(journal de mes sensations)

jeudi 31 janvier 2013

Violence...

J'ai un vice qu'il faut que j'avoue... 
Enfin, quand je dis un vice, il ne faut pas entendre par là un comportement obscène qui devrait rester inavouable... Non, ceux-là je me garde bien, de les avouer ! Il s'agit d'un vice au sens où il contraste avec la personnalité que j'affiche ici... Je pense que cela remonte à mon grand-père maternel. 
Il ne manquait jamais un combat de boxe. Lorsqu'il y en avait un qui était retransmis à la télévision, le soir, il mettait sa casquette, enfilait son paletot et partait au café épicerie, c'est là que se trouvait le seul poste de télévision du village. Et, bien que cela soit flou dans mon esprit, je crois bien qu'une fois il m'a emmené avec lui... 
Toute ma vie, j'ai suivi, en dilettante, ce qu'il se passait dans le monde de la boxe. J'ai même pratiqué quelque temps, mais cela me donnait des maux de tête, et je ne supporte pas d'avoir mal à la tête...
Puis, il y a quelques années, j'ai découvert, le K1 devenu aujourd'hui, le M.M.A. (enfin, je crois qu'il y a eu d'autres étapes...) comprenez : Mixed Martial Art, Combat libre, en Français. Beaucoup plus sauvage que la boxe Anglaise. Les règles sont simples, il n'y en a pas ! J’exagère à peine, disons qu'elles se comptent sur les doigts d'une main. Des gants de boxe mitaines, laissant les doigts libres pour attraper l'adversaire, un protège dent et une coquille, voilà tout l'attirail autorisé. Évidemment, il faut aussi une allure à faire peur, pas fait pour les "dandys"... Le tout dans une cage de grillage de forme octogonale avec tout autour, 10 000 à 50 000 spectateurs, qui hurlent dans une ambiance d'apocalypse...
Combat libre, c'est-à-dire en utilisant les pieds-poings, coudes-genoux, (Muay Thai Kickboxing...) sauf les coups de tête qui sont interdits, mais aussi la Lutte, avec toutes ses prises de blocage de membres et d'étranglements, ou Jiu-jitsu, art de la soumission, s'avère finalement, être l'arme la plus redoutable.
Les combats en trois à cinq reprises, selon l'enjeu, de cinq minutes chacune. Cinq minutes, ceux qui pratiquent un art martial savent que c'est terriblement long.
C'est ultra-violent, sanglant. Les KO sont communs, les plaies ouvertes, bosses et oedèmes de toutes sortes sont courants et, il arrive aussi qu'il y ait des articulations déboîtées, des membres cassés ! Ah... j'en frisonne d’horreur... Je ne connais rien de plus violent, nous sommes pourtant encore loin de ce qu'appréciaient nos ancêtres Romains, mais on s'en approche...
Ce "sport" de combat n'est pas aux Jeux Olympiques... En l'état, je ne vois pas comment il pourrait l'être ? Sans parler de la forme physique exceptionnelle des combattants et de leur résistance, inhumaine, à l'effort, aux coups, à la douleur... suspecte ! Attention, je ne remets pas en cause leur courage, respect...
Sincèrement, je ne peux pas dire que j'aime ça... Mais j'avoue que je suis, littéralement, fasciné ! Fasciné par cette violence sans haine ou presque... Fasciné, par sa pureté. 
Cela passe toujours le soir tard, et je suis toujours couché à ce moment-là. Au fil du combat, je me tortille, m'arc boute... me tends... me détends, me retends... m'empoigne... me tords... De temps en temps je détourne le regard, pour fuir le paroxysme... reprendre mon souffle... Je vis ces combats si intensément, que je finis en sueur, presque fébrile... je m'imagine les yeux injectés de sang... 
Plus qu'un plaisir, c'est une torture que je m'inflige... Mes tensions, physiques et psychiques, après l'émission, sont telles que j'ai souvent du mal à trouver le sommeil. Il faut dire, petite parenthèse, que les commentateurs sont, eux aussi, particulièrement crispants...
Depuis ce premier combat vu en noir et blanc avec mon grand-père, j'ai développé un intérêt particulier pour ce "sport", ce spectacle, qui ne m'a jamais quitté. Sans pourtant faire de moi un passionné, à l'image de ces individus qui connaissent les noms de tous les combattants, les dates des combats qui ont compté, etc. C'est devenu au fil du temps quelque chose qui, tout à la fois m'attire et me révulse. Un sentiment masochiste ? En tout cas l'un des sujets qui excite ma curiosité. Pourquoi cela me procure de si étranges sensations ? Et pourquoi une telle hypocrisie pour le nommer, pour en parler ? Je cherchais et cherche encore dans tous ces combats, la noblesse dont parlent tous les passionnés. Est-ce parce que c'est là l'expression concrète de sentiments que l'on a tous, en nous ? Un besoin enfui dans le cerveau reptilien que, dans l'intérêt collectif, l'on assouvirait par procuration de ces combattants sous contrôle... sans effort ni douleur, et sans crainte ? Des combats spectacles, comme inhibiteur social, dont on intensifierait la violence en fonction de celle, sous-jacente, de notre société...
La violence m'intrigue, elle est en moi comme en chacun de nous. Je l'ai toujours contrôlée, je l'ai toujours observée, elle m'a tout de même surpris quelques fois... Nul n'est à l'abri, elle est partout et je n'en connais pas de plus puissante que celle qu'il y a dans ces sensations que l'on ressent quand on aime. 
Voilà de quoi vous passer l'envie d’occire l'un de vos congénères : Inhibiteur. 

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas. Quelle violence en effet, mais la vidéo est bien choisie, la bande son est super, en contraste avec ce que l'on voit et en accord avec ce que m'inspire votre texte.

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  2. Que mes mots vous inspirent !
    Quel beau compliment.
    Merci à vous.

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