(journal de mes sensations)

lundi 29 octobre 2012

Quarante-et-un... de fièvre...

Je cherche la source de cette chaleur qui m’incommode sans la trouver. Puis soudain, je comprends qu'elle vient de moi. C'est la fièvre ! 
Étrangement, je ne ressens ni étourdissements, ni faiblesses particulières, juste cette fièvre qui chauffe mon visage et refroidi mon corps... Contre quel ennemi se bat-il ? De quel genre d'infection est-il victime ? Ou bien, n'est-ce là qu'un méchant tour de mon esprit ?
Mes yeux ne sont pas injectés de sang... J'aurais supporté qu'ils le soient... Connaissant déjà ce trouble, pour l'avoir si intimement ressenti dans le corps d'une autre... Perçu sa frayeur, lorsque notre fragilité d'être s'avère tout à coup, avec une telle violence qu'elle choque l'esprit au point qu'il s'égare dans l'angoisse...
Aucune bactérie infectieuse n'attaque un de mes membres, le rongeant jusqu'à l'os... Décimant mes armées de globules blancs, m'affaiblissant au point de ne plus pouvoir me porter ; n'osant même plus bouger, par peur de cette douleur si poignante qu'elle essouffle autant l'esprit que le cœur...
Pas plus que mon âme inadaptée à cette vie ou à ce siècle, ne perturbe le fragile système neurovasculaire des circonvolutions organiques de mon cerveau, créant d'interminables céphalées, d'isolantes et lancinantes migraines...  
Rien non plus ne m'a, un jour de mon enfance, confronté à l'effondrement de tout ce qui me protégeait de la vie ; fait perdre, avec la brutalité du drame, la première raison que mes yeux avaient de briller... et toute l'innocence de mon enfance... M'infligeant le sentiment d'être condamné - pour d'obscures fautes dont je ne pouvais qu'être l'auteur - à la pire des solitudes, celle que l'on s'inflige soi-même, ainsi qu'à perpétuellement fuir ma propre vie.
À moins que, tous ces vécus par procuration de cette autre... ne fussent que les échos d'identiques maux subis, bien avant elle, si intimement connus et soudain, reconnus ?
Autant de failles, autant de plaies, font que certains d'entre-nous ne mesurent pas le temps en année, mais avec une autre valeur, beaucoup plus intime qui n'a, ni commencement ni fin... 
Même si ces chiffres et nombres qui s'égrainent, parfois nous effrayent. 
Trente-huit ; trente-neuf ; quarante. Quarante et un... 
Et alors, dans cette autre dimension qu'est celle du cœur, on peut passer de quatre-vingt-dix à quatorze ans, en à peine un souffle. 
Une étreinte un baiser, peuvent sembler une étoile filante comme une éternité. 
Une absence un manque, une longue maladie comme à peine une journée. 
La fièvre la convalescence, une statue de bois pétrifié comme quelques années...
Des années, des mois, des jours comme des mots ? Des mots en pâture au temps qui s'enfuit. Ces mots, mes mots, en humbles métaphores, bien que non dénués d'un soupçon de vanité, puissent-ils laisser à l'esprit de qui les lit, de qui les suit... le même éternel sillage que laissèrent à mon âme, ces effluves de feu de bois, de myrrhe ou de bois ciré... le touché poudré d'une peau blanche et diaphane... la douceur d'une voix et du regard qui l'accompagne... une intimité débridée exposée et offerte avec autant de grâce que de naturel...
Tant de sillages comblant tous mes sens en tous sens au point de m'ouvrir aux plus belles et étonnantes synesthésies...
Et je pense à ce poème de Baudelaire qui m'offrit, il y a des années, comme pour déjà m'indiquer que tous mes sens pouvaient se superposer, ce Baccalauréat pourtant compromis par mon autisme dans toutes les autres matières... Il faut dire qu'à l'époque cette médiocrité, qui me caractérise encore aujourd'hui, était ponctuée de vrais éclairs de génie, laissant perplexes ceux qui m'entouraient tout autant que leur auteur...

Correspondances.

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.


Lire la suite sur : http://www.etudes-litteraires.com/baudelaire-correspondances.php#ixzz2ANshNlLr
Ces autres mots, parce que je ne peux me restreindre à n'offrir que les miens, ne les trouvant pas encore bien... et qu'à défaut d'une brassée de Calla blancs ou rouge sang ; d'élixirs d'envoûtements, portant le nom d'une heure magique entre jour et nuit ou celui de la dernière Impératrice de France, la belle Eugénie... mes mots, disais-je, seuls ne me semblent pas suffisant, il me faut y ajouter les mots d'un autre, ceux d'un maître, m'ayant ouvert à la puissance de mon instinct, sans doute parce qu'ils portaient en eux, la prémonition de ce que je découvre en moi...
Et j'emballe ce tout en un, comme un présent, un dessin d'enfant... dans un écrin de silence et de vide, retenant jusqu'au jour dit, chaque mot qui me vient, chaque souffle dont j'ai besoin, pour faire de ceux-ci le symbole, de ce qu'on voudra bien... Un écrin de silence et de vide comme celui qui entoure, non pas une étoile... mais peut-être, un petit corps céleste, qui ne brille que par sa fièvre.

Lumière d'octobre

lundi 22 octobre 2012

Que se passe-t-il ?

Encore une... presque blanche... Combien de nuits consécutives sans vraiment dormir ? Que se passe-t-il ? Je pensais aller mieux, et me voilà incapable de me reposer. Ma tension monte, forcément. Hier, j'étais à la limite de la rupture, à deux mots de perdre mon flegme. Et puis je me sens mal. Physiquement, toutes sortes de maux m'indisposent... Psychologiquement, une drôle de sensation, de ne pas être dans mon environnement habituel, de n'avoir plus de repères... Jusqu'à me demander, ce que je viens foutre ici ! 

dimanche 21 octobre 2012

Question d'instinct.

