(journal de mes sensations)

samedi 6 juillet 2013

Cette fascination pour la mer...

La mer m'attire. Tout petit déjà j'étais fasciné, lorsqu'avec mes parents nous nous en approchions par cette route toute droite de Basse-Normandie... Impatients de ce moment où nous apercevions enfin les miroitements bleu-blanc de cette mer tant attendue.
J'ai encore en tête, le goût de la glace à la pistache, sur un cornet à deux boules... l'odeur de l'huile solaire, du plastique des jouets et bouées chauffé par le soleil... ce vent tiède qui nous piquait les mollets et cette partie tendre derrière les genoux ; il embarquait haut dans le ciel des dizaines de petits cerfs-volants figurants des oiseaux avec des ailes qui tournaient sur elles-mêmes et vibraient en cliquetant... Il y avait aussi ce brouhaha incessant du ressac, du vent sur les toiles et parasols, des rires et des cris... et cette mer étincelante et écumante, aussi fraîche que le sable était chaud ; mystérieuse et attirante...
Mon frère et moi étions déjà de bons nageurs, mais il nous fallait toujours attendre, et c'était un supplice, deux longues heures après le déjeuner, pour soi-disant éviter l'hydrocution. Et au moment d'y aller, s'inquiéter si elle était montante ou descendante... Lorsqu'elle s'était retirée, le sable était doux et frais, nous y construisions des châteaux et des palais ; il y avait de drôles de coquillages et de petits crabes et parfois même les deux en un. Des bassins naturels, formés par les courants lors des marées, nous offraient une eau si chaude que nous pouvions y rester allongées des heures durant...
Il y eut ensuite la Méditerranée où avec un masque et des palmes, je découvris ce qu'il se tramait vraiment sous la surface, et comme ce monde silencieux pouvait être à la fois beau et inquiétant... Une autre fois, ce fut les rouleaux joueurs et puissants de l’Atlantique, et ses dangereux courants, y compris pour de jeunes nageurs confirmés comme nous l'étions...
Il y eu plus tard, cette mer hybride, plus tout à fait océan Atlantique, mais pas encore mer Méditerranée, au sud du Portugal, au pied d'immenses falaises orange. Suivi l'Adriatique, mythique et préservée au point que nous y péchions des oursins par seaux entiers... Des centaines d'îles au nom tout en consonnes...
Ensuite, ces lagons de rêve dans l'océan indien et dans les Caraïbes, où l'eau y est si chaude que l'on n'ose pas nager de peur de transpirer. Le Pacifique, grandiose et glacé à briser les os, de Monterrey et Carmel.
Et récemment, cet autre Pacifique en Oaxaca, doux et houleux, chaud et humide, comme une femme amoureuse ; entêtant comme cette magique Sativa qui pousse sur ces côtes.
Quelques années auparavant... il y eut un bain dont je me souviens en haute définition... Sur une île rocheuse de la Méditerranée, la roche avait été aménagée par l'homme et formait comme une piscine, un petit havre, abrité de la houle du large... Il n'y avait personne aux alentours, en ce splendide mois d'octobre.
Après nous être déshabillés, nous nous étions baignés dans une eau extraordinairement vivifiante... Puis, nous nous étions laissés sécher par le vent et le soleil. Elle jouait de ses jambes sur la pierre grise, des jambes comme l'exquise esquisse d'un élan vers le ciel... Son maillot noir une-pièce était accroché à un rocher et s'égouttait au soleil comme désespéré de ne plus l'envelopper... Le soleil avait pâli, lorsqu'elle l'avait enlevé, comme pour éviter de marquer la blancheur fragile de son corps si gracile. Même moi, je me retenais de trop la fixer, par peur de la troubler...
Je ne savais pas encore ce qui se profilait, ce que j'entrouvrais...
À mon habitude, j'étais trop timoré, trop prévenant et respectueux... trop en retenues... alors qu'à l'intérieur, je grondais comme le Vésuve... J'avais envie de la dévorer vivante ; elle tout entière, son maillot ses vêtements et même ses scandales en cuir qui faisaient qu'elle glissait et manquait tomber à tout bout de champ sur ces chemins de pierres lisses...
La mer était plus que jamais fascinante, il y avait dans l'air une moiteur délicieuse, il me semblait même y humer les parfums envoûtants de sa naissance du monde, qui comme la mer, me fascinait...
Mais, je me fais du mal... Un bain frais et tonifiant me ferait le plus grand bien, et amollirait un peu ces idées... très frais, alors !



2 commentaires:

  1. C'est beau et ca donne énormement envie de s'évader ton truc.

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  2. Merci Antony !
    C'est fou ce qu'un compliment, tout simple, peut procurer comme plaisir...

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