(journal de mes sensations)

vendredi 24 juin 2011

Entre naïveté et scepticisme

Je m'attrape, m'extrais de moi, m'arrache de l'inconscience. 
Je me tiens par la nuque comme on tient un pantin, me secoue l'existence... y a-t-il un sens ? Et dans quel sens s'étirer, vers où s'étaler ? 
Je me jette comme un corps perdu, dans un arbre qui passe et m'y trouve pendu. Raide sur la corde je funambulise, je suis ce fil, en équilibre. 
Fragile, de mes bras désormais vides...
Si vides qu'ils s'étendent et filent comme pour me fuir. Loin d'une tête trop pleine d'idées lourdes en arrière, qui tirent. 
À l'intérieur de ce corps devenu insensible, ça cogne à vide, ça s’essouffle. 
Je laisse mes yeux tomber à l'intérieur, le même vide que dans mes bras. L'effroi ! 
Je tente d'accrocher la réalité qui passe, m'expose, plaies et failles en avant, déballe toute ma vérité, tous mes riens au regard des autres. 
Créer, écrire, je ne peux le faire que dans la naïveté ! Il faut compter avec ce scepticisme tout enflé des derniers mauvais coups reçus, il faut compenser, à force d'émotions inventées, d'espoirs forcenés...   
Et, entre naïveté et scepticisme, traquer sans répits cet insignifiant qui mènera à l'essentiel. C'est lui, toujours, l'indice, le guide... 
Je cherche mon ciel, il était là, impossible de m'être trompé... il était là... 
A-t-il filé devant, est-il resté derrière ?  
Je ne peux poser ma table de travail et ma chaise que sous ce ciel unique, ce ciel pâle constellé d'étoiles sombres... ce ciel de nuits blanches, propice à l'imagination...
Épuisé je rentre où je repose, dans cette lumière sans chaleur qui éblouit sans beauté. Brume blanche atténuant toutes sensations. Lumière analgésique...
Plus tard j'essaierai encore, après ce moment fragile, sans mémoire et sans illusions, où ne ce trouvent ni avenir, ni passé... 
Après l'inconscience de la nuit, je continuerai...

mercredi 22 juin 2011

Ellipse

Il arrive que la conscience s'exprime avec violence par le corps... Répulsion, révulsion, écœurement, rejet... Contrainte par une raison, sans doute défaillante, elle se rebelle toujours de la même manière. J'en connais qui, pensant par éducation que seule la raison vous accorde ce que vous désirez, se rendent malade de ne pas écouter leur âme...
Moi-même, qui jusque dans ce que j'écris, cherche à donner par le rythme un caractère moins emprunt de raison à mes propos, y suis parfois sujet. J'ai, cependant, la chance de m'en être, par instinct, toujours méfié. Insidieuse, elle m'a quand même, tant de fois arraisonné, me laissant moribond, à la dérive. La raison, aujourd'hui me pousserait au détachement, à l'oublie, au mépris... m'évitant les privations, les souffrances... Mais voilà, j'ai une âme, qui ne se vend que pour des émotions, même peu, et c'est bien mieux qu'une garce de raison qui se couche pour une situation... Écouter son cœur plutôt que ses peurs, cela demande du courage à la limite de la déraison, mais quelle divine folie... Perdre en toute conscience, la raison, plutôt que perdre, avec ou sans raisons, la conscience.
Ainsi, je dirai, qu'une maladie, un malaise récurent pourrait finalement n'être que la Némésis de son soi divin à l'encontre de son soi d'apparence, celui qui ne vit que sous influence... Pourquoi un tel sujet, parce que me refusant à la raison, je vis toujours certains liens et j'ai ressenti durant quelques jours cette étrange sensation que je connais maintenant si bien, un malaise de silence et d'ombre, froid, un malaise comme un cri, ce cri de Munch, exprimant l’effroi, l'angoisse existentielle... Être capable d'entendre, de ressentir ce cri silencieux est un don rare et peu commun, une liaison intime avec l'univers qu'aucune raison ne peut expliquer. Un mal-être me laissant moi-même muet de ne point pouvoir agir, alors pourquoi écrire ? Autour de ceux qui brillent de cette différence, il y en a toujours qui par intérêt, simuleront la compréhension, mais seuls ceux qui sont capable d'entendre aussi ce cri, savent de quoi il s'agit...
Se lever, oser exister avec ses sensibilités comme des centaines de ramifications qui partent de soi en tout sens, monstrueux de tant d'émotions accumulées, extravagant introverti tentant d'exprimer ce qui passe par lui, ce qui le transperce, ce qu'il saisit... se fichant bien des apparences puisqu'il les précède, les devance, les créée... Être vrai, entier... un messager. C'est là peut-être le meilleur remède ? Il faut pour cela commencer par accepter de ne pas être en accord avec tous ce que l'on a appris, tous ce qui nous occupe, ces convictions... 
On n'est libre qu'au milieu de ses doutes et de ses faiblesses et hérétique par rapport à sa raison.

samedi 18 juin 2011

Quel sens ?