Soyons sincère, ce n'est pas la grande forme. Une sensation générale de mal-être jusque dans le sommeil. Quelque chose me tourmente depuis plusieurs jours. Il y a cette échéance de novembre que je ne pense pas pouvoir tenir ; cette période où rien ne bouge, pénible, parce que déjouant tous nos pronostics pourtant logiques, cette période durant laquelle il m'a fallu puiser dans mes réserves les ressources nécessaires pour soutenir plus que jamais une proche ; peut-être suis-je aussi un peu déstabilisé par ce changement, plutôt positif, de la nature de mes relations avec L., I., D. et J. Et, sans doute d'une moindre importance mais pas sans influence, l'atteinte de ce petit objectif, qui m'avait somme toute maintenu au cours de ces derniers mois... Je crois que tout cela contribue à cet état de malaise, même si le sens profond, est ailleurs...
Il y a octobre aussi !  Et, un lien...
Me faut-il reconsidérer cette intime croyance, ce puissant signe de mon instinct, qu'il y a dans ce lien un sens plus métaphysique que logique, une lignée d'âme ? Ou bien suis-je la victime d'un miroir bien plus beau que moi, d'une glace si belle qu'elle m'éblouit, jusqu'à m'étourdir encore aujourd'hui, pour y voir comme on rêve, le reflet de ce que je ne suis pas, mais souhaiterais être ?
Quoi qu'il en soit, octobre me travail au corps et à l'âme... et m'amène, plus que jamais, à me confronter à celui qui est, derrière ce Moi, derrière ce Je, derrière tous ces symboles d'un idéal imaginaire.
Toutes ces probables ou possibles raisons, ne me semblent pas suffisantes... Et finalement me ramènent à ce qui m'a toujours été bénéfique, ce qui m'est si naturel : faire selon mon âme, selon mon ressenti. 
Il me faut donc réapprendre à sentir... me redresser, lever le nez, humer cette âme que je partage avec tous ceux qui m'importent et, m'abandonner à mon instinct, avant même de penser...
Peut-être alors irai-je mieux ?
Allons donc voir dehors si j'y suis...      

samedi 20 octobre 2012

samedi... rien !

Je sais, je rabâche. Mais une fois de plus j'ai passé une sale nuit. Pas de rêve troublant, seulement un mauvais sommeil, et cette sensation métallique dans la tête au réveil. Mon genou me fait, certes, moins souffrir, mais son état m'empêche de courir et même de faire mes ballades à pied jusque dans le cœur de Paris. Pour une fois que je suis de repos le week-end, je ne peux pas en profiter. Peut-être vais-je tout de même essayer de pousser jusque Aligre, en fin de matinée.
Il fait gris, et je me sens à l'image du temps, si je veux espérer trouver un peu de lumière, il faut que je sorte, personne ne m'en apportera... je crois que je l'ai bien compris. Bien que... hier, avant de me coucher... mais, par superstition n'en parlons pas... certaines choses sont à l'image de ces grandes marées dont les flots lumineux soudainement se retirent ne laissant qu'un chaos de vase et de roches sombres et nauséabondes ; avant de resurgir, en une mer scintillante de mille lumières... Va et vient irrégulier qui fait craindre qu'un jour égarée, elle ne revienne jamais plus... combler cette baie. À croire que tout ce à quoi je tiens s'avère aussi fragile qu'éphémère.
À propos d'hier, cette jolie voisine, me convie par sms à prendre un verre à l'Inédit (le café en face de chez moi) pour fêter le fait qu'elle vient de retrouver un emploi, à peine un mois après avoir lâché le précédent. Champagne s'il vous plaît ! Je vais faire le benêt, pour ne pas changer : c'était vraiment sympathique de sa part de vouloir fêter cela avec moi... Mais, je suis rentré chez moi pendant qu'elle sortait pour la soirée... C'est ainsi, je suis un con ou, je ne suis pas encore prêt. Le serai-je à nouveau un jour ? Disons que, j'ai d'autres chats à fouetter, pas tout à fait, tout réglé...
Ces aléas ne retirent rien à cet état apaisé que j'évoquais avant-hier, c'est simplement que ce qui, il y a quelques mois encore me désespérait infiniment, ne me procure plus, aujourd'hui, qu'une immense peine. Désormais, je garde espoir, même s'il m'arrive d'être triste. Qui ne l'est jamais ? Le fait d'avoir progressé, de relativiser et d'appréhender mes difficultés, mes incapacités, avec plus d'indulgence, n'en supprime pas les causes... Elles ne m'éprouvent pas moins, c'est juste qu'elles m'atteignent un peu moins.
Écrivant cela, j'entends que dehors il tombe des cordes. Un coup d'œil sur la météo de la journée et ce projet de marcher, doucement, jusque Aligre, perd de son intérêt ! Avec un temps pareil, tout le monde aura les yeux baissés et sera pressé, comment dénicher un peu de lumière ?
Un appel... un ami, fidèle aux fins de semaine... Il me reste une petite heure pour me préparer. J'ai appris qu'il ne fallait pas toujours refuser les propositions d'amis... Excepté, bien entendu, si vous craignez que cela ne vous place dans une position intenable, vous obligeant à ne plus être vous-même, à devoir contenir votre spontanéité, vos élans... devenant du coup, embarrassant. 

vendredi 19 octobre 2012

Chaque fois, j'y crois...

Ce ne fut pas une nuit agréable, cette tension que j'étouffe s'exprime parfois... Et ce matin, je me sens fatigué de porter une si lourde et perpétuelle peine. Oui bien sûr, je suis responsable, à peine un probable, un possible, un leurre passe-t-il, je me précipite, j'y crois... marquer un doute, donner l'impression d'hésiter ou de ne s'engager qu'à moitié, est inconcevable, on croit ou pas ! Non sans une certaine mesure, en apparence, question d'élégance ; mais intérieurement, je le vis toujours avec cet enthousiasme irréfléchi et spontané des premières fois. Bien trop inquiet que de me retenir me prive de ces émotions qui m'emportent... où peu osent aller, à tord ou à raison... Mais est-ce là, la question ? Moi, chaque fois, j'y crois...



jeudi 18 octobre 2012

Cette douceur...

D'où me vient cette douceur que l'on me dit posséder ? Est-ce parce que, tout ce que j'approche, je le fais avec délicatesse, sans excès de bruit, sans heurts ? Que toujours, d'un souffle, d'un signe, j’avertis pour ne pas surprendre. Et me précède d'un sourire, d'un regard franc qui ne cache rien. Tout en ouverture, exposé, je perçois alors sans peine ces susceptibilités qui marquent l'autre, les accepte, m'y plie... 
Plus que tout, l'idée de blesser m'indispose. Peut-être pour trop savoir ce que cela fait, que d'être blessé... Et si je reconnais le vice, je m'éloigne, sans le stigmatiser, sans juger. Encore que, tous vices ne soient pas sans charmes et qu'il m'arrive de céder à certain...
J'ai bien des raisons d'en vouloir à bien des gens, et pourtant, je me sens de moins en moins revanchard. Cela m'est égale, un peu comme ci ce devait être mon lot d'expériences nécessaires à atteindre cet état actuel. Je ne dirais pas que je ne suis plus que compassion et amour... ce serait mentir et tellement prétentieux. C'est plutôt que je me sente d'avantage intérieurement tranquille, apaisé. Et qu'à l'aigreur, je préfère la douceur, la beauté, même s'il faut payer d'avance et sans garanties. Je crois bien que je commence même à me pardonner... Oh, pas tout, bien entendu, mais c'est déjà assez pour que je comprenne l'absurdité de mon ego.
Enfin, il m'arrive encore, d'être cynique, moqueur et terriblement transperçant, en raison d'une plus que relative perspicacité... Je le regrette toujours, moins pour mes victimes, qui ne sont, sauf cas d'extrême souffrance, jamais des intimes, que pour cette cruelle satisfaction presque orgasmique de dominer l'autre, qui se révèle alors tout aussi propre à l'individu que je suis, que la générosité.    
Autant il m'est aisé d'être sulfureux, autant ma nature profonde me porte naturellement à la douceur, à la bonté. Me sachant donc capable du meilleur comme du pire, comment pourrai-je juger autrui ?
D'où me vient cette magnanimité ? D'une singulière sensibilité ? De mes incessantes réflexions ? De cette empathie, presque un don ? De la lâcheté ou de la peur, du doute, de toutes ces chutes qui m'ont obligé à l'effort répété de se relever ?... Certainement d'un peu tout cela, mais aussi de ce manque si cruel, de la douceur, de l'intime beauté... d'une autre à mes côtés...

mardi 16 octobre 2012

Cette envie qui resurgit.

