(journal de mes sensations)

vendredi 15 février 2013

Immanent.

Il y a un instant, sorti pour poster un recommandé, une fois fait, j'étais dans la rue, indécis de savoir quoi faire, où aller... Tous ces passants autour, je me sentais oppressé, au point que j'allais leur dire qu'ils me fichent la paix ! Je n'en ai rien fait... heureusement, j'imagine que c'est de cette façon que certaines choses commencent... Je me suis ressaisi et suis allé m'acheter une soupe chez Picard.
La soirée d'hier ? Rien à en dire... Hormis cette conversation concernant le pourquoi de mes non-fréquentations. Le seul argument que je lui ai concédé, c'est celui de cette aventure humaine qu'est une rencontre... Pour le reste, je ne saurais plus être naturel, spontané... Ça ne m'intéresse plus... Je préfère être chez moi, seul, libre de lire et d'essayer d'écrire. 
Essayer d'écrire quoi ? J'avoue que je ne sais pas. Mais c'est en cédant à cette envie que ce qui doit venir apparaîtra.
   ...
  "Aussi, cher Monsieur, n’ai-je pu vous donner d’autre conseil que celui-ci : entrez en vous-même, sondez les profondeurs où votre vie prend sa source. C’est là que vous trouverez la réponse à la question : devez-vous créer ? De cette réponse recueillez le son sans en forcer le sens. Il en sortira peut-être que l’Art vous appelle. Alors prenez ce destin, portez-le, avec son poids et sa grandeur, sans jamais exiger une récompense qui pourrait venir du dehors. Car le créateur doit être tout un univers pour lui-même, tout trouver en lui-même et dans cette part de la Nature à laquelle il s’est joint. 
   Il se pourrait qu'après cette descente en vous même, dans le « solitaire » de vous-même, vous dussiez renoncer à devenir poète. (Il suffit, selon moi, de sentir que l’on pourrait vivre sans écrire pour qu'il soit interdit d’écrire). Alors même, cette plongée que je vous demande n’aura pas été vaine. Votre vie lui devra en tout cas des chemins à elle. Que ces chemins vous soient bons, heureux et larges, je vous le souhaite plus que je ne saurais le dire. 
   Que pourrais-je ajouter ? L’accent me semble mis sur tout ce qui importe. Au fond, je n’ai tenu qu'à vous conseiller de croître selon votre loi, gravement, sereinement. Vous ne pourriez plus violemment troubler votre évolution qu'en 
dirigeant votre regard au dehors, qu'en attendant du dehors des réponses que seul votre sentiment le plus intime, à l’heure la plus silencieuse, saura peut-être vous donner."
   ... 
Extrait de "Lettres à un jeune poète". Rainer Maria Rilke. 
Quant à aujourd'hui, j'ai hésité sans finir si je devais partir en fin d'après-midi pour ma campagne ou bien, ne partir qu'au cours de la journée de demain. C'est finalement mon hésitation qui a choisi pour moi...
Je ne suis vraiment pas disponible pour toutes ces choses ordinaires de la vie. Je néglige jusqu'à mon intérieur cet indispensable refuge pour ma solitude. De mon apparence jusqu'à moi-même, je ne prends plus soin... 
Je ne suis plus qu'à deux pensées : le "sujet" et le "moyen". 
Je ne pourrais affirmer qu'écrire m'apporte pareils plaisirs à ceux qu'elle m'offrait... mais indéniablement, ce moyen m'est devenu essentiel, tant il m’apparaît de plus en plus immanent.
Alors, pour le reste... Faire l'effort d'oser... De charmer... D'assurer... Comme cela me semblerait... hypocrite. On ne peut être à la fois dedans et dehors. 

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