Le problème, c'est qu'étant seul, il m'est parfois difficile d'amorcer l'imagination, une fois parti je suis alors dans mon élément, je sens qu'il y a une certaine fluidité et même quand ce flux prend de la vitesse, il me semble tenir de mieux en mieux le cap. Je n'ai pas l'intention de dire que je suis satisfait de ce que j'écris, ou encore que mon style s'améliore, non ! mais je prends de plus en plus de plaisir et indéniablement cela me vient plus aisément qu'avant. Je m'applique à écrire chaque jour avec la même attention que ce soit pour prendre une note d'ordre pratique, envoyer une lettre ou un mail ou, si les émotions sont là, écrire sur ce blog (sinon, faire appel au courage...).
Rien de comparable avec celui qui se dit : j'aime la peinture, je vais apprendre à peindre puis peindre et pourquoi pas en vivre ! Je trouve cela admirable, cette volonté, cette d'obstination, ce déterminisme... mais ce que j'évoque, ce serait plutôt : je ne sais pas comment bien peindre et même s'il existe une façon de bien peindre... mais naturellement, je prends mon pinceau et je m'applique avec passion à... me soulager ! Je n'ai pas de but précis, de projection dans un sens ou un autre, cela doit sortir !
Ce trop plein d'émotions, de sensations, qu'une singulière perception de ce qui nous entoure provoque. Toutes ces questions, que tous nous nous posons, certes, mais sans y prêter la même importance, me hantent et me tourmentent. 
Quant aux moyens d'expressions, ils sont propres à la sensibilité de chacun. Peindre, chanter, écrire... sont des témoignages, rien de plus et rien d'autre. Le témoignage de ce que j'endure dans mon for intérieur. 
Pour ce qui est de l'aspect extérieur d'un sujet aussi intime que, par exemple, cet amour pas ordinaire que je... des millions d'êtres humains ont connu les mêmes tortures. Mais...
Quoi qu'il en soit, si par ce que j'écris, je touche un seul être, c'est que je ne suis pas seul ! Et mes mots prennent alors un sens.

vendredi 17 juin 2011

À l'arrache !

Est-ce cela, la thérapeutique de la vacuité, je me sens absent à tout ? Il y a un tel vide en moi, tant d'absence... Est-ce ce qui m'entoure ou moi qui disparaît ? 
Penser avoir atteint l'état de vacuité mentale, quelle vanité ! 
Peut-être ai-je toujours été vide, ce qui expliquerait l'effet que je fais aux autres, et que toute vérité finissant par se révéler, j'en prends conscience...  Cependant, avoir conscience de son état, ne nous en rend-il pas maître ? Alors, que penser ? C'est bien là le problème, j'ai la tête vide, ce qui ne m'empêche pas d'y avoir mal... Je me suis installé à ma table de travail sans convictions, sans rien à dire, espérant quand même m'oublier un peu plus, en essayant d'écrire... 
Je pense tout à coup à une de mes prétentions, ce besoin d'être traité, par ceux qui disent m'aimer, avec un minimum de singularité. Je ne supporte pas d'être à leurs yeux, un parmi d'autre, je veux un traitement exceptionnel... Sinon, cela me donne l'impression de ne pas exister. De plus, n'offrant pour ma part ce genre de traitement ordinaire qu'à ceux qui m'indiffèrent, vous comprendrez ma susceptibilité...
J'arrête là, je n'ai vraiment rien à dire d'intéressant... Mon imagination ne serait-elle qu'un feu de paille, où suis-je rongé par d'autres pensées ?
Bien sûr, écrire c'est exagérer par préférence, c'est exaspérer par instinct, ses propres sensations, les approfondir, les dénaturer jusqu'à atteindre à la vérité. Mille lettres d'amour, ne peuvent être que l'Amour...
Cela n'est sorti qu'à l'arrache, tant je suis peu disposé aujourd'hui...

jeudi 16 juin 2011

Un peu de calme ?

À plusieurs reprises il m'a été dit que ma présence procurait une certaine sérénité, que je calmais ceux avec qui je me trouvais... 
Je ne ressens pas cela, au point que lorsque l'on me l'avoue, parce qu'il y a forcément quelque chose d'intime dans ce genre d'effet, je suis toujours étonné. Tel un massage après des efforts ou des épreuves difficiles pour le corps et l'esprit, j'aurais pour effet de tranquilliser l'âme, et par conséquent de détendre les nerfs et le corps. 
Serai-je une sorte de talisman ? De là à faire de moi un homme objet ou un gourou, il n'y a qu'un pas. Mais la pire des choses, serait de n'avoir que cela comme qualité. 
J'évoque cela parce que rien dans ce que j'ai vécu ne fut tranquille, depuis mes plus anciens souvenirs d'enfant, je n'ai jamais cessé de m'interroger, de persévérer, de douter, de me relancer, d'être perturbé... Je n'ai jamais été tout à fait tranquille... à part quelquefois... c'était en sa présence...
Comment puis-je apporter, à ceux que j'aime, une telle sérénité en en ayant moi-même trop souvent manqué ?
Je ressens une grande fatigue, et étrangement, il ne s'agit pas uniquement de la mienne... Pourquoi de si étranges et si puissants liens avec certains et autant d'incompréhensions avec tant d'autres ?
Inutile de fuir ce que l'on est, seules deux questions importent, comment ne pas s'égarer et comment tout concilier ? Ou encore, comment éviter remords et regrets ?

mercredi 15 juin 2011

Ces nuits et matins, en tête...

Dans la pénombre, assis dans mon lit, à côté de ce sommeil qui, telle une épouse revêche, m'ignore, j'ai en tête ces courtes mais enviables nuits, ces nuits à deux, au matin merveilleux de lumière douce que sa peau poudrée semblait à la fois absorber et diffuser. Et je sens presque, ce que mes mains caressaient le jour et une partie de la nuit, l'endroit où elles se posaient, pour passer ce qui restait de nuit au plus intime, en prenant garde de ne point trop les bouger de peur qu'elles soient chassées et que cela leur soit interdit. 
Considérant, dans ce cas précis, de l'inutilité de dormir et de l'utilité de rester éveillé pour, comme on scrute le ciel étoilé dans l'attente d'une étoile filante, observer le sommeil s'habiller de féminité et révéler celle qui se trouve cachée derrière tous les semblants de réalités, les nécessités de paraître... pour se défendre, peut-être... 
Sur mes lèvres, toujours présent, le voile de ses lèvres matinales, desséchées et livides de s'être abandonnées le soir et la nuit durant, et dont le premier baiser a le goût âpre du thé. 
Je distingue le délicat mirage de son regard, de retour de ses rêves et cauchemars, tendre et souriant, encore habité de celle qui n'apparaît qu'une fois l'angoissée assoupie, et qui parfois, le matin, tarde à retourner se cacher, peut-être parce qu'elle se sait reconnue et se sent en confiance... rassurée d'être vivante...
Ces moments pourtant si rares, toujours chèrement payés, m'ont marqué comme tout une vie passée à ne faire qu'une seule chose, l'aurait fait !
Tout depuis a pris un autre sens. Je ne vois ni n'entends de la même manière. Le parfum et le toucher de la peau ont, désormais, de nouvelles valeurs. Ma perception a acquit une autre dimension, mes sensations aussi. 
Les bien-être sont plus fort, les malaises et souffrances avec. 
Que j'eusse aimé expérimenter un peu plus les premiers...