La douleur est beaucoup moins vive... Encore deux ou trois jours de repos et je pourrai à nouveau courir. Qu'est-ce que cette envie d'y aller, peut m'enchanter ! J'avais perdu cette sensation, ce besoin autant physique que mental, de sortir courir. Il a suffi d'une course, d'un objectif atteint, pour que cela revienne. Je sens mes jambes fébriles du besoin de s'exprimer, et ça me plaît.
Abattu... Il m'en a fallu du temps pour me relever et m’épousseter. Je ne suis plus tout à fait droit, ni d’aspect très propret, mais comment le rester dans sa vie, et l'est-on seulement une fois ? Bien sûr, je peux prétexter qu'il y avait trop de fronts ; il a fallu mener tant de batailles... Bien que certaines fussent gagnées, il n'en a suffi que d'une, sans doute trop essentielle à mon cœur, de perdue pour que je m'étale, je m'écrase.
Courir, fut l'une des toutes premières victoires de ma nouvelle vie. Un challenge contre moi-même, parce que rien ne me prédisposait à cela... C'est devenu le symbole de ma capacité à changer, à évoluer...
Il ne suffit pas de courir, il faut réussir à ce que l'envie de courir aille de soi, qu'elle ne soit plus qu'une de ces caractéristiques qui nous singularisent. Qu'importe d'être ou non talentueux ; pour moi, c'est un peu comme écrire. Courir et écrire, même bancale, même de travers... mais réussir à partir d'un point, d'un mot ou d'un sentiment, à atteindre un objectif, à s'atteindre en quelque sorte !
Quoi qu'il en soit, toutes ces épreuves ; tous ces échecs ; tous ces embrasements, ces joies, ces peines... Tout cela m'a rendu, terriblement plus sensible que je pouvais l'être, mais tellement plus fort. Pas de cette force de résistance, non, tous les murs finissent par s'effondrer. Mais de celle d'accepter... ce qui ne peut être changé... de n'être que celui que je suis... de lâcher prise. Il est plus facile de se changer soi, plutôt que d'essayer de changer les autres. Ne s'en prendre qu'à soi et surtout, se pardonner. Accepter de souffrir, plus encore si c'est pour une belle et élégante cause, connue... ou à découvrir. Accepter d'être traversé, par les autres, par les évènements... comme peut l'être un rideau d'eau.
D'avoir à nouveau envie de courir, d'être à nouveau disposé à souffrir, et peut-être même, au plaisir... Voilà sans doute les signes précurseurs d'une nouvelle étape. 

lundi 15 octobre 2012

Quand je serai vieux, je serai abÔminable !

Au risque d'être vilipendé par tous les gérontologues et par ceux, plus nombreux parce que ça nécessite moins d'études et de sacrifices, qui défendent, même lorsqu'ils ont tort, les vieux ; je me dois, par souci d’honnêteté, de donner ici les résultats de mon expérience personnel. 
En raison d'un genou gauche qui n'a plus que le nom de cette articulation essentielle à une démarche vive et élégante, je suis sorti faire des courses à la vitesse d'un de ces "futurs nous" que l'on croise chaque jour sur les trottoirs Parisien. Vous savez, ceux qui vous font piétiner derrière eux à n'en plus finir, qui gueule après les mômes qui courent, qui ronchonnent tout le temps et qui parfois même, sentent l'aigre... Bref, ceux-là même qui encombrent le trottoir à l'heure où vous revenez du boulot et faites vos courses au pas de course ou encore, qui traînent dehors et dans les supermarchés toute la journée du samedi, à croire qu'ils n'utilisent tout leur temps libre qu'à emmerder les jeunes, comme pour se venger d'être vieux... D’ailleurs, vous remarquerez que le dimanche, on en voit moins... Invités qu'ils se font, parce qu'ils n'ont, en revanche, pas perdu l'appétit... 
Donc, me déplaçant à cette allure d'enterrement, je faisais mon possible pour ne pas encombrer l'espace et laisser filer les véloces, ceux qui sont toujours à la bourre, ceux qu'ont déjà plus le temps et que ça se voit même dans leurs yeux... C'est alors, qu'eurêka ! Mais c'est bien sûr, qu'ils le font exprès les petits-vieux ! Rien que pour nous emmerder, pour ne pas nous laisser passer...
Quand je serai vieux, je serai insupportable, chantait Jacques Brel ! Pour faire comme eux, pour à mon tour me venger d'eux, moi aussi ! Non mais, tout ces jeunes cons qui poussent derrière, y vont quand même pas croire que je vais m'excuser et leur laisser mon bout de trottoir, sans me marrer un peu, sans me foutre un peu d'eux !
Pire même, quand je serai vieux, je serai abÔminable ! 
La... La... La... Avec les paroles s'il vous plaît  :
Quand je s'rai vieux
Je s'rai insup' portable
Sauf pour mon lit
Et mon maigre passé
Mon chien s'ra mort
Ma barbe sera minable
Toutes mes morues
M'auront laissé tomber
J'habiterai
Une quelconque Belgique
Qui m'insult'ra
Tout autant que maint'nant
Quand je lui chanterai
Vive la république
Vive les Belgiens
Merde pour les flamingants

La la la
La la la

Je serai fui
Comme un vieil hôpital
Par tous les ventres
D'autres sociétés
J'boirai donc seul ma pension de cigale
Il faut bien être lorsque l'on a été
Je n'serai reçu que par les chats du quartier
À leur festin pour qu'ils ne soient pas treize
Mais j'y chanterai
Sur une simple chaise
J'y chanterai
Après le rat crevé
Messieurs dans le lit de la Marquise
C'était moi les 80 chasseurs
La la la

Et quand viendra l'heure imbécile et fatale
Où il paraît que quelqu'un nous appelle
J'insulterai le flic sacerdotal
Penché vers moi comme un larbin du ciel
Et je mourirai cerné de rigolos
En me disant qu'il était chouette Voltaire
Et qu'si en a des qui ont une plume au chapeau
Y en a des qui ont une plume dans l' derrière
La la la
La la la

Quand je s'rai vieux
Je s'rai insup' portable
Sauf pour mon lit
Et mon maigre passé
Mon chien s'ra mort
Ma barbe sera minable
Toutes mes morues
M'auront laissé tomber

Après-coups...

