(journal de mes sensations)

mercredi 29 février 2012

À trop savoir, ne se perd-on pas ?

Quel est donc ce mal, cette sensation d'une plus grande absence que d'ordinaire ? Ce n'est pas la première fois, bien sûr... Mais, aujourd'hui et depuis hier soir, j'y suis plus sensible, sans raisons particulières, a priori...
Bien entendu, ce qui se passe désormais, et qui ne m'appartient plus si tant est qu'il m'ait une fois appartenu, n'est pas différent aujourd'hui des jours précédents. Il n'y a plus rien d'autre que la réalité, quand bien même, je me sens toujours si... lié ! Ma perception, aussi fine soit-elle, ne peut cependant éviter la distorsion que crée mon imagination et, ce sont mes états d'âme qui se trouvent être les maîtres de cette imagination. Autant dire que ce sont, l'imprévisible, l'instable, qui analysent et tirent les conséquences de ce que je perçois, qui contrôlent ! 
En conclure que je suis seul responsable de ce que je ressens est donc une option à prendre en compte, tout autant que celle d'avoir perdu la raison.
Pour se délivrer de cela, il faut croire que tout est réel, ou alors que rien ne l'est, il faut choisir. Voilà la seule conduite à tenir pour garder l'équilibre. Mais c'est beaucoup moins facile qu'on ne pense, tant les choses nous paraissent toujours plus ou moins vraies, plus ou moins existantes. Faisant que nous ne savons jamais où nous en sommes. Contrôler les influences de nos humeurs, de nos joies, de nos peurs, de nos envies, est certainement ce qu'il a de plus difficile. Alors, ceux qui comme moi, sont voués à, plus que deviner, plus que ressentir, plus qu'imaginer... à, peut-être aussi, trop en savoir... attention de ne pas vous perdre et, bienvenue en enfer !
Et pourtant, cela ne devrait plus être mon affaire, mais je ne peux me résoudre à ne plus y penser, à ne plus... ressentir. Pire, j'en suis incapable ! J'ai définitivement bien peu de caractère d'être ainsi dépendant. 

mardi 28 février 2012

Cette patience nécessaire...

Cette patience dont il faut faire preuve en permanence, m'épuise. Persévérer, courber l'échine, continuer son chemin, laisser le temps œuvrer ! 
Il y a des jours ou je me sens, comme si tout ce que je souhaitais, allait arriver. J'ai une sensation de plénitude et d'omniscience qui me laissent penser que tout est sous contrôle et, finalement, ne dépend que de moi. Mais d'autres jours, je suis embourbé dans ce limon qu'est la vie, incrédule quant à réussir en tirer le moindre profit, étant déjà, incapable d'en sortir.
Hier ? Eh bien, rien ! C'est sans doute que j'attends toujours trop... des lundis... Après ce travail qui me fait lever trop tôt, je suis allé courir. Est-ce l'épuisement de me réveiller si tôt ou la monotonie de mon parcours, autour du grand lac du bois de Vincennes ? Toujours est-il que cela me demande un effort tel, que je n'atteins jamais ce second souffle, ma dose d'endorphine, cette carotte qui m'a fait tant courir. Certes, en rentrant il y a quand même la satisfaction d'y être allé, une sensation physique agréable, un certain bien être. À quel prix, cependant ! 
C'est dans la tête, j'en suis conscient, c'est comme une lente pétrification qui dure depuis près d'un an... Le problème est de trouver l'action ou plus exactement, l'attitude, qui brisera cette ossification de l'élan. La folie de refuser ce qui semble inéluctable, de se débattre !
Pour aujourd'hui, je ne prévoie pas mieux, mais je m'astreins, comme hier à courir, à noter ici quelques mots, sachant que les efforts réalisés dans ces moments si pénibles, où tout semble contraignant, sont ceux qui, lorsque ça ira mieux, me rendrons ces pratiques tellement aisées, l'effort, presque insignifiant.
C'est décidé, je vais m'inscrire à cette course Parisienne que j'aime tant, parce qu'à chaque fois, précédemment, il y a fait beau temps, et que le parcours le long des berges de la seine, m'enchante. De plus, lorsqu'il traverse la seine, pour passer de la rive droite à la rive gauche, par le Pont du Carrousel, je me trouve alors, à un trait de vélo, d'une petite chambre sous les toits. Une chambre aux odeurs de bois ciré et de myrrhe. Une chambre qu'un bouquet de Lilas sauvage avait embaumée et colorée d'un accord harmonieux de bleu élégant et de rouge sang, un après-midi de printemps... C'est fou ! Il faut toujours que... Bref... Cette course, c'est aussi, historiquement la première à laquelle j'ai participé. 
De cette façon, je vais être obligé de prendre à nouveau soin de moi, et surtout de régulariser mes efforts et mon alimentation. Redéfinir un objectif en quelque sorte.
Et bien, sans poésie, sans éclat et surtout sans élan, on arrive quand même à écrire deux, trois bricoles, à noircir un peu de blanc. Comme quoi il faut savoir être patient. Mais il n’empêche, la patience est, chez moi, contre nature !   

dimanche 26 février 2012

Manque subsistant

Il y a ce vide que je ressens souvent, de ne pas avoir cet autre à enlacer, à baiser. Comme une dépression terrible qui se crée, de ne pouvoir s'emplir de son aura, de cette douce chaleur qui n'est pas la mienne. Le manque âpre et douloureux, de ces intimités qui se partagent à deux. La torture du besoin, d'à nouveau pouvoir se sublimer pour imprégner et s'imprégner de cet autre désiré. Ce manque de peau, cette autre peau qui attire comme l'eau. Ses odeurs suaves, envoûtantes, comme des signes, qui font frémir l'ensemble du système nerveux, et font naître le désir. De ces regards qui, se croisant, n'ont besoin d'aucun mot. Ces yeux dans lesquels on se voit, sans toutefois, tout à fait se reconnaître, pour n'être plus tout à fait le même. Ce souffle exhalant un air moite et intime, qu'à son tour, on inspire comme on communie.
Il y a ce manque souvent, de cet autre corps, d'échange et de partage. Ce manque de cette part d'âme, même infime, qui donne à la mienne, les couleurs de la vie, le sens de la poésie.

samedi 25 février 2012

C'est comme ça...

