, je m'embrouille les synapses... 
En revanche, dès que j'écris, c'est mon oreille qui me dicte, moi, je note. Il arrive que la phrase ainsi formulée me semble, bizarre, alors je fais des recherches, des essais... Mais je me dis que je ne dois pas en faire trop, qu'il me faut aussi conserver ce qui pourrait s'avérer être une singularité, tant qu'elle exprime quelque chose de compréhensible... Il y a mon oreille, et il y a aussi mon instinct, la seule chose qui soit notablement développée chez moi. C'est lui qui fait que je suis interpellé par cette chanson au moment où elle passe, bien que n'en comprenant pas les mots par faute d'oreille... C'est lui qui me fait écrire des trucs qui lorsque je les relis, me font me demander si j'en suis bien l'auteur... pas que je m'extasie sur la façon dont la phrase est tournée, mais quand même, je ne m'imaginais pas capable d'une chose pareille.
Alors, peut-être, que dans ma cervelle, je connais l'anglais, le celte et le latin... que je connais la musique, les couleurs et le dessin... ce dont est capable une âme, et même ce qu'est l'Univers ! Mais qu'il se trouve comme par un vilain sort reçu... que je n'y ai pas toujours accès, enfin pas comme je le voudrais. Et que ça me peine, vous imaginez pas combien...
Deux bricoles :

Waiting in vain

A chaque kilomètre
chaque année
des vieillards au front borné 
indiquent aux enfants la route
d'un geste de ciment armé.
Le droit chemin - Jacques Prévert.

1 commentaire:

  1. Et bien moi, je suis allée courir ce matin. Malgré la canicule ici. Mais j'avoue qu'un peu de paresse est souvent bien tentant...

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