(journal de mes sensations)

vendredi 31 mai 2013

Inexplicable, irrationnel... Peut-être...

Oui, j'aurais pu aller courir ce matin ; et non, pour n'en avoir pas eu suffisamment envie, je suis resté couché ! Pour courir ici, à Paris, il faut vraiment en vouloir... À ma campagne, c'est une autre histoire. 
Je ressens davantage le besoin de le faire avec d'autres désormais. Tout seul, j'en ai assez. Je passe tant de temps seul... Et je n'ai plus que rarement ces émotions qui m'entraînaient, que l'on veut pouvoir garder pour soi, apprécier seul.
J'ai préféré me prélasser, sans doute pour tenter de combler ce manque de sensualité... Un sens vous manque et tout s'en trouve modifié.
Hier, je venais de finir d'écrire mon billet, j'écoutais ma compilation favorite, passait Bach, j'étais encore dans ce que j'avais vécu, ce que je venais d'écrire... quand soudain je me dis, de cette façon que l'on a de se lancer des paris, si le suivant à passer est Shake it loose, c'est qu'assurément nous nous... immédiatement, je me reprends, impossible voyons, et je ne peux pas prendre un tel risque... c'est ridicule, c'est évidemment perdu d'avance. Les titres, plus de cent-soixante, sont joués en mode aléatoire, mes cours sur les probabilités et les variables aléatoires sont trop loin et jamais tout à fait compris... mais la chance que le titre qui suit soit Shake it loose, est très vraisemblablement infime ! 
Les premières notes du morceau suivant me saisissent et me vident de mon sang... 
Si je suis un grand malade... l'Inexplicable, l'Irrationnel, y auront largement contribué ! Je suis en permanence écartelé, ne sachant jamais qui croire ni quoi penser, de cet instinct hors du commun que je possède, et de ce rationnel dont en permanence on me harcèle.
Ordinaire par ailleurs, j'ai un petit côté superstitieux (apanage de ceux qui ne comprennent pas tout), et regrette tout à coup d'avoir mentionné ici la cause d'une si violente émotion, d'une possible prémonition, d'un éclair provenant de cette autre dimension qui nourrit secrètement mes espoirs... de peur que cela ne conjure le sort, ne fasse fuir cette magie qu'a parfois la vie... 
Il faut être respectueux sinon prudent, avec ces choses qu'on ne comprend pas forcément, avec ces "chuchotements" qui nous viennent du dedans, et qui, dès que nous avons foi en nous-mêmes, raisonnent comme des évidences.

jeudi 30 mai 2013

Bd. Saint Germain...