Trois jours comme dix ! Avons compté les étoiles, écouté les oiseaux chanter ; mangé et bu comme des ogres ; sommes allés nous baigner... avons beaucoup marché ; dormi comme des souches ; rentré du bois pour alimenter la cheminée ; encore marché et, respiré !
V. s'en est payé, courant après les chats et les poules de la ferme d'à côté ; fouillant les petits cours d'eau, en sortant toute mouillée pour se sécher en se frottant sur la mousse au pied des arbres (du coup, maquillée et habillée en tenue de camouflage vert et brun) ; faisant au coin de chaque taillis, l'arrêt ! figée, la queue et la truffe, pointés (en sens opposés...), puis piquant un sprint effréné, l'arrière-train rentré, comme pour dire : c'était une blague, je vous ai bien eu ! 
Même la bruine des derniers jours ne m'a pas empêchée de sortir courir au levé du jour. Là-bas, la pluie, la neige, le froid, ne me retiendraient pas à l'intérieur. Là-bas, la nature est mon état d'esprit, bien plus que le temps qu'il fait.
J'alterne ainsi les humeurs. Gardant cependant en tête, toujours le même fil rouge. Plus qu'un choix, cela me semble être une cause. Qui puis-je, il est de certain sentiment comme d'un membre, même amputé, on le ressent toujours. Plus encore s'il est la pierre angulaire de votre vie rêvée, de ce qui vous fait exister. Un sentiment tellement singulier, provenant du plus profond de mon intimité, qui fait que, toujours, la douceur l'emporte sur l'aigreur ! Et pourtant...
La bêtise, peut-être ? 
Allez ! Il faut bien se moquer. Seule la dérision, donne assez de hauteur pour ne pas être submergé !
(Et puis, si c'est vrai, je pourrai dire, pour une fois, que je ne me suis pas trompé !)

jeudi 23 février 2012

Où il est question de donner...

Il y a cette émission de radio que j’apprécie depuis presque un an. Elle passe chaque samedi, mais je préfère la "pod caster" pour l'écouter le soir en m'endormant. Près d'une heure d'une science poétique ou de poésie scientifique, contée par son créateur, le docteur Ameisen. Sa voix à la magie, d'à la fois vous relaxer et de vous captiver. Endormi, je l'écoute encore, donnant à mon inconscient de précieux indices de sens pour les rêves à venir. Que du bonheur !
La fois dernière, il était question de la façon dont nous, les animaux et les insectes, voyons les couleurs, il était question de lumière. On y apprenait, pour ceux qui comme moi l'ignoraient, que les couleurs dépendaient des différentes longueurs d'ondes de la lumière et du nombre de pigments que contiennent nos rétines respectives. Qu'il existe plusieurs types de pigments, ceux qui nous permettent de percevoir le bleu, le rouge, le vert ; ceux qui permettent à certains animaux de voir les ultraviolets, etc. On comprend mieux, alors, comment voient certaines espèces, comme les chauves-souris.
Les végétaux aussi sont acteurs des couleurs, elles leurs sont utiles à communiquer. Certains oiseaux, chauves-souris et insectes, doivent pour vivre, butiner les fleurs. De même, ces fleurs, doivent pour se reproduire être butinées (j'ai toujours adoré ce mot...).
Ainsi, les plantes ne manquent pas d'ingéniosité pour attirer leurs butineurs. 
Il y a celles qui dressent au-dessus de leur corolle, une feuille ou pétales en forme de coupole, renvoyant les ondes émises par ces chauves-souris qui se nourrissent de leur pollen. En fait, elles hissent un panneau lumineux : ici, on mange gratis !
Il y a celles qui émettent des ondes d'une longueur particulière, leur permettant d'être perçu de telle ou telle couleur, selon celui qui les regarde, selon les types de pigments dont ses rétines disposent. 
"La couleur d'une fleur, s'invente dans notre cerveau à partir des longueurs d'ondes de lumière qu'elle absorbe. Plus précisément, c'est à partir de celles qu'elle nous renvoie. La couleur d'une fleur, c'est une sensation qui apparaît en nous à partir de ce que nous renvoie la fleur, à partir de ce qu'elle nous donne et non de ce qu'elle conserve ! C'est à partir de ce qu'elle nous donne que nous lui inventons, que nous lui attribuons ses couleurs." 
Dans la nature, il n'y a, à mon sens, que dans l'espèce humaine, que l'on trouve des spécimens qui ne savent que prendre et profiter, sans jamais donner. Des spécimens, si narcissiques, qu'ils pensent être, eux-mêmes, la source de la lumière qu'ils perçoivent. Pensant du coup, qu'ils donnent déjà, bien assez.
Paradoxalement, c'est aussi avec certains (autres ou exceptionnellement les mêmes) de ces spécimens que l'on vie les plus fortes émotions, les plus belles révélations ! 

mercredi 22 février 2012

Féminité du bois

En plein effort, au milieu de cette forêt, tout à coup, une ombre me surprend, nous restons figés tous les deux. C'est la féminité du bois, incarnée ! Ces grands yeux noirs me scrutent d'un air farouche, je suis saisi par sa beauté. Elle est immense et élégante. Est-ce mon imagination, ou la réalité, mais il me semble sentir son odeur musquée. Il y a comme une tension, sexuée !
Je reprends doucement ma course sans la quitter des yeux, Ces quelques secondes m'ont paru une éternité. D'un saut de côté comme une ruade, elle s'enfuie en zigzaguant par bonds gracieux. Continuant de l'observer, je la perds de vue, puis quelques pas plus loin l’aperçois à nouveau, à l’abri d'un taillis, elle s'est arrêtée et me fixe de toute son attention. Mais je sais bien que le plus captivé des deux, c'est moi. 
S'il me fallait définir par métaphores cette rencontre, ce serait en ces mots : un regard intense et féminin, farouche et enchanteur. 
Ce que j'ai éprouvé en le croisant est un sentiment que je connais bien, pour l'avoir tant de fois ressenti. Combien de fois ai-je été touché par cette grâce féminine, par ce charme hors norme ? C'est certainement ce à quoi je suis le plus sensible, et c'est aussi ma potion magique ! 
J'ai repris mon chemin persuadé que nous nous retrouverons, sans pouvoir expliquer pourquoi.

