(journal de mes sensations)

mercredi 24 avril 2013

Un fil d'âme

Je me surprends à chercher un tour de passe-passe pour revenir à ces pages précédentes, poursuivre plutôt que recommencer... Ici, c'est un peu comme un nouvel appartement, dans un nouveau quartier avec une lumière inhabituelle des bruits et des odeurs inconnus... auquel je ne me ferais pas.... Ici, je n'existe pas encore. Tout est trop net, il n'y a pas de traces, pas de vie... Pas d'éclats, de rires, de douleurs, de bêtises... Et aucune étoile, même toute pâle, alors que le ciel est si clair.
Là bas, si je ne la voyais plus, c'était à cause de ses sombres nuages derrière lesquels elle se cachait... mais j'avais toujours l'espoir qu'un jour, le vent les chasse.
Je pensais qu'ici, cela redeviendrait naturel, que je retrouverais la même aisance et que l'envie quotidienne resurgirait... 
J'ai toujours manqué de patience.
D'un autre côté, là-bas il y en avait tant que je ne savais plus dans quel sens poursuivre, comment ne pas perdre le fil ou rester fidèle sans en faire trop ? Tant de bonnes raisons... une, cependant, moins élégante, pèse sur ma conscience... Agissant ainsi, je pensais l'atteindre, peut-être même la priver d'échos qu'elle aimait écouter... en retour de cette privation qui accompagne chacun de mes jours, que j'écrive ou pas... Acte d'un désespéré, plein de vanité, de déjà croire que cela puisse la toucher... qui trouvait parfois que cela lui était trop facile... et que cette iniquité, insupportait.
C'est étrange, bien qu'étant d'une nature encline à trancher, dans son cas, je ne peux m'y résoudre... c'est en permanence que quelque chose, à l'image d'un fil rouge, d'un fil d'âme, m'en dissuade.
(journal de mes sensations)

lundi 22 avril 2013

Qui ne tente rien n'a rien !

Aujourd'hui, je n'avais qu'une seule chose à faire, tout tenter afin d'obtenir un passeport valide pour la fin de semaine. Autant dire, gravir l'Everest !
Qui ne tente rien n'a rien !
Je passe sur les détails, les acrobaties, etc. Mais ce qui dès les premiers coups de téléphone s'avéra tout à fait irréalisable prit soudain une tournure surprenante dès lors que n'ayant plus rien à perdre je tentais un coup de poker.
Deux personnes au moins, jeunes femmes travaillant pour l'administration, me firent reprendre espoir, sinon en la société, en la possibilité qu'il y ait dans les services publics, des employés attachés à la notion de service, capables d'écoute, de compréhension et de gentillesse tout simplement... 
À onze heures j'étais dans leur bureau, reçu avec des sourires, en offrant moi-même à qui voulait... À onze heures trente, j'en sortais, sachant que tout serait fait pour que je puisse espérer, raisonnablement, en obtenir un pour vendredi après midi. Bien entendu, des imprévus subsistaient, étant dans l'exceptionnel on ne pouvait jurer de rien... mais deux heures plus tôt, pas encore lavé, n'ayant même pas fait mon thé, tout était fichu ! Alors, il ne me restait plus qu'à y croire et à me projeter dans cet avenir...
De retour chez moi, je n'en revenais pas de mon exploit, de cette capacité à réagir toujours présente à peine était-elle stimulée... 
C'est l'idée de la déception qu'en aurait eue J, qui m'a fait me dépasser et positiver, attirant ainsi la chance ou, du moins, les bonnes intentions d’autrui... Ma muse... elle aussi, m'amenait à me dépasser.
(journal de mes sensations)

dimanche 21 avril 2013

Le sort s'acharne...

