(journal de mes sensations)

lundi 26 avril 2010

Une femme singulière


Il existe des sensations si puissantes qu’elles vous changent en cet autre que vous deviniez être sans vraiment le connaître. Ni instant, ni moment, c’est un autre espace dans lequel vous entrez. Une fois dedans, chaque attitude, chaque geste, chaque mot, peuvent être fatals. Vos sens à vifs vous tétanisent, plus éveillés que jamais. Vous aimeriez ne plus revenir de cet ailleurs intense, de cette boucle qui s’est formée hors du temps. Conscient cependant que tout s’enfuit et que pour ne pas se perdre, il faut se précéder, se projeter à nouveau dans ce temps qui vous paraît si désuet. Parce que la raison de votre état est là, réceptive, peut-être espérant, mais n’attendant pas...
Gérer le désir est une réalité physiquement douloureuse. Plus encore si la nature même de ce désir n’est pas ordinaire. Féminité rare, ne nécessitant aucun artifice, tant le charme et la beauté en sont immanents. Âme délicate au corps éternellement élégant. De cette origine naît un désir puissant, incommensurable. Un désir, qui vous ouvre brutalement, à toute l’étendue, à toute la puissance de vos sens. Et s’il vous faut le contenir - je vous en prie, ne me demandez pas pourquoi - vous ne disposez, pour combattre, que de votre mentale, votre cœur et votre âme.
Peut-être pour prouver, combien vous êtes un être peu ordinaire, à cette femme singulière !

jeudi 15 avril 2010

Le mouvement ne ment jamais.


Des accords clairs résonnent, cadençant le bel effort d'un corps. Des pointes lui donnent l’impulsion, un chignon strict le tire vers le haut. Dans le miroir, le regard tendu, fixe les mouvements de ce corps extatique, façonné par tant d'heures de douleur. Comment libérer l’extrême tension du mouvement avec autant de grâce ? Volonté et détermination ne peuvent suffirent, il faut aussi du cœur !



mercredi 14 avril 2010

Tentatives de définition de ce délicat sentiment

1) L'approche psycho-sociologique :
Selon le psychologue américain Robert Sternberg, l'amour profond est le fruit d'un équilibre parfait entre trois éléments : l'engagement, l'intimité et la passion. Sil'un ou l'autre de ces éléments vient à manquer dans une relation entre deux êtres, on peut certes parler d'amour mais pas de la même façon et en tout cas pas d'amour profond.
L'engagement est la reconnaissance par quelqu'un qu'il éprouve des sentiments sincères et de l'attachement pour une autre personne. Comme s'il passait un pacte avec lui-même, il prend la décision de tout faire pour cultiver ce sentiment envers l'autre personne. Le niveau d'engagement dans un couple croit assez lentement au début de la relation, puis se stabilise progressivement pour ne plus retomber. Dans le cas d'un couple qui échoue (séparation), soit le niveau d'engagement n'a pas eu le temps de se stabiliser, soit des facteurs extérieurs (rencontre avec une autre personne) ou psychologiques (rejet de la routine, etc...) sont venus contrarier cette stabilité.
L'intimité peut être définie comme un besoin de rapprochement, une volonté de proximité et une envie de connexion avec une autre personne. Dans une relation, l'intimité suit la passion et précède l'engagement. Elle évolue lentement et décroît progressivement jusqu'à un niveau relativement bas. Toutefois, des changements de circonstances dans le couple (l'arrivée d'un enfant par exemple) réactivent épisodiquement le niveau d'intimité et peuvent même lui permettre de dépasser le stade maximum qu'il avait atteint précédemment.
La passion est un véhicule psychologique puissant qui se définit par un attrait conscient pour une autre personne, caractérisé par une attirance physique irrésistible et une volonté d'amour charnel. La passion tend à être intense au début d'une relation et progresse rapidement jusqu'à se stabiliser du fait de l'habitude. A la suite d'une rupture amoureuse, la capacité d'un individu à connaître la passion disparaît totalement pendant une période plus ou moins longue jusqu'à ce qu'il puisse assumer complètement la sensation de perte.
Voici à présent comment, selon Sternberg, peuvent s'associer ces trois éléments et le sentiment qu'induit leur combinaison.
- Intimité seule = Amitié
- Engagement seul = Partenariat
- Passion seule = Désir
- Engagement + Intimité = Complicité
- Intimité + Passion = Romantisme
- Passion + Engagement = Admiration
- Engagement + Intimité + Passion = Amour