mardi 21 février 2012

Régénération

Ce matin tôt, j'enfile ma tenue, je sors le chien puis pars courir. J'ai battu en retraite dans cette campagne qui est la mienne. Je cours sur les traces de mon enfance, m'enfonce dans ces bois qui m'ont tant appris... Je me sens libre. 
Ce matin un soleil rasant illumine le paysage lui donnant une telle clarté, qu'on en est saisi. Cela me rappelle ces paysages des pays nordique, cette côte autour de Skagen, de Hirtshals à Frederikshavn. 
Malgré l'effort, je distingue chaque détail avec une précision extraordinaire. Et comme pour souligner la pureté ambiante, une fine pellicule de givre cristallise la végétation endormie. Cristallise l'air. Nettoyant tout l'espace de toutes fumées, buées ou poussières. Tout est net, radieux ! 
Cette campagne ne m'appartient pas, c'est moi qui lui appartiens, j'y suis à ma place, dans un sens plus universel qu'humain. 
Une heure plus tard, à part les articulations des chevilles et des hanches (le terrain en forêt est plutôt accidenté), je me sens bien, je ne suis même pas essoufflé. L'effort et surtout la matrice qu'est ce pays pour mon être tout entier, ont balayé toutes ces humeurs nocives qui m'envahissaient, les rendant même si dérisoires... Ce pays me régénère !  

samedi 18 février 2012

La vérité relative

Hier, comme aujourd'hui, je broie du noir ! Allez savoir pourquoi ? Besoin de prendre le large. Marre de ma préoccupation exigeante et égoïste. Au point que je m'égare, prenant cet espace où naissent mes mots d'équilibre, pour un "chat" à voix unique. Pourquoi me contraindre ainsi, à me coucher dans ses silences, sans jamais pouvoir me couvrir entièrement de cet espoir peau de chagrin ?
Et puis tous ces mots ne sont que de timorés hoquets, sans résonances, irraisonnés, incapable que je suis de tout déballer. Je n'ose même pas les relire. Combien de temps faut-il, pour les ânonner sans les sentir, sans en faire naître la musique que je tente d'y mettre ? Trois, quatre minutes à chaque fois... Bien sûr, ils ne valent pas mieux... 
Même si ça me vient de bien plus loin, si c'est un besoin que je ne peux contenir... cela n'est rien de plus, que thérapeutique ! Et franchement, parfois, je me demande. N'y aurait-il pas là, qu'une minable prétention ? La réminiscence d'un rêve de gamin ?
Manque d'inspiration, manque de persévérance... Manque de souffle ! Voilà le hic, j'ai le souffle court ! Je ne peux m'astreindre à ce travail, avec pour seule dynamique, le courage. Il me faut aussi accéder à mes émotions, je suis un romantique, pas une machine... D'ailleurs, ce qui résulte de l’acharnement mécanique... m'emmerde ! 
Voilà ma vérité, d'aujourd'hui ! Voilà ce qui me voile l'humeur. Au bord de tout, comme dans la marche, j'avance par successives pertes d'équilibre. 
Évidemment ! Ce n'est que "la vérité relative" ! Ce qui, en plus d'avoir du sens, est un joli anagramme, un effet miroir renversant qui en dit long... sur qui je suis. Sur celui que, tantôt je fuis, tantôt je poursuis.

jeudi 16 février 2012

Se reconnaître

Des nouvelles apprises en ce début d'année me stupéfient ! 
... Qu'importe leur nature...
Quelles étonnantes coïncidences ! 
Ou, peut-être, y a-t-il une autre explication, quelque chose en nous, d'encore incontrôlable, qui ferait que, possédant les mêmes sensibilités, et des objectifs proches, nous n'arrêtons pas de nous frôler... 
Je fais souvent cette expérience, j'entre dans une librairie et, au bout d'une longue errance nécessaire, je choisis un livre, d'un auteur qui m'est inconnu, mais qui s'avère toujours être de ma sensibilité. Il en va de même avec la musique, avec les bêtes, avec les êtres.
Cette sensibilité que nous avons pour telle chose ou telle autre, l'impact qu'elle a sur nous, la finesse et la force avec laquelle nous la percevons... sont pour moi aussi remarquables que toutes ces identités affichées, raciales, spirituelles, etc.
Tout signe distinctif, même discret, d'appartenance à un groupe quelconque, m'exaspèrent, il n'y a rien que je ne déteste plus que le communautarisme ! Ce qui nous lie ou nous différencie ne souffre aucun symbole. Lorsque vous êtes en sa présence, avant même qu'un mot ne soit prononcé ou qu'un geste ne soit fait, vous le reconnaissez, le reste n'est qu'hypocrisie, égarement, illusion.
Je me souviens d'un de ces chocs. Au moment ou je l'aperçus... cette première vision, sans que je le comprenne, s'imprimait de façon indélébile sur mon âme. C'était un visage, si blanc, si pâle, semblant délicatement posé en équilibre sur un voile noir, atteignant à peine la hauteur de mes épaules. Il a flotté à mes côtés jusque la terrasse d'un café. Il y avait sur ses mains et au bord de ses yeux des marques émouvantes... Il m'a fallu plusieurs mois pour comprendre que j'avais accédé à une autre de mes dimensions. Et aussi quelques années pour pouvoir, sinon comprendre cette sensation, la reconnaître, la ressentir et tenter de l'exprimer. Cette première image m'avait déjà tout dit, mes cellules l'avaient noté ; mon ego avait bien le souvenir d'une étrange sensation, mais mon esprit n'était alors pas en accord avec mon instinct, avec mon moi intime. 
Seuls ceux avec qui je ressens cette reconnaissance commune, ceux qui éveillent tous mes sens, m'importent ! Je ne suis pas assez grand, pour m'inquiéter des autres. Et, je n'ai pas la prétention de le devenir, c'est déjà bien assez difficile comme ça.

