Peu de choses à dire ou l'envie m'en manque (puissent
ces premiers mots, ne pas devenir une expression consacrée, ici)... J'ai
raccompagné J chez elle... quel jour était-ce déjà ? Jeudi... oui ! je crois
bien. C'est toujours difficile... Cette histoire avec N me tourmente
terriblement ; ses revirements, son attitude... je me sens banni. J'ai bien peur
de ne pas avoir suffisamment de volonté pour tout oublier, lorsqu'elle tournera à
nouveau son nez de mon côté. C'est
étonnant la capacité que l'on a à s'aveugler soi-même, ou à ne voir que ce
que l'on a envie de voir... Je l'ai
toujours défendu, encouragé... jusqu'à nier mon objectivité concernant ses
comportements... Aujourd'hui, je ne vois que ce qui l'accable à mes yeux : son
atavisme... Et ce que je crains, c'est qu'ayant endurci, par nécessité ou en
conséquence, mon caractère au cours de ces dernières années, je ne cède plus à
rien !
MG, une ex... avec qui nous correspondions de temps à
autre et dont j'étais sans nouvelle depuis un an à peu près. Fait étrange, notre
correspondance fut toujours très sexuelle... Elle adorait que je lui écrive des
cochoncetés... et m'en réclamait chaque fois. Depuis que nous ne nous
fréquentons plus, soit sept ou huit ans, nous ne nous sommes revus qu'à deux ou
trois reprises et sans qu'il se passe quoi que ce soit d'évoqué préalablement
dans les messages échangés... Il y a une semaine, elle reprend soudainement
contact avec moi, prétextant je ne sais quelle excuse de ne pas l'avoir fait
depuis notre dernière rencontre... et m'invite à dîner chez elle ! Déprimé et...
singulièrement, en manque de ce côté-là... je n'irai pas jusqu'à dire que je me
frottais les mains en confirmant notre rendez-vous, mais ce serait mentir de
dire que je n'y ai pas songé... Il n'y a pas de mal à cela et ses messages, ceux
d'il y a un an, ne laissaient aucun doute quant à ses probables
intentions...
Pour commencer, le rendez-vous fut reporté d'une
journée... Hum... suspect... me suis-je dit, bien que m'y attendant un peu. Le
jour dit, je me suis préparé, ai acheté, en sortant, une bouteille de champagne
et pris le métro jusque Porte Maillot. Dans un état proche de la perplexité,
tout de même...
À peine entré dans le métro, j'ai reçu un SMS me
demandant (!) si je verrai un inconvénient à ce que nous allions dîner au
restaurant plutôt qu'à son appartement... elle m'expliquait brièvement que son
fils et un ami rentreraient dans la soirée alors que ce n'était pas prévu...
Depuis mon départ, action qui m'avait demandé un réel effort, à moins que ce ne
fût un vrai besoin... je me demandais comment cela allait tourner. Cela me fit
ricaner quant à ma naïveté, à ma faiblesse envers mes désirs... Je lui répondis
laconiquement que cela m'était égal.
Je sais bien ce qu'elle espérait et craignait, au
fond. Mais je ne lui ai jamais caché n'avoir plus à son égard qu'une certaine
reconnaissance, celle d'avoir partagé, quelques jours durant, une intimité,
réservée...
J'ai fait bonne figure, mais dans la conversation, je
lui ai tout de même dit qu'elle était une pétocharde... qu'elle allait jusqu'à
se mentir à elle-même et qu'après huit ans d'analyse elle n'avait pas changé ;
sans doute par manque de courage... qu'elle est toujours assujettie à ses acquis
judéo-chrétiens, sociaux et familiaux ! Qu'elle n'avait toujours pas défini ses
propres règles morales ; qu'elle ne faisait pas l'effort de considérer honnêtement son inné ! En fait, qu'elle avait la frousse de se mettre
à poils ! Elle a reconnu, penaude, que je n'étais pas dénué d'une certaine
perspicacité... Bien entendu, tout cela fut dit avec tous les égards possibles,
entre la poire et le chocolat... Je
crois que nous ne nous reverrons jamais.
Je suis rentré avec la bite sous le bras... mais
le cœur léger. Comme le chantait Brel.
C'était injuste et méchant, pas digne de moi, j'en
suis conscient... Finalement, nous sommes tous, plus ou moins, dans le même
état... Mais franchement, concernant ce sujet... il ne faut pas me
chercher.
D'un autre côté, si les choses avaient tourné
différemment... je veux dire, comme je m'y attendais, bien que n'y croyant pas
vraiment... Eh bien ! je crains que ce fût moi qui eusse reçu la sévère leçon !
Parce que je crois bien que je n'eusse pas été capable d'assouvir mes besoins...
ou si, par faiblesse, j'avais cédé à ses hypothétiques avances osées... je m'en
serais, après coup (!), infiniment voulu ; au point, je crois, de devoir en
rentrant, éviter tous les ponts et les berges de la Seine... Mais j'aime le
risque, le bluff, le jeu de poker ; me faire frémir, quoi !
Bon sang ! Comment vais-je finir
?