Depuis un peu plus de deux ans, je vis détaché de presque tout... je n'ouvre que rarement mon courrier ; ne me soigne que lorsque j'arrive au bout de ma résistance au mal ; reste la majorité de mon temps libre seul chez moi, ne fréquente qu'une poignée de personnes dont quatre chats et un chien.
Hier soir, sous le coup d'un choc que j'évoquerai plus tard, j'ai cédé aux insistances de P, de me rendre à un dîner qu'il organisait dans le cadre de son association d'anciens élèves de... grand lycée parisien que j'ai fréquenté, en dilettante, durant deux ou trois années, je ne me rappelle plus bien... 
Il me semblait important pour moi de ne pas rester seul ce soir à ruminer ma déveine... et ce pouvait être l'occasion de saisir une image de celui que je suis au travers du regard d'autres qui ne me connaissent pas.
À mon grand dam, il me semble avoir un peu cabotiné... Soit je m'efface soit je m'abandonne à la vanité. Riant et me moquant de tout, de tous et, heureusement, en premier lieu de moi-même. Je doute cependant que cela relève chez moi d'une véritable humilité, je crains même qu'il y ait là un soupçon de stratégie, ayant compris que c'était la plus sûre façon de désarmer l’ennemi...
Il faut dire que le vin était mauvais et que j'en ai abusé... dans les limites de l'élégance bien entendu. J'ai pour principe de savoir rester digne, dans toutes circonstances...
Le problème avec ce genre de réunion d'anciens élèves, c'est que tous sont anciens... Et cela se sent tout particulièrement chez les femmes... Alors, forcément, ce n'est pas pour me redonner le moral et l'envie de sortir... Je dois quand même reconnaître avoir retrouvé, avec plaisir, un ancien camarade plutôt sympathique et avec qui nous avons passé un agréable moment.
Pour en revenir à mon propos plus haut, cette incapacité à gérer les choses quotidiennes administratives, elle n'est que très peu problématique dès lors que je me cantonne à rester hors du monde. Depuis six mois, nous projetons un voyage au Mexique pour rendre visite à I, qui s'y trouve depuis janvier et ce jusque cet été. Ayant constaté les dates de validité des passeports correspondaient à ce que demandait le consulat du pays, j'avais jugé inutile de refaire le mien qui restait valable au-delà de notre retour. Hier, j'ai constaté que cette légèreté s'avérait être une grave erreur. La compagnie d'aviation, le gouvernement français et le consulat du Mexique ne semblent pas avoir les mêmes règles... Et il semble bien que ce soient celles de notre gouvernement qui prévalent ! Le constat est d'autant plus amer, que je n'ai plus le temps d'en faire faire un nouveau. Je suis dépité, catastrophé, et plus encore quand je pense à la déception de L, I, D et particulièrement de J. Cette sensation de ne lui avoir apporté que des peines me bouleverse plus que de raison... Je vacille ! 
Certes, tout espoir n'est pas perdu, je vais essayer un coup "fumeux" ; mais je sais, par expérience, qu'à jouer avec l'administration il y a de grandes chances pour que cela se termine à mes dépens. Je craignais ce voyage tout autant que j'étais impatient d'y être. Une fois de plus, je me sens comme abattu en plein vol.
(journal de mes sensations)

samedi 20 avril 2013

C'est déjà ça...

Quelle extase ! Une nuit, certes, un peu courte, mais d'un total abandon. Au réveil, je retrouve les sensations délicieuses qui concluent un besoin enfin comblé... j'avais oublié ! Mon esprit clair ne cherche, tout comme mon corps, qu'à s'étirer, qu'à s'étendre en tous sens ; j'aurais aimé rester un peu plus longtemps couché, mais c'est déjà bien...
Je vais finir par vouer un véritable culte à ce poison. Lui ériger un jardin...  
Bien sûr, dans ces moments où tous les sens se réveillent, me manque l'essentiel : la douceur tiède et poudrée d'une autre peau... la tendresse accueillante et ensommeillée d'une autre âme... 
Cette autre source de chaleur, cet autre souffle... Cet autre qui ne veut qu'adoucir, arrondir tous ces angles autour... Cet autre qui déjà, simplement, vous regarde.
Cet autre, dont la seule présence générait dans mon organisme, d'identiques réactions chimiques... mais, infiniment plus puissantes et durables.
Enfin... ces vapeurs, vertiges artificiels de soupirs bien réels... c'est déjà ça.
Tout ne tient, finalement, qu'à la subtilité du dosage.
(journal de mes sensations)

vendredi 19 avril 2013

Illumination d'âme ou délicatesse morale ?