Ce qui faillit être une diatribe

Avoir grandi avec une seule certitude, ne rien valoir. Sans doute mon seul vrai combat, de tous les instants. Ai-je peur de la médiocrité de mes mots ? Oui ! mais je les étale malgré cela, oubliant gène et pudeur. Qu'ai-je à perdre ? Rien qui ne m'importe. Qu'ai-je à gagner ? D'être celui que je suis. 
Sous ce fallacieux principe, parce que trop simple, trop manichéen, j'étais hier sur le point d'écrire des mots... certes, cela partait d'un bon sentiment, une inquiétude que j'ai pour un autre, mais les métaphores étaient un peu vives et elles auraient pu être prise pour de l'agressivité... Je sais, lorsque j'hésite, que c'est un signe. Et dès lors que je doute, je suis la proie de toutes mes émotions, avec pour décider, deux pouvoirs indépendants aux intérêts divergents, le cœur et la raison. Hier j'ai hésité !
J'étais emporté dans une diatribe, de celle pratiquée par les Cyniques. Ne cherchant qu'à bousculer l'immobilisme, à casser ce granit qui, pourtant j'en suis conscient, ne peut se fendre que de l'intérieur ! J'y parlais du confort rassurant des habitudes ; de courtisane en quête de fameux bien né, de détenteurs de renommée... qu'importe même qu'ils aient le nez tourné, l'air affecté, le ton ampoulé... et je ne sais quoi encore comme tares visibles ou cachées.
Et puis je me suis couché, incapable d'en venir à bout. 
Ce matin, une fois de plus, mon intention d'aller courir, en resta là... durant ces trois jours de repos, j'ai perdu toutes les batailles menées contre moi-même, alors comment pourrai-je revendiquer la position de donner des leçons ? Même si, en l’occurrence, il ne s'agissait pas de cela...
Parfois, mon émotivité baisse d’intensité, la musique et la lecture l’entretiennent, mais il me faut, de temps en temps, faire le plein, auprès d'êtres de chair, de sang et de larmes. Et seules m'attirent les personnes émotives, sensibles et créatives. Parce qu'elles seules vivifient ma propre émotivité, stimulent mon imagination... m'emportent !
En état de manque, je deviens un autre, cynique et blessant. La nature est cependant bien faite, elle a installé dans mon esprit, un système de sécurité, qui lorsque je suis dans cet état, déconnecte ma spontanéité ! Parce que, je sais ce que c'est, d'être blessé... Et parce que cela n'a jamais était dans mes intentions. 

mardi 14 février 2012

La fête à qui ?

La Saint Valentin est partout... Décolletés et fessiers rouge d'envie s'affichent dans toutes les vitrines et particulièrement dans les boulangeries et les boutiques de lingerie ? Ce qui, fondamentalement, est étonnant... s'agit-il de fêter un sentiment de cœur partagé ou un désir de corps, brûlant ? Sans doute les deux, mais le second est, il faut bien l'avouer, plus accrocheur. Ces cœurs suspendus dans les vitrines, tout ronds, généreux, semblant doux et chauds d'être ainsi rouge... écarlate, en disent long sur la soirée en question. 
Serai-je à ce point obsédé de voir ainsi des Saints partout ! Il faut dire que, point de seins pour mes mains et pour mes yeux, en ce jour de fesses-tivités à deux ! Sans doute cette tendance à trop idéaliser le premier (celui du  cœur) fait-elle de moi le souffre douleur du second (celui du corps), qui s'acharne à travailler mes sens les plus profonds, à me tourmenter jusque dans mon sommeil (et que dire du réveil)... Y aurait-il, chez moi, quelque chose qui ne tourne pas rond ?
J'écoute toujours en boucle "Flétta", cela touche un endroit sensible, un accès secret, enfouis quelque part en moi, la trace d'une passerelle vers cette sensation d'essentiel... Impossible de trouver la traduction du texte, il semblerait même qu'il n'en existe pas, qu'il soit intraduisible ! (me référant à cet extrait d'interview de Bjork : 
"We spent a few days singing together, and during that time he wrote a piano song that I sang over in gibberish Icelandic, you know, that hazy undefined scratch vocal you make when you’re coming up with a melody...
Well, it sounds really new age-y [laughs], but when I’m writing a melody I’ll generally just start off with sounds and empty vowels. Then I write a lyric and sing that. But anyway, I was improvising over his piano track, coming up with a melody. After I went to bed, Antony stayed up all night, recording vocals and harmonising all my gibberish with these lush four part harmonies, effectively making a choir out of it. When I woke up in the morning, he told me he wanted to play me something. I was really honoured when I heard his work. And the track is great. It’s him singing in Icelandic, even if he has no idea what he’s singing about.")
J'y perçois une forte émotion qui éveille chez moi quelque chose de profondément intime, qui n'a peut-être de sens que pour moi. Est-ce cela être touché ? 
Un peu comme cet ultime et céleste palier, que l'on atteint parfois, cette sorte de niveau supérieur ou, à l'union des corps dans l'abandon total à l'extase, s'ajoute la découverte chez l'autre, d'une intime et secrète passerelle qui nous mène à ce sentiment essentiel... que l'on ne devrait célébrer qu'une fois par an !?
La contre-partie, le prix à payer, c'est que le niveau inférieur, non agrémenté de cette intime passerelle offerte vers l'infini, devient alors un peu décevant, nous laissant, en quelque sorte, sur notre faim. Même si, malgré cette révélation spirituelle, le désir charnel continue de nous travailler la pression du sang toujours aussi régulièrement et avec la même ténacité qu'avant...
Bon, au final, même si nous n'oeuvreront pas tous aujourd'hui, à commencer par moi... Valentin, gare à tes... ça va être ta fête !    