mardi 14 juin 2011

Effort

De nouveau je me trouve à l'orée de la folie, au bord de la perte d'esprit. La tension du manque exacerbe le sentiment d'injustice à son paroxysme. Prisonnier d'un carcan de désirs inassouvissables, l'esprit rongé par la souffrance que me procure ce corps... 
Les peines de l'âme sont en ceci différentes, qu'elles sont faîtes pour durer, elles s'étalent, on comprend que peut-être elles dureront si longtemps qu'elles deviendront nous. Mais cette douleur liée aux pulsions physiques d'amour, de désir, est quant à elle d'un cruel immédiat, physique et mental, c'est une brûlure au fer rouge, elle envahit et gonfle les maux de l'esprit, vous violente, ce sont des coups de fouet qui éclatent la chair, sans que l'on ne  puisse rien faire. Je suis à vif, dépecé, l'air déjà me brûle...
Ai-je blessé, humilié quelqu'un ou des dieux ? Pour être ainsi torturé.
Et que dire de cette envie d'intimité ? La plus douloureuse, la plus insidieuse. En manque, elle prend valeur seule, comme la pire de toutes, tandis que dans l'assouvissement, elle se doit d'être accompagnée de l'extase finale sous peine de devenir une autre torture... Cette intimité partagée, avec elle, le plus magnifique exhausteur de vie, le plus cruel des manques ! 
Rien ne me fût épargné... pas même la réalité... 
Comment tenir, se retenir, ne pas s'enfuir ? Les murs se marquent des empreintes de mon corps... Une camisole ! Une lobotomie !
Mes mots prennent ici toute la dimension de leur faiblesse, ils ne sont pas à la hauteur... De cette ambition née, je ne suis pas à la hauteur, il faut encore que je m'étire... plaisir ou douleur, des mots doivent pouvoir dire ! 
C'est en l'écrivant, elle, que je m'en approchais le plus... Je ne suis plus que dans l'effort, à chaque instant, partout et tout le temps dans l'effort !

Exutoire

Cette nuit, avant qu'il faille me lever, la voisine du dessus, recevait... ajoutant à mon épuisement, à mon manque de sommeil, l'appel de la luxure...
Il n'y avait là aucune exubérance, juste assez pour saisir, tendre l'oreille et les sens ; pour ranimer, le temps de quelques sursauts, un désir moribond.
Réveillant pour le coup un grondement sourd devenu tellement violent de tant d'abstinences par honnêteté de cœur ! Comment ne pas penser sous les coups répétés de l'animal intérieur, que ce ne fût que du temps perdu par naïveté de croire de belles paroles volontairement imprécises... Quelle énergie il faut pour ne pas être furieux, pour ne pas devenir fou, moins peut-être, du fait du manque que de ce sentiment d'avoir été dupé.
L'intimité partagée, le désir, le plaisir... le respect... comment les considérer désormais ? Ces mots semblent chargés de sentiments déchirés, accompagnés d'autres comme, honte... humiliation... ridicule... incapable... je ne sais plus comment les appréhender et encore moins me projeter dans les situations qu'ils expriment... 
Comme une pulsion interdite ! 
En toute conscience mais contre laquelle je ne peux pas lutter, une double peine pour avoir confondu naïveté avec honnêteté ! Quel effort il me faut pour ne pas exploser de fureur et tout dévaster, à l'image de ma libido...
Comme condamné à contenir !
Jusqu'à ce hurlement qui gronde et enfle en moi, "injectant" mes yeux de sang autant que de larmes. 
Chercher un acte exutoire comme un diabétique en crise cherche sa seringue, en panique...
Tout ça pour quelques gémissements... Quelle fragilité ! Que ferai-je sans mon âme ?

lundi 13 juin 2011

C'est toujours tellement difficile !

Ce matin, tôt, une longue course dans la campagne, et comme pour saluer cette dernière, je suis tombé nez à nez avec un daguet, tous deux surpris nous nous sommes regardés, les yeux dans les yeux, nous étions si près l'un de l'autre que j'entendis son souffle et sentis son odeur musquée, avant, qu'en un bond élégant, il eût disparu dans les blés bleutés... 
Il y avait dans ses yeux plus de curiosité que de stress... Quelle seconde d'immobilité étonnante avec un animal dont la vie dépend de sa réactivité. Il m'observait comme ayant compris qu'il n'avait rien à craindre... J'ai cru déceler dans son regard une sorte de douceur...
C'est toujours tellement difficile, d'être ensemble puis de se séparer, de revenir, seul, sentant monter la douleur, et alors, de douter... Mes perceptions m'apportent beaucoup, dont cette évidente singularité... mais comme cela me coûte cher ! 
Dans ces moments, cet autre, d'âme semblable, me manque cruellement, comme une dague en plein ventre...
Demain tout ira mieux, parce qu'il faut se redresser, continuer d'avancer, ces épreuves sont en partie le chemin... Sauf une, qui chaque jour paraît plus contre-nature que le précédent...
C'est le temps où le blé est bleu, tout en promesse et en tendresse, mais pas encore mûr. 