Ma conscience me fait mal... encore une de ces alertes comme j'en ai connu mille et une... C'est à chaque fois la même histoire, à peine me suis-je résigné à me couper d'elle, que quelque chose de fort m'interpelle. Âme, conscience, instinct, m'assaillent sans relâche et réduisent mes velléités de liberté en un petit tas de poussières, qu'ils balayent et dispersent au vent ! C'est une sensation bien plus subtile que l'obstination d'une certitude ou l'exaltation d'une conviction ; elle ne m’envahit que dans ces moments où je me résigne, où n'en pouvant plus, j'abandonne. Sentiment, à la fois si intime et si étranger que je ne suis sûr de rien... hormis d'une seule chose, ce n'est qu'en réhabilitant ces espoirs jugés insensés, que je peux retrouver un souffle de paix.
Abandonner cet espace, le symbole de ce qu'elle m'évoquait et de ce qu'elle est pour moi ; l'ultime lien qui me permettait, malgré son incompréhensible désincarnation... d'encore l'atteindre, de peut-être, la toucher. 
Quitter ce lieu qui m'a recueilli et réconforté, plus surement que mon domicile, chacun des jours de ces dernières années. Ce havre qui donnait à tous ces souhaits secrets qu'enfant j'avais, une soudaine réalité.
Laisser derrière moi, la quintessence de cette gratitude que je lui voue, malgré tout... 
Si, comme Courteline le disait : "L'amour n'est fait que du désir d'avoir ou de la gratitude d'avoir eu." Alors, la gratitude, n'en est-elle pas la plus belle part ?
Et cette étonnante sensation qui invariablement me submerge chaque fois que je tente de l'oublier, d'effacer ses traces en moi... Illumination d'âme ou délicatesse morale ?
(journal de mes sensations)

jeudi 18 avril 2013

Cette amitié.

Première nuit de sommeil, soit un peu plus de quatre heures d'affilée, sans rêves (enfin, dont je me souvienne), sans réveils... Il faut dire qu'hier, P est passé, tard dans la soirée. Ce fut l'occasion d'expérimenter une nouvelle technique, beaucoup plus... saine. Indéniablement emballante ! Que dis-je grisante !
Hum... P, m'a alors fait part de son sentiment de culpabilité pour avoir incité son camarade à pareille déchéance... Je ne lui ai pas montré cet ange déchu, abattu, que je porte en moi, il faut dire qu'il n'était déjà plus tout à fait lui-même.
Le regardant, je ne pus m’empêcher de lui signaler qu'il avait l'allure d'un fou furieux... Ce qu'il reconnut volontiers argumentant même que ses clients avaient peur de lui, qu'ils ne savaient jamais sur quel pied danser avec lui... ni combien de temps le rendez-vous allait durer...
Ses scrupules aussi vite dissipés qu'ils étaient apparus, nous finîmes par dîner... en apesanteur...
Entre nous, nous n'évoquons jamais cette poésie que j'adore, et moins encore ces auteurs que je vénère ; la mélancolie ou la métaphysique... Notre relation se borne à l'essentiel, aux sensations vitales, animales et à la grivoiserie. Nous savons que nous pouvons compter l'un sur l'autre en cas de coup dur ; nous nous reconnaissons de la même famille, faisons abstraction de nos différences tout en les respectant. Une relation brute de décoffrage qui flatte mon côté mâle et me soulage de mes indélicatesses reptiliennes...
Nous avons vécu des expériences similaires, nous avons certainement des tares sinon identiques, qui se complètent. Sans doute, trouvons-nous de réels intérêts à être ensemble, et tant que cela durera, notre amitié perdurera. Hormis quelques indélicatesses, il est d'une grande franchise et d'une totale loyauté, son élégance à lui en quelque sorte...
Je reconnais cependant qu'il ne stimule pas ma nature créative, ni la confiance en moi et moins encore, le désir... il ne me fait pas grandir ! C'était là, les apanages d'une tout autre relation...
(journal de mes sensations)

mercredi 17 avril 2013

Première tentative de renouement...

