(journal de mes sensations)

samedi 31 mars 2012

L'histoire d'un soir

Hier soir, un message : "ça te dirait d'aller prendre un verre vers 20h00 ?" Ça faisait des lustres que cela n'était pas arrivé.
Le verre se prolongea en plat. 
Derrière nous une femme, la trentaine, belle et le sachant, accompagnée de trois types hilares, des collègues a priori. Elle allume à tout va et, à sa façon de regarder les hommes, on comprend qu'elle n'a pas froid aux yeux. Du coup, ça monte en température, même de dos je sens les doses de testostérone que ces mecs balancent en feu de Bengale, une course à mort s'est engagée pour séduire cette femelle qui feint l'ovulation. 
Son téléphone sonne, elle se lève et s'éloigne un peu pour répondre... les types s'observent, comptent les points... À peine est-elle revenue que ça repart dans tous les sens, jusqu'à ce qu'elle annonce, non sans une insidieuse perversité, que son mec les rejoint ! 
Une giboulée de mars, glaciale, vient de s'abattre sur eux. 
Un ange ruisselant passe en ricanant... Puis viennent les questions qu'ils voudraient d'un ton détaché : 
- Ah ! Tu as un mec ? Et, qu'est-ce qu'il fait ?.. 
- Il est DG d'une grosse boîte.
Une deuxième giboulée s'abat sur la table... 
- Ah, ouais, DG ! Friqué en plus (feignant l'humour)... 
L'ambiance change plus que perceptiblement. Les mecs, chargés à mort, tentent de faire retomber la pression en picolant. Le DG arrive enfin, brut et carré, cassant l'ambiance rien que par sa présence, il a compris ce qui s'est passé et l'on peut sentir qu'à peine assit, ses mains le démangent... Il sourit froid en montrant les dents, et tue la soirée en annonçant qu'il n'a pas faim, qu'il ne prendra qu'un café... Elle, tout en discutant, pose sa main sur l'épaule de son voisin, cela finit de décontenancer les trois prétendants qui n'attendent plus que de pouvoir rentrer chez eux, pour déjà se désarmer, et oublier cette frustrante soirée...
De notre point de vue, et surtout avec le recul d'être à une autre table... cet épisode des relations femme-hommes-son mec, nous a bien fait marrer... Et dire qu'il y en a qui prennent leur pied en étudiant les langues et les civilisations disparues...    

vendredi 30 mars 2012

Caractéristiques

"Quand je suis seul, je suis mécontent du monde, et quand je vais dans le monde, je suis mécontent de moi." Cet aphorisme de Cioran... Tout à fait, moi.

Ces derniers jours, un être qui compte, tient a partager avec moi l'apparition d'un peu de bleu dans son ciel orageux. Je ne peux m'empêcher de me sentir embarrassé devant l'expression de son soulagement. Il m'a toujours était plus naturel de partager avec autrui, ses épreuves ou ses malheurs, plutôt que ses réussites ou ses joies. Depuis toujours, je me sens mal à l'aise avec le bonheur. Je m'en méfie.

Ce matin, je croise dans les couloirs, un collègue dont je n'ai jamais pu retenir le nom (comme tant d'autre), esquissant un identique petit sourire courtois en pensant exactement de lui, ce qu'il pense de moi. Il m'arrive de ne même pas faire semblant. C'est cependant moins du mépris que du détachement ! 

"En principe, je me croie capable de faire n'importe quoi pour n'importe qui. Le seul pour lequel je sais parfaitement que je ne puis lui être d'aucun secours, c'est moi." (Cioran)
"Qui suis-je pour moi-même ? Rien d'autre que l'une de mes sensations."(Pessoa)
 La découverte des œuvres de Cioran et de Pessoa, un des temps forts de ma vie ! Je ne suis pas seul et qui plus est, certains ont du talent.
Me connaissant si peu, comment pourrais-je me secourir ? 

jeudi 29 mars 2012

Anecdotes, pour commencer à parler d'autre chose...

