(journal de mes sensations)

samedi 9 juin 2012

Ce n'est pas lui, c'est ce qu'il porte...

Hier, c'était l’anniversaire de mon père... 
Depuis quelques années, nous nous contentons d'un coup de fil, éventuellement, d'un courriel... Plus que de ne pas souhaiter s’appesantir sur un événement qui prend, d'année en année, figure de drame... c'est une faillite ! 
Je ne suis certainement pas un fils facile, mais lui n'est pas un père facile. Depuis quelques années nous nous éloignons l'un de l'autre, ne nous comprenant plus ; nous sommes nous, un jour, entendus ? 
J'avoue mon incapacité, aujourd'hui, à supporter les certitudes auxquelles il s'accroche comme un naufragé. Et je souffre de le voir ainsi vivre dans l'aigreur, alors, je fuis pour ne pas me confronter à ses peurs quand bien même il les muselle tant qu'il peut... Il porte le poids de décisions qui ne furent que des fuites, jamais des choix. La vie semble s'être toujours imposée à lui. Dès son enfance, ce sont d'autres qui décidèrent pour lui et, le poussèrent à fuir. Puis, il le fit toute sa vie ; jusqu'à aujourd'hui où il tente, désespérément, de se fuir lui-même. Portant, comme un força porte ses chaînes, ses échecs ! À voir ses réactions aussi désespérées que disproportionnées, je sens qu'il s'affaiblit. La marque de son caractère volontaire ne s'exprime plus que par des certitudes comme des murs de prison, des prises de positions tranchantes, des emportements excessifs à propos d'événements aussi irréversibles qu'inévitables... Conscient d'être dans une impasse, mais incapable de reculer, il a décidé de foncer tête baissée... de s'isoler ! Et je n'ai pas l’énergie de le sauver ! Voilà qui peut paraître prétentieux de ma part, de penser pouvoir sauver quelqu'un. Mais j'ai cette intime conviction d'être un sauveur, ou plus exactement, un de ces types qui vous indique par où et comment vous, sauver... 
Je n'ai pas l’énergie de le sauver, pas pour être trop occupé à essayer de me sauver moi-même, non... mais parce qu'il est, mon père ! Et que mon père, c'est forcément le plus fort ! C'est à lui de m'indiquer comment découvrir ce qui est bon pour moi... Certes, c'est enfantin... ce n'est que l'expression d'un manque, la conscience d'une faille...  Mais ça, c'est une autre histoire.
Cela me rend tellement triste de le voir ainsi, de savoir qu'il se ronge, se méprise... ne s'accorde pas le pardon, ne s'autorise pas de lâcher prise... 
Et de ce fait, qu'il ne peut pas prendre conscience, que ce qu'il porte, ce qui lui a été transmis, il n'en est pas responsable... Mais maintenant, à se laisser ainsi emporter par son égo, à ne pas chercher à s'ouvrir... il le devient ! 
Je voudrais pourtant qu'il soit aujourd'hui, celui qu'il est tout au fond de lui, celui qui parfois réussi, profitant d'un interstice, à esquisser un sourire.
Ceci n'est pas son portrait ! Ce n'est que le portrait que je réussis à faire de lui, influencé par ce que, moi-même, je subis, je suis...    

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