(journal de mes sensations)

samedi 31 mai 2014

Oser !

Ce n'était pas une surprise, c'était planifié... Mais plus l'échéance approchait, plus on pouvait sentir cette hésitation, cette méfiance enfler et les craintes, que les plus réfractaires au changement ne pouvaient s'empêcher de colporter comme des vérités, se faisaient de plus en plus sombres... Tout à coup, ce que l'on avait jusqu’à présent, sans cesse, décrié s'avérait aujourd'hui posséder toutes les qualités...
Ce nouvel outil informatique remettait en cause tous nos acquis, tous nos réflexes professionnels, alors il n'arrivait pas à la cheville de l'ancien.
Pour ma part, bien qu'un peu anxieux des efforts qu'il allait falloir fournir pour retrouver mes aisances, je dois avouer que j'étais relativement excité par curiosité ainsi que par le challenge à venir.
J'ai la chance d'avoir une capacité d'adaptation assez extraordinaire, et j'aime bien qu'elle soit sollicitée, mise à l'épreuve, de temps en temps...
Mais cette qualité n'a pas que des avantages, à propos de certaines autres choses, sur d'autres terrains... je suis, en effet, capable de rester à supporter l'insupportable. C'est certainement qu'il me manque quelques qualités et parmi elles au moins une essentielle, pour réussir à se distinguer : oser !
Le vrai malheur, c'est d'en avoir conscience, une bien trop fine conscience !
"Une conscience trop fine est plutôt un mal qu'un bien et nuit à la santé de l'âme." Euripide.
Et je me sens comme un prisonnier, qui plus est ignoré, parce qu'enfermé dans un carcan ridicule. Un peu à l'image d'un autiste ou de l'un de ces malades atteints du syndrome du "Locked in".

lundi 26 mai 2014

À suivre...

Par où commencer ? Mes idées se bousculent... Je sais qu'il faut me calmer, laisser faire, mais c'est plus facile à dire qu'à faire !
... J'ai repris la clope ! Il y a quelques mois. Je n'en fume que deux ou trois, toujours le soir. Beaucoup plus si c'est à l'occasion d'un verre avec des proches, mais parfois aucune. À l'occasion de ces quelques abus, les premières sont plaisantes, les suivantes, de stupides réflexes... Et le lendemain, toujours, je les regrette. Comme par souci d'équilibre, deux sentiments se contredisent, le premier revendique le plaisir, un laisser-aller au plaisir aussi morbide soit-il... Le second me reproche d'avoir failli... d'avoir mis fin à une œuvre poursuivie treize ans durant !
Ce qui m'ennuie le plus, ce sont des détails, comme cette haleine désagréable et cette odeur sur soi, chez soi... Mais pour l'instant, je m'en accommode, je n'ai personne à embrasser, personne à enlacer !
C'est un peu comme la reprise de ce journal. Reprise... je m'avance un peu ! Disons la résurrection d'une envie ou, peut-être, d'une nature... Quoi qu'il en soit, il faut que j'évite de m'emballer, que je me contente de n'en faire qu'à mon cœur !
Je dois dire que D. y est, involontairement, pour quelque chose. J'ai découvert, lors d'un récent voyage, qu'elle tenait un journal... Déjà, trois gros cahiers, tous semblables, noirs et sobres. Toujours écrits à la main, où qu'elle se trouve, dès que ça la prend. Je suis admiratif !
Nous en avons parlé, non pas du contenu, mais de ce que l'on ne sait pas pour quoi, ni pourquoi cela nous pousse à ça.... j'ai alors découvert en elle des sentiments que j'ai. J'imagine que cela m'a encouragé à surmonter cette honte d'avoir arrêté, celle qui vous pousse à la lâcheté plutôt qu'à recommencer.
Il faut dire que j'avais perdu le sens du présent... Je tentais de faire de mes désirs la réalité, je cherchais même, parfois, à orienter l'avenir. Je dois me concentrer essentiellement sur ma vérité ; la Vérité n'est qu'un leurre... 

samedi 24 mai 2014

Cette tendresse désespérée...

Je suis, sans doute, le plus surpris ! C'est en fait, la faute d'une petite bulle d'émotion qui semble avoir réussi à s'immiscer, bien malgré moi, à travers les mailles de... ces attitudes... de vie que je m'impose désormais.
Elle éclate à l'instant me poussant à cela... quelques jours après que le choc a eu lieu, preuve évidente de l'existence d'une profonde fissure.
Un choc provoqué par un visage, aperçu dans un film... c'est stupide ! Un film sans intérêt, hormis cette actrice, sa silhouette, son visage, sa douceur si particulière. Une actrice que je n'avais jamais vue avant ! Sans que je puisse dire pourquoi et même que je m'en aperçoive, ce visage éveilla tout doucement mon intérêt, me charmant au fur et à mesure des scènes... puis, il me bouleversa... comme l'avait fait un jour celui qu'il venait de me rappeler. C'est au détour d'un angle, d'une expression ou d'une ombre passante, que je me fis surprendre... Bon sang ! je n'ai vraiment aucune contenance de caractère !
Perturbé, j'ai voulu en savoir plus, qui elle était, d'où elle venait... et au fil des photos observées ces similitudes que j'avais devinées se confirmèrent, me donnant la sensation à chaque fois de recevoir une décharge électrique.
J'en rêvais la nuit suivante. Ce visage, tout à la fois, anguleux et d'une extraordinaire douceur, si volontaire et pourtant si terriblement anxieux ; ce visage, baisait mes lèvres et mes tempes avec cette tendresse désespérée... qu'aucun autre être n'avait su m'offrir avant et, j'imagine, qu'aucun autre être ne saura m'offrir...
Il faut que ce manque soit d'une extraordinaire violence pour être à ce point et après tout ce temps passé, encore capable de me faire ainsi vaciller.
J'ai compris que je ne serai jamais celui que je me destinais à être... que quelque chose d'irréversible s'était produit, m'avait fauché ou plus vraisemblablement, changé... et qu'il me faut dorénavant penser différemment. Après ces dernières années, passées dans le silence et l'isolement, j'ai, aujourd'hui, l'impression de sortir d'une longue dépression, d'un drôle de sommeil. Je prends la mesure de ce dont je m'extrais avec tant de difficulté... N'ayant d'autre choix que celui d'accepter d'être à jamais différent, à jamais... marqué !
Je me dis que ce qui a été vrai et sincère ne peut s'oublier, alors qu'il faudra bien faire avec... Et que derrière chacune de mes insouciances passagères, une vision, une odeur, une sensation... pourrait tout à coup me gifler.