(journal de mes sensations)

vendredi 1 février 2013

Ce qui me pousse...

La kiné. m'avait dit que ce serait long, je ne pensais pas que ce le serait autant... Et pourtant, je devrais être habitué à ces blessures qui ne cicatrisent jamais tout à fait... J'ai là, en pleine poitrine, une meurtrissure béante, que moi seul sache voir. Une douce douleur qui s'insinue jusque dans l'âme, s'y nichant entre sens et mémoire. 
Cette douleur au genou, il n'a fallu que quatre mois pour qu'elle devienne mienne, fasse partie de mon corps... Mais je ne la veux plus, alors je me force, de la tordre, de la détendre... pour reprendre possession de mon articulation. Je gémis comme un animal, mais je m'applique et ne lui laisse aucun répit. Je n'aurai de cesse de la chasser... Je veux à nouveau courir ma campagne, y croiser cet animal sauvage et solitaire aux grands yeux craintifs, sentir l'odeur musquée de sa peur soudaine. Je veux au printemps pouvoir m'emplir, les poumons, le sang, jusque la plus infime de mes cellules, des parfums et biens faits de cette nature qui m'a toujours tout donné. Je veux courir sous le bleu et le blanc, dans le vert et le vent, sur le brun sableux de ma terre.
Alors que cette autre douleur, tellement plus profonde, m'appartenant indéfiniment, je la chéris, même si parfois je la repousse par nécessité de reprendre souffle. Je la cajole, la protège, veille sur elle... peut-être parce que je sens qu'elle est l'ultime lien avec cet autre que je suis au plus profond de moi... Cette douleur, j'ai bien peur que si je m'acharnais à la chasser, à la bannir, elle aussi... J'ai bien peur qu'alors je me perde, moi aussi !
Je ne suis qu'un de ces rares solitaires, coureur des bois attentif à tout ce qui l'entour, à chaque souffle de vie, jusqu'au plus imperceptible... Solitaire, qu'un puissant instinct pousse à rechercher ses semblables... seuls êtres auprès desquels il peut, enfin, être lui-même...  

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