(journal de mes sensations)

samedi 19 janvier 2013

Ces étonnantes intimes convictions.

Cette sensation étrange, que l'on a parfois après une sieste trop prolongée, où l'on se trouve vide de toutes ces choses de l'esprit, de tous désirs. Ne se sentant plus alors qu'essentiellement organique, fonctionnel, désespérément dépourvu de ces sens qu'une idée nous donne. Un peu comme-ci, ce qui habituellement nous anime nous donne du relief, s'étant absenté pendant notre sommeil, n'avait pas eu le temps de rentrer avant que le corps s'éveille.
C'est un peu ce que je vivais, il y a un instant.
Et puis, j'ai tout à coup eu la sensation de vivre ce "rien", je pouvais donc sentir que, tout doucement, je recouvrais mes esprits, dans un ordre très précis, formidablement simple et logique.
En tout premier, la conscience de mon corps, puis de ma pensée. Ensuite, celle de ce qui m'entoure, et enfin, en s’accélérant exponentiellement, la conscience du sens que je donne à tout ce qui m'environne, à tous ces autres comme moi...
Je prenais conscience du retour de ma propre conscience, spectateur insensé de la réinstallation de tout mon univers. À l'image d'un ordinateur qui serait capable de surveiller grâce à une conscience autonome et limitée à ce seul effet, la réinstallation de tout son système d'exploitation. Tous mes synapses n'étant pas encore en fonction ; mes neurones n'étant pas encore connectés ; je n'avais, de mon univers, qu'une simple appréhension, dénuée de toutes émotions. 
C'est à cet instant que m'est venue cette question : qu'elle est la part d'illusion dans cet univers que l'on s'efforce de bâtir au cours de notre vie ; dans ce que l'on ressent de ce qui nous entour ; du temps, ainsi que dans cette part que les autres nous présentent et, parfois, nous offrent ?
Par exemple, si je prends cet homme et son histoire, qu'il ne cesse de rabâcher... Réduit à une pensée, un hologramme, qu'il joue sans cesse dans sa tête. Une illusion parfaite, d'apparence si réelle, qu'il s'évertue de rendre plus belle encore que sa "réalité d'origine". Réalité, qui, observée sans émotions, prendrait peut-être une tout autre allure... celle d'un personnage de fait divers et banal, dans l'esprit duquel l'histoire que cet homme magnifie, n'est en rien semblable à ce vague sentiment quelconque et ordinaire, de ce qui n'était, selon sa perception, qu'une étape insignifiante ? 
Tout ce qu'il lui fait jouer, à cet hologramme, cette fumée d'étoile, est en partie composé, alchimie d'un étonnant imaginaire illuminé avec la vraisemblance d'un passé, devenu pour lui, éternité. Une éternité pour mieux s'illusionner, faire durer la magie de ces instants qui l'ont jadis, bouleversé ! Parce qu'alors, ils révélaient et comblaient en partie, un manque intime, une secrète attente... Nul besoin d'images, tout est imprimé sur les parois de son âme, en signes étranges hiéroglyphes dont lui seul possède les clefs. Jusque la part organique de ces sensations physiques... Ces sens du corps, qu'il parvient à conserver et entretenir, mentalement...
C'est étrange, écrivant cela, j'ai bien conscience de ne pas tout comprendre, et d'y palier par des croyances rassurantes... Mais, je ne m'explique pas, la perception toute différente que j'ai de, ce qui nous dirige pourtant tous autant que nous sommes, nos intimes convictions...
L'illusion s'arrêterait donc là où commencent ces intimes convictions...
Bref, j'ai toute ma conscience... Du moins jusqu'aux portes de cet endroit mystérieux où se forment mes intimes convictions, au-delà, c'est un peu plus floue... Mais cela ne m'alarme pas plus que ça.    

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