(journal de mes sensations)

jeudi 6 décembre 2012

Les eaux de mars.

D'abord, il y a Antonio Carlos Jobim... Vinicius de Moraes, Toquinho, chico Buarque, Joao Gilberto, Elis Regina, Gal Costa, tant d'autres et la Bossa Nova. La première chanson qui fit de l'enfant que j'étais, un chanteur enthousiaste, dès qu'il se trouvait seul... "Àguas de Março", fut sans aucun doute ma première chanson préférée. Je sentais, sans comprendre, toute la poésie de ses paroles, sa dimension, cette magie qui la distinguait. Bien que ne sachant pas le Portugais, je devinais la signification de certains mots et je fredonnais, improvisant le reste des paroles, choisissant les mots qui rimaient le mieux avec ce rythme et ces sonorités qui me fascinaient. Je peux dire que bien avant Baudelaire, c'est Antonio Carlos Jobim qui m'initia à la poésie sans que j'en aie vraiment conscience. La musique, les voix, leur tonalité... ces mots étrangers qui dansaient, mes mots... tout cela me touchait, je découvrais la richesse de mes émotions, j'apprenais à en jouer...
Enfant solitaire, j'étais néanmoins en quête d'amitié et de fréquentation, je laissais la Bossa Nova, cataloguée comme musique d'ascenseur et de supermarché par ceux de mon âge, pour passer à la Pop... Il faut croire que je manquais déjà de caractère pour ne pas oser m'imposer avec mes goûts, mes idées et ma sensibilité... Mais, je n'ai jamais oublié "Les eaux de Mars" et ce duo enchanteur que formaient Elis Regina et Carlos Jobim.
Il y a peu de temps, écoutant comme à l'accoutumé, TSF, j'entendis une version en français de cette chanson qui m'avait constitué. Une voix envoûtante et que l'on sent pourtant si vulnérable... qui plus est, avec un accent Anglo-saxon... réveilla mon ancienne passion. À peine rentré chez moi, je m'enquis de découvrir la féminité que je devinais derrière ce ramage. Ce fut une belle émotion... Stacey Kent, possède un sourire et un charme fou, le genre de charme qui me bouleverse, tant il est l'expression d'une magnifique humanité... Un charme, un sourire tout en douceur et, émanant d'elle comme une aura, la tendresse à l'état pure... un caractère, que j'ai si bien connu... Avec, en plus, une façon, que je croyais unique jusqu'à maintenant, de dire "nous"...

Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire
C'est un éclat de verre, c'est la vie, le soleil
C'est la mort, le sommeil, c'est un piège entrouvert

Un arbre millénaire, un nœud dans le bois
C'est un chien qui aboie, c'est un oiseau dans l'air
C'est un tronc qui pourrit, c'est la neige qui fond
Le mystère profond, la promesse de vie

C'est le souffle du vent au sommet des collines
C'est une vieille ruine, le vide, le néant
C'est la pie qui jacasse, c'est l'averse qui verse
Des torrents d'allégresse, ce sont les eaux de Mars

C'est le pied qui avance à pas sûr, à pas lent
C'est la main qui se tend, c'est la pierre qu'on lance
C'est un trou dans la terre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire

C'est un oiseau dans l'air, un oiseau qui se pose
Le jardin qu'on arrose, une source d'eau claire
Une écharde, un clou, c'est la fièvre qui monte
C'est un compte à bon compte, c'est un peu rien du tout

Un poisson, un geste, c'est comme du vif argent
C'est tout ce qu'on attend, c'est tout ce qui nous reste
C'est du bois, c'est un jour le bout du quai
Un alcool trafiqué, le chemin le plus court

C'est le cri d'un hibou, un corps ensommeillé
La voiture rouillée, c'est la boue, c'est la boue
Un pas, un pont, un crapaud qui croasse
C'est un chaland qui passe, c'est un bel horizon
C'est la saison des pluies, c'est la fonte des glaces
Ce sont les eaux de Mars, la promesse de vie

Une pierre, un bâton, c'est Joseph et c'est Jacques
Un serpent qui attaque, une entaille au talon
Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire

Un point, une bosse, une tâche, un cou, un geste, une aiguille, une guêpe, un coup

L'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond
Ce sont les eaux de Mars dans ton cœur tout au fond

Un pas, une pierre, un chemin qui chemine
Un reste de racine, c'est un peu solitaire...