À peine rentré, je me précipite sur le tube de gel Flector. Mon genou me fait souffrir et d'être resté assis depuis ce matin au bureau, puis dans la voiture, fait que cela empire ! Je me le masse avec ce gel analgésique et anti-inflammatoire... Ne pas oublier de se laver les mains après... 
Après un évènement comme hier, de rentrer chez moi comme ça, en boitant et grimaçant, me fait me sentir particulièrement seul. J'ai l'habitude de ces chocs de solitude, je peux même dire que souvent je les cherche, les souhaite. Mais, parfois, après un échange heureux, un agréable moment en bonne compagnie (l'inverse ne s'est pas produit depuis ? Pff...)... parfois je disais donc, ils s'avèrent, disons, difficiles. Tout particulièrement quand on est diminué physiquement, malade... ne pas avoir de présence pour vous réconforter, vous cajoler, s'occuper un peu de vous... fini par vous endurcir et vous éloigne de ce besoin qu'ont aussi les autres. De ces petits riens qui font de vous un être humain.
La pommade agit rapidement et, au moins, quand je ne bouge pas, je ne souffre pas. 
Je ne vais pas me priver ! 
J'ai sur mon disque dur quelques films pas encore visionnés, ne me manque qu'un thé. Il faut bien que je me le prépare... Un petit massage ne serait pas de refus, mais pour ça, il faudra que je me fasse une raison...
J'ouvre le frigo et constate qu'il va aussi falloir que je me fasse violence, si je veux dîner et de quoi déjeuner pour demain. Vivre au jour le jour n'a pas que des avantages...
Les lendemains de moments extraordinaires sont toujours terriblement ordinaires.

dimanche 14 octobre 2012

Cette chanson me bouleverse...

J'en ai déjà parlé... Mais voilà, à peine j'entends les premières notes quelque chose en moi, quelque chose de profond et dont les ramifications m'ont entièrement envahi, et bien ce quelque chose résonne, vibre et me mets dans un état d'émotivité si exceptionnel, certes, pas aussi puissant que quand j'étais avec elle, mais approchant... Cette chanson me bouleverse toujours autant... 
Est-ce le duo, le rythme changeant, l'incroyable personnalité de chacun des duettistes ? Est-ce l'accord parfait des émotions, la complexité qui paraît si simple tant tout s'enchaîne naturellement... Est-ce parce qu'elle semble ne jamais finir, il suffit de l'écouter en boucle pour comprendre qu'elle est construite pour sans cesse se répéter...
Je ne sais pas, mais cette chanson dont les paroles n'ont que le sens que l'on veut leur donner, me bouleverse, par le mouvement qu'elle crée en moi. "Fletta" devrait être une pièce dansée...

La course d'aujourd'hui...

Ça y est ! Depuis 2009 je n'avais participé à aucune course. Je courrai pour ne pas perdre l'envie, pour ne pas perdre l'acquis. Toujours seul et de moins en moins longtemps... 
Il suffisait de le refaire une fois pour que tout revienne. 
D. est enchantée, voilà longtemps que l'on n'avait pas vu sur son joli visage un tel sourire... Il y a à peine deux mois elle ne se pensait même pas capable de courir dix kilomètres, aujourd'hui, je crois qu'elle a battu mon record sur cette course... Un départ toujours difficile et, à peine le treizième kilomètre franchi, une fusée qui disparaît... Et pourtant ce n'était pas les conditions idéales que je lui avais venté, nous avons tous fini transi, toutes les articulations et les extrémités blanches de froid... Tombés dans la Seine nous n'aurions pas été plus mouillés... Je ne me rappelle pas avoir été trempé à ce point. Même pas lorsque je pratiquais la voile en Normandie... Nous avons couru du début à la fin sous un déluge incessant... 
J'avoue que je ne suis pas trop mécontent de moi, avec mes cinq à six kilos de handicap, mon genou qui s'est douloureusement manifesté vers le seizième kilomètre et cette pluie, ce froid... Heureusement, j'avais à mes côtés ma compagne de courses, Clem., qui a su me distraire de cette soudaine et vive souffrance qui me coupait le souffle... 
J'ai, pardon, nous avons fait mieux, d'une ou deux minutes que mon temps lors de ma première fois ici. Ajoutez à tout cela une préparation moins... sérieuse et régulière... On s'en sort bien !  
Premier bilan physique, rien à déplorer, sinon ce qui existait déjà. À force de compenser la douleur de mon genou, ma cheville a un peu trinqué... Je vais soigner tout cela et me remettre au travail. Il faudrait que je me remette aussi au Yoga, pour la souplesse et ces autres muscles cachés... Parce que maintenant, c'est décidé, objectif New York ! 
Je suis fier de D. mais plus que ça je suis heureux pour elle, heureux de sa réussite et de la motivation que cet effort, cette victoire sur elle-même, lui apporte...
Une petite course sous une pluie battante, des efforts... une petite victoire sur nos faiblesses, ce confort qui nous endort, nos habitudes... et tout semble différent, accessible.
Ce matin tôt, une photo prise par D., juste avant que nous nous retrouvions.



samedi 13 octobre 2012

Poussée d'émotions...

Hier, en fin de soirée, une envie aussi soudaine que pressante et inexplicable, d'ajouter ici une image saisie pour illustrer une chanson d'une artiste qui bien sûr me touche, sinon quel intérêt ? L'envie de partager trois de ses chansons (Contact Us, Your Flesh Against Mine, Thirteen Thirtyfive) plutôt qu'une, de cette allemande toujours habillée de noir et sans doute par de grands couturiers... habitée d'une voix inclassable comme ses textes et la musique qui les accompagne... 
Pourquoi une telle frénésie à ce moment-là ? Pourquoi tout à coup une poussée d'émotions ? Cette idée qu'on pense à moi me poursuit... chacun ses folies, c'est ainsi.
Une image, comme celle que j'ai en tête, la vision de ce que je me sentais être les derniers mois passés dans cet atelier, avant de m'enfuir, il y a près d'un an et demi... Dévasté...
Mais, avec encore aujourd'hui, le sentiment que c'est le seul état qui me convienne...

Oser s'écouter.