samedi 11 juin 2011

Evidences

Je sais que ma vie n'intéresse personne, m'intéresse-t-elle moi-même, déjà ? Mais je ne suis pas un conteur d'histoires, j'en suis incapable et, soyons francs, ça m'emmerde les histoires. Mon truc, c'est essayer de transcrire ce que je ressens, ce que je pense. Mon amour... mes humeurs... l'autre si elle est "là", sinon, par dépit, moi.
C'eût été bien que cela m'aide à comprendre tous ce qui m'agite, mais ce n'est pas le cas, c'est sans doute qu'il y a autre chose ou que je suis le dernier des imbéciles.
Mes humeurs sont comme le ciel, parfois limpides et clair, parfois lourdes et orageuses. Je passe d'un ciel à l'autre au fil de mes sensations, de mes intuitions. 
Étrangement, il ne s'agit, pour la plus grande partie, que de ma relation avec elle. Serai-je envoûté ou, est-ce qu'il y a autre chose ? De plus difficilement explicable, une force d'âme aussi puissante et patiente que le temps, parce que venant d'aussi loin que lui ? 
Je sais, la majorité d'entre-vous ne démordra pas d'une explication rationnelle et rassurante, mais justement, c'est bien ce qui m'intrigue... Et, de nouveau, à moins d'être un demeuré borné, de ne pas connaître le mécanisme des relations et des obsessions etc., je sens profondément, avoir là, la conscience aiguë d'une relation fondamentale, d'un lien qui date de la naissance des âmes, d'un lien originel de vies antérieures, cosmiques... La notion pure de l'évidence !
Et, à un autre moment, une intuition funeste fait naître la rancœur, une violente envie de laver dans le même jus, les abus subis, de mettre à jour l'ignominie, d'être un cruel rédempteur. De faire valoir mon aspect méticuleusement rationnel.
Je suis allé courir ce matin puis au marché, dont je reviens... Me baladant dans l'allée principale, je me suis aperçu que toujours une de mes mains reste en arrière, en attente...
Je regarde autour de moi sans voir réellement, je ne regarde pas fixement les visages ou les choses, je regarde avec un autre sens que la vision. Je regarde les âmes, l'aura de toutes les choses... Bon, parfois, une transparence, un décolleté découvrant des seins blancs et libres, ou l'arrière d'une silhouette tout en élégance et finesse perchée sur des talons, réveille, l'espace d'un instant, mon regard de mâle... La chair est la faiblesse de l'esprit. Mais quelle faiblesse, de temps en temps !
Saisissant ainsi les émotions de ceux que je croise, il m'arrive de tout à coup ouvrir les yeux pour en voir d'autres, aussi intensément intérieur que les miens, bien que trop souvent n'en étant pas encore tout à fait conscient. Un seul regard, jusqu'à présent, a répondu, au mien... pas encore permanent, voilé parfois, par ces réalités qui finissent, n'y prenant garde, par ronger la conscience de soi... 
J'imagine que ce qui fait que l'invraisemblable devient vraisemblable, c'est d'y croire et d'accepter la notion d'évidence propre à soi, d'en faire une oeuvre. Après tout, on est loin de savoir tout, et ce que l'on est supposé savoir, ne vient-il pas de la vision singulière et souvent jugée folle par cette majorité plus encline à juger qu'à se risquer à comprendre, d'une minorité d'individu qui savait ne dévoiler que de futures évidences ?
Est-ce que cela n'est pas un peu prétentieux ? Ce n'est que ce que je pense, ma vision propre, quelques unes de mes évidences. Si je devais me définir, je dirais que je suis un mystique incroyant, un mystique sceptique...
Mais il est temps de partir vers cette campagne que je perds, et peut-être qu'un camion sur la route, sera mon cruel rédempteur... Mais je crois que je n'ai pas fini ce que j'ai à faire ici...

vendredi 10 juin 2011

Encore une perte...

Je suis abattu... sans aucune énergie, depuis ces deux derniers mois... Il faut que je me dépense physiquement…
Il faut que j'aille courir demain matin, il le faudrait... cela fait plus d'un mois que je ne bouge plus. Après, j'irai faire un tour au marché, pour garder la notion de plaisir.
Aller au marché, le seul contact avec la réalité. Pas un de ces marchés privilégiés des beaux quartiers, ou les clients comme les commerçant font de la représentation et des manières. Un marché populaire, qui grouille… 
Cependant, je rêve d’un marché de petits producteurs, et non pas de commerçants qui pour la majorité d'entre eux n'y connaissent rien et vous raconte des salades. Et dont, seul le pouvoir d’achat des clients, la rentabilité des articles, semblent les concerner. Moi ce qui m'intéresse, ce sont les produits et plus encore, les passions… que l’on me donne envie !
Dimanche je vais à la campagne, mes parents déménagent, eux aussi, encore une partie de ma vie, et de celle d'êtres que j'affectionne particulièrement, qui disparaît... C'est là qu'il y eut des premiers pas, que j'ai commencé à courir et surtout, c'est dans leur jardin où j'ai assisté, le 11 août 1999, à cette éclipse solaire totale.
Une éclipse solaire, c'est quelque chose de captivant, vous prenez conscience de ce que vous êtes, de l'interaction de tous les éléments qui se trouvent dans notre Univers. Vous vous rendez compte du pouvoir que la nature a sur vous, de ce qui vous lie, elle et vous. Bien que nous nous en soyons éloignés, préoccupé par nos menus soucis quotidiens, ce genre de phénomène nous rappelle à l'ordre ! Je garde un souvenir très précis de mes sensations à ce moment. Ce fût un bouleversement émotionnel d'une intensité exceptionnelle.
La lumière du jour baisse petit à petit et, tout à coup, en une fraction de seconde et en un ensemble saisissant, tous les bruits et sons de la nature s'interrompent ! un silence assourdissant, une franche pénombre, vous envahissent, tant à l'extérieur qu'à l'intérieur… vous vous sentez différent, vous vous diluez... On comprend pourquoi les Incas en avaient fait un culte, c'est d'une telle puissance !
Donc, tout cela s'en va aussi, je n'y retournerai sans doute jamais, parce que, bien qu'il y ait là de nombreux souvenirs, il n'y a rien d'autre pour m'y faire revenir.
Que va-t-il me rester ? 