lundi 13 février 2012

Cette nécessité de sortir de moi

Ma dernière matinée... Je me sens épuisé, sans doute est-ce la conséquence de n'être pas sorti pour courir ou même marcher depuis qu'il fait si froid. Je suis resté cloîtré chez moi, desséché, chargé d’électricité, inconfortable... Ne sortant que pour aller travailler ou faire les courses essentielles. J'ai besoin de nature ! Il faudrait que je sorte courir pendant mes repos, peut-être même ce midi, pour évacuer toute cette humeur nocive. Ou, au moins, faire une de ces longues balades à pied que j'affectionne.
J'adore marcher en ville, sans autres buts que de sentir la ville, d'observer les badauds. En général je me ferme, filtrant les sensations, mais si, de ces anonymes qui viennent vers moi, une personne éveille ma curiosité, j'ouvre tous mes sens, aspirant tout ce qui émane d'elle, essayant même de me projeter en elle durant l'infime espace de temps où nous nous croisons.
Ces balades commencent en général dans le milieu de l'après-midi, je pars en flânant, au gré de mes sensations. Au début tout est calme, puis, le soir tombant, on sent monter l'effervescence. Je m'attarde alors pour contempler les rues commerçantes s'agiter, les façades d'immeubles s'éveiller. 
En plus de l'effort physique d'une marche intensive, je sors de moi, j'échappe à ce qui m'emprisonne.
Lorsque j'ai l'occasion de faire ces promenades dans la nature, j'ai cette même sensation de me libérer, avec en plus celle de me purifier, d'épousseter mes sens, de m'unifier à quelque chose de fondamentale. Dans la nature, je me sens comme appartenant à quelque chose de grand. 
Plus que jamais je me sens bien, hors de moi. Ressentant alors tout, si intensément. Faisant partie de tout.

dimanche 12 février 2012

Dès cendres de 2011

2011, l'année des déconvenues, des désillusions, l'année de tous les drames. 
Je pensais pouvoir me libérer ici de ce que j'ai vécu tout au long de cette maudite année, mais constate qu'il est encore un peu tôt. Je me souviens de chaque jour comme d'une brûlure. Et bien qu'ayant été formé dès le plus jeune âge à l'humiliation, à l'attente et à une sorte nocive de solitude, cette année fut sans doute la plus difficile qu'il me fut donné de vivre. Jamais je ne m'étais senti autant isolé, aussi désespéré.  Au point, certains jours, de sérieusement réfléchir aux possibilités d'un... abandon, sans jamais, cependant, pouvoir m'y résoudre intellectuellement. 
Cette année a marqué mon âme jusqu'à atteindre mon corps.
Heureusement, il y eut la musique et les mots, ceux de mes maîtres et les miens, pour sauvegarder mon esprit. En revanche les quelques efforts fournis péniblement pour effacer de mon corps, ces stigmates des peines de l'âme, se sont avérés vains. Il va me falloir beaucoup plus de courage, accepter d'à nouveau me faire mal.
Bien sûr tout ne s'est pas arrêté le 31 décembre, mais ces dernières semaines, il s'est passé quelque chose. J'ai, il me semble, réussi à extraire de ma soif de tout, ce qui définitivement m'emporte, me passionne. Et, j'ai eu une révélation, aussi simple et limpide qu'une évidence, quant à, où et comment débutera le reste de ma vie. En apparence, deux évidences, mais d'enfin les reconnaître comme telles, m'apporte une étonnante sérénité. Pour le reste, arrivera ce qui arrivera. Si c'est un tendre baisser, je profiterai sans arrières pensées, si c'est un mauvais coup, j'encaisserai et tenterai d'esquiver la fois d'après... 

samedi 11 février 2012

Constat d'intérêt

Je vois bien que ça bouge. Tiens, là, ça pousse, sous la neige, malgré ou à cause du froid... Toujours surprenant !  
Les deux, trois premières fois, cela pouvait être n'importe quoi, de la curiosité... une tentative pour faire réagir... jauger le silence... un appel, peut-être ? 
Il faut reconnaître que cela a eut un effet... 
Ce qui s'avère plus singulier, ce sont les fois suivantes, insistantes, presque comme une demande. J'ai bien un sentiment plus précis sur la nature de ce comportement, mais il faut quand même que je garde des choses pour moi... 
Cet intérêt renouvelé, évidemment, c'est flatteur. J'avoue être flatté, qui ne le serait pas ? Et, ça me plaît ! "Plaire à soi est orgueil, aux autres, vanité" (Paul Valery), il faut que je garde cela en tête. Mais s'il n'y a qu'un sentiment à retenir, c'est que je suis touché ! 
D'une étoile, un coup d'oeil est déjà un éloge, alors, un regard...
Combien sommes-nous à avoir entrevue la face cachée, les aspects sombres... de celle-ci ? Au moins deux, cette étoile et moi, je doute qu'il y en ait beaucoup d'autres. Vantardises ? Peut-être, peut-être pas... 
Quoi qu'il en soit, je la connais comme un astronome connaît la Lune, le Soleil ou Venus... À force d'observations, d'analyses, d'empathie... mais, humblement conscient qu'il subsiste tant d'inconnus, que des surprises sont possibles, même probables. Il ne s'agit donc pas ici, de jouer au plus fin, de faire le malin. Sur ce terrain, je ne suis peut-être pas de taille. 
Et puis, je crois en la sincérité des élans... c'est comme danser, il est impossible de faire semblant ! 
Je sais aussi que ce qui compte vraiment, ce sont les sentiments qui motivent l'élan.   