Voilà maintenant quelques mois que je ne me balade plus dans certains quartiers de Paris. Est-ce inconsciemment ou volontairement, aussi aberrant que cela puisse paraître, je suis incapable de le dire...
Hier, P. m'a demandé si je voulais l'accompagner pour récupérer une toile et deux bronzes chez Sotheby's. Parties de son patrimoine familial... Franchement pas ma tasse de thé ! Pas plus que celle des experts au regard de leur estimation... Quant aux individus qui fréquentent l'endroit pour les mêmes raisons, du moins ceux que j'ai croisés au moment où j'y étais, j'hésite à donner l'impression qu'ils m'ont laissée ici. Mais surveilliez les abords des écoles primaires, dans certaines grandes familles la consanguinité semble avoir fait des ravages ! Il faut dire que ce qui était, il y a un ou deux siècles, la seule façon de sauvegarder un sang s'affaiblissant est devenu aujourd'hui, leur ultime opportunité de se reproduire...
Nous avons donc embarqué ces œuvres du 19e siècle, un médaillon de 60 cm de diamètre, un buste et un cavalier en bronze ; du même genre que ceux qui, lorsqu'enfant je dormais dans l'appartement musée d'une vieille tante de mon père, me terrorisaient. Je me rappelle du papier peint foncé chargé de fleurs et d'oiseaux en dessins réguliers... du lit à baldaquin si haut qu'il nous interdisait à mon frère et moi une quelconque envie durant la nuit, sous peine de ne jamais pouvoir nous recoucher... et de ce bronze sur la cheminée de la chambre, représentant un cavalier attaqué par une meute de loups enragés. Lorsque la lumière était éteinte, les reflets, vert et rouille, des lueurs de la nuit donnaient vie à cette horrible scène sur la cheminée. Que tout cela était étouffant, oppressant et laid, avec en plus l'odeur caractéristique de la poussière et de l'humidité, de cimetière, qu'ont les pièces jamais chauffées et toujours tenues fermées...
Lestés d'un peu de culture, nous partîmes en quête d'un rade où nous remettre de nos émotions... Avant que je m'en aperçoive, nous laissions derrière nous la place de la Concorde, traversant la Seine, face à l'Assemblée...
La voiture prit le boulevard St.Germain...
Au fur et à mesure de notre progression, je pouvais sentir mon cœur ralentir... Passé la rue du Bac, j'étais en apnée... Invraisemblable ! Je ne m'attendais pas à une telle réaction physique après tout ce temps... J'étais dans un état d'attention extrême, n'écoutant plus les délires de P., je scrutais chaque mouvement dehors, fébrilement... J'attendais de croiser cette rue sur la droite, prêt à me pencher pour apercevoir cette petite fenêtre de toit arrondie... J'étais incapable de me contrôler, en revanche j'avais une conscience accrue de ce que je vivais. En même temps que j'observais, je revoyais mentalement tous les instants passés ici, tous les détails jusqu'à ses torchons qu'elle laissait sécher au bord de sa fenêtre... La précision de ces flashs était diabolique. Je sentais ces odeurs de tomettes cirées, de myrrhe, de lessive Kitz... J'imagine que l'apercevant soudainement, les larmes auraient jailli ! 
Heureusement, j'avais dans mon étui à lunettes de quoi m'apaiser... Il était 18h30 passé, la soirée venait pour moi de prendre une tout autre tournure, je n'aspirais plus qu'à rentrer chez moi, à me retrouver seul, à profiter de cette marée qui venait de me submerger... ne sachant même pas si j'aimais ou détestais ces sensations. 
Ce n'est pas délibéré de ma part, ça ne peut être soumis à ma volonté, cela provient d'un endroit si profondément en moi que je n'y ai pas accès. Peut-être même que cela ne vient pas de moi... 
Je pensais qu'avec le temps cette émotion s'estomperait, force m'est de constater qu'elle est toujours aussi violente ; un félin aussi puissant que sauvage, tapi en moi et toujours à l'affût ; me lacérant, me déchirant, à chaque faux pas... 
À quoi est-ce que je ressemble ? Dévasté, en lambeaux... Comment est-ce que je fais pour encore tenir debout, pour que personne ne se doute qu'à l'intérieur, je ne suis plus qu'un épouvantail ? C'est peut-être que j'ai, malgré tout, une sacrée bonne étoile. Et puis, il faut faire avec ce que l'on a !

mercredi 29 mai 2013

Nature et simplicité...

Depuis mon retour du Mexique et tout particulièrement de l'Oaxaca, plus que jamais l'envie profonde d'un retour à la nature, à la simplicité... me taraude. Cette immersion dans l'essentiel m'a rappelé la seule chose à laquelle j'ai toujours aspiré. Manque de courage, de caractère... qu'importe ! Je n'ai péché que par ces excès que me faisait miroiter la société... sans jamais, il faut bien le dire, me compromettre tout à fait. Ce qui explique mes échecs ; ne réussis que ce qui est entrepris avec cœur. Mes convictions n'ont, jusqu'à présent, jamais été en adéquations avec mes actions... J'ai, presque toujours (tout de même, j'ai réussi deux trois bricoles), manqué de cœur ou d'estomac dans ce que j'entreprenais par nécessité.
Partir, pour cultiver toutes sortes de plantes aromatiques et médicinales... un potager ; élever quelques poulettes et trois ou quatre biquettes... Un ou deux chiens et quelques chats... Un sanglier (que je nommerai "monsieur Groin"), et une oie blanche (pour habiller ma conscience) !
Quoi d'autre ? Un fusil, pour les indésirables... Dès lors que vous voulez être tranquille et que vous y parvenez, il se trouve toujours des empêcheurs de tourner en rond, des redresseurs de tords, des montreurs de droits chemins, des gens pour vous dire ce qu'il faut faire... pour venir vous emmerder.
Il y a ma campagne bien entendu, mais je suis tenté de voir plus loin. Là où les éléments favorisent la nature, la simplicité. Où il n'est pas utile de se chauffer, de se couvrir de la tête aux pieds... Qui plus est, au bord où pas très loin de cette mer encore nourricière. Sans pour autant tomber dans le cliché de l'atoll et des lagons, de l'île déserte ou non...
Enfin, je dis cela, mais je crains que l'odeur de terre et de poussière de la veste de velours côtelé de mon grand-père et celle des fanes de pommes de terre ou du bois qui brûlent me manque.
Quoi qu'il en soit, mon avenir semble doucement s'éclaircir.
Qu'il s'agisse pour certains d'un manque flagrant d'ambition, d'une fuite ou de je ne sais quelle lâcheté, ils n'imaginent pas à quel point ce qu'ils peuvent dire et penser m'indiffère...