Je repense à cet ami du début de ma vie d'adulte, un ami intime et précieux, perdu il y a si longtemps, pour ces raisons que nous avons tous de perdre un jour un de ceux à qui pourtant l'on tient tant. Qui s'éloigne parce que la vie offre mille raisons de ne pas revenir sur ses pas, parce qu'on croit qu'avancer c'est cela, et qu'on nous ressasse qu'il faut éviter de se retourner ! Perdu aussi parce qu'à être ami depuis si longtemps, on ne l'est presque jamais autant qu'avec ce dernier rencontré avant-hier, qui est si drôle et si intelligent... Encore tout ébloui et enivré par ce besoin d'être séduit et surtout, de plaire... 
Lorsque rien ne va, c'est à ceux qui vous sont le plus intime que l'on s'en prend... comme-ci, aimer depuis longtemps diminue d'autant la nécessite de le faire savoir à l'intéressé.
Un jour, nous nous sommes retrouvé cet ami et moi, sur son initiative, un premier pas, aussi simple qu'il avait paru, tout au long de ces années qui l'ont précédé, si compliqué, irraisonné... parce que, comment faire, comment oser et que pensera-t-il ? 
Très vite nous nous sommes sentis comme nous l'avions été, ce qui nous unissait à l'époque s'était figé, hors du temps et reprenait vie avec la même ferveur. Ce qui nous avait séparé, n'avait pas la moindre importance, nous en souvenions-nous, d'ailleurs ? Nous nous en fichions... À ce jour, nous avons même des projets... Que de temps perdu. 
Une amitié sincère, forte et profonde... un amour plus fort que soi, un de ceux qui vous habitent et vous change à jamais... un être qui, à un moment de notre vie, compte plus que soi... je suis persuadé qu'on ne les oublie jamais. Et, ce qui un jour nous sépare ne garde aucun sens avec le temps, alors que ce qui nous liait retrouve tout son sens à peine osons-nous nous retrouver... 
Tout ce qui nous conditionne ne tient pas, comparé à ce qui nous guide, mais peut finir par nous égarer, et même aller jusqu'à museler cet instinct si précieux. 
Combien y en a-t-il pour vous dire qu'on ne peut aimer une seconde fois, la même personne ? Autant que ceux qui n'ont jamais aimé une première fois, et qui n'ont plus que leur ego en guise de guide. Par faiblesse, par dépit... par incompréhension, la plupart du temps ! Il ne suffit pas d'apprendre à s'écouter, il faut aussi oser...

vendredi 12 octobre 2012

Étapes ordinaires.

Je viens de m'acquitter d'une tâche qui me pesait... Je craignais le résultat et, en repoussais sans cesse l'échéance. Bien conscient que je regretterai le retard pris, à la fin du mois... Mais, c'est comme ça, je ne peux me résoudre à ces obligations. Même victime d'une imagination dramatique, voire cauchemardesque, je reste incapable de rigueur dans ce domaine... Néant, c'est la réponse à la question posée ! Comme quoi, nous ne maîtrisons pas toujours cet outil qu'est notre esprit. Il faut maintenant passer aux étapes suivantes, et bien sûr, me faire violence. Il faut surtout le faire en y croyant... la seule façon d'influencer le cours des choses.
Par ailleurs, concernant cet autre domaine qu'est la santé, la marche de cet après-midi a révélé que ces alertes au genou gauche, ressenties depuis quelques jours, ont évolué en alarmes douloureuses et inquiétantes. Juste sur la droite de mon genou, des tiraillements plus prononcés et plus persistants que les jours précédents, me font grimacer, boiter et craindre une course pénible, dimanche. En attendant, je dois m'abstenir de courir et éviter de trop marcher. Il faut que je puisse accompagner D. jusque l'arrivée, je sais trop qu'à l'échéance d'une première victoire sur soi, on espère un être aimé avec qui la partager, un témoin qui donne à votre effort la valeur d'un symbole... 
Hier, au cours de cet entraînement que nous avons fait chez mes amis, j'ai peut-être un peu forcé ? 
Qu'importe... je pense que la machine est enfin relancée et grâce aux envies de débutantes de D. nous revenons en force à ces prétentions d'aller croquer la Grosse Pomme. Dimanche ne devrait être qu'une étape, d'un plus ambitieux projet. 
Des projets ordinaires, comme des pas. 

Deux nuits, un rêve

Deux nuits d'un sommeil tant attendu. Il y eut d'abord l'envie de me coucher, de m'abandonner sachant que je n'aurais pas à me lever le lendemain. Puis, au réveil, l'envie de traîner, de m'endormir à nouveau, de m'étendre de tous mes membres... Et enfin, l'envie de me lever, doucement. 
Il y eut des rêves, je ne me souviens que d'une rencontre, dans un train... d'un sourire rouge aux lèvres et d'une telle évidence... Ensuite d'une fuite ou d'une poursuite ? L'un derrière l'autre, à chercher une pause... Derrière un épais rideaux, deux places assises sur une large banquette de velours bleu... À l'abri des regards, un long instant à se regarder... avant de se dire que la seule absurdité serait de ne pas oser, de ne pas enfreindre... 
Et puis, profondément, ce sentiment qu'enfin veiller sur soi ne sert plus à rien, l'autre en prend soin ; qu'enfin s'aimer soi n'est plus utile, l'autre s'en charge...
Deux nuits qui pourtant n'ont pas suffit à me reposer. Un rêve qui n'exprime rien d'autre qu'une attente, un désir. Mais quand même, deux nuits, un rêve, comme deux souffles, une trêve.

mercredi 10 octobre 2012

Sans doute une pensée...

Certains jours, allez savoir pourquoi, j'ai l'intime sentiment que l'on pense à moi... Une sensation bien trop singulière, bien trop unique pour me tromper. Une sensation connue, recouvrée l'espace d'un instant, comme la résurgence de sentiments qui, malgré tout, subsistent en profondeur.
Plus que d'autres, certains ont des cycles de vie, d'humeurs, d'états d'âme, qui invariablement se répètent. Quoi qu'ils fassent, les mêmes angoisses réapparaissent aux mêmes périodes. Un passé qui conditionne le présent. Un présent en cercles, jamais tout à fait identiques, jamais tout à fait différents. 
Changer, les visages et les mots autour de soi, d'environnement... donne l'illusion suffisante, jusqu'à ce qu'on reconnaisse, que l'on comprenne être déjà passé par là, et que dans le fond, on ne fait que tourner en rond. 
Comment rester dupe tout le temps ? Que faire du poids de ces remords qui éprouvent tant ?
On rêve, d'un jour réussir à briser ce cercle, plutôt que de briser autour de soi... On constate les dégâts... On pleure, on gémit, d'être son pire ennemi. On a beau savoir qu'il ne faudrait qu'un pas... Mais, quel premier pas !

mardi 9 octobre 2012

Perdre cet excès de poids.