jeudi 9 juin 2011

Ressentis

Il y a quelque chose de funeste dans l'air, hormis mon état d'âme. Pourtant je devrais être détaché, sinon de tout, de beaucoup ? 
Mais rien y fait, je ressens toujours... et quelque chose me trouble... 
... Un déséquilibre... 
Il faut me résigner en attendant de meilleures sensations. Pour l'instant tout se ferme, se contracte...  
... contre nature...
Je suis épuisé comme jamais je ne l'ai été. 
Livide, exsangue ! 

Insomnie

Presque deux heures du matin, impossible de dormir, je somnole depuis quelques heures entre rêves et réalité...
Au-dessus, le bruit de talons féminin, voilà trois fois que je les entends à la même heure, elle doit travailler dans un restaurant ou dans un bar ou alors c'est une sacrée fêtarde...
Mes pensées partent en tous sens, sauf une, comme un fil d'Ariane...
Jamais rien de très concret, je veux dire qu'il n'y a là que des choses que je ne peux qu'écrire, je ne réfléchis pas à la meilleure méthode pour installer ces tringles à rideaux achetées la veille. Étonnamment, je pense rarement l'aspect pratique ou stratégique des évènements, cela me vient naturellement au moment d'agir. Autant je semble perdu dans de perpétuelles réflexions, autant dès qu'il s'agit d'agir, c'est-à-dire pour moi, une fois contre le mur, je suis dans l'instant, dans l'immédiat muni d'un bon sens naturel qui vient sans effort... Le reste du temps, mon esprit mouline à échafauder des situations que beaucoup qualifieraient de rêves éveillés. Ma tête ne cesse jamais de produire de petites histoires entre rêves et réalité, entre probable et invraisemblable, comme ci ma raison se mélangeait à mon âme... Et, étrangement, de temps en temps, cette imagination s'avère être un pressentiment qui probablement se réalisera... Cette activité cérébrale me donne la sensation d'être branché sur des ondes universelles parcourant une autre dimension, originelle... Je ne sais ni comment, ni pourquoi, je crois que j'ai toujours été comme ça.
Plus prosaïquement, je n'ai toujours pas de branchement "adsl" et les "hot spots" sont vraiment capricieux et lents. Certes, c'est mieux qu'avec mon iPhone, mais ça prend un temps exaspérant, sans compter le nombre de fois où il me faut tout recommencer... charger cette photo la dernière fois, m'a porté sur les nerfs au point qu'il a fallu que j'aille prendre l'air et un verre, une fois fait pour ne pas tout foutre en l'air ! C'est presque une épreuve d'écrire sur ce blog dans ces circonstances. C'est de ma faute, je ne peux m'astreindre que très difficilement à écrire sur mon traitement de texte pour ensuite copier le résultat, je dois écrire directement sur le blog ! malgré le manque d'aspects pratiques, les "bugs" qui effacent tout mon travail parfois... 
Je dois être sur la brèche, acculé, pour sortir le meilleur de moi.
Je suis fait pour l'intranquillité...
Même si, par ailleurs, j'aspire de toutes les cellules qui me constituent, à cette sérénité étonnante qui me recharge, me dynamise ; cette renaissance fulgurante, que je ne ressentais qu'après lui avoir fait l'amour... Mon élixir de jouvence !
Il faut que je dorme un peu, je me lève dans moins de deux heures.

mercredi 8 juin 2011

Une singulière bienveillance

Je constate, non sans stupeur, que depuis que j'ai emménagé dans mon nouvel appartement, je n'ai cessé de tout peindre en blanc ! Faisant ainsi tout disparaître, ne laissant apparent que le ciel. Devant les fenêtres un grand drap sur un portant me cache les immeubles d'en face, en attendant des rideaux blancs.
Le plancher blond semble une passerelle dans les nuages, où je me tiens en écoutant Bach. Je regarde les hirondelles jouer, les nuages, le ciel... je vois ailleurs, plus loin que beaucoup d'entre nous.
C'est en regardant le ciel que je me sens sur terre ! 
Enfant, à la campagne chez ma grand-mère et mon grand-père, je m'allongeais dans l'herbe d'une clairière pour regarder les nuages. Je m'imaginais sautant de l'un à l'autre en prenant garde d'éviter les trop éthérés... Le soleil me chauffait doucement, autour de moi les insectes s'affairaient en tous sens, mais sans empressement. Il y avait cette odeur agréable, légère et acre de terre et d'herbage. Au loin au centre du village, je distinguais le coq perché sur le clocher, et attendais que midi sonne en cloches... 
Je prenais conscience de mon espace de vie, non pas en observant le village, les champs, les bois alentour, mais en regardant le ciel, qui couvrait ce tableau champêtre avec une bienveillance sereine.
Une singulière bienveillance qui me pénétrait avec le même naturel qu'il y a dans toutes les choses simples et évidentes, comme le fait par exemple que le soir venu, nous irions avec ma grand-mère ramasser des pissenlits que nous mangerions avec des œufs mollets tout frais de la ferme voisine. Puis nous nous coucherions sans douter que demain tout recommencerait...
Aujourd'hui, regardant le ciel, je pense à toutes ces fois où je me suis trouvé là pour l'attraper alors qu'elle tombait, pour la réconforter... avec rien d'autre que mes bras et mon dévouement. Ce n'était pas assez... les autres font mieux... 
Étonnamment ce souvenir, pourtant si récent, prend une place aussi importante dans ma mémoire que celui de la campagne de mon enfance. Je comprends alors en regardant les nuages que c'est parce que, aussi naturellement que je l'avais reçu, je lui transmettais cette bienveillance magique, engrangée durant mon enfance...
Si j'ai écrit ici, qu'elle était mon ciel, c'est peut-être parce que je fus probablement le sien !
Alors, ce sentiment d'être répudié me donne la sensation d'être renié de tous, par la terre, par le ciel, par ce pouvoir magique de bienveillance que je porte. 
Et l'envie de m'enfuir, loin... vers ces nuages de mon enfance, m'envahit parfois.
Si j'habille tout ce qui m'entoure de blanc, c'est pour ne pas m'échapper à moi-même et à ce que je porte...
   