Hier, après mon travail, je suis sorti courir. Yes ! Le tour du lac est toujours encombré le mercredi... mais depuis que le soleil a repris de sa superbe, les berges le sont aussi. Ils viennent en masse s'allonger au bord de l'eau, tout particulièrement sur les deux petites îles, pour des raisons évidentes d'exposition et pour éviter les déjections canines, leurs auteurs y étant interdits. J'imagine que c'est parce que ces îlots abritent toutes sortes de volatiles, Paons et cygnes, oies cendrées et canards colverts, sans oublier les foulques, drôles d'oiseaux dont je reparlerai, que nos amis les chiens y sont proscrits.
Toute cette faune a ces habitudes. Des habitudes... plutôt élémentaires, basées sur des cycles naturels. Cycles cependant perturbés par ces exhibitionnistes, qui viennent le temps d'un après-midi investir leur territoire. Passant en courant, je me marre en imaginant que ces occupés plumés ont au moins la compensation de voir leurs occupants déshabillés se vautrer, non sans allégresse, dans leurs fientes encore fraîches ! Et, il suffit de voir le chemin miné sur lequel je cours pour se faire une idée précise de l'état de la pelouse sur laquelle ils s'étendent... Je ne parle pas du reste du bois, où une partie des promeneurs y sortent leur chien chier, tandis que l'autre y emmènent leur gamin pique-niquer... Le pire est que ce sont souvent les mêmes ! Promeneur de chien, lâchement on ignore ce qu'il sème, promeneur de gamin, on l'engueule quand il marche dedans. L'hygiène est avant tout une question d'honnêteté... 
J'évoquais plus haut, cet oiseau qu'est la foulque. Haut d'à peine vingt centimètres, il a une forme de poire et semble démuni d'ailes. Par contre il possède deux pattes aux pieds disproportionnés qui lui donnent un air comique. Une fois, alors que je courrai, l'un d'entre eux se trouva à courir sur mon côté gauche, à peine cinquante centimètres en avant. Il voulait apparemment rejoindre la berge située à ma droite et  avait dû être surpris par mon arrivée, j'ai la chance de ne pas courir en traînant les pieds, ou en soufflant comme une forge, bref je suis plutôt silencieux. Sa position de course, penché et tendu vers l'avant en se dodelinant, lui conférait un aspect sympathique et comique. L'épisode me parut immédiatement cocasse. Tout à coup il accéléra tendant encore plus le cou et tournant vers moi sa petite tête concentrée par l'effort. À ma surprise, il prit aisément un bon mètre d'avance et vira brutalement à droite me coupant la route, sans jamais me quitter des yeux... Cela me fit éclater de rire, tant il était drôle et surtout parce que j'eus la vision de cette scène me ridiculisant d'être ainsi doubler par un drôle d'oiseau aux grands pieds. De plus, j'étais certain, à voir son air, que s'il avait eu des mains, il m'aurait tendu un doigt d'honneur ! Il est vraisemblable qu'il impressionna tous les siens qui suivaient la scène d'un peu plus loin, le cul dans l'eau.
Un coup d'œil suffit, pour que je constate, non sans soulagement, que personne n'avait été témoin, mis à part la famille (certes, nombreuse) de mon coureur, quelques oies et une bande de mouettes rieuses qui s'en donnaient à cœur joie pour le coup. Ouf ! Mon honneur était sauf, mais il s'en était fallu de peu. 
Chaque fois que j'y retourne, j'imagine ce qu'ils se disent se poussant de l'aile dès qu'ils me voient... ça m'oblige à plus d'efforts et surtout, à plus d’autodérision !  

mardi 27 mars 2012

... Basta !

Voilà ce qui semble être, je le reconnais, une bien longue et pitoyable dégringolade. Je ne suis cependant tombé que de moi-même. Pour m'être abusé en acceptant de ne regarder que ce que l'on voulait me montrer, alors même que j’apercevais ce qui se cachait derrière. D'habiles jeux d'angles pour me laisser penser siennes ces tendresses, ces attentions... qui n'étaient en fait que le reflet des miennes. Maintenant, que je ne vois plus le reflet, mais le miroir, ne subsiste plus que la vérité, crue, minérale. Et, force est d'accepter m'être trompé.
Je ne regrette cependant pas un instant, pas même une peine... parce qu'ils étaient vrais et sincères, parce qu'ils étaient la conséquence d'un exceptionnel sentiment que tous ne peuvent connaître, et certains même, jamais ! 
J'ai donné plus que je ne possédais ; secouru plus qu'il n'aurait fallu... J'ai avalé, sans rechigner, le mépris et sa cohorte d'associés qui m'étaient servis en retour, qu'ils furent ou non voulus.
Combien sont-ils à avoir été lâché ainsi ? Autant que ceux qui n'offraient plus de gages d’utilités ?
J'ai résisté à cette tentation d'à mon tour, détruire, pousser à fuir (une fois encore), donner une leçon... c'est dire !  Ce fut parfois difficile... mais savoir qu'on a blessé quelqu'un pour la vie, doit être un lourd fardeau à porter... Et puis, finalement, cette perversité relationnelle, qu'offre-t-elle d'autre à son détenteur, que la fuite comme seule perspective ?
Tous les miroirs sont semblables, interchangeables, inerte, la vie ne se trouve que dans ce qu'ils réfléchissent. 
Je récupère pour bien propre ce qui, ici, avait était appelé nôtre... Tout ne provenait en fait que de moi.
Et, en mémoire de ce qui fut, déjà, un faux commencement... Basta !
Certes, au regard du temps passé, voilà peut-être de quoi faire naître sarcasme et ricanement, mais qu'importe, moi ça me soulage, et c'est bien là l'essentiel.

