(journal de mes sensations)

jeudi 18 juillet 2013

Une histoire banale...

Un homme s'ouvre à un autre ; considéré pour son expérience, son bon sens ; de son incessante préoccupation de vouloir renouer avec une femme qu'il n'a jamais cessé d'aimer... bien que ne l'ayant pas revue depuis plusieurs années...
Il lui explique que c'est un lien conservé, certes, fort ténu et mainte fois rompu... qui semblant s'être "renforcé" ces derniers jours, l'agite, le trouble, plus que d'ordinaire...
Cet autre, un être sans doute imaginaire, lui conseille alors de faire parvenir à cette femme, un signe... un geste comme un symbole... d'une telle singularité que le recevant elle ne puisse douter de l'identité de son soudain attentionné, si tant est qu'il soit resté anonyme dans les faits...
S'arrêtant pour allumer ce qui devait être une cigarette... après une première et profonde inspiration, il ajouta en expirant d'un air absent, ayant deviné que la préoccupation était déjà une déconvenue :
 Si elle ne bouge pas... dites-vous alors que c'est par dédain... Que sans doute elle ne parle jamais de vous comme elle vous parlait des autres... que vous n'avez été pour elle qu'un pis-aller, certes, opportun... Et si, vous pensez, sentez ou je ne sais quoi d'incroyable ou pas... qu'au fond, elle éprouve pour tout cela quelques regrets, voir un peu de honte... ce n'est qu'au regard de l'image qu'elle aimerait donner d'elle...
Faites-vous une raison ; ce que vous deviniez chez elle, n'éclora jamais... du moins, pas dans vos bras !
C'est peine perdue, vous y laisserez votre santé sans jamais réussir à la faire vaciller... Seuls vos éloges, votre regard sur elle, votre façon de l'évoquer ici l'attirent... Arrêtez de prendre cela pour de l'intérêt qu'elle vous porterait !
Essayez, dans la mesure du possible, d'être un peu moins romantique, vous y gagnerez en lucidité. Dans vos souvenirs resurgiront alors ces moments qu’inconsciemment vous occulter, ceux où vous vous sentiez abusé... parce que vous l'étiez. Et ces autres dont vous vous contentiez... transi par la puissance des émotions que vous ressentiez à ses côtés. 
Et quand bien même se manifesterait-elle, un peu tardivement du reste ; prétextant toutes sortes de raisons sans compréhensibles explications, qu'en penseriez-vous ? Ne seriez-vous tout de même pas troublé par ce manque de spontanéité ? N'auriez-vous pas l'impression de répétitions...
Quant à ces sentiments que vous éprouvez toujours pour elle... ils vous appartiennent, tout comme vos mots... C'est ce que vous voyez en elle qui vous les a inspirés... elle n'inspire probablement pas les mêmes mots à d'autres... je veux dire que ces mots ne lui appartiennent pas.
Et qui sait, vous pourriez trouver à les offrir à qui ne se contenterait pas de les recevoir... Finalement, ce n'est pas vous qui avez à perdre... Puisque vous n'avez jamais rien eu !
Il s'attendait à ce genre de leçon.
C'était simple comme le bon sens se contente de l'être.
Cependant, si son esprit était dubitatif, son cœur s'y refusait... Pourquoi ? Il ne savait pas. Peut-être était-ce à cause de ce qu'il devinait chez elle, une petite flamme étincelante, dans le genre de celle qui a dû animer cette poète qu'il aime tant, Emily Dickinson... Une nature que, vraisemblablement, elle étouffe, dévorée qu'elle est par une peur étrange...

Water, is taught by thirst.
On apprend l'eau, par la soif.
Land - by the Oceans passed.
La terre - par les mers qu'on passe.
Transport - by throe -
L'exaltation - par l'angoisse -
Peace, by it's battles told -
La paix - en comptant ses batailles -
Love, by memorial mold -
L'amour - par l'effigie -
Birds, by the snow.
Les oiseaux, par la neige.

Emily Dickinson

(Mis en ligne le 23 juillet 2013.)

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