vendredi 10 février 2012

Fable

Ce matin, commençant une demi-heure plus tard que d'ordinaire, j'avais, hier soir, retardé mon réveil d'autant. Soit à 04h45.
À 45', je me réveille, consterné par le manque de fiabilité de l’électronique, ou, peut-être, de ma tête. Mais heureux de pouvoir compter sur mon instinct, même durant mon sommeil.
Il faut que je me presse, c'est le jour ou je me lave les cheveux - un jour sur deux m'a conseillé ma coiffeuse - Puis je m'habille et prépare mon petit déjeuné à emporter. Enfin près, j'enfile mon blouson et mets ma nouvelle montre achetée une trentaine d'euros et, constate qu'elle ne fonctionne déjà plus !
Elle indiquait 03h10...
Je me suis recouché, ne sachant plus à quoi me fier, un peu inquiet. 
Vous êtes vous déjà couché, après vous être lavé les cheveux ? 
À mon second levé, bien moins facile que le précédent, je devinais le drame... mais décidais d'éviter les miroirs pour ne pas me mettre en retard !
Le sourire, certes, grimaçant pour cause de lèvres gercées, qu'affichaient mes collègues, confirma la sagesse de mon choix... mais à quel prix !
La morale de cette histoire est que, perdre la tête n'implique pas forcément de ne plus avoir à se coiffer ! Sous peine d'y laisser en plus, son panache.

jeudi 9 février 2012

Pas un temps à faire du vélo

Ce matin, comme souvent et ce n'est pas pour faire le malin, j'étais dehors à 05h00 ! Brrrr ! Un froid d'acier, qui résonne jusque dans les os qui me gèle la moitié du cerveau, la partie gauche, la moins développée chez moi. 
À vélo, il doit falloir en mettre un coup pour se réchauffer. Faut du mental et un bon coup de pédale ! On peut protéger ses mains des engelures mais c'est surtout les yeux et le bout du nez qui souffrent, qui coulent, qui s'irritent et qui souffrent. Parfois, durant le trajet, on peste, on se demande ce qu'on fait là. Je le sais, c'est ce que je me demande toutes les fois que je ne fais pas ce qui me plaît ou que c'est dur... c'est dire si je le sait.
Le froid ralenti beaucoup de choses, sauf les rapprochements. C'est amusant de constater combien les gens sont plus aimables. On s'encourage, on s'entraide même... Tous ceux qui habituellement vous salut de loin, s'empressent de venir vous embrasser. Une fois dehors, un peu hagard, engoncés comme des pingouins, on se dandine incertain d'aller jusqu'au pain ou de remonter chez soi en criant... alors dès qu'on repère un compatriote, on se presse : Oh ! T'es sorti par ce froid ? Hug me bien fort (flap, flap, flap) ! Fait drôlement frisquet, hein ?
De là à dire que les pays du Nord sont moins belliqueux que ceux du Sud... Mais ce n'est pas politiquement correct, de dire une chose pareille. Où, est-ce la politique qui n'est pas vraiment correcte ? Bref, c'est un sujet qui ne m'intéresse pas. Hormis ce fait d'hivers, réalité d'aujourd'hui, qu'en ville... des gens meurent de froid. Si les manchots disparaissent, ce n'est pas parce qu'ils n'ont pas de bras, c'est parce qu'ils se fichent du collègue qu'une orque bouffe (bon, ce n'est pas tout à fait exact, c'est aussi parce qu'on leur pique la banquise pour mettre dans notre whisky). 
Il y a quand même des fatalités qu'on pourrait éviter !
Pour ma part, je m'inquiète déjà du confort de ceux qui m'entourent, et aussi d'autre (sans s, oui ! Ça gène pas ?) que je n'oublie pas... Enfin, pour dire que je suis conscient qu'une cape, un béret et une canne ne suffisent pas pour prendre à la gorge toute la misère sur terre.
Je disais donc que le froid rapproche. Normal on cherche à se réchauffer et si possible, à moindres frais, et quelle meilleure chaleur que celle de l'autre ? Attention cependant de ne pas faire n'importe quoi ! La honte ne réchauffe que les joues. Moi, j'ai fait le choix... d'avoir froid ! Enfin, j'ai choisi, c'est pas tout à fait vrai... mais on ne peut pas lutter contre toutes les fatalités, alors... 
Raison de plus pour ne pas lâcher quand on en tient une, de fatalité, qui ne semble pas solide. 
Oui, je sais, peut mieux faire ! Mais ce n'est qu'un exercice, et puis, j'assume.      

mercredi 8 février 2012

Instinct

Hier soir, une affectueuse et chaleureuse soirée autour d'un feu et d'un gâteau-maison fait à quatre mains dont deux toutes petites... Hier soir tard après cette soirée, je m'en retournais alors qu'il neigeait. La neige tombait dru et recouvrait la route de mon retour... suffisamment pour glisser... 
Attentif, mais sans plus, j'avais en tête une autre aventure, où, comme ce soir, la neige s'était tout à coup mise à tomber, mais bien plus fort. Il en tomba tant que tout le pays fut paralysé. Des milliers de personnes passèrent cette exceptionnelle nuit à grelotter dans leur voiture bloquée par des congères, ou hébergées dans des gymnases à peine hospitaliers... Certains, même, moururent ce jour-là. 
Ce jour-là, je savais ne pas avoir le droit à la fatalité ! 
Au fur et à mesure que le temps empirait je me concentrais, faisant appel à tous mes sens. Je n'étais plus que perception et tension, mais n’émanait de moi qu'une calme concentration. Je savais que serait immédiatement perçue la moindre inquiétude tant elle était, elle aussi, sensible à ces choses-là. 
Je pris conscience à quel point mon instinct était étonnant, j'étais redevenu un "chasseur". J'étais dans la voiture rassurant et confiant, j'étais dehors sentant le temps, les autres dont je devinais chaque réaction ; j'étais à plusieurs kilomètres en avant, j'anticipais, je réagissais, je slalomais, je contrôlais ; j'étais la voiture, j'étais la route, intensément ! Nous étions en danger, mon instinct d'assassin s'était armé, rien n'aurait pu m'arrêter, rien n'aurait pu nous atteindre, j'étais un pur animal, calme.
C'est sans doute cela l'instinct de survie. Cette capacité à puiser dans sa mémoire reptilienne les réflexes nécessaires à protéger les siens... 
Nous avions mis cinq heures à faire un voyage qui devait n'en prendre qu'une et demie, mais nous étions arrivés sains et saufs, sans même avoir eu froid, ayant même admiré le paysage ! Avec, pour seul désagrément, une vessie prête à tout lâcher, malaxée qu'elle avait été durant cette mémorable épopée par les poussées d'instinct humain du petit animal qui nous accompagnait.
Tout petit, sachant à peine marcher, mon grand-père m'emmenait sur son dos dans les bois. Garde forestier, il posait aussi quelques collés pour son compte. Le village lui pardonnait ces prélèvements illégaux, parce que durant la guerre, c'est lui qui les avait nourris, chassant alors le gibier, armé d'une lance, en évitant les soldats occupants... Je relevais donc avec lui les pièges. J'admirais le furet se glisser avec souplesse dans le labyrinthe des terriers, pour rabattre vers la besace que mon grand-père disposait à l'un des trous sans jamais se tromper, le gibier affolé... Puis, vers midi, nous nous arrêtions, il faisait du feu pour rôtir, sur une broche improvisée, un des oiseaux ou un des lapins de notre butin et, cuire sous la braise, les quelques patates qu'il avait emportées dans son sac. Il m'asseyait sur sa veste de lourd velours côtelée qui sentait l'humus forestier et la poussière, il mettait sur ma tête sa casquette qui sentait pareille et me préparait mon plat. Nous mangions ainsi, face à face, à l'affût, à l’écoute de tout ce qui se passait dans la forêt. Il me racontait... Je n'avais pas besoin de bande dessinée pour rêver... 
J'apprenais à toucher les arbres, à suivre un animal et retrouver mon chemin, à lire la nature, je développais mes perceptions. Aujourd'hui encore, quand je marche dans la forêt ou dans les rues, si je me concentre, je suis capable de percevoir tout ce qui m'entoure. Percevoir et plus encore, j'ai développé une étonnante empathie, avec ceux qui me touchent. Je peux presque les lire...
De cette épopée dans la tempête de neige, il n'y a, malheureusement, rien d'autre de magique à raconter. Une fois encore, elle était déjà, ailleurs... 
J'en avais une conscience si intime... Étrangement et bien que cela me torturait d'être ainsi traité, cela ne changeait rien à mes convictions, à mes engagements... et, rien n'aurait pu lui arriver !
Je ne sais toujours pas si je suis un visionnaire ou un fou.

