(journal de mes sensations)

vendredi 25 janvier 2013

Troubles Obsessionnels Compulsifs !

Depuis ce matin, je me tâte, - au sens figuré, parce qu'au sens propre, j'en ai plus que mon compte - vais-je, oui ou non, sortir de chez moi ? Je me sens un peu fébrile et le froid dehors ne m'attire pas ; qui plus est, n'ayant aucune obligation, rien aujourd'hui ne semble me l'imposer... Enfin ? Non !? N'y pensons pas !
Pour ce qui est, d'au moins faire preuve de volonté une fois par journée, voilà qui est fait ! Je peux être sujet à de profondes et intimes convictions... me menant la vie dure et, savoir faire preuve d'une certaine énergie. Là aussi au sens figuré, parce qu'au sens propre, je suis plus enclin à la sieste...
Pas plus qu'écrire je n'arrive à lire... Je m'endors... Il semble que l'énergie qu'il m'a fallu pour renoncer à aller prendre mon poste d'affût était celle du désespoir. Gagné par l'apathie, je ne vois pas comment ne pas sombrer. Entre deux comas flash, j'inscris ici au moins une ligne, pour ne pas finir cette journée sans avoir à me féliciter d'une quelconque victoire, même aussi insignifiante que ces mots pour ne rien dire... Cela fait partie de mon programme d'auto-réhabilitation à mes propres yeux... Évidemment, une muse aimante, réglerait tous ces problèmes d'ego en un claquement de langue ou de doigts... En attendant, cette salvatrice claque sur les fesses qui me fait défaut, il faut que je me l'administre moi-même... et ce n'est pas chose commode.
J'ouvre une parenthèse, j'aurais pu écrire, juste au-dessus, "coup de pied au cul" en lieu et place de "claque sur les fesses". Mais, justement, je ne le voulais pas, compte tenu que le second est plus intime, beaucoup plus aimable et même noble que le premier, en ce sens qu'il évoque plus volontiers l'étalon que sa cavalière flatterait et exhorterait à s'activer plus fort encore à l'approche du but recherché... plutôt que le chien que son maître molesterait pour s'être oublié là où il ne convient pas... 
Je crois que le programme pour atteindre l'autosatisfaction, fonctionne ! Au moins, théoriquement.
... Je suis tout de même sorti ! Une envie de madeleines pour déguster avec mon Thé "Pleine Lune"... Ça y est, vous allez penser que je m'y mets, moi aussi, "À la recherche du temps perdu"... Déjà que, souvent j'abuse de cette conjonction de subordination qui caractérise son auteur : "que" ; au sens propre cette fois parce qu'au sens figuré et associé à de pareils groupes de mots : "conjonction de subordination" et "pleine lune",  ce billet prendrait une tout autre allure... Il ne manquerait plus qu'une majuscule à madeleine, et bien vite me serait demandé : 
- Mais qui est donc cette Madeleine callipyge qui semble se soumettre à vos désirs de fusions ("d’effusion" eut mieux convenu, mais aurait pu paraître plus abscons) ?
Où en suis-je ? J'ai perdu le fil de mon délire. Délire, auquel, après être revenu sur mes pas, j'ajoute l'adjectif : obsessionnel...
Ah oui, à ce thé "Pleine Lune" acheté hier, en plus du mien, un excellent Yunnan aromatisé à l'amande, d'une délicatesse proprement divine. Mon boulanger, Portugais d'origine, parfume ses madeleines à l'essence d'amande... Lorsque je les sens, l'un et l'autre, le puissant parfum de l'amande me rappelle cette colle à papier en petit pot coloré, que nous utilisions en primaire, certains même la mangeaient, étant déjà sujet à l'addiction... C'est une des raisons pour laquelle la fabrication fut abandonnée... Quoi qu'il en soit, cette odeur a sur moi des effets certains... Quant aux origines de mon boulanger, ça m'est venu comme ça... peut-être pensais-je à ce moment là, à Pessoa...
17h00, je trempe ma madeleine dans ce thé "Pleine Lune"... Je ne connais de supérieur à ce plaisir délicieux, tant en beauté, goûts, vices et vertus, que ceux que me procuraient, à tous mes sens sans exception, sa "naissance du monde"...
Je m'y suis abandonné, deux fois de suite et me sentais encore vaillant pour une troisième fois ! C'est un tel plaisir que je pourrais, en plus du matin et de l'après-midi, y céder le soir et aussi la nuit...
Me relisant, je suis perplexe d'être confus... je précise donc, que dans cette dernière phrase, il s'agit bien de tremper ma madeleine... J'essaye d'être clair.    
"Elle envoya chercher un de ces gâteaux courts et dodus appelés Petites Madeleines qui semblent avoir été moulés dans la valve rainurée d'une coquille de Saint-Jacques. Et bientôt, machinalement, accablé par la morne journée et la perspective d'un triste lendemain, je portai à mes lèvres une cuillerée du thé où j'avais laissé s'amollir un morceau de madeleine. Mais à l'instant même où la gorgée mêlée des miettes du gâteau toucha mon palais, je tressaillis, attentif à ce qui se passait d'extraordinaire en moi. Un plaisir délicieux m'avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. II m'avait aussitôt rendu les vicissitudes de la vie indifférentes, ses désastres inoffensifs, sa brièveté illusoire, de la même façon qu'opère l'amour, en me remplissant d'une essence précieuse : ou plutôt cette essence n'était pas en moi, elle était moi. J'avais cessé de me sentir médiocre, contingent, mortel. D'où avait pu me venir cette puissante joie ?" Extrait "Du côté de chez Swan" Marcel Proust.
Y aurait-il là, les prémices de troubles obsessionnels compulsifs ? Chez moi !

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