lundi 26 mars 2012

Prudence et réflexions

Fort de mon effort matinal de samedi, mais prudent quant à ce fragile tendon qui longe mon fessier, pour tout de même profiter du printemps resplendissant, l'après-midi, je suis parti en balade. Trois heures de marche ininterrompue et à bon pas, dans Paris ! Je ne me suis pas arrêté parce que j'ai toujours des scrupules à m'installer seul à la terrasse d'un café... J'ai bien envie de le faire, mais je suis incertain, je crains les regards... et je repousse sans cesse mon arrêt pour toutes sortes de raisons sans queues ni têtes, jusqu'à ce que l'heure de prendre un café soit dépassée... Celle de l'apéritif n'étant pas encore acceptable, je me contente de rentrer, contenant aussi mon envie d'uriner...
J'ai les pieds en feu et le fessier... douteux.
Être seul ne me dérange pas, c'est de me sentir comme tel qui est difficile parfois. Serai-ce une défaite ?

samedi 24 mars 2012

Exercices et empathie

J'y suis allé, au bois. Et ça a tenu ! Bien qu'un point entre hanche et fessier droit subsiste, comme une menace. Je ne me suis donc pas lâché, mais en avais-je les moyens ?
Puis, à midi, j'ai retrouvé un ami pour un verre au Baron... Au comptoir, à coté de moi, une japonaise vacille, elle est a priori fatiguée... J'apprends qu'aujourd'hui, c'est son anniversaire, je lui offre donc un verre, mais j'ai des scrupules, elle semble vraiment plus disposée à s'effondrer qu'à rigoler. Nous échangeons quelques mots... Évidemment, je fais l'objet de goguenardises de la part des connaissances autour... Elle me fait de la peine... je lui demande où elle habite et l'engage à rentrer se reposer, que pouvais-je faire d'autre ? Elle me remercie et pour répondre à mon inquiétude me dit : "Ah, ça ira, ça ira ! Oui..." Je souris... 
J'avoue qu'elle était agréable à regarder, mais plus encline à me vomir dessus qu'à tomber dans mes bras. 
J'ai toujours une vraie empathie avec ces expatriés, qui se retrouvent seuls pour leur anniversaire. Elle fêtait ses trente ans ! Seule et loin de chez elle.
Nous finîmes, mon pote et moi, la journée dans le Marais, à nous moquer des badauds en shorts, sandales et casquettes, glace ou bière à la main, comme à la plage ou dans leur centre commercial.
Le manque de respect de soi ne s'exprime pas toujours comme l'on pourrait croire. 

vendredi 23 mars 2012

Constatation

Je me lève trop tôt et je dors trop peu. C'est la seule explication à cette apathie persistante. De plus, depuis deux semaines, une récurrente tendinite aux fessiers droits, m'empêche de courir... Mes siestes sont des comas. L'après-midi file sans que j'aie pu faire quoi que ce soit de satisfaisant. C'est désespérant. 
Demain matin j'y vais - courir - et l'on verra bien... 
Ce temps est pourtant propice à la fréquentation des terrasses de café, des parcs et, aux rencontres fortuites, mais je n'arrive pas à atteindre cet état d'esprit, ou à m'y résoudre. Je me sens encore tellement, convalescent. 
Pourtant ce printemps qui s'affiche, invite à la légèreté.

Consternation.

Je prends le peu de courage dont je dispose encore et, me regarde... 
Toutes ces envies que j'avais, se sont lissées aux seules nécessités de surmonter les vicissitudes d'une vie, imposée. Mon entrain et mon enthousiasme, fauchés par ma naïveté, ma crédulité, ne sont plus que deux mots insensés.
Plus rien ne m'étonne, ou même ne me surprend.
Il semble que ce printemps ne revêt pas les couleurs et parfums du Lilas, mais qu'il endosse un lourd manteau élimé comme une meute de loups affamés, le manteau gris d'un grand automne voûté !

jeudi 22 mars 2012

Réminiscence bleutée.

À 13 heures, hier, rendez-vous avec cet ami d'il y a si longtemps, pour déjeuner dans le Marais.
À la terrasse d'un bistrot apprécié, rue Vieille du Temple, nous devisons gaiement, sur la nécessité de ne jamais se prendre au sérieux ; de notre mépris pour le communautarisme... de la bonne cuisson du foie de veau ; du besoin que l'on a d'être aimé et de la futilité des haines et fâcheries entre proches... de nos faits d'arme les plus honteux ; du temps perdu... des voyages ; de la folie des autres et du boulot... Bref nous refaisions le monde comme il nous plairait qu'il soit, sans tous ces cons tout autour.
Mon plat était exquis et le vin gouleyant. Certes, ma matinée me pesait un peu, mais il faisait beau, nous étions en terrasse, j'étais bien.
C'est un peu plus tard, au moment du café, qu'une femme vint s'installer derrière moi...  
L'Heure Bleue
Étonnant comme ce parfum me coupe le souffle et... me pique les yeux ! 
Juste le temps de mettre mes lunettes de soleil... 
Il devait se rendre à un rendez-vous, ça tombait bien, je commençais à m'absenter, à perdre pied. Il était 15 heures, à peu près... 
... J'ai refais surface vers 19 heures, chez moi, confus, ne me rappelant plus comment j'étais arrivé là, ni ce que j'avais fais durant ces heures, indigos !

mercredi 21 mars 2012

"Fletta" ou ces instants.