mardi 7 février 2012

Le prix à payer

Un ami, dont c'est aujourd'hui l'anniversaire, répond à mon message par l'annonce du décès de son père.
Perdre un être proche, trop tôt, trop vite, dramatiquement... vous ampute de quelque chose d'essentiel et marque définitivement votre vie. Il faut alors faire preuve d'une réelle force de caractère pour se relever, et plus encore pour s'élever. 
Qu'un être aimé, arrivé au terme de sa vie, vienne à s'éteindre, reste une épreuve, mais une épreuve naturelle, une étape en fait. Un rappel, de ce que nous sommes... 
Autant dans le premier cas, on perd conscience, autant dans le second, on prend conscience ! À moins, bien entendu, de ne pas être disposé à cela... 
C'est donc pour celui qui reste, le moment où il prend conscience de ses faiblesses, de ses bassesses. De toutes ces marques d'affection effacées par les tracasseries, les préoccupations, les agacements du quotidien... De toutes ses négligences... de son égoïsme. 
J'imagine que l'exemplarité est inhumaine, notre nature est plus sujette aux bassesses qu'aux bontés. Ce qui importe finalement c'est d'acquérir cette conscience. Faire le deuil, c'est prendre conscience de nos actions, de ce que l'on est, de s'élever. 
Il est cependant regrettable qu'il faille attendre de perdre un compagnon... pour s’apercevoir de nos égarements.
Il ne s'agit là que d'une réflexion personnelle... Dans le cas de cet ami, je n'ai aucun doute quant à son comportement de fils. Simplement, j'imaginais ce qu'il allait peut-être ressentir durant son voyage pour aller rejoindre la dépouille de son père. Un voyage difficile, chargé de tous les souvenirs de leur passé et de bien plus encore... 
Alors, il faut se préserver, pensez à cette étape et tenter de s'y préparer, plus on aura donné, plus on sera léger, moins elle sera douloureuse. Penser à ceux qu'on aime ce n'est pas suffisant, croire que ça l'est, est une lâcheté ! Et ceux qui pensent n'avoir rien ni personne à perdre, réfléchissez à ce que sera l'ultime étape dans de pareilles conditions...
Narcissisme, orgueil... ce n'est qu'au moment de payer qu'on s'aperçoit que, pour la plupart d'entre nous, c'est au dessus de nos moyens.
C'est maintenant, tout de suite qu'il faut leur dire... 
C'est, pour ma part, ce que j'essaye de faire même si ce n'est pas toujours facile. Même si je ne me trouve pas toujours très habile...     

lundi 6 février 2012

Comment vois-tu ta vie dans les années à venir ?

Quelle drôle de sensation d'à nouveau essayer de formuler ici ce que je ressens, ce que je ne peux retenir. Dois-je me considérer comme un exhibitionniste ? J'ai plutôt l'impression de faire preuve de courage ou, d'une sorte d'inconscience. Mais ne seraient-ce pas là les deux qualités requises, pour en être un ?
En fait, cet exercice me maintient dans une hyperémotivité. Depuis que j'ai cédé à cette pulsion, je me sens de nouveau sur le fil, en équilibre entre deux mondes, celui qui me nourrit et l'autre... différent... douloureux mais qui me rend tellement vivant. Le confortable, où il suffit de "faire" pour vivre et, l'incertain qui donne à chaque minute de vie, une intensité émotionnelle, et parfois vous offre la révélation de ce qui compte.
Quoi qu'il en soit, m'exhiber ici me soigne, et peut-être même que cela s'avère secourable pour certains de ceux qui prennent le temps de me comprendre, ou plus exactement, de me ressentir.
Bien que je ne sache toujours pas quelle direction prendre, des signes m'encouragent. Dernièrement une chose étrange s'est produite. Lors d'une conversation, une question fut posée : 
Comment vois-tu ta vie dans les années à venir ? 
J'eus en premier lieu la sensation de me trouver au bord d'un gouffre. Puis, j'ai compris, que j'avais abandonné toutes ces prétentions qui n'étaient pas les miennes, celles qui donnent une apparente contenance nécessaire à la considération de ceux qui font de même. la réponse me vint alors si spontanément que je ne pouvais pas en douter. Je voulais... travailler à exprimer mes émotions, toucher l'autre comme il m'arrive d'être touché, conserver intacte ma capacité à m'émouvoir, à m'étonner, à être fragile, et puis rendre ce que je reçois. 
Pour le reste, la nature, quelques sincères compagnons pour nous entretenir, nous réchauffer... quelques outils pour mener à bien mon projet, un toit et de quoi survivre, me combleraient. 

dimanche 5 février 2012

Faire valoir mon droit d'asile.

