(journal de mes sensations)

dimanche 10 juillet 2011

Autoportrait ou épitaphe

Enthousiaste sceptique, suractif aboulique, optimiste neurasthénique. Ce qui pourtant me caractérise le plus :
une impatience contenue !
Tant d'efforts contre moi-même, me condamnent à ne réaliser que dans l'épuisement. Seule une motivation essentielle, originelle, donc plus puissante que ma nature, me donne la force de vaincre mon atonie...

samedi 9 juillet 2011

L'espace du souffle

C'est un souffle. J'espère que ce n'est qu'un souffle qui s'impose. Une pause. Immobile, laisser passer le temps, attendre les émotions suivantes. Le laisser emporter en passant tous ce qui me leste, me retiens. Ne pas prendre peur de cette incapacité à exprimer, c'est qu'il n'y a pour le moment rien à exposer sinon de l'orgueil, de la vanité... qui parfois, donnent du pied.
Le manque est une présence, quand il s'estompe, il faut combler les vides que cela créé. Comment si employer ? Sans toucher à ces souvenirs qui stagnent tout autour, menaçant, avec leur goût de lame qui pénètre la chair, à peine s'en approche-t-on. Il me faut les surprendre par de nouveaux mouvements, des gestes inventés, des contorsions, éviter les pas précédents... Réinventer sa vie, consolider les ruines. 
Entre vécu et devenir, un espace, un instant dont je me sens abstrait, l'espace du souffle ?   
Je ne veux pas pour autant m'abandonner au cafard, à la désolation, pire encore à l'apitoiement. Même si, jamais je ne pourrai penser avoir fait tout ce qu'il fallait... Quelle âpreté ! Jusque dans mes songes...
Parfois je me regarde et vois clairement mon regard qui se voile d'une si profonde tristesse, que sur le coup je serai prés à me fourvoyer avec la haine, pour m'en débarrasser. J'ai cette envie de me lever, de sortir et de gifler tous ceux que je croise, d'injurier à tout va, l'univers même... et plus particulièrement un ou deux... Je porte, depuis toujours, cette sauvagerie, la contenant par volonté, c'est ce qui me distingue de l'animal. C'est la partie du Mal, qui m'habite, créant ce contraste qui donne à ma nature toute sa valeur. La possibilité d'être venimeux. Anémone qui sélectionne...
Cette pause, qu'il s'agisse là d'un souffle nécessaire, j'en conviens, mais je sais, cependant, que j'ai besoin de ce prisme que peut être l'autre, pour donner à mes mots toute la couleur de ce que je vis. Pour écrire ce que je ressens, avant même de ressentir, il faut que je puisse voir chez l'autre le reflet transformé de ce que je projette.
La vérité, quelle importance ! Ce qui compte, c'est "le pourquoi" et "le comment" nous la transformons de façon aussi colorée... Toutes nos nuances de perceptions, de compréhensions, le singulier de nos projections... il faut bien reconnaître qu'à côté, l'universel c'est emmerdant !

mercredi 6 juillet 2011

Maudite injustice

Est-ce par manque de rigueur ou pour être entré dans l'inévitable torpeur qui suit le deuil ? 
Certes, j'excelle dans le manque de rigueur ! C'est d'ailleurs pour cette raison que je me sens infiniment plus proche de la musique et de la poésie que de la sagesse ou la religion.
Comment cependant ne pas parler de deuil... s'il peut sembler court, c'est qu'il fut intermittent... il ne s'agit plus là, d'absence.
Pour ces deux raisons, je me sens sans idées, collé aux réalités, incapable même de regarder le ciel, atterré !
Et il faut dire qu'à force d'être négligé, oublié, on fini par moins souffrir, par s’habituer en quelque sorte. Ou, plus vraisemblablement par accueillir cette torpeur, pour les vertus qui la caractérisent...
C'est la conscience de cette réalité humaine qui m'a toujours poussé à me battre, à résister... afin d'essayer d'épargner, de sauvegarder, les quelques rares éclats de sincérités d'âme, qu'un être offre à un autre. Ces actes, si essentiels qu'on les oublie presque, les seuls faits humains qui mériteraient de survivre aux poisons que sont l'oubli, le temps et les bassesses. Il faut cependant être deux à le vouloir, ou du moins à pouvoir le vouloir, au regard de sa propre conscience...
Depuis toujours, j'ai le sentiment dominant d'être victime d'une grande injustice - mais laquelle, il me serait difficile de le dire.