mardi 28 mai 2013

L'un ou l'autre.

Ces instants si heureux qu'on ne peut en prendre pleinement conscience, une fois devenus souvenirs s'avèrent souvent les plus douloureux ; comme-ci la conscience voulait se venger d'avoir alors était écartée ! Tandis que ceux qui sur le coup étaient si pénibles, si douloureux paraissent avec le temps s'être adoucît.
Certains de ces souvenirs sont, chez moi, d'une précision diabolique, frôlant l'hyperréalisme. Je me rappelle chaque attitude, chaque geste, je peux encore ressentir ce qu'alors je ressentais pour chacun d'eux. Je me souviens, entre autres, de ses bains, de nos verres de vin et dîners partagés... de mille et un détails intimes, de mille et un charmes...
Ce qui a changé, c'est que désormais, je peux observer ces scènes passées sans être dévoré par mes émotions... encore que... il arrive parfois... Je peux scruter ces souvenirs, jusqu'à presque en jouir... presque !
Ce dont hier je tirais sans le savoir un immense plaisir ; aujourd'hui, en ayant pleine conscience, je ne peux plus en jouir.

dimanche 26 mai 2013

Immuable.

Hier... Il n'y a rien à en dire. P. est passé me prendre pour que nous allions déjeuner. Bien sûr, nous nous sommes bien marrés... J'avais un peu chargé... ce besoin de toujours définir les limites... ce qui par ailleurs nous a évité d'autres excès... Bonne nuit, un peu courte comme toutes ces nuits qu'après coup, on considère comment ayant été bonnes. Réveil léger. Humeur ? A la réflexion, à l'introspection...
Finalement, rien n'a changé. Je suis immuable, enfin mes sentiments sont immuables, moi je suis plutôt à géométrie variable... Mes sentiments, ceux qui comptent, ceux qui pour moi sont à l'échelle de l'univers. Il y a ceux qui ayant éprouvé toutes les guerres, le temps, et plus encore, l'avenir... ont fini par muer en une douce sagesse dépassionnée, platonique... Il y a ces autres, qui pour peut-être n'avoir éprouvé que le manque, restent étonnamment intacts et vivaces... Certes, ils ne brillent pas de tous leurs éclats, ils sont endormis... mais je peux sentir comme ça bat, comme ça lance, ça et là... je peux sentir l'écho de leur fougue, de leur puissance... Et quand dans mon inconscient, ils s'agitent soudain, ils rêvent... c'est moi qui suis éprouvé, bouleversé...
Tout peut s'effondrer autour de moi, je peux m'égarer... ces sentiments que j'éprouve, pour si peu, sont comme les étoiles... Don ou handicap, je suis affublé d'une fidélité d'âme et de bien plus encore...
Il faut croire que, lorsqu'à propos d'un autre, tous vos sens s'accordent avec une simplicité déconcertante, un tel naturel... cette évidence alors, marque le corps et l'âme, d'une manière indélébile.

vendredi 24 mai 2013

Ce besoin, parfois...