Comme une obsession saine, ce matin écoutant ces morceaux d'émotions qui ne me quittent jamais, je suis à nouveau saisi par celui qui, de tous, me touche le plus, et ne peux me retenir de l'écouter en boucle, comme une respiration. 
Il y a dans ces quelques notes, ces deux voix, une vibration qui, imperceptible pour tant d'autres, moi m'ébranle. Chacune des cellules qui me constituent entre alors en résonance, produisant une émotion aussi pure et cristalline que puissante. En contenir les effets est une épreuve impossible à tout à fait surmonter. 
Cette sensation, cette vague d'émotion qui m'emporte alors, je la connais. Pour l'avoir déjà ressenti. 
L'une des dernières fois, c'était un soir de septembre, je l'attendais à un arrêt de bus, à côté de chez moi. Bien que sachant ce qui s'était passé... et inconsciemment devinant ce qui allait suivre... Mais, comme cette chanson - qui donne l'impression de n'avoir ni début ni fin au point que l'écoutant en boucle, elle semble être le flux continu et naturel d'une vie douce, émotive, sans vides ni heurts - après un trop long moment sans l'avoir entendue, à peine les premiers accords perçus, irrémédiablement, inexorablement, je me sens bouleversé ! 
Tout comme son regard, ce soir-là, qui agréablement surpris par la nature du mien, chassa toutes les ombres dont il était voilé, s'éclaircissant jusqu'à atteindre une limpidité extraordinaire. Et, après ces retrouvailles qui du coup, n'eurent pas le temps d'en être... Mes fantômes éblouis ayant disparu... Nous marchâmes, elle à mon bras, légère de n'avoir plus qu'à être heureuse et fière de sa silhouette presque trop mince et de sa nouvelle coupe de cheveux...
Trois minutes, trois, neuf ou dix-huit mois, l'éternité. Seuls les instants importent, ces instants dépourvus de temps ! Ces instants comme cent ans !     

mardi 20 mars 2012

Boule neigeuse

Aujourd'hui, du balai l'hiver ! Grand nettoyage de printemps...
Premier constat : la mémoire c'est comme ces boules à neige, il est impossible d'en nettoyer l'intérieur...

dimanche 18 mars 2012

Éloge et vanité.

Si seulement cette persévérante tentation de tout détruire était plus puissante... Tout cela ne subsiste-t-il pas pour une mauvaise raison ? Ma vanité ! 
Je ne me crois pas orgueilleux, je n'en ai pas les moyens ! Mais, je me sais sensible à l'éloge... Hum ! Soyons sincère... j'en ai un terrible besoin ! Parce que cela apaise les meurtrissures que m'inflige cette cruelle lucidité avec laquelle je me regarde.
Et là encore je suis regardant, il ne peut s'agir de n'importe quel éloge et, il ne peut provenir de n'importe qui.
"Il y a une différence entre l’orgueil et la vanité. L’orgueil est le désir d'être au-dessus des autres, c'est l'amour solitaire de soi-même. La vanité au contraire, c'est le désir d'être approuvé par les autres. Au fond de la vanité, il y a de l'humilité ; une incertitude sur soi que les éloges guérissent." (Henri Bergson).

vendredi 16 mars 2012

Il faudra... enfin, il faudrait...

J'ai vécu des instants d'échange d'une telle intensité, si extraordinaire, que depuis je suis incapable de m'ouvrir à d'autres. L’impact sur mon âme fut si fort que la chimie de mon corps s'en trouva chamboulée. Un sentiment et des émotions, me transcendaient, me transformaient, même s'il n'y eut pas réellement de réciprocité, excepté peut-être avec certaines émotions... Parce qu'il est, j'imagine, difficile de ne pas en ressentir, en compagnie d'un être qui se livre avec autant de candeur, autant de confiance et qui se voue autant à vous. Quoi qu'il en fût, toute ma personne, physique et spirituelle, subissait une transformation comme sous l'effet d'un très profond séisme, que je pouvais ressentir, jusque dans mon sang.  Il me semblait être en permanence affamé, assoiffé...
Mon cœur battait un temps au-dessus et parfois même, deux ou trois ; ma température devait afficher, au minimum, un degré de plus, en permanence. J'étais toujours en éveil, même pendant le peu de sommeil que mon corps réclamait. Mon métabolisme fonctionnel quotidien était sous le choc de cette modification cellulaire à tel point qu'il s'en trouvait souvent perturbé... Hormis quelques petits désagréments, physiquement et émotionnel, j'avais une sensation d'intensité extrême, comme étant à la fois habité d'une tension de foudre et d'un calme de montagne.
Le maître d’œuvre de tout cela avait quant à lui, dépassé le cap du paroxysme de ses sens ordinaires et, découvrait d'autres dimensions, de nouvelles sensations, d'étonnantes capacités... Des sens que seuls les sages, les fous et les poètes évoquent, laissant encore, pour la plupart d'entre eux, sceptique, le monde scientifique. Quant à mon imagination, elle était exacerbée, comme sous l'effet de puissantes amphétamines, et seules encore la poésie et la musique réussissaient à me surprendre, à m'enthousiasmer...
Ce qui me touche m'émotionne fortement, atteint mon âme en son centre. Celle-ci stimule alors ma créativité et surtout l'organise, la structure, me permettant alors de la concrétiser et de l'exprimer. C'est ainsi que cela fonctionne chez moi. Je ne dois mes derniers mots qu'à cette singulière capacité que j'ai à mémoriser mes sensations, lors de situations marquantes et à les revivre, même longtemps après. Une seule condition est nécessaire, qu'elles soient subtiles ou violentes, il faut que leur souffle me déséquilibre, me déstabilise. Il faut que ces émotions, par l'autre produites, me renversent !
Mais les revivre ainsi, ce n'est pas tout à fait pareil, il manque quelque chose... Et cela se paye comptant, par beaucoup de peine.  
Il faudra... (soupir) Il faudrait, trouver le courage de tenir mes promesses. Reprendre tout ce qui m'appartient et rendre tout ce qui n'est pas mien. Il faudra... enfin, il faudrait...
En écrivant ceci, j'écoute cela : 
http://www.youtube.com/watch?v=lTDs_FpWSCI
tant musique et texte correspondent à ce que j'ai en tête, et suis jaloux de ne pas être l'auteur, de ces mots... Des mots et des images de mots, pareils aux miens... Des mots comme ces notes de piano, répétitives, mélancoliques.

