(journal de mes sensations)

mardi 22 mars 2011

Propos de bon sens

Un peu de bon sens,
"Comme on vit mal, dit l'un, avec ceux que l'on connaît trop. On gémit sur soi-même sans retenue, et l'on grossit par là de petites misères ; eux de même. On se plaint aisément de leurs actes, de leurs paroles, de leurs sentiments ; on laisse éclater les passions ; on se permet des colères pour de faibles motifs ; on est trop sûr de l'attention, de l'affection et du pardon ; on s'est trop bien fait connaître pour se montrer beau. Cette franchise  de tous les instants n'est pas véridique ; elle grossit tout ; de là une aigreur de ton et une vivacité de gestes qui étonnent dans les familles (ou entre amis) les plus unies. La politesse et les cérémonies sont plus utiles qu'on ne croit."
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"Comme on vit bien, (...) avec ceux qu'on ne connaît pas trop. Chacun retient ses paroles et ses gestes, et par cela même ses colères. La bonne humeur est sur les visages et bientôt dans les cœurs. Ce que l'on regretterait d'avoir dit, on ne pense même pas à le dire. On se montre à son avantage devant un homme qui ne vous connaît guère ; et cet effort nous rend souvent plus justes pour les autres, et pour nous-mêmes. On n'attend rien d'un inconnu ; on est tout content du peu qu'il donne. J'ai observé que les étrangers sont aimables, parce qu'ils ne savent dire que des politesses sans pointes ; de là vient sans doute que quelques-uns se plaisent en pays étrangers ; ils n'ont point d'occasion d'y être méchants, et ils sont plus content d'eux-mêmes."
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Un extrait des "Propos sur le bonheur", d'Alain.
Ces paroles ne vous semblent-elles pas lestées du poids du réel ? Ne tombent-elles pas sous le sens, le bon ?
Vivre ensemble, qui plus est dans la promiscuité, forcément avec ceux qu'on aime, peut s'avérer une épreuve bien réelle et douloureuse. Lorsque l'on comprend que vouloir changer les autres est une folie, on prend conscience de la solution, de notre méprise, des mauvais conseils que ne cesse de nous souffler notre Ego.
Il en va de même avec nos humeurs. D'ailleurs, moi-même, bien qu'intellectuellement, j'adhère tout entier à ce principe de bon sens, je ne peux m'empêcher de vivre dans l'isolement, dans la peine, à cause du manque de celle que j'aime... Lire les mots d'Alain, et d'autres, en écrire aussi, me rassure, me faisant comprendre qu'il me suffit d'agir sur moi pour que tout paraisse moins dramatique, différent. Parce que changer tous les autres me semblait une entreprise tellement inhumaine que cela augmentait démesurément mon abattement. 
Certes, je ne vais pas sortir visiter le monde dès demain, ni la semaine prochaine, j'attendrais qu'elle revienne. Espérant quand même ne pas finir comme Argos ! Mais, je me sens un peu plus léger de savoir que c'est ma perception qui parfois se brouille sous l'effet de mes sentiments, de mes douleurs physiques, de mes peurs... et non le reste du monde qui ne tourne pas rond, ou une malédiction comme une mauvaise étoile. Le premier effet de prendre conscience de cette vérité, n'est pas de changer d'attitude, mais de ne pas s'aigrir à être comme on est, de laisser glisser...
Puisse ces quelques mots réconforter ceux qui, en partie à cause d'eux-mêmes, sont dans la peine. 
Et, la meilleur façon de faire taire son ego, c'est d'en aimer un autre !

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