Si je n'avais pas eu ce déjeuner, je pense que comme hier, je n'aurais pas bougé... J'y suis allé à pied, je ne regrette pas d'être sorti, d'avoir pris l'air et ce moment passé avec cet ami.
J'aurai pu pousser jusque dans le marais... Mais bon... Je suis rentré.
Nous avons bien ri, comme chaque fois ; mais je manque d'entrain. Je ne me sens pas en phase avec ce qui m'entoure et peine à rebondir à m'animer. Je suis un peu à la traîne.
J'ai lâché les chiens hier, et m'en trouve aujourd'hui un peu dépourvu. 
Besoin d'un centre d'intérêt étranger... 
Besoin de résistance, de confrontation... D'attente et d'insistance... D'une autre source de chaleur...
Envie d'émanations sensorielles ; d'une autre odeur que la mienne, d'effluves à frémir. De phéromones qui éveillent cet animal tapi, affamé... 
Besoin d'attraper, d'enlacer, d'empoigner ; de l'être aussi... 
Besoin de perdre la tête, de perdre pied, de perdre haleine... 
Envie d'aile ! 

jeudi 23 mai 2013

Rafraîchissement.

Les gros nuages blancs sont devenus gris et menaçants. Retour à cette vie sans lumière...
Heureusement, de temps en temps quelques éclaircies ici m'aident, sinon à vivre, à survivre et à persévérer... De fragiles signes virtuels auxquels je m'accroche, comme le ferait un naufragé à sa bouée.
Me demandant tout de même parfois, s'ils sont intentionnels, calculés ou simplement la conséquence d'une curiosité en passant... S'ils sont porteurs de messages secrets... Si ce sont là quelques codes discrets... Ou s'ils ne sont qu'inconscients, mus par une étonnante force métaphysique...
Mais de quelle folie suis-je donc atteins ? D'une folie douce, de celle pour laquelle on n'enferme pas...
Avec l'arrivée du lilas... il me fallait renouveler le sang, rafraîchir... Sans trahir. Chose promise, chose faite !

Saṃsāra

Matinée ensoleillée avec de gros nuages blancs, ces cinq derniers jours à me lever à l'aube m'ont rendu, cependant, incapable de décoller... Je me sens, étrange, groggy, ce n'est pas désagréable.
Mon thé est prêt, dans la pièce blanche de lumière, se diffuse une brume d'huiles essentielles d'oranges douces, de cèdre et de menthe poivrée, et ma "playlist" préférée...
Dans cet écrin de sérénité, tel un joyau, mon manque à l'état pur, ma déchirure, brille de mille éclats.
J'ai remarqué, chez moi, quelques modifications de comportement depuis ma nouvelle pratique... Hormis une évidente détente pour n'être plus en permanence stressé par ces interférences synaptiques ; un sommeil plus profond, quand je réussis à sombrer et une légèreté d'être au réveil ... Je retrouve ces éclairs d'émotions excessives et débordantes, que n'importe quel psy qualifierait de désordres psychiques, de symptômes dépressifs... mais qui, pour moi, sont devenus indispensables depuis que... j'y ai accédé, en plongeant dans les yeux et l'âme d'une comète de passage.
Quelques inconvénients cependant, qu'il va me falloir combattre, la tendance à jouir de ces instants plutôt que de sortir courir...
Disons que, par exemple, des deux représentations du bouddha que l'on connaît tous, c'est une période où je tends plutôt vers celui qui se nommait Budai (un moine bouddhiste zen chinois, jouisseur et sage, représenté tel qu'il était, gros et jovial. J'écris bien "je tends", je n'ai rien de jovial) plutôt que vers cet être éveillé, mince et élégant, Siddhartha Gautama, devenu samyaksambuddhā... 
Selon la tradition populaire chinoise, toute femme se frottant sur le ventre de Budai était comblée... par la chance et la prospérité. Hum... Bon, j'ai un peu arrangé ça à ma façon... on ne sait jamais, sur un mal entendu, les faveurs d'une belle perdue...
Ces deux Bouddhas me vont bien comme buts ultimes à atteindre, l'ascète en quête de son éveil et le jouisseur décomplexé ; je ne peux fonctionner que par excès ! Pratiquant tantôt l'un, tantôt l'autre, et me refusant, inconsciemment, à l'équilibre, au standard, à la tiédeur, à la raison.
Conscient d'être pris dans le saṃsāra, d'être sous l'emprise de la souffrance, de l'attachement et de l'ignorance... Mais pas très pressé d'atteindre le nirvāṇa... Que ferais-je sans désir ? Je n'ai pas fini de tout explorer... Et j'ai toujours plus de plaisir à parcourir le chemin qu'une fois le but atteint.

mercredi 22 mai 2013

L'idée d'un geste...