jeudi 15 mars 2012

Epileptique

Il y a de l'acharnement à entretenir pareil déséquilibre, à satisfaire un si impérieux besoin de vertige. Même si la tâche est rendue plus aisée par le manque d'un essentiel, de cet être de désir et de partage, dont je puisse, entre autre, prendre soin. De cet autre reconnu qui, par sa seule présence, m'éloigne de moi-même et consume mon abondante bienveillance avant qu'elle ne m'écrase. 
Emprisonné dans une solitude qui m'accable de toutes sortes de tensions contraires, je suis victime d'éclats de folie ; de vives clartés en embuscade ; de décharges aussi soudaines que brèves, qui me révèlent, par pans fragmentés, des aspects insoupçonnés de mon âme. Des espaces brûlés, semblants dévastés où gisent çà et là d'étranges formes calcinées.
En accéléré je pourrai faire penser à un épileptique saisi de convulsions et d'hallucinations, par les effets stroboscopiques de son poste de télévision qui passe en boucle les épisodes de la Quatrième dimension. Mais il n'en est rien, je ne suis qu'un stupide et naïf funambule qui, dans l'espoir d'enfin exister, s'est lancé le défi de marcher sur un fil, tendu au-dessus de ses propres abîmes, à reculons !

mardi 13 mars 2012

Dehors comme dedans.

Souvent, juste après avoir éteint la lumière, je fais ce rêve éveillé où je me trouve aux commandes d'un vaisseau envoyé depuis la Terre vers l'inconnu. À la fois, transport, travail et maison, tout y est bien organisé pour me permettre d'y vivre le mieux possible au cours des années nécessaires à ce voyage dans l'espace du silence. Un navire solide et fiable, bien équipé ainsi que lourdement armé, car on ne sait jamais... Un navire conçu pour voguer dans un espace sombre et froid, tout autant hostile que merveilleux, en partie parce que inconnu. Le vaisseau est immense et nécessite, quotidiennement, de nombreux contrôle afin d'assurer son bon fonctionnement. Chacun d'eux est toujours une aventure pleine d'imprévus et, parfois, de dangers. Ma vie quotidienne dans ce vase clos est en somme, la représentation délimitée de celle que je vis en tant que partie de ce vaisseau, voyageant au milieu de l'incommensurable, de l'inattendu.
En fait, je vis la même chose au-dehors qu'au-dedans ! Il y a concordance, tranquillisé, je finis par m'endormir, sans jamais savoir ni quand, ni comment. Et n'y pense plus à mon réveil.
Il m'arrive parfois de me rappeler certains de ces rêves que j'ai faits, alors endormi. Dans le dernier, nous étions voisins et gardions un œil l'un sur l'autre, sans jamais le faire voir. Nous nous observions secrètement à travers une porte aux vitres translucides, séparant nos deux vies respectives. Malgré toutes ces manières et ces effets, nous savions où l'autre se trouvait, ce qu'il savait, nous ressentions même ce qu'il vivait. 
À mon réveil prédominait la sensation d'une faille ouverte entre ces deux mondes. Celui, au dehors, dans l'immensité du quotidien, que j'agrémente d'un perpétuel rêve éveillé où se jouent des retrouvailles qui me viennent comme les idées. Et l'autre, dans mon sommeil, au centre de mon inconscient où, intimement nous nous trouvons toujours si proches, mais comme errant dans une étrange attente, séparés d’invraisemblables cloisons jamais tout à fait étanches, jamais tout à fait concrètes. Entre ces deux mondes, semblable à une faille, un passage, une même et unique sensation d’incrédulité.  
Incompréhensible vie que celle du dedans ou les élans semblent toujours aussi puissants sans jamais porter. Impensable, cette autre du dehors, où la réalité est incapable de prendre l'aspect déterminé qu'elle revêt habituellement. 
Quel étonnant et persistant accord entre le dedans et le dehors ! Quel drôle de mélange, ces sensations ni tout à fait réelles, ni tout à fait imaginées...
Ce soir, sans doute, embarquerai-je à nouveau dans ce navire symbolique, peut-être aura-t-il l'image de ceux des siècles passés, tout en bois grinçant, emporté par d'immenses voiles de chanvre ou de lin. Tenant la barreen équilibre sur un océan rugueux, n'en connaissant ni la carte, ni les fonds, avec en bouche et dans les cheveux l'empreinte salée d'embruns furieux. Tentant d'apercevoir entre les lourds et sombres nuages, une étoile étincelante pour me guider vers un tendre et clair rivage.
Un océan, mais sans fin, car jamais, je n'ai vécu ou même imaginé, à ces voyages, d'arrivée...  