Je suis perclus de courbatures ! Et lorsque je me baisse, le genou gauche donne des signes de faiblesse, il me faut faire un effort de concentration et de volonté pour réussir à me relever sans m'aider de mes bras... Que se passe-t-il ? Certes, je cours plus longtemps, plus régulièrement, depuis quelque temps, nécessité faisant loi. Mais, je ne me rappelle pas avoir déjà ressenties ses difficultés là.
J'en entends murmurer, que c'est le lot de chacun de, petit à petit, récupérer avec moins de facilités. Je m'insurge ! L'âge n'a rien à voir ici. La seule explication, ce sont ces quelques kilos de plus que je porte... Imaginez-vous courir douze ou quinze kilomètres avec un sac à dos de cinq ou six kilos, ou une ceinture en plomb pour la plongée sous-marine ? C'est ça, que je paye ! 
Et pourtant je fais gaffe, fini les petits canons entre amis, les samedis midi au Baron et les soirées au restaurant. Pas la moindre goutte d'un quelconque liquide ayant été distillée ou fermentée... chez moi. Pas d’excès. Rien...
Je sais ce qui me fait perdre du poids à vue d'oeil. Il faut que j'augmente ma thermogenèse. Il faut que je crame mes ressources en permanence, nuit et jour. Une seule chose me met dans cet état-là : l'aimer ! À peine j'en pince pour elle, que tout en moi se met en branle, fonctionne jour et nuit sans jamais de trêves. J'en arrive même à me plaindre d'être en permanence en transpiration. Même pendant mon sommeil, je me projette, je la protège... Deux à trois mois à m'accrocher à elle, à veiller de cette façon-là, et je deviens un tout autre homme. Un veilleur, tranchant comme une lame, se nourrissant et dormant à peine pour toujours être en éveille ! 
En permanence en effervescence, je passe mon temps à contrôler mes faits et gestes, à analyser chaque vibration, à imaginer des centaines de mots, des milliers de caresses. Je suis aussi attentif à tout, prévenant à la limite d'être débordant... Je suis capable de traverser la ville en pleine nuit, à vélo ou à pied, pour voir si tout va bien, ou pour lui livrer des croissants chauds avant qu'elle parte au boulot, des fleurs pour embaumer ses songes avant qu'elle ne s'y abandonne... J'atteins une telle capacité de concentration, d'observation et d'empathie, que je parais être un devin... 
Je suis capable de tout, mon corps et mon esprit ne sont plus que des outils, et moi, un artisan illuminé d'une ferveur créatrice extraordinaire, d'un pouvoir hors du commun qui pousse fort de l'intérieur et qu'il me faut en plus de le distiller agréablement, contrôler, contenir. 
C'est une nature chez moi de ne jamais s'user si l'on s'en sert ! Si j'aime, je m'affûte ! Et cet état là, ça brûle, ça consume.

lundi 8 octobre 2012

Circonvolutions et soirée Coréenne

Si je m'écoutais, je raconterais toutes sortes de billevesées sur le temps de ce lundi à Paris... Mais j'efface et recommence cette première phrase pour la quatrième fois afin de ne pas tomber dans le résumé météorologique. D'une part, ceux qui y sont n'ont pas envie d'en entendre parler et d'autre part, ceux qui sont ailleurs, n'y tiennent pas plus. Personne ne souhaite lire quelque chose sur le temps qu'il a fait au cours de la journée. Il est donc préférable que j'évoque ici plutôt mes humeurs que celle de la météo. Quand bien même les premières dépendent pour partie des secondes.
Étonnamment, et sans raisons évidentes, les miennes se trouvent être bien moins mauvaises que le temps qu'il fait ne le laisserait présager. J'étais bien plus abattu hier... 
Certes, je ne sortirai pas courir comme prévu, ce qui en soi est une déception supplémentaire. Pas plus que je ne ferais de sieste, je n'en éprouve pas l'envie, cela c'est plutôt satisfaisant parce que je me trouve avec autant de temps libre. Une heure et demie pour la course, pareil pour la sieste, me voilà tout à coup riche d'au moins trois heures à perdre.
J'ai même envie de me faire du thé. Amateur de thé, j'en possède pour toutes les heures de la journée.  Acheté dans des magasins spécialisés ou rapportés d'Inde, de Chine ou du Japon par des amis. Je choisis un Darjeeling vert qui, pour mon nez et surtout mon vocabulaire de néophyte, a des parfums d'herbe fraîchement coupée et de réglisse ; une couleur ambrée et une franche astringence, faisant se resserrer toutes les papilles de ma langue, la chair de mes joues et, excitant mes synapses... Idéale pour ne pas risquer de somnoler, pour essayer d'écrire à propos d'autre chose que du temps. Les premières tasses dégustées, il semble qu'il ait, sur mon organisme, d'autres effets qui m'obligent à quitter pour quelques minutes mon bureau...
La nature est ainsi faite que tout ce qui entre doit à un moment, sortir. Sauf, peut-être, selon le vœux de certains banquiers... Me voilà donc prêt et disposé à toutes les circonvolutions potentiellement imaginables par moi, à toutes les circonlocutions... Enfin, c'est ce que je croyais... Parce qu'il semble qu'il a suffi d'une coupure pour que mon élan se brise, me voilà tout à coup desséché, vidé !
Un bâillement me distant les mâchoires au point que je panique à l'idée de rester ainsi coincé... Je me lève pour aller chercher quelque chose à manger, détend ma nuque par quelques mouvements de tête et regarde par la fenêtre les passants courir s'abriter... 
Me dis que je me ferais bien quelques-uns de ces raviolis chinois que j’apprécie, pour le dîner... 
Bon sang, ça ne vient ou pas ?! Je le sentais pourtant bien ce coup des circonlocutions, après avoir parlé de billevesée... Où sont passés les effets du thé ? Disparus, au cours de cette dernière miction ? 
Ou peut-être, je peux sortir m'acheter des lentilles de chez Picard ? Voilà que maintenant j'hésite, gyoza ou lentilles ? Je crois que je ferais mieux de sortir m'aérer...  ça m'aidera à réfléchir...
Allons pour les gyoza, en regardant un de ces films Coréen qui me fascinent. Lumière blafarde de la télé et des enseignes de la rue quand il pleut ; chuintement des pneus sur la chaussée mouillée... Des baguettes et des nouilles sautées, l'odeur aigre de choux fermenté... La même ambiance, un peu glauque, de ces thrillers, crus et grouillants, comme peut l'être une ville asiatique un soir de pluie froide... 
Ne manque à cette mise en scène que ce qui, par sa beauté, son éclat et sa tendresse, crée le contraste et en accentue l'effet. 
Une petite liane élégante et glabre aussi brune qu'aimante mais à la peau fine et blanche, qui masserait savamment mon cou avant de m'attirer sans ménagements sur ma couche, pour me réchauffer vigoureusement, me faire tout oublier... 

dimanche 7 octobre 2012

Morne brocante...