Cela fait longtemps que j'ai cette idée... L'idée d'un geste. Une idée qui a pris l'allure d'une vague, qui sans cesse vient s’abattre à mes pieds, comme pour me supplier de me lancer... Pourtant, chaque fois je renonce... Pensant que, peut-être, l'effort nécessaire pour comprendre l'infinité de mon élan, ne serait pas consenti... Qu'il serait même partagé avec d'autres... Que ce ne serait pas apprécié à la hauteur de ce que j'y ai mis, de ce que j'y vois, mais juste entendu comme quelque chose d’ordinaire. Tout ce que l'objet de ce geste m'a inspiré, ces images d'harmonieux mouvements enchaînés, d'élégantes saccades, d'arrêts saisissants, de tournoiements et d'élans... Toute cette sensuelle chorégraphie que je dessine mentalement... Il n'en serait pas extrait l'émotion que je ressens en les inventant, et que j'aimerais qu'on devine en le découvrant.
Un geste de reconnaissance à cette infinie grâce que je lui ai toujours et malgré tout trouvée... L'image qu'en tant qu'autre j'avais d'elle, et qui me reste... Celle-là même qui m'a atteint, et m'a pénétré avec une lenteur déterminée, jusqu'à l'inespéré, jusqu'à l'insoupçonné...
Sans doute devrais-je, ne pas craindre l'absurde et me laisser emporter par la danse qu'offre cette idée, m'abandonner à commettre ce geste, moderne, contemporain.

lundi 20 mai 2013

Thermogenèse.

Hier, P. est passé. Nous n'avons pas été raisonnables ! Mais nous arrive-t-il de l'être ? J'ai constaté que les lendemains de ces soirées... "mystiques", étaient toujours légers et calmes...
Il est temps cependant de me reprendre en main. Quelques pompes, tractions et abdos, ces mouvements de yoga appris il y a déjà longtemps, et à nouveau courir chaque jour... Mentalement, je visualise bien cet effort quotidien et ses conséquences... C'est de passer du virtuel au réel qui semble moins évident ! Il faut dire que seul, tout est plus difficile. Avant, je courais seul, certes, mais c'était parce qu'en fait, je ne l'étais pas. J'étais habité, j'avais en tête une instigatrice qui filait comme une étoile et que je poursuivais. Toujours en état d'alerte, ma thermogenèse était maximale et continue...
Aujourd'hui, ma peau est toujours sèche. Quelle mystérieuse chose que la chimie des corps ; une émotion, un sentiment et tout s'emballe, ça monte dans les tours. En tête, plus qu'une idée, aiguiser ses sens, vivre le présent et faire mille hypothèses de l'avenir ; faire d’innombrables calculs de probabilité en intégrant la physique quantique et la métaphysique ; repousser les mauvais sorts ; voler a son secours, la veiller... Incanter démons et divinités, la planète et l'univers, l'infini... Se transcender ! Corps et âme, affûtés comme une lame.
Bon... On va peut-être commencer par aller courir, doucement... dès qu'il ne pleut plus. 
Et puis m'étirer, m'étirer dans tous les sens, dénouer chaque tension, me faire craquer... mais pas les doigts, ça me fait bizarre.

dimanche 19 mai 2013

Synapses défaillantes.