Anecdote d'humeur

Je repense à cette anecdote. 
Les derniers jours à l'atelier, les propriétaires venaient chaque matin, pendant mon absence, pour repeindre les traces qu'avait laissé l'humidité autour des vitres et faire visiter... Un jour rentrant du travail, je les trouve en grande discussion avec une femme paraissant affolée. Après les présentations, j'étais quand même chez moi, j'appris qu'il s'agissait d'une New Yorkaise, ayant échangé son appartement avec un type habitant l'impasse. Attendant son amie qui devait arriver, elle était sortie oubliant les clefs à l'intérieur et la porte avait claqué ! Tout ce petit monde palabrait, essayant de trouver une solution pour entrer dans l'appartement... Des barreaux protégeaient chaque fenêtre et la porte blindée récemment les amena à chercher un serrurier ouvert le dimanche...  
Je proposais à l'Américaine, je dis "Américaine", parce qu'elle était si peu féminine, pas vraiment laide, peut-être même aurait-elle pu passer pour jolie, mais, il y avait autre chose... sa copine était, quant à elle, totalement asexuée, une de ces "intellectuelles universitaires anarchistes" (entre guillemets parce que j'ai des doutes, surtout quant à la qualité d'intellectuelle et aussi quant à la fréquentation de l'université, pour ce qui est de l'anarchisme, je me ferai un plaisir de revenir un jour sur le sujet), un de ces êtres qui préfèrent passer pour appartenant à une minorité "typée", plutôt que pour des délaissées... Peut-être même, en étaient-elles ? Mais sincèrement, je m'en fiche comme de ma première chemise, des goûts et tendances de chacun, ce que je ne supporte pas, ce sont les signes ostentatoires en tout genre, les marques d’appartenance comme pour justifier son existence... 
Bref, j'invite les demoiselles à s’abriter de la chaleur et à déposer leurs affaires chez moi. Je leur propose une autre idée, de téléphoner chez elles à NY où dort, sans doute, le proprio et, de lui expliquer ce qui se passe, peut-être aura-t-il une solution... 
Sitôt dit, sitôt fait, surtout à mes frais ! 
06h30 à NY, le type émerge comprenant à demi mot le problème. Il leur dit qu'il les rappelle dès qu'il aura contacté sa sœur vivant à Paris et surtout possédant une clef...  Oublié le serrurier et ses tarifs spéciaux "ceux qui n'ont plus le choix"...
Pour ma part, nous étions dimanche, je revenais du boulot, j'étais levé depuis 04h00 du matin et je tenais, plus encore qu'à ma vie, à passer au marché, au cas où une main par surprise se glisserait dans la mienne... 
Je leur proposais donc de rester chez moi jusqu'à l'appel attendu et même jusqu'à ce que leur problème soit résolu... 
- Oh ! Merci, merci, c'est vraiment aimable de vous... (je vous le fais en Français, mais elles n'en parlaient pas un mot) s'exclamèrent-elles. 
Pas peu fier, de pouvoir à l'occasion me vanter de cet hospitalité envers ses compatriotes. J'attrape mes lunettes de soleil, me passe du déodorant, me souris dans la glace et pars le cœur léger et plein d'espoir, faire mon marché...
Je revins "avec des nèfles", bredouille, sans plus aucune Américaine dans ma maison... ce qui m'arrangeait bien concernant les deux dernières, je le reconnais. Certainement chez elles, riant pour chasser l'angoisse de leur mésaventure Française, quelle histoire ! Quand même, ces stupides portes Française qui se ferment toutes seules, c'est vraiment... Tu te rends compte ?
Plusieurs jours passèrent sans nouvelles d'elles, mais seul le manque de nouvelle d'elle, l'abandon de traces d'elle et de ce jardin, m'accaparaient... 
Le jour de mon déménagement, passant dans la ruelle, elles me firent un signe discret de la main, me disant : 
- Oh !? Vous déménagez ?! Non !? Bon courage ! (en anglais dans le contexte)... tout ça du bout des lèvres et faisant des manières dans leurs robes légères en synthétiques vert pâle et jaune acidulée, découvrant bras et jambes aussi livides que poilues et pieds douteux, chaussés de ces chaussures ajourées (raison de l'aspect douteux des pieds) profilées avec excès, pour la marche...
J'avoue qu'elles m'ont estomaqué ! 
Je reconnais, téléphoner aux US ne me coûte rien de plus que mon abonnement, l'eau est comprise dans les charges, les deux verres de jus de fruit et les quelques feuilles de papier toilette, ne m'ont pas ruiné ! 
Mais merde, j'aurai dû laisser la propriétaire faire ami-ami avec ses congénères avec cet art remarquable qu'elle a de donner peu comme ci c'était beaucoup, offrant des conseils en tout genre et surtout pas appropriés et des encouragements distants... J'aurai surtout dû les laisser dessécher au soleil dans la ruelle, prendre des couleurs locales ! Non ?
Bon, de quoi je me plains, elles auraient pu me détrousser de tout ce que j'avais chez moi, c'est à dire, rien... Comme quoi, elles avaient de l'éducation tout de même ! Et puis j'attendais quoi, qu'elles m'invitent chez elles... Grand dieu, non ! 
Peut-être qu'elles viennent me dire que tout aller bien et me voir, comme quelqu'un qui existe... 
Les voyages offrent l'opportunité de belles rencontres à qui sait s'ouvrir aux autres... J'ai toujours détesté mes congénères qui, à l'étranger ne cessent de tout juger et critiquer ; j'ai toujours détesté ceux qui ne cherchent qu'à profiter des avantages ici ou là ; ceux qui pensent qu'avec leur fric, ils peuvent tout se payer y compris d'autre qu'eux... et ceux qui ne vivent qu'en clan identitaire. Ceux qui ne pensent qu'en terme de marché et supermarché... et ceux, qui ont un goût copié collé de leurs revues d'art ou de mode qu'ils collectionnent... Ceux dont l'esprit est obtus par peur de s'apercevoir qu'ils sont perdus... 
De toute race, de toute culture, on a tous nos malotrus.
J’exècre, plus que tout, les sectaires !
Évidemment avec de pareilles idées, je n'aime pas beaucoup de monde ! Mais ceux que j'aime, une fois que je les aime, et bien ils pourraient être tout ça à la fois sans que ça change le fait que je les aime ! 
Allez comprendre... Mais je ne me suis jamais vanté d'être logique et droit...