S'abandonner sans retenues à ses vérités, se laisser enfin aller à ce que l'on est, sans craindre l'incompréhension, le jugement, l'exclusion. Où peut-on se sentir le plus enclin à être soi, sinon parmi ceux qui sont libres ? 
Je demande asile... à un asile ! À vivre parmi les fous. À être reconnu.

samedi 4 février 2012

La lumière, le plus "addictif" des psychotropes, l'ultime psychoaffectif !

Bien sûr, on peut se priver de tout, ne plus imaginer ces lacs de montagne, tapis de galets doux et ronds où se jettent dans l'eau limpide des pontons de bois gris, de bois clair... On peut, sous ces galets durs comme le froid, cacher pour tenter de les oublier, toutes ces sensations que l'on croyait pourtant essentielles, vitales même. On peut s'arracher les ailes, éviter la lumière, se déplacer dans l'ombre, dans le froid. 
Rejoindre la conscience collective, admettre, pour être accepté, s'être trompé, s'être égaré, aveuglé qu'on été par... la source d'une étrange et violente clarté. Se résigner à ce qu'il n'existe rien d'autre, autour de nous, que les bassesses de chacun et plus particulièrement de certains. Voir, sans croire, combien celles qui paraissaient les plus brillantes, les plus brûlantes, peuvent s'avérer les plus trompeuses, les plus frileuses.
Même reflétée, la lumière éblouie, aveugle. L'erreur, c'est de la confondre avec l'objet qui la reflète. Souvent, derrière ce scintillement, se trouve un morceau de miroir brisé, un peu de plomb sous du verre, plus disposé à blesser qu'à briller, et parfois même, si souiller qu'on s’étonne qu'il puisse autant étinceler. Stratagème, jeux de reflets sans cesse répétés, pour attirer, charmer, piéger... pour exister. Stratagème d'un objet qui finalement ne bouge jamais du trottoir où il a échoué, se contentant de rêver d'être embarqué, se contentant de simuler ce qu'il aimerait être, se contentant de refléter la lumière des autres, jusqu'à ce qu'il en soit chassé, balayé.
N'avons-nous pas tous une face cachée ? Ne sont-ce point nos vices qui le mieux nous définissent ?
Déjà deux révolutions de la Lune autour de la Terre, qu'il y a eu désertion et que je me suis fait porter pâle, sans compter les modifications de gravités qui font que le temps s'étale ou se contracte. Et ce que j'y ai perdu ou abandonné n'a, apparemment, rien changé... Plus qu'une incapacité à oublier, c'est une étrange impression que tout n'a pas été... dit ou fait...
Et, bien qu'ayant recouvré ma cruelle lucidité, subsiste la persistante conviction, qu'en grattant cette couche de poison que forme le plomb, qu'en polissant ce verre alors devenu transparent, il pourrait apparaître une perle, de celles qui irradient de leur propre lumière.
Encore que, pour qu'éclate cette lumière faut-il œuvrer en orfèvre en la matière, en artisan de l'ombre, en bottier meurtrissant ses mains pour lui couvrir les pieds, en cireur à genoux... et non en trafiquants rutilants d'entre gens, forcément pédant, se contentant de l'enfiler, en parure d'or et d'argent, afin de mieux se voir briller dedans.
Tout ce silence imposé, pensant pouvoir ainsi refermer une plaie. Et, à bout de souffle, anémié par cette privation d'émotions, affamé... des premiers mots hésitants, jetés ici, surgissent intactes, passion, révolte et colère. Des mots comme des hurlements, des éclairs, à croire que mon chemin c'est la guerre ! la poudre le feu l'enfer ! 
La lumière, le plus "addictif" des psychotropes, l'ultime psychoaffectif ! Rongé par elle, je m'épuise alternant foi euphorique avec ricanements s’inclinant en amers rictus...

Heureusement, il y a, de temps en temps, des choses comme cela :
http://www.youtube.com/watch?v=otHKzBedPaI
On aurait pu penser que deux phénomènes émotionnelles aussi intenses ne pouvaient que s'annihiler une fois ensembles. C'était sans compter sur l'intelligence de l'accord, de l'harmonie et du cœur. L'un, admiratif et touché (ce que lui et moi avons d'ailleurs en commun à l'égard d'elle), se tient dans l'ombre, se contentant d'accompagner, d'éclairer la beauté de l'autre. Les deux, jouent en virtuose du plus bel instrument qui soit. 
À écouter (avec des écouteurs pour ne rien perdre de toutes les subtilités dont cela... regorge) comme on contemple une peinture, un paysage, une étoile... à écouter en boucle, jusqu'aux larmes, jusqu'à l'épuisement...
Pourquoi cela me touche tant ? trois jours déjà que je l'écoute en boucle... sans savoir pourquoi, mais je cherche... Peut-être parce que j'y retrouve l’émotion d'une voix qui me saisissait, m'emportait, me pressait, faisant éclore ce qu'il y a de meilleur en moi...

Alors, tant que ma flamme vacille encore et qu'il y a du sable...
Même si, déjà l'idée de sable... blanc constellé de grains plus foncées, doux chaud, souple et poudré au touché... me révèle à quel point je peux être... synesthète. De naissance ou pour avoir abusé de ces psychotropes que sont, la lumière, les émotions, la peau... ? 

Un extra, pour la passion qui, lorsqu'elle est libérée, irradie : 
http://www.youtube.com/watch?v=QjJRNaKOab8&feature=related