Ma difficulté à m'exprimer ici ces derniers temps vient de mon manque de passion. Je ne crois plus en ce que je fais, j'en suis même arrivé à trouver cela immature, stupide... Désuet. Ainsi, chaque ligne écrite requière des efforts pour passer outre ce qui me semble... Pas d'envolée, pas de transe, pas de magie... des mots concrets qui ne font pas voyager, des mots de mode d'emploi. Journal d'un ado puceau et mal dans sa peau, témoignage d'une médiocrité ordinaire.
N'étant plus habité, à peine hanté... j'ai la sensation de n'avoir plus rien à exprimer.
Tout est dans la tête, c'est le pourquoi de ces paradis artificiels, pour tenter de briser la torpeur. Je n’accède à rien de ce qui m'appartient sans cette autre, précieuse, dans les yeux de laquelle j'aperçois ce dont je suis porteur. 
Pourvu de neurones plutôt créatifs et singuliers, je suis handicapé par des synapses engourdies, que seuls de surpuissants neurotransmetteurs exacerbent suffisamment, pour me permettre d'atteindre mon originalité... 
Sans embrasement, je n’atteins mes facilités que par intermittence, qu'au travers d'infernales interférences. Terriblement conscient de tout cela, je préfère, parfois, y mettre bon ordre ou un peu de silence, en abrégeant ponctuellement l'activité défaillante de ces synapses qui ne font que m’allécher en m'accordant une perception diffuse de ce que je porte, sans jamais m'offrir la possibilité d'en profiter.
Alors qu'il suffit qu'une âme, incarnée en un être charmant, doux et lumineux, me regarde pour que s'éveille une passion me rendant inépuisable.

samedi 18 mai 2013

Lumière...

Jour de reprise ! Malgré ce décalage, me lever et y aller n'a pas été aussi inhumain que je le craignais. Indéniablement, un tel boulot est un vrai confort de nos jours, je suis heureux d'en être encore conscient... De retour  que font-ils donc tous sur la route le samedi  une sieste ne s'imposait pas, mais on reprend vite ce genre d'habitude... Certainement plus pour éviter l'ennui que pour récupérer... Bref, la reprise, ce temps de... quelle fichue déprime ! 
Ce manque de lumière chez moi, moins au propre qu'au figuré, me dessèche, me dévitalise littéralement... Je tente bien de retrouver quelques doux rayons dans mes souvenirs, je peux en voir, mais ce ne sont que des images mentales, dénuées de tout pouvoir, quand bien même ils étaient des plus puissants qu'il me fut donné de connaître. Il semble impossible d'en simuler les bien faits... et ce n'est pas faute d'essayer.
Tiens, je vais me distraire un peu... après être allé acheter du chocolat...

vendredi 17 mai 2013

Quelle tête !

Bon, c'est décidé ! Ce matin... enfin ce midi (je n'arrive pas à sortir des effets du décalage horaire), je me douche et sors pour aller me faire couper les cheveux. Je me suis fait peur au réveil... Je ressemble à Oh Dae-Soo, personnage principal joué par Min-Sik Choi, dans le film (culte pour moi) de Park Chan-Wook, "Old Boy". 
Le cinéma asiatique et particulièrement le coréen me fascine ; j'imagine que c'est pour ce surprenant mélange de cruauté et de poésie que l'on y trouve. Je ne sais pas d'où cela me vient, mais je me souviens que jeune, les films d'Ozu, en particulier "Voyage à Tokyo", m’hypnotisaient... sans que j'en comprenne la raison, à cet âge ma préférence allait habituellement vers ces grands films commerciaux. Cette façon de donner un sens aux plus infimes détails, aux scènes de vie les plus ordinaires... Je saisissais ce qu'il dépeignait... moi qui ne saisissais jamais rien de ce qu'on me disait à l'école... Je compris plus tard que cela révélait en fait ma nature contemplative.
Tout ça en contemplant ma tête ce matin, c'est vous dire... Dans mon idéal, j'aurais aimé paraître plus fou que je ne le suis. Manque de chance, c'est l'inverse. J'ai une apparence plutôt élégante et un visage qui exprime une certaine bonté, alors que je suis le type le plus... "effaré, égaré ?!", que je connaisse. Dans ces conditions, les rencontres de personnes avec qui ça colle sont difficiles et rares. Certes, elles n'en sont que plus belles... mais potentiellement douloureuses, par le fait.
Donc, je travaille ma coiffeuse (en tout bien tout honneur) pour qu'elle accepte de casser un peu cette élégance naturelle qu'ont mes cheveux à toujours se mettre au mieux. Pour l'instant, cela ne fonctionne que le matin au réveil... Enfin de façon un peu excessive, au point même de me faire peur...
Il n'y a rien de logique dans tout cela... Je ne sais pas ce que je veux... Je vous le disais...


jeudi 16 mai 2013

Mexican blues, y viva Zapata !