mardi 7 juin 2011

Dérision et passion

La dérision m'aide à me remettre à ma place, à ne pas déborder. 
"L'ironie premier signe que la conscience a pris conscience d'elle-même. S'ignorer soi-même consciemment, voilà le chemin. Et s'ignorer soi-même consciencieusement, c'est user activement de l'ironie." Cioran. 
Sans ironie, comment aurai-je survécu, comment survivrai-je... à l'humiliation, à la trahison ? Les mots sont un peu forts ? Cela dépend de quel côté, on se trouve ! Je ne peux pas écrire ici tous ces mots et gestes que je devinais ; décrire toutes ces images, clichés de série B, comme celles où l'on pause sans franche volonté d'inscrire l'instant dans la postérité... tout ce que je voyais à force d'imaginer, juste... toute l'injustice que je ressentais, toute cette mortification... Je ne peux pas, pour le moment, les écrire n'ayant pas fini de les ressentir, d'encore en souffrir ! Déjà, l'évoquer, à un effet exutoire qui me glace. Il ne s'agit pas là "...de ces haines cachées au lendemain des rêves, sous les mots acérés comme des tranchants de glaive..." Je crois qu'il n'y a pas de haine parce que les rêves étaient bien en deçà... Il n'y avait, ou plus exactement, il n'y a, qu'une évidence, si forte, si puissante, qu'elle me tient encore ! Et plus que de me tenir, elle me constitue...
C'est dans la passion pour un autre qu'on se révèle le plus clairement. Par passion on s'oublie, on s'ignore, on se relativise. Sans l'autre quel intérêt d'être ?
Pour moi, c'était dans notre "commune présence" que tout s'initialisait, se constituait... Comme une présence instigatrice à extraire de moi le meilleur, l'essence même de mes plus belles émotions.
Il fallait qu'elle ait une vraie sensibilité, de vraies qualités, pour donner un soupçon de sens aux miennes...
Dérision et passion me servent à avancer, ma crainte est de dorénavant boiter...

lundi 6 juin 2011

Chez moi...

Hier en fin d'après-midi, étouffant, au propre comme au figuré, je décide de sortir me balader dans le quartier. C'est un quartier que je connais pour y avoir habité il y a longtemps. A peine deux minutes, le temps de remonter ma rue et je suis sur l'une des plus belles places de Paris, selon moi. Il y a sur cette place un espace dégagé magnifique, on ne s'y sent pas enfermé, on voit le ciel de tous côtés et, aussi loin que nécessaire pour se sentir habitant de la terre...
Plus loin, cette rue que j'empruntais ces dernières années en courant vers le bois ou vers l'atelier...
Et soudain, un besoin irrépressible de rentrer chez moi !
Pas à l'atelier, ce ne fut jamais tout à fait chez moi. Pas dans cette maison quittée il y a maintenant plus de quatre ans, il y a toujours eu quelque chose qui fit que ce ne fût jamais tout à fait chez moi. Plus encore maintenant que je n'y suis plus, même si y vivent les êtres qui me sont sans doute les plus chers. Plus loin, étant enfant, nous avons avec mes parents, si souvent changés de maison...
Bien sûr j'ai des racines, mais "abandonnées" depuis si longtemps qu'elles me semblent, tout à la fois, intimes et terriblement étrangères, tout comme l'enfant que j'étais alors.
Je sais aussi que ce violent et abrupt sentiment est, entre autres, la conséquence de tout ce que j'ai vécue ces derniers mois...
Je sais... je comprends... mais là, à ce moment, j'ai la conscience aiguë de n'être rien, d'être fragile, d'avoir mal et de vouloir rentrer chez moi, comme un enfant de quatre ans, s'apercevant avec frayeur, qu'il est perdu... 
Chez moi, ce devait être, elle !
Peu importe nos racines, nos ancêtres, d'être ou non attaché à un pays, à un terroir, à une maison de famille... On se sent vraiment chez soi, dès lors qu'on est aimé par un autre que soi et pour rien d'autre que soi.
Revenir sur ses pas, c'est la meilleure façon de se perdre définitivement, il faut continuer, croire en ce que l'on pressent, croire en soi et surtout, tout faire, pour avancer en gardant la tête haute.
Mais parfois, voir souvent, c'est plus facile à dire qu'à faire...

