(journal de mes sensations)

lundi 5 décembre 2011

Trente et un !

Je suis retourné sur ces lieux que je fréquentais il y a maintenant, près de trente ans ! Rien a changé, sinon mes illusions. 
Un petit bistrot typique, embrassades, service au plat et pot de côte, rigolades... Deux demi-vies qui se racontent en abréger. Chez tout le monde, la somme des échecs et des mauvais coups, est toujours plus grande que celle des réussites. Et c'est tant mieux, ça nous rend plus humain, plus humble...
On se revoit bientôt, et c'est heureux. 
Je décide de rentrer à pied : Alésia - Dugommier, en empruntant le chemin des souvenirs. 
Boulevard Raspail jusqu'au Bon Marché, là, mes pas pèsent une tonne... En haut ça date d'il y a près de trente ans, en bas d'il y a à peine un an. En haut c'est un peu mélancolique, en bas c'est encore tellement douloureux. J'abandonne l'idée de passer devant l'école de Science Po., je crois que je ne tiendrais pas... je prends Saint-Sulpice et c'est déjà difficile, récupère St.Germain au niveau du Comptoir... et prend en direction du parvis de Notre Dame. Dès qu'un vélo passe, j'ai le coeur qui saute un temps, je m'assois cinq minutes pour regarder les badauds et les bigots faire foule, sans doute plus curieux du Bossu que du Bon Dieu... J'imagine un vélo comme une hirondelle fendre cette marée à petits coups vifs de sonnette...
Je traverse la Seine par le pont d'Arcole, la contemple et reconnais à gauche, deux ponts plus loin, le pont neuf, que certainement elle emprunte encore à une heure ou il lui semble que Paris lui appartient... 
L'Hotel de Ville et son bazar, quelques pas rue Vieille du Temple, jusque cette cour dont les pavés reflètent des milliers d'entrechats et où résonnent les notes d'un piano droit... puis la rue de Rivoli, St.Paul jusque Bastille. 
Rue du Faubourg St. Antoine, je suis dans mon fief, au milieu, à droite rue Crozatier puis rue de Charenton, je dépasse Dugommier et suis arrivé. Deux heures de promenade, la plante des pieds un peu surchauffée, j'ai couru ce matin... Mais ce qui est en surchauffe, c'est mon hippocampe, tant de souvenirs concentrés dans un peu plus de 120 minutes. Un voyage dans le passé, tantôt en accéléré, tantôt au ralenti. Rien de tout cela n'est vieux, autant ceux de près trente ans que ceux d'à peine un an. Se les remémorer, c'est voir défiler leur présent, avec le même éclat mais pas la même intensité...

dimanche 4 décembre 2011

Comme un dimanche.

Ce matin, malgré le temps, je suis allé courir. Bien que difficile au départ, j'ai réussi à aller plus loin, et même à retrouver quelques sensations d'avant...
J'ai attrapé quelque chose, dusse-je en heurter certain, voire pire, je m'y accrocherai, de toutes mes phalanges.
Je fonce au marché glaner quelques fruits et légumes, sans oublier de saluer le Baron. Puis j'irai flâner où il y a du monde pour observer mes congénères. Je ne suis pas sûr de vouloir les connaître, j'aurai trop peur de ne faire cela que par profit... Je trouve préférable de garder mes distances, je n'ai rien à offrir ni à échanger. Mais, ça va, je suis moi.
Demain, s'il ne tombe pas des cordes, j'irai courir. Puis je retrouverai, dans ce quartier des peintres et des poètes, que je ne fréquente plus depuis des années, un vieil ami, pour déjeuner. 
M'y rendrai-je en traversant le 6éme ou bien le 13éme ? À pied ou à vélo ? Voilà des questions qui ne m'épuisent pas... 
En attendant, une salade d'endives avec quelques noix et un morceau de comté, feront mon dîner de ce soir.
Ne rien avoir à dire, il faut bien que je m'y fasse.  

samedi 3 décembre 2011

Il est temps de me sauver...

J'ai laissé filer ce début du mois de décembre, par manque d'idées. Avant, ma créativité était sans cesse stimulée, depuis... c'est parfois comme aller à la mine... 
Bien que n'ayant alors qu'un seul sujet, cela me semblait chaque fois différent. Depuis, j'ai plusieurs motifs qui valent que je m'exprime, mais j'ai cette pénible impression que c'est toujours pareil.
Cette dernière nuit... un songe révélateur et douloureux... C'était dans un lieu qui n'existe pas mais que j'ai déjà visité... Nous étions trois, elle s'était absentée. L'autre... était-ce un de ses amis, ou l'un des miens ? Je ne sais pas. Il n'était rien d'autre qu'une présence. Toujours est-il, qu'inquiet de son absence, je sors à sa rencontre, au moment où elle arrive et, la voyant je comprends d'où elle revient... une sensation, dans un rêve. Nous sommes dehors, dans une rue privée, qu'une barrière délimite de l’immensité de la ville. Il fait peut-être nuit, assurément sombre mais moins que de l'autre côté. Alors qu'elle n'a pas encore franchi la barrière, je vois, ou plus exactement je devine, qu'elle a cet air contrarié que je lui connais... Puis ce sont des reproches insensés, sans autres émotions qu'un agacement... Mais que suis-je donc ? La nature des griefs serait des mots, à propos d'elle, qui lui aurait été répété (?) non sans reproches... Faisant du même coup et non sans ironie, de ces mots, des prédictions... 
Je ne sais pas me défendre... Plus encore dans des situations grotesques, où la ficelle est un peu grosse ! Bien qu'étant l'offensé, on me fait croire, et je crois, en être l'unique cause... 
Et puis, quelque chose se déchire... quelle importance tout cela peut bien avoir ? Je m'aperçois que je m'en fiche... 
Je passe dans ces limbes qui bordent les songes et l'éveil, tout se dissipe... Ne me reste au réveil, que les impressions du rêve : l'attente, l’inquiétude, puis cette paralysie devant les reproches... Suivent ces autres sensations, toujours magiques : cette incroyable difficulté que j'avais à respirer lorsque j'étais à ses côtés ; cette tension dans chacun de mes muscles, ces milliers d'idées qui me venaient, cette perception exacerbée d'appartenir à l'univers... Cette résistance physique et morale, cette capacité à ne presque pas dormir, à devancer et deviner presque tout... comme sous amphétamines ! 
Je fais alors la part des choses. Quel idiot je faisais, quel imbécile je fais... Je ne me croyais même plus, je ne m'écoutais plus, juste par peur de blesser, d'humilier... 
Il est temps d'abandonner certain de ces principes qui n'ont apparemment plus de raison d'être, d'en venir au fait et aussi à l'oeuvre de tous ces amers dessins que je retiens et qui m'empoisonnent... Me nuire, pour épargner qui ? D'autres que moi ? Le moment est venu de penser d'abord à moi ! Qu'ai-je donc à perdre ? Rien !