Il semble que le temps soit à l'image de la situation économique dans ce pays. Gris et maussade. Non ! Je ne vais pas me mettre à évoquer ici mes opinions politiques, économiques ou sociales ; pour être sincère, je serais même tenté de dire que je n'en ai pas, ce qui serait stupide. Cependant, ces débats sans fin ni but concret m'emmerdent, parce que comme beaucoup d'entre nous, mon opinion sort de mon nombril au centre duquel siège mon ego ; qu'il est aisé de constater que nous n'avons pas tous les mêmes, et que par conséquent s'entendre demande beaucoup trop d'efforts. J'ajouterai que je ne connais personne dont l'opinion n'ait pas un jour changée... Alors, à quoi bon ces interminables palabres ? Mes efforts de compréhension, de tolérance et d'empathie sont pour ceux que j'aime, je ne me sens pas capable de plus, je n'ai la dimension que de mon entourage immédiat... Qui plus est, ne m'intéressant pas vraiment à la "politique", je ne m'instruis pas et ne me reconnais donc aucune compétence en la matière. Ma nature me porte plus à me demander : "mais, qu'est-ce que je fiche ici ?", dès lors que la conversation se généralise. Alors, tous ces grincheux avec prétentions partout autour me filent le bourdon... 
Désœuvré, décadent et tourmenté avec cependant, je dois le reconnaître (et puis c'est bon pour moi) un bon fond, j'étais fait pour être rentier ; c'est là ma seconde conviction (inutile de rappeler la nature de ma première)... mais voilà, je suis mal né ! C'est là, une des causes de mon malheur.
En fait, c'est là un état d'esprit. Particulièrement depuis mon retour... Je me sens vide ! Retrouver tous ces tracas qui existent ici me déprime. Il semble que pour s'en sortir ici, il faudra bientôt parler quatre langues, avoir un doctorat en droit des affaires de toutes sortes, deux ou trois salaires, et je ne sais quoi encore ; la course à l’échalote a débuté ! Le premier arrivé en haut finira poussé par le second et ainsi de suite... Toute cette agitation, pour rien sinon du superflu... L'absurdité... La loi du nombre, du chiffre, du fric, du futile... Je préférerais gagner de quoi manger en tressant des chapeaux ou des paniers... En faisant du pain et du fromage...
Serait-ce la naissance d'une troisième conviction chez moi, que ces deux derniers siècles en nous apportant toujours plus de confort, nous ont fait perdre l'essentiel, et nous ont aliénés non seulement aux affres du "vide existentiel" mais pire encore, à la "volonté de puissance" de chacun... 
Allez, même dans le domaine de l'Art, quoi de neuf depuis le Surréalisme (hormis la danse contemporaine, et je ne dis pas cela pour m'attirer un peu de reconnaissance) ? Des écrans plats pour regarder le foot, des séries et des émissions de télé-réalité ; la consécration de l'immoralité politique, religieuse, artistique et de l'escroquerie affairiste, et inversement ? Ah oui, j'oubliais, on peut vivre plus longtemps... Certes, avec Alzheimer, Parkinson, des fuites urinaires... une libido en berne sinon moribonde sans les pilules bleues de l'industrie pharmaceutique... Et aussi cette découverte incroyable, d'un traitement pour redonner leur couleur aux cheveux devenus blancs (ne concerne pas ceux qui les ont perdu, évidemment)...
Sans doute est-ce là une tendance naturelle au nihilisme, qui se révèle chez moi ? Une nature enfouie de révolutionnaire... Ce doit être l'influence de Zapata ? Bien que je préférerais être sous celle de Frida kahlo ("monosourcil" comme l’appelle J., fort dépitée d'ailleurs que dans la boutique souvenir de la demeure-musée de l'artiste, il n'en soit pas vendus)...
Légèreté et dérision, voilà ce qui m’apaise, à défaut des doux murmures de...  d'une muse...
Voilà ! L'exercice constituait à citer dans un texte de quelques lignes : le temps qu'il fait, la situation économique et mon je-m'en-foutisme ; la course à l'échalote, Nietzsche ; l'immoralité, les fuites urinaires et ce stupide traitement contre les cheveux blancs ; ma tendance nihiliste, Zapata, le Surréalisme, Frida Kahlo ; J., sans oublier mon persistant hommage à... la muse perdue. Avec l'obligation de glisser quelques familiarités et une grossièreté.

mercredi 15 mai 2013

Syndrome d'Argos.