dimanche 5 juin 2011

Troisième nuit sans sommeil

J'étais à dix minutes à pied de mon marché préféré, il m'en faut autant aujourd'hui, à vélo... Aussi grand le monde puisse être, il peut parfois sembler petit, j'ai croisé le jour de mon arrivée, dans le hall de l'immeuble, le jeune fleuriste qui bosse sur le marché.
Troisième nuit sur place, troisième nuit sans sommeil !
Ce midi je suis allé au marché faire quelques courses pour remplir mon frigo tout neuf, livré hier soir... il était temps, avec cette chaleur j'étais déprimé. Je n'ai pas résisté à aller prendre un verre dans mon estaminet préféré, le Baron Rouge, où mon pote et moi y sommes sans doute connus, pire même, reconnus, comme pochtrons du samedi ou du dimanche midi...
Durant les moments difficiles, je me ferme tant, que je deviens insensible, il faut que je trouve des moyens artificiels pour ressentir mes émotions à nouveau, pour continuer à vivre... Même les plus grands y avaient recours, Baudelaire et ses Paradis Artificiels... Je ne peux vivre qu'au bord de moi-même... c'est Alberto Giacometti, je crois, qui après sa série de sculptures de l'Homme qui Marche, définissait la marche comme un perpétuel déséquilibre... C'est une notion importante à saisir pour essayer de comprendre la démarche de certains d'entre-nous...
Tous ces paradis artificiels sont là pour palier au manque de l'essentiel, du seul qui ne le soit pas... et que l'on perd de trop le croire irréel.
Un autre travail m'attendplonger au plus profond de moi, faire abstraction de tous ce qui n'est pas moi, trouver ma pure nature. Révéler la source ! Pour enfin ne sentir que par soi-même. En quelque sorte tout réinventer plutôt que tout apprendre ! Penser à partir de soi !
Avoir accumulé autant de désastres secrets est sans doute une prédisposition favorable... 

samedi 4 juin 2011

Ailleurs, un peu perdu

C'est un soir d'orage, pour mon premier repas, je regarde par la fenêtre de ma cuisine les nuages que des éclairs transpercent… De cette grande ouverture carrée, je vois la cime des platanes qui bordent la rue, quelques immeubles Haussmanniens et le ciel… Les immeubles en face ne sont, certes, pas exceptionnels, mais pas dépourvus d'intérêts. Ils se ressemblent cependant, en regardant de plus près, on peut noter toutes sortes de petites différences esthétiques, c'est comme ce jeu des différences que l'on trouve dans les revues pour enfants… Le bâtiment dans lequel je loge n'est pas beau, résolument daté par le manque d'imagination de techniciens en architecture (si tant est que l'architecture est avant tout un art...) culturellement dépourvus de talent, dont la seule ambition était de rentrer dans la fonction publique, au pire communal, au cours des années soixante-dix. Médiocre, mieux vaut écrire ou peindre, on cause moins de dégâts. Ont-ils aujourd'hui conscience de cette pollution visuelle qu'ils ont produite ? On devrait, comme pour les mauvais conducteurs, les obliger à suivre des stages de sensibilisation, histoire de faire naître chez eux le regret…. Cependant je préfère habiter cet immeuble hideux et voir ces constructions élégantes de l'autre côté, plutôt que l'inverse… Ces beaux immeubles Haussmanniens ne sont aujourd'hui habités que par des vieux, les intérieurs que j'aperçois n'ont sans doute pas changé depuis une bonne trentaine d'année et c'est dommage, ces façades Napoléonienne vaudraient bien une décoration intérieure plus épurée… Mais que voulez-vous, peu de gens s'interrogent sur ce qui les entoure, ils préfèrent faire le compte de ce qu'ils entourent. 
Il pleut à grosses gouttes et c'est tant mieux pour le petit jardin que j'ai abandonné… Si précieux à mes yeux, je l'arrosais chaque jour avec tant de cœur… 
Finalement, je supporte toutes les déceptions, toutes les douleurs, toutes les peines... 
Sauf une ! Mon putain d'essentiel ! 
Comme une aiguille fine et longue qui ne cesse de me pénétrer, me transperçant de part en part, avec la douleur aiguë et métallique que causerait un lent et interminable éclair électrique… 
De ce déménagement, le plus lourd à emmener fût sans doute ma peine.  
Bon, j'arrête ici pour aujourd'hui, ne pouvant écrire que sur mon Iphone en attendant mon prochain raccordement au net. C'était surtout pour donner des nouvelles à ceux qui me lisent... Aurait-on seulement fait ça pour moi ? Vous n'imaginez pas le temps que cela m'a pris...    

mercredi 1 juin 2011

Atelier

Voilà, tout ce qui habillait ma vie ces dernières années est entassé dans quelques cartons... Il m'a fallu toucher des objets que j'évitais, pour ne pas me rappeler plus que je ne le fais déjà.
Habitué à bouger, à balayer mon passé et à recommencer, j'avoue une certaine lassitude emprunte de tristesse cette fois-ci. À chaque fois je disparais un peu plus, ma vie en peau de chagrin.
Trop d’évènements me bouleversent ces temps-ci, fragilisé, l’inquiétude, l’anxiété, l'emportent sur la curiosité, l'enthousiasme... Dans ces moments la solitude me pèse plus que d'habitude...
Une lumière différente, d'autres bruits et odeurs, de nouvelles sensations... Des marques à retrouver et surtout des souvenirs ayant perdu leur réalité...   


Ce jasmin fut la première image de cet espace, en voici la dernière. Il a changé !