Les dimanches m'ennuient... Particulièrement celui-ci. Jour de brocante, un dimanche à Paris. Quelle importance y avait-il à sortir ? Sans doute, aucune. Je n'ai pas vraiment décidé, juste eu le besoin, plus fort qu'à l'ordinaire, d'un café avec un nuage de lait... Alors, j'y suis allé. Quelle heure était-il ? Dix-sept heures. La même heure... qu'il y a des années.
Il y a longtemps, même si cela me semble encore si présent, j'ai parcouru les stands de cette brocante, habité d'une tension extraordinaire. Une tension si puissante qu'il fallait que je contrôle chacun de mes gestes, chacun de mes enthousiasmes, pour ne pas risquer de l'affoler. L'enlaçant fortement... si à cet instant j'avais tapé du pied, nous nous serions envolés, projetés en l'air, ailleurs... À peine nous adressions-nous à quelqu'un, qu'il paraissait subjugué... Même elle, parfois, semblait embarrassée de ce que mes yeux dégageaient, de ce qu'ils offraient...
Près de la moitié des exposants a disparu. J'ai reconnu certains d'entre eux, ainsi que ce qu'ils vendent... aucun ne m'a reconnu...
Je sortais, juste pour prendre une noisette, à la terrasse d'un café, et regarder les couples passer. Mais, rien d'extraordinaire ! Pas de magie, pas même un peu de lumière...
Ces couples aperçus, même les jeunes, tous sans histoires, se contentant d'être ensemble avec les mêmes projets qu'ont les oiseaux...
Des gestes désinvoltes, des compromis déjà naissants ou entendus, des yeux mornes... 
Pas de grondements, ni d'éclairs retenus, pas de tension ! Des pas qui avancent parce qu'il n'y a pas d'autre choix. Je n'y ai croisé personne, que des ombres bien moins vivantes que ce fantôme qui m'habite...
Morne brocante... 

samedi 6 octobre 2012

Fractales rencontres.


C'est par hasard que je suis tombé sur cette image : Collision fractale de protons !
Petit je ne faisais pas ces cauchemars que font en général les enfants, ou si cela fut quelquefois le cas, je ne m'en souviens pas. En revanche je me rappelle avec une précision haute définition des deux rêves qui parfois hantaient mes nuits. Il y en avait un où ma chambre était envahie de chiffres de toutes tailles, plus ou moins denses, pesants... J'avais alors la sensation d'être engourdi, englué dans mon corps ; mes lèvres, ma langue ainsi que mes membres, gonflés comme sous l'effet d'œdèmes... Je finissais par me réveiller en nage, au bord de l'asphyxie. 
Dans le second, l'image était plus directement associée aux sensations. Dans un espace infini et noir, une ligne lumineuse que seuls les légers tressautements qui animaient l’extrême pointe m'indiquaient qu'elle avançait, se traçait. Tant que la ligne suivait une trajectoire horizontale, ma sensation était l'apaisement, la quiétude. Mais, j'avais une conscience ténue qu'un drame allait se produire. Était-ce qu'une telle paix m'amenait à douter que cela puisse durer ou bien une sensation de fond teintée d'une inexplicable légère angoisse ? 
Subitement, et sans raisons apparentes, la ligne s'emballait, filant en tout sens, tout en courbes, aussi précises que différentes, faisant des nœuds inextricables... 
Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, la ligne reprenait sa course initiale et calme. 
Y avait-il eu collision ? C'est ce qui aujourd'hui me semble le plus plausible. 
Durant le temps ou se dessinaient ces figures fractales, je me sentais bouleversé. Ma respiration, mon cœur, s'emballaient... Le sang cognait mes tempes... Je vivais le chaos, je me sentais terriblement instable... Dans ma tête, mes pensées étaient tendues, tendues à se rompre, j'allais à coup sûr perdre la raison, une des circonvolutions de ma cervelle allait lâcher, éclater, rien ne serait jamais plus pareil... 
Puis, tout aussi subitement que ce brouillon s'était formé, le fil reprenait son cours, tranquille bien qu'imperceptiblement différent ! Mes battements de cœur ralentissaient, mes nerfs se relâchaient doucement, je me détendais, je m'observais pour tenter de cerner ce qui avait changer, sans succès...
Ces périodes récursives d'extrêmes tensions suivies de calmes plats, comme une mise en abyme, me donnaient le vertige. Bien que similaires, elles devenaient imprévisibles par le fait que chacun de ces évènements fractals et violents, modifiait de façon infime les conditions initiales de ma ligne. Tout me semblait fondamentalement instable, avec du recul, je me dis qu'il y avait là quelque chose de la théorie du Chaos !
Cette ligne représentait-elle ma vie, mon âme, qui en percutaient une autre ? Ces chocs, étaient-ce ces rencontres qui vous transforment infimement, mais suffisamment pour être chaque fois moins prédictible ? Avais-je déjà conscience de ce qui allait me modifier, me singulariser et que ces remises en question avec leurs lots de doutes, de craintes... n'allaient pas toujours s'avérer agréables ? 
Ce rêve ou cauchemar qui se répétait au cours des nuits de mon enfance, a certainement des causes plus historiquement vraisemblables, mais il me plaît de l'expliquer ainsi, et cette interprétation en lève élégamment l’énigme, et offre une explication plausible au fait que je m'en souviens si bien aujourd'hui.
Chaque rencontre est une épreuve, il n'y a là ni bon, ni mauvais, juste un évènement qui me fait évoluer, avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de regrets.    

vendredi 5 octobre 2012

Sommeil apaisé

En moyenne, je dors, à peu près, cinq heures par nuit. Retirez ces interminables minutes de l'endormissement et celles d'un réveil quasi systématique entre trois et quatre heures du matin, pour cause de décalage horaire depuis des années... Il n'en reste pas assez. Bien sûr, je pratique la sieste, tout particulièrement lorsque que j'ai dû me lever en pleine nuit cinq jours d'affilée... Entre quarante minutes et deux heures selon ma fatigue. Mais la sieste semble avoir des effets nocifs sur moi. Des maux de tête me laissant comme un goût métallique dans la tête, je sais, ça n'a pas de sens, mais c'est ce que je ressens.
Bref, il ne s'agit pas là de m'en plaindre, c'est ainsi et il y a longtemps que j'en ai pris mon parti. 
Contrairement à mon apparence et à ce que l'on perçoit de moi, je suis de nature plutôt anxieuse et c'est aussi la première chose que je ressens chez ceux dont je m'approche suffisamment. Étonnamment, tous m'ont un jour confié que, par je ne sais quel phénomène, ma présence à leur côté les apaise... Avec moi, on se sent bien, sans être capable d'en définir avec précision, les raisons. Pour certain, ce serait une sensation si diffuse et éthérée que plus que ma présence, c'est mon absence qui en révèle toute la réalité. Pour d'autre, ma présence les calmerait dès les premières minutes ensemble.  
Il serait facile d'en conclure que de ce fait, je m'en trouverais d'autant plus anxieux avec les fâcheuses conséquences que l'on connaît, sur mon sommeil.
Et bien, non ! C'est l'inverse. 
Plus j'ai l'occasion de prodiguer ce don naturel à ceux que j'aime, plus je me sens, moi-même, apaisé, un peu comme-ci, une fois mon travail enfin accompli, ma conscience me laisserait en paix.
Et ce n'est pas un hasard, si ceux qui pénètrent mon écorce jusqu'à atteindre mon coeur soient de ceux pour qui l'existence est aussi précieuse que sa raison d'être, est mystérieuse... Ceux qui, incapable de ne vivre que pour eux-mêmes, de se contenter d'en profiter, s'intéressent moins au bonheur qu'au sens que peut avoir la vie.
Cela fait trop longtemps que je ne dors pas bien... Heureusement, le peu de sommeil qui me reste doit être d'excellente qualité, parce qu'il suffit à maintenir mon énergie de vie et ce don que je porte. Mais il me tarde d'à nouveau pouvoir le prodiguer, d'à nouveau pouvoir me reposer...