Quelle étrange sensation que de ne se sentir plus appartenir à rien. De constater que tous ces repères auxquels on s'accrochait ont terni, ne font plus effet... Comme-ci, ce qui jalonnait ma vie d'avant ce voyage n'était plus désormais qu'un souvenir, qu'une image...
Ne subsiste de cet avant qu'un sentiment, ce même et puissant sentiment... paraissant du coup plus fort encore, plus éclatant de ses couleurs, de ses émotions et de ses douleurs. Comme une robe qui aurait été oubliée ou volontairement abandonnée dans le placard de ma vie...
Il faut dire qu'hier, étant allé chercher V. dans sa villégiature champêtre, je fus aussi soudainement que violemment saisi par le parfum des Lilas. Une floraison si tardive cette année que j'en avait un peu oublié que le printemps avait commencé. Tout se fait trop longuement attendre cette année...
J'étais devant un lilas délicieusement odorant et rouge-bleu sang... Un lilas, qui pour moi lors d'un après-midi de début de printemps était devenu si poignant qu'il m’essouffle encore aujourd'hui.
Je marche sur le passé, la tête dans ce qui naît, et reste indéfectiblement fidèle à ces rares et précieux élans qui m'ont poussé... qui me poussent, que j'espère...




lundi 13 mai 2013

C'est à dire.

Avant j'aurais été inquiet de cette faiblesse ; abandonner cet espace, claquer la porte fièrement... puis revenir une fois encore ! Mais aujourd'hui, je n'en suis qu'ému, et je reconnais qu'au fond je ne m'en sens que mieux... Ce pour quoi cela pourrait me faire passer m'est désormais bien égal, je ne suis que celui que je suis. Incapable de nuire excepté à moi-même... Et s'il m'est arrivé de commettre l’insupportable, c'était sans mauvaises intentions, ce n'était que le débordement d'un profond désarroi.
Bon ? Je m'y sens bien ! Certes, un petit rafraichissement ne serait pas du luxe. Cette tentative d'un autre espace m'en a donné l'envie. Oh, quelque chose de simple, presque indéfinissable, tout aussi minimaliste. Il ne s'agit que d'un écrin, si j'ose dire. Quoi qu'il en soit, l'essentiel n'est pas là !
J'accepte de ne pas oublier... J'accepte que le fait de ne pas toujours en parler ne signifie pas forcément de ne plus en être habité ; et même que cela me submerge encore, parfois... souvent... J'accepte de vivre avec ce manque, ai-je le choix ? Faire du mieux possible, quand bien même je ne suis capable que de peu. J'accepte que la seule chose qui soit en fait pathétique, ce soit la qualité de l'estime que j'ai pour moi, et de corriger cela. Bref, j'accepte tout... vaincu, mais finalement, heureux d'être rentré !
Voyons jusqu'où nous irons...

dimanche 12 mai 2013

Oaxaca, paradis terrestre.

Un peu perdu... à peine rentré d'un long voyage, d'un doux séjour, dépaysant.
D'abord au pied d'un homme devenu volcan, pour pouvoir éternellement veiller sur cette femme allongée, nue et blanche... 
Puis dans les ondulations chaudes et douces, puissantes et charnelles, d'un océan Pacifique aux teintes bleu et vert pastel. Sans autres luxes et confort que ceux offerts par la nature et le dépouillement de ceux qui vivent là. 
Repus de fruits et légumes et tout particulièrement de ces excellents avocats et de cette divine sativa d'Oaxaca, aux effets légers et limpides procurant un bien-être exceptionnel.
Quelques dangers protègent encore ce paradis terrestre des cupides et imbéciles qu'on dit civilisés... Combien de temps encore avant qu'ils ne fassent de cette côte ce qu'ils ont fait de l'autre côté ?
(journal de mes sensations)