vendredi 9 mars 2012

Ce qui compte...

Un de mes principaux problèmes, est de n'avoir jamais eu la capacité d'adhérer à quoi que ce soit. Chaque entreprise, finissant toujours par me paraître, hypocrite, intéressée, voir mesquine... Pourtant, adhérer à une cause, à une idée, c'est croire. Et croire est aussi important que respirer. Mais, chaque fois que je me suis laissé emporter par une cause, c'est qu'elle était perdue ! 
Sans doute est-ce dû à une compréhension singulière de la notion de valeur. Je ne me complais que dans ce qui ne me rapporte rien, matériellement j'entends. Ou, plus précisément, je ne conçois qu'avec un sincère scepticisme que ce que je fais, puisse avoir une quelconque valeur, entendu sonnante et trébuchante, aux yeux des autres. 
Comment ne pas constater que tout ce qui à une certaine valeur à un moment, fini par ne plus rien valoir, à un autre ? À quoi bon cette dépense d'énergie, faisant plus penser à une fuite en avant effrénée laissant tout ravagé derrière elle, qu'à ce progrès presque divinisé ? 
Quoi qu'il en soit, je n'ai pas la prétention d'avoir ne serait-ce qu'une idée sur ces questions, et encore moins, d'éventuelles solutions. Mais, je ne peux me résoudre à considérer avec sérieux toutes idées de progrès basées sur la possession, le mercantilisme et le chacun pour soi. Il suffit d'écouter nos politiques pour comprendre que nous courons à notre perte.
N'est-ce pas en raison de ces dogmes, crées par nous-même, que nous nous trouvons interdits de nous poser les bonnes questions à propos de notre avenir ?
Instinctivement, j'ai toujours été attiré par une évolution personnelle plus, spirituelle (je ne parle pas de religion) que matérielle, d'où cette incapacité à me reconnaître dans notre société. Il n'y a là aucune prétention de ma part, ou adhésion à quelques idées nihilistes ou révolutionnaires, que ce soit. C'est tout simplement plus fort que moi, je suis comme ça. 
De mémoire, je n'ai jamais manqué de rien, ni jamais posséder plus que je ne puisse utiliser, ou qu'on puisse m'envier. Je suis loin d'être un érudit, et n'ai jamais brillé en rien. Si je devais citer ce qui fût le plus significatif durant mon enfance, ne me vient en tête que ce bien-être qui m'envahissait, lorsque enfant, allongé dans le foin odorant et bourdonnant, je contemplais la course des nuages, ou un ciel d'été étoilé. 
Alors, qu'est-ce qui prédispose untel à un être un loup, untel un agneau et tel autre un berger ? 
Pour ma part, je ne suis assurément pas un loup et j'ai encore des doutes quant aux deux autres possibilités. Mais, je cherche sans répit, ma propre vérité. Ce qui me convient, et sans que cela nuise aux autres. Parce que, même si je me dis souvent misanthrope, je sais que notre plus grande richesse... c'est l'autre !

mercredi 7 mars 2012

Quel mois cruel

Mars, le plus étrange des mois. Il est long et souvent gris, même le temps n'y est pas franc. On s'y sent, ni éveillé, ni endormi, comme dans une douce apathie ! Tout semble confus. Une période de transition où tout s'ourdit, tout se trame... Une période propice à des pensées étranges, des réflexions bizarres... Où l'on se repli sur soi.
Même s'il y fait moins froid que durant les mois précédents, le manque de la chaleur de l'autre, est plus vif. Et particulièrement lors de cet instant matinal, où l'on se trouve entre sommeil et éveil, cherchant cet autre pour s'y nicher, l'enlacer... ayant tout oublié des malentendus, des mésententes... Cet instant presque confusionnel, entre souhaits et réalités, cet instant où, le surmoi n'a pas encore repris le contrôle. Cet instant de transition où tout, pourtant semble possible.
Cet autre, que vous avez regarder dormir, avec attention et bienveillance, jusqu'à une nuit surprendre son vrai visage, magnifiquement limpide, affleurer celui qu'il s'est forgé et parfois même, le submerger. Cet autre dont ce visage comme une apparition vous a dévoilé qui il est vraiment. C'est celui-la, qu'au matin, au moment précis où tout semble flotter, on embrasse tendrement, souhaitant que cela puisse durer tout le temps. 
Ce qui est cruel, c'est que cela ne dure pas. Mais, cela peut se répéter...
En revanche, je ne me souviens jamais de l'instant qui précède le sommeil. Pourtant, lorsque épuisé, on se couche enfin, sachant qu'il faudra se lever tôt le matin, on aimerait le faire durer, pour bien en profiter, de ce moment juste avant l'endormissement. À croire que la seule façon de se débarrasser de ce tyrannique surmoi, c'est de le surprendre, en sacrifiant notre conscience...
Vivement que Mars s'achève, Mars est le mois le plus cruel, et je ne l'aime guère. Ou bien, est-ce Avril, monsieur T.S. Eliot ?
"April is the cruellest month, breeding 
  Lilacs out of the dead land, mixing
  Memory and desire, stirring
  Dull roots with spring rain" (The Waste Land. T.S. Eliot)