jeudi 4 octobre 2012

Nécessaires apnées.

Aujourd'hui, c'est mon jour. Cette journée dont j'ai régulièrement besoin, où je ne fais, en apparence, rien. En apparence, pour ceux qui m'observeraient et qui n'auraient pas ce besoin comme moi, de temps pour eux seuls, pour plonger en eux ou faire le vide, et qui donc ne comprendraient rien à ce que je ne semble pas faire. 
Pour réaliser cela, on ne peut qu'être seul. Il est des intimités qui ne se partagent pas. Des choses qu'on ne montre pas, ou alors en les dissociant du reste... Comme je le fais ici. Un portrait puzzle psychologique. Des centaines de fragments éparses et mélanger. Tantôt allusions, tantôt illusions, tantôt faits. La seule possibilité de tout assembler serait, après les avoirs ressentis, d'en faire abstraction, pour pouvoir alors m'imaginer... Et là encore ce ne serait pas tout à fait moi, il y aurait forcément un peu de vous, un peu d'un autre, un peu d'espoir...
Donc, ce jour-là, je m'observe tel que je suis... Enfin, c'est l'idée. Je sais bien qu'il m'arrive encore de tricher... De ne voir que ce que je souhaite ou ce que je n'ai pas... Mais j'en ai conscience et je compense...
Ce besoin ne sert aucun but. Il ne m'aide pas à accéder quelque part où je voudrais aller. Non, c'est juste une apnée nécessaire après une inspiration ou une expiration. 
La première, une manière de donner à cet air pris à l'extérieur, après s'en être imprégné, une teinte plus singulière. Une apnée, longue d'au moins une journée, une immobile apnée avant d'expirer. Puis à nouveau une apnée pour ressentir le vide créé, pour se préparer... 
Ces temps pour moi, ces nécessaires apnées, sont les étapes de ma respiration essentielles à mon âme comme inspirer et expirer le sont à mon sang.

Exutoire.

Aucune excuse sinon, peut-être, celle de n'avoir pas eu envie... Je suis ainsi, avec parfois des faiblesses qui l'emportent sur mes besoins. Je suis déjà tout un combat... Alors il m'arrive de perdre sur quelques fronts.
Était-ce hier ? Non, avant-hier, de retour chez moi en milieu d'après-midi j'ai regardé d'affilée quatre films ; puis me suis effondré la tête lourde d'idées ne m'appartenant plus, vers une heure du matin. Un autre de mes défauts, que de n'avoir pas de mesure. Je ne suis qu'en excès, glacé ou brûlant, jamais tiède !
Quant à hier, nous sommes allés avec D., chez ma partenaire de course à pied, préparation oblige, courir quinze kilomètres en forêt... Dorénavant trois, nous avons ensuite rêvé d'aller enfin croquer cette mythique Grosse Pomme...
Sans doute est-ce octobre qui me pousse ainsi à chercher, par tous les moyens, à atténuer la résurgence de quelques émotions puissantes qui pourtant me manquent. Et cette bande-son, cette chanson, "This love" de Craig Armstrong. Cette voix d'Elisabeth Fraser, comme de l'Éther sur un mouchoir en soie que l'on tiendrait sous son nez, pour ne pas sentir la puanteur de la réalité... 
Marquis déchu, ridiculement poudré, devenu cynique pour cause de trop de coups perçus.
Maudit apprenti poète, pour manquer d'efficience à évoquer, préférablement, plus raisonnablement... la Nature, la Société ou je ne sais quoi d'autre. 
Pas plus capable de s'astreindre aux rimes qu'aux règles. Bien trop Sujet à ses faiblesses. Roi fainéant et pédant ! 
Bon sang, ça fait du bien ! 
L’auto-flagellation, comme la masturbation, ça soulage... passagèrement.
Deux domaines dans lesquels, sinon j'excelle, je m'acharne ! En faisant mes mantras quotidiens, parce que, sur quels autres exutoires un cénobite peut-il compter pour ne pas devenir un prédateur ?
J'exagère ?
Bien sûr ! Ce n'est qu'un exutoire !
http://www.youtube.com/watch?v=URvC-7lcrvI 

lundi 1 octobre 2012

En octobre...

La première chose qu'il m'a été donné d'entendre ce matin : "Air" de Bach. Le début, correspondait exactement à mon état d'âme. 
Comme pressentie, cette période d'avant l'automne s'avère difficile... De tous côtés je peux sentir à quel point chacun peine, se débat, pour exister. Je fais de mon mieux pour rester disponible, écouter, accompagner. Mais...
Pour mon compte, en octobre, le pire et le meilleur se côtoient. Il y a des souvenirs d'instants que je n'échangerais contre rien au monde et d'autres dont je souhaiterais qu'ils n'aient jamais existé... 
Il semble qu’octobre confère à ceux, pardon, celles dont c'est le mois de naissance, des traits de caractère qui m'attirent irrésistiblement. De ces natives d'octobre je perçois avec une étonnante fascination la complexité, la double personnalité, riche et terriblement contrastée. Elles se trouvent être tout aussi sujettes à une immense et singulière douceur, désarmante de sincérité et de candeur, qu'à la plus réfléchie des négligences, au plus sombre individualisme... Soit grande ouverte comme un cœur, soit fermée-serrée comme un poing ! Forcément introverties... mais avec l'extraordinaire talent d'exprimer ces fragiles émotions qu'aucunes autres n'osent. Créant ainsi une surprise si saisissante qu'elle augmente d'autant leur charisme tout en discrétion... 
De ces gens qu'il m'arrive de croiser, je peux d'un regard, d'un sentiment, déceler ceux qui, comme elles, comme moi, ont ce même pressentiment qu'il y a, autre chose, certes, d'indéfinissable mais que l'on ressent si fortement...