dimanche 3 juillet 2011

Fragments

Une chanson, un parfum... une histoire de ma vie dont je n'ai jamais parlé, ou à peine. Une belle histoire, troublante, la première après la plus longue, la plus réelle... 
Le début de l'ouverture, de l'acceptation de ces sensations que je prenais pour des faiblesses, de ces émotions dont la puissance m'effrayait... 
Ce fut aussi les premiers mots osés, partagés et, à mon grand étonnement, appréciés.
Le fragment s'est imposé comme mon mode naturel d'expression, d'être ! 
Tout en moi est fragment. Le système asphyxie mon esprit, les idéologues et toutes idées érigées en doctrines, m'étouffent, m'angoissent, me coincent...
Je suis né fragmenté...
Je ne suis qu'un assemblage fragile d'éclats, et chacun donne un reflet singulier, exacerbe tel ou tel, déforme tel autre élan surgissant de mes profondeurs. Écrire ce sont ces fragments, dans l'instant... ces cris ! Comment pourrais-je écrire une vie, une histoire, ce serait comme me prendre pour Dieu ?
Si je devais avoir un rôle dans cette grande pièce, sans prétentions j'aimerais être un témoin de la souffrance métaphysique, dont les cris seraint des repères permettant à chacun de se situer.
Mon existence, un ensemble de fragments, d'autres me ressemblent. En rencontrer est chose rare. Lorsque cela arrive, on découvre qu'une des sensations les plus extraordinaires qui soit, c'est d'être enfin compris, sans mots dits ! Alors vous existez dans la plénitude de chacun de vos fragments. Notre entente dépend cependant du degré d'acceptation de notre nature même. Bien qu'ayant tous, conscience de cet état, certains s'obstinent et s'y refusent ; d'autres hésitent, cherchent des compromis improbables, devenant très vite insupportables, dispersant ! D'autres encore s'y abandonnent... 
C'est ce qui nous sépare, ces restes de doctrines encore actifs qui nous empoisonnent et nous poussent, lorsqu'on y à cédé, à un irrépressible besoin de s'isoler pour se ré-assembler, se réunir...
Il me reste d'autres sensations à mettre à jour, certaines plus importantes que d'autres, mais toutes comptent.

samedi 2 juillet 2011

Frissons

Allongé, inerte, les yeux collés au plafond, soudain un frisson... cette tendresse, elle me manque ! 
Écrivant cela, je me ravise... le sexe me manque, et y remédier n'est pas, ou ne devrait plus être, un problème... mais pour cet essentiel qu'est la tendresse, la vraie, celle qui vient de si loin qu'on est incapable de découvrir où elle née, celle dont il importe tout autant de recevoir que de donner, celle qu'aucune volonté ne peut contenir, 
celle qui vous fait traverser Paris comme un fou, à vélo, monter en courant six étages pour porter un fruit, une fleur, un geste, un regard... 
en définir l'inexistence par le seul mot de manque, n'est pas suffisant.
Cette absence c'est, 
une hirondelle à terre ; une carpe échoué ; le faon qu'emporte le loup ! 
Un orage sans pluie ; un torrent de pierres ; de grands peupliers sans vent  !
C'est un enfant malade ! 
Que de tels frissons surviennent, puissent survenir, laissent à penser que le dernier mot ne peut pas être : rien !
Tant qu'on peut être déçu, c'est qu'on peut être comblé ! 

vendredi 1 juillet 2011

Question d'envie

Certains jours, je me demande : à quoi bon...
Alors je prends le temps de la réflexion, ou plus exactement le temps du rien, le temps du vide, des compulsions... sans lire ni écrire un mot, porté, emporté par la vie végétative... Pas d'effort, mais il faut bien le reconnaître, pas de plaisir, de la peine... du quotidien...
(Est-ce que ce sont ces statistiques qui m'indiquent que la région parisienne me boude depuis quelque temps... Ça veut dire beaucoup pour moi... sans que cela soit trop, j'ai le sens de ce que je dois... Et, le pire même, c'est que ça me met en colère autant que ça me bouleverse) 
À peine fait-on quelque chose, que l'on devient prétentieux... qu'un seul qui crée vienne se targuer auprès de moi d'être resté humble et je ricanerai... moi qui pensais que, peut-être, je faisais cela pour plus de raisons qu'elle et moi... quelle sottise, quelle méprise sur ma propre nature et sur ce qui motive mes débordements. C'est là un tout si complexe, si précaire, qu'une seule pièce manque et tout part en vrille... 
Aucune surprise en revanche sur celle des autres... est-ce juste d'écrire cela ? ce n'est que l'expression d'une déception persistante qui n'est plus éteinte par le souffle frais de surprenants inattendus... 
Je me trouve atteins, au centre... intimement, alors même que je sais ne devoir plus rien attendre, que tout a été orchestré avec maestria, a été voulu... mais on ne se refait pas, j'ai toujours eu l'espoir plus renversant que la lucidité.
Quant aux promesses... c'est avant tout une question d'envie, on en a ou pas, le reste n'est que balivernes...
Tout au long de ce temps de réflexion, j'ai imaginé des phrases beaucoup plus incisives, précises... Ressassant les humiliations, les hontes, combien de fois le sang m'est soudain monté à la tête me donnant des envies...
J'en conviens, pour moi écrire c'est, bien plus que poursuivre une idée, déverser mes obsessions en même temps que mes caprices ; ce devrait être de tout consigner, sans exceptions, à tord ou à raison... Je ne peux cependant m'y résoudre, tout à fait... Qui plus est, je ne suis pas persuadé que causer autant de mal qu'il vous en a été fait, soulage... 
Mais que de nuit sans répits... encore aujourd'hui.
(Puis, Paris semble à nouveau se souvenir... pour quelles raisons ?)
Ce qui compte, c'est la constance. On ne se rattrape pas toujours aux branches. Même gymnaste de haut vol, un salto arrière de trop et c'est une nuque brisée.
Je pense à ce regard que j'avais dès qu'elle apparaissait... jamais il n'avait été aussi clair, aussi limpide !
C'était un regard d'âme enveloppant l'autre d'une aura, cristalline, concentrant la lumière.
Un regard brisé, dont les éclats ne cessent de me blesser...
Écrire c'est souffrir, ne pas le faire, c'est pire.