lundi 5 mars 2012

Ode d'un fou (en deux mots)

Regarde-les, regarde-toi, qui ils sont, qui tu es, comment tu te mens.
Regarde-les, tout aussi insignifiants que leurs prétentieux arrangements.
Regarde-toi, que ça soit là où ailleurs, pas moins de douleurs.
Regarde-les, jouer les Beaux, faire les Fiers, te montrer leurs bras.
Regarde-les, ils te lèchent, te caressent, et pensent que t'aime ça.
Regarde-toi, toute souillée compromise maladive, agenouillée mal au cœur.
Qu'ils baisent, qu'ils mangent, qu'ils bossent, qu'ils causent, ils assurent, sont des hommes ! Qui s'en fichent, qui s'y croient... pissent debout ! Sans se douter que c'est toi qui les tiens, puis les lâches, quand ça te prend ou que t'as peur, quand tu fuis, que tu veux te cacher, te sauver...
Regarde-les, toujours ailleurs quand t'appelles, ils dorment quand tu rêves et rêvent quand tu pleures. 
Regarde-les, ils n'aiment que tes mains sur eux et cette image qu'ils voient d'eux dans tes yeux. 
Regarde-toi, tes miroirs couverts de papier glacé, combien de temps crois-tu que ça va durer ?
Laissons-les, je suis las, ils sont laids, voilà tout.
Allons viens, je suis là, allons viens, soyons fous.

dimanche 4 mars 2012

Jeu de lumière

La lumière, ça peut être une ampoule en verre. 
Une ampoule où, éphémère ébloui, on s'immole. 
Provocant, une étincelle ! Et, tout s'éteint ?
À quel moment la lumière brûlure-t-elle, à quel instant vous enflamme-t-elle ? Cette lumière faite pour voir, dès quelle intensité aveugle-t-elle ? À la fois essentielle et mortelle.
Impossible de ne pas au plus près s'en approcher, en sachant à temps s'en éloigner.
Tourner autour pour ne jamais la perdre. Faire d'incessantes ellipses, espérant qu'il n'y ait pas, de trop longues éclipses. Parce que trop loin, il fait froid, il fait nuit, il fait seul, c'est l’ennui, le manque d'envie.
Sans lumière, à terre, étourdi on s'isole.
Attendant, une étincelle ! Pour que tout s'allume ?  

samedi 3 mars 2012

Quant à celle d'aujourd'hui...

... Eh, bien ! Disons que je l'ai, en partie, passée à réfléchir sur celle d'hier.