C'est l'hiver qui s'efface, la fin d'une saison
C'est la neige qui fond, ce sont les eaux de Mars
La promesse de vie, le mystère profond

Ce sont les eaux de Mars dans ton cœur tout au fond


É pau, é pedra, é o fim do caminho
É um resto de toco, é um pouco sozinho
É um caco de vidro, é a vida, é o sol
É a noite, é a morte, é um laço, é o anzol
É peroba do campo, é o nó da madeira
Caingá, candeia, é o Matita Pereira

É madeira de vento, tombo da ribanceira
É o mistério profundo, é o queira ou não queira
É o vento ventando, é o fim da ladeira
É a viga, é o vão, festa da cumeeira
É a chuva chovendo, é conversa ribeira
Das águas de março, é o fim da canseira
É o pé, é o chão, é a marcha estradeira
Passarinho na mão, pedra de atiradeira

É uma ave no céu, é uma ave no chão
É um regato, é uma fonte, é um pedaço de pão
É o fundo do poço, é o fim do caminho
No rosto o desgosto, é um pouco sozinho

É um estrepe, é um prego, é uma conta, é um conto
É uma ponta, é um ponto, é um pingo pingando
É um peixe, é um gesto, é uma prata brilhando
É a luz da manhã, é o tijolo chegando
É a lenha, é o dia, é o fim da picada
É a garrafa de cana, o estilhaço na estrada
É o projeto da casa, é o corpo na cama
É o carro enguiçado, é a lama, é a lama

É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã
É um resto de mato, na luz da manhã
São as águas de março fechando o verão
É a promessa de vida no teu coração

É uma cobra, é um pau, é João, é José
É um espinho na mão, é um corte no pé
É um passo, é uma ponte, é um sapo, é uma rã
É um belo horizonte, é uma febre terçã
São as águas de março fechando o verão
É a promessa de vida no teu coração

Antonio Carlos Jobim.

Toute ma poésie vient de là.
Ah, oui, le lien, en haut à droite dans la rubrique "ce qui me touche", avec aussi l'original, par Elis Regina et Carlos Jobim.

4 commentaires:

  1. Il y a dans votre blog quelque chose qui me fait un bien fou. Votre sélection musicale est toujours en harmonie avec votre façon si poétique d'écrire. Vous me faites découvrir des artistes magnifiques et vos belles émotions.
    Pardonnez-moi pour cet étalage anonyme, mais je trouvais important de vous encourager. Même discrètement, on ne le fait jamais assez.
    Bonne continuation.

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  2. Merci pour cette... discrétion !
    Vous n'imaginez pas le plaisir que j'ai à vous faire autant de bien...
    Il est finalement plus facile de répondre à d'injustes critiques, qu'à pareils compliments. J'essaye donc l'humour.
    Bien à vous

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  3. Bonjour! Merci pour ce billet qui m'a permit de découvrir le poème dans sa langue originale , et le duo qui a éveillé votre passion pour cette chanson.
    Personnellement j'ai découvert les "Eaux de mars" avec Georges Moustaki! Elle me remue vraiment, sa voix et les instruments sont parfaits =)

    Je vous recommande chaudement cette version (que je préfère un peu à celle de Stacey Kent ^^).

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  4. Bonsoir,je me suis permis de copier les paroles de la chanson, j'adore votre écriture....je reviendrais vous lire
    http://mamandejumeauxblog.com/

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