2) L'approche scientifique :
L’amour, c’est une affaire d’hormones, de neurotransmetteurs et de réflexes archaïques profondément ancrés. Tout ce qui se passe dans le corps est chimique… l’amour aussi !
Trouver le bon partenaire. C’est là que les phéromones entrent en jeu. Petits messagers chimiques, ils nous informent du patrimoine génétique de l’autre. Quand une personne est compatible, ou plutôt complémentaire, elle nous plait...
Peu de temps après (enfin ça dépend), madame et monsieur se livrent à leurs ébats effrénés, c’est alors qu’ils sécrètent de la lulibérine. Conséquence : grâce à cette hormone du sexe, les partenaires se focalisent sur l’instant présent. Le plaisir compte avant tout. Et rien ne peut les déranger, pas même la sonnerie du téléphone. La sérotonine, elle, dope l’humeur, l'émotivité...
La dopamine et les endorphines, deux neurotransmetteurs que notre corps sécrète alors en quantité, font de nous des accros, elles nous mettent dans un état de dépendance intense, on a mal quand l’autre n’est pas là.
Nous nous attachons. La faute à une hormone : l’ocytocine, une substance sécrétée par les mamans pendant l’accouchement (ce qui permet à la mère d’aimer son bébé) mais aussi lorsque nous éprouvons du plaisir. Ainsi se met en place un joli cercle vicieux : plus on fait l’amour, plus on a de plaisir, et plus on éprouve du plaisir... plus on aime ! CQFD.
Même quand les récepteurs d’endomorphine sont désensibilisés, qu’ils n’induisent plus la dépendance de l’un à l’autre, il reste l’ocytocine. Quand un couple s’embrasse, se caresse, quand il fait l’amour, ou même simplement quand il passe un moment ensemble, il y a libération d’ocytocine. Et l’ocytocine induit un sentiment de bien-être. Elle stimule le système immunitaire, elle ralentit le cœur, elle met le corps en situation d’apaisement. Les couples qui gardent ces comportements amoureux ne sont plus dans la dépendance, mais dans le bien-être.
3) L'approche spirituelle :
Christianisme et Bouddhisme ont pour valeur de base l'Amour ! L'amour sacré pour l'un, l'amour-sagesse pour l'autre... Préconisent l'abstinence ou l'ascèse et la méditation... Ce n'est pas mon sujet, ma préférence va à l'amour profane.
4) Et, il y a cela :
Un visage
Traversé
Par hasard
Désormais
unique
Un visage
Reconnu
Entre tous
Désormais
unique
L'univers
Répondant
A un nom
Prend visage
et sens
Où tu es
Ou n'es pas
Tout n'est plus
Que présence
absence
François Cheng.
Et puis, l'inattendu,
cet avènement, qui vous redresse. Ce regard, jamais oublié, qui vous saisit et vous emporte. Cette main, reconnue, serrant la vôtre, comme pour vous rendre votre présent. Ces lèvres, source, vous murmurant des possibles, ébauchant un avenir. Cette silhouette délicate et chaude, prenant doucement la place de l'ombre dans le creux de vos bras. Les odeurs de ce corps, faisant, qu'en un éclair tout vous revient, sa peau souple et poudrée ; l'odeur de la myrrhe, du bois ciré ; ce parfum dont la fraîcheur fusante et chaude à la fois, évoque "l'heure", en fin de journée, ou le ciel prend une couleur "bleuté" toute particulière ; le parfum du lilas...
Cette présence toujours étonnamment transcendante.

mardi 13 avril 2010

Naissance

"L'intensité des sensations a toujours été plus faible, chez moi, que l'intensité de la conscience (sensation) que j'en avais. J'ai toujours souffert davantage de ma conscience de la douleur que de la souffrance même dont j'avais conscience.
La vie de mes émotions a choisi de s'installer, dès l'origine, dans les salons de la pensée, et j'ai toujours vécu là plus largement ma connaissance émotive de la vie.
Et comme la pensée, lorsqu'elle héberge l'émotion, devient plus exigeante qu'elle, ce régime de la conscience, où j'ai opté de vivre ce que je ressentais, a rendu ma manière de sentir plus quotidienne, plus titillante et plus épidermique."

Fernando Pessoa. Mai 1930.

Puisqu'il faut tenter de se situer, de dire qui l'on est... Pour commencer ce Blog, j'ai pensé à ce texte. Sans me définir, il dit mon fonctionnement et donne le ton à venir.
Si la musique et la peinture m'émeuvent, les mots me fascinent.
Un seul sujet, l'émotion ! Qu'importe le sens, toucher l'autre est ma seule évidence. L'autre est forcément celui que j'aime. Pas forcément celui qui m'aime.
Tant d'émotions accumulées font que je déborde, je vis au bord de moi !
La conscience que j'ai de chacune d'elles est si bouleversante, si pressante, qu'il faut que je m'épanche. Mais, comme une envie de pisser retenue trop longtemps, au moment libératoire, rien ne sort ! Le ressenti parait si désagréable qu'il semble préférable de se retenir, privilégiant la souffrance connue et maîtrisée à cette sensation étrange, probablement incontrôlable.
Enfant, une cruelle dyslexie ne me prédisposait certainement pas à la passion des mots, de même qu'une douloureuse paralysie ne me prédisposait pas à la course de fond ! Médiocre coureur, en sera-t-il de même de ma qualité de transcripteur de mes sensations ?
Pourquoi prendre un tel risque ?
Parce que l'on m'a chuchoté d'écrire ! Et que ce "on" me murmurerait de me retenir, que je le ferai !
Un seul sujet, l'émotion ! Et ce "on" n'en est autre que l'incarnation.
L'émotion avec la chair pour écrin.
Il est des rencontres qui font que tout advient, encore ne faut-il pas perdre le lien, apprendre l'équilibre, rester sur le fil, toujours en péril.

Je ne pouvait pas ouvrir cette première page, sans lui rendre hommage.