La journée d'hier

Hier, une journée passée avec J. Il y a entre elle et moi une vraie complicité qui, doucement s'amplifie. Je suis étonné de cette promptitude qu'elle a, à me comprendre à demi-mot, à presque me prévoir. Une grande balade dans le parc de Bercy, nous apprécions cet endroit tous les deux. Puis, nous sommes allés déjeuner un fish and chips et un cheese-cake, j'ai même pris une bière (!), pas très diététique tout cela, mais tellement réconfortant. Il y avait des sourires tout autour de nous. 
Il y a quelques semaines maintenant, elle nous avouait un désir qu'elle n'avait osé nous dire. Une passion presque secrète, qu'elle minimisait craignant qu'on ne la décourage, peut-être ? Suivant sur le net ses rêves, elle eut la joie de voir qu'une campagne de sélection s'ouvrait pour intégrer l'école des petits rats de l'Opéra ! Elle imprima le dossier d'inscription et harcela qui de droit pour obtenir les accords et signatures nécessaires... 
Non, je ne dirai rien sur ce que je ressentis, sur ma stupéfaction...
Hier, après notre promenade, nous sommes rentrés chez moi pour que je lui montre ce que je lui avais promis, même si cela m'était difficile. Des vidéos de ballets de grands chorégraphes et danseurs modernes... La passion d'une autre, qui m'avait ouvert à cet art... Art d'expression majeur et art de vivre, tant l'investissement ne peut-être qu'exclusif. Art, devenant l'ossature, le squelette de ceux qui s'y adonnent, s'y abandonnent.
Bref, nous avons commencé par Anne Térésa de Keersmaeker... C'est le quatrième volet de sa chorégraphie Fase, où dansant à la croisée de plusieurs chemins dans une forêt, ATdK dessine de ses pas répétés sur un sol ensablé, une sorte de rosace, de boussole, comme traçant un symbole, qui impressionna le plus J... La multiplicité des expressions, en l’occurrence, la musique, les souffles, l'expression corporelle et le symbole graphique qui apparaît ; ce plusieurs en un, semblait ouvrir en elle une nouvelle dimension...
Puis, enthousiastes, nous avons regardé "Le secret de la Licorne", le "Tintin" de Spielberg ! La même sensation que quand, petit, je lisais la bande dessinée...
Pour finir, on s'est cuisiné un petit dîner.
Je pense que je n'étais pas fait, au sens strictement intellectuel, pour être père... J'essaye de faire de mon mieux maintenant. Je comprends certaines choses, plus qu'intellectuellement, presque physiologiquement ! Des choses simples, élémentaires... Sans doute, si j'avais eu plus de caractère (autant dire si j'avais été un autre), j'aurai suivi une autre voie, plus intime... J'imagine que c'est difficile d'aller contre la raison, contre cette loi élémentaire qu'est la survie de l'espèce ? Il faut se faire ermite ou savoir s'entourer de ceux qui comprennent, pour survivre à ce conflit du seul contre tous, y compris soi. Mais ne pas savoir écouter son cœur ou acquérir confiance en soi, peut s'avérer encore plus insupportable à vivre. Parce qu'il n'y a rien de pire que de faire ce pour quoi on n'est pas fait ! 
Je crois aux signes, à la synchronicité, à la perception extrasensorielle, à l'énorme pouvoir de l'intuition. Dès lors que l'on se trouve en accord avec soi-même, en l'espace d'un instant, on sent ! On sait !
Tant de chose avant notre naissance et aussi après, nous ont formatés : évènements, environnement, histoire, inconscient collectif, etc. Nous rendant fort ici, faible là, plus ou moins sensible ou émotif à cela plutôt qu'à ça...
Pourquoi combattre ce qui nous constitue ? Comprendre, certes, mais ça viendra tout seul, dès que l'on cesse de perdre notre temps à nous battre contre nous-même. Combien faut-il d'actes manqués, d'histoires qui se répètent, de ce que l'on croit être des échecs, de mensonges, de souffrances imposées, de fardeaux à porter... pour enfin, se pauser les bonnes questions ? 
Reconnaître les signes, voilà la première préoccupation qui compte. Et puis, essayer de les comprendre...

jeudi 1 mars 2012

Divination intuitive ou obsession maladive ?

J'ai une étonnante capacité à faire le vide en moi et ce depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Je réussi à faire le vide en moi et autour de moi. Ne subsiste alors rien d'autre que le rien, si tant est que le rien puisse subsister. Cette absence de tout m'est enchanteresse, un bonheur, rien ne me manque puisque je ne désire rien. Bref, cet état m'est presque accessible naturellement.
L'était ! Devrai-je dire. 
Étais-je un disciple éclairé du Bouddha, sans le savoir (savoir : dans les deux sens) ou, un abruti écervelé (il n'y a là qu'un sens), souvent reconnaissable au filet de bave qui hésite au coin de sa bouche (le constater moi-même est difficile, je recherche d'éventuels témoins) ?
Quoi qu'il en soit, est-ce un éveil ou une perte, mais depuis quelques années, j'en suis incapable. Lorsque je tente de faire le vide, une pensée subsiste, trop puissante pour être occultée. Toujours la même et unique pensée, toujours cette même préoccupation. Pourquoi ? Pourquoi suis-je à ce point, habité
J'ai appris, ou plus exactement j'apprends à vivre avec. La nature, enfin ma nature, a développé, par nécessité, un second espace de pensés, à l’intérieur du premier. Déjà que l'original était pas bien étendu... pourvu qu'ils ne se scindent pas comme ces cellules-souches ! J'aurai l'air de quoi ?
Cette pensée, pour revenir à elle, semble hermétique au temps, à l'oubli, elle l'était déjà à la souffrance... Mais je peux sentir que quelque chose se transforme, mais quoi ? Jusqu'à ce que je tombe sur cette citation de Lord Byron :
"Le souvenir du bonheur n'est plus du bonheur, le souvenir de la douleur est de la douleur encore."
Je pense alors à ce film que j'avais trouvé formidable (bon, c'est vrai, il m'arrive de trouver des navets, formidable... mais il semble que celui-ci n'en soit pas un) :
"Eternal Sunshine of the Spotless Mind" de Michel Gondry, dont j'apprends en faisant ces recherches, non sans une agréable stupéfaction que son égérie, n'est autre que Bjork ! Ben, ça alors...
Tout cela pour dire, qu'à part la poésie appliquée à une science futuriste et à mes croyances singulières, rien ne m'aident aujourd'hui à vivre ce qui, j'en ai la conviction, doit être une divination intuitive plutôt qu'une obsession maladive.