Hier soir, j'étais tendu, la nuit précédente avait été difficile, entre autres... Après quelques hésitations d'ordre moral peut-être, psychologique, plus certainement... J'entrepris de me détendre... Une quantité que l'on pourrait qualifier de médicinale, j'ai toujours eu tendance à la délicatesse... 
Grand bien m'en avait pris, d'avoir cédé ainsi ; car malgré une nouvelle insomnie, ces quelques heures bien-en-tête, volées à ma réalité quotidienne, m'ont fait un bien fou...
Pas de lendemain chagrin, bien que levé trop tôt, le bien haut la main l'emportait. Mes épaules étaient plus souples, ma nuque plus tendre. J'y suis allé avec moins de retenues... Sinon avec des idées, avec l'envie d'en avoir déjà une.
Je dois dire, quand même, que je me sens moins affable. Un peu comme si le vide de ces derniers jours raisonnait en moi et que cet écho occupait l'espace ne laissant que peu de place à ma petite voix.
J'arrive ici, comment dire ? Dévasté, par ces deux dernières années. Je ne me ressemble plus, je ne me reconnais pas. Engoncé physiquement, je suis mal dehors, je suis mal dedans. Psychologiquement, je dois être aux abois quand bien même ça ne se voit pas. Il faut tout reprendre, en aurais-je le courage ?
Ce soir je vais sans doute m'adonner encore à ce plaisir interdit... Il y a, pas mal d'années, j'avais cette attirance pour la décadence... Je m'y sens en plein, mais finalement, ça ne me plaît pas tant que ça. Quelle drôle d'histoire la vie qu'on a ; on se souhaite ainsi, puis on croit qu'on oubli, et quand on s'aperçoit l'être devenu, comme y ayant inconsciemment travaillé, on en est tout bouleversé et même, on se reproche que ce ne soit pas là ce qu'on voulait...
(journal de mes sensations)

mardi 16 avril 2013

Oraison...

Quinze jours sans écrire suffisent à distendre mon temps, invraisemblablement... plus rien ne m'attire, je ne suis plus que tristesse infinie. Il faut qu'à nouveau je me lance. Malgré la crainte des maladresses, malgré la peur de manquer de sens. 
Me couper d'écrits et chuchotements est bien plus difficile que je ne l'imaginais... C'est la perdre, une fois encore... tout à coup, je me sens vide d'émotions. J'ai tranché cette ramification, majeure, qui en donnait tant à ma vie, ce qu'elle avait appelé, notre travail...
Seul, je me suis acharné le plus loin possible dans l'incompréhensible, j'ai plongé à perdre haleine aussi profondément que j'ai pu... jusque dans mon imaginaire, pour extraire l'essence des plus infimes traces de mes sensations, inexorablement évanescentes. 
C'était un dilemme, dramatique comme seuls les dilemmes peuvent l'être. Forcer ma nature à donner un autre sens à ce précédent recueil, risquant, avec le temps, d'en noyer l'essentiel ? Ou, au cours de son apparent élan, me glisser doucement hors de son bord, et le laisser aller... Fantôme illuminé, abrégé, écrin féérique de ce si délicieux poison qui désormais ne circule que dans mon sang, inéluctablement, jusqu'à avoir raison de mes sensations, de mes émotions, de moi...
(journal de mes sensations)

vendredi 12 avril 2013

Tentative d'une autre vie

Un autre espace, un peu différent, un peu semblable... parce que certaines marques ne s'effacent jamais tout à fait... Afin de poursuivre ce qui, me semble-t-il, ne pouvait plus l'être sur le précédent. J'avais l'insoutenable sensation de n'y plus trouver d'élan.
Une fuite, peut-être, la tentative d'une autre vie...
(journal de mes sensations)

lundi 1 avril 2013

À force de hoquets...

Pas un bourgeon, pas même une fleur, de celles précoces qui encouragent... On est passé au mois suivant, on a même changé d'heure... mais pour ma part rien à changé... Même vide, même désintéressement... J'ai pulvérisé les limites de l'à-quoi-bon, pénétrant le vaste je-m'en-foutisme ! 
Ça traîne, ça peine... Ça ne m’emmène plus... À force de hoquets, on finit par caler.
La grande dérive... Plus aucune planète en vue, pas même une étoile... 
Alors... sans chaleur, sans désirs, sans douleurs... sans lumière...
Franchement... Tout m’emmerde ! 
Là... à cet instant, je n'y crois plus