(journal de mes sensations)

vendredi 29 novembre 2013

Synesthésies...

À cet instant, chacun de mes mouvements semblait dégager les effluves de ce parfum, au nom de cette divinité nordique, qu'elle portait... ne l'ayant pas enlacé... à peine embrassé... m'étant depuis, il le fallait bien, changé et douché... ce ne pouvait être qu'un tour de mon esprit, qui usant de ces synesthésies chères à Baudelaire, avait poétiquement lié, les effets envoûtant de ce capiteux parfum à cette... énième... rencontre. J'avais, il est vrai, reniflé chacun de ses gestes... tout ce qu'exhalaient ses mouvements, tout en l'observant intensément. L'écoutant avec passion, je faisais tous les efforts possibles pour l'entendre malgré mon ouïe défaillante, parce qu'elle se protège toujours exagérément dans le brouhaha... 
C'est au cours de la nuit que me sont revenues ces odeurs qui ont ponctué nos successives rencontres... Peut-être un jour serai-je celui qui aura le plus souvent franchi cette si fragile et capricieuse limite qu'elle évoquait alors ?
De notre première rencontre je peux encore sentir le parfum caractéristique, comme un voile légèrement acidulé et pourtant si doux au goût, de sa cyprine abondante... ensuite celui de levain qu'avaient ces parties les plus chaudes, tendres et cachées de sa peau poudrée... celui de prunelle de cette huile pour le corps du Dr Hauschka et ceux, doux-amers, des citrons et oranges naturels de Capri.
Une autre fois, il y eut celles, mystiques, de myrrhe et de bois ciré... celles des vins de Saint-Emilion, de Vouvray et de vinaigre balsamique... celle de la lessive Kitz qui embaumait son linge et, lors d'un après-midi de printemps, l'extatique parfum d'un bouquet de Lilas pourpres...
À l'occasion d'un été trop chaud, ce fut ceux d'alcool iodé de sa plaie et de son pansement qu'il fallait changer, des lingettes Mustela pour sa toilette intime du moment, pour ne savoir plus bouger... et ce musc délicat, enivrant... de ses petites culottes que je lavais à la main.
Puis, il y eut ces huiles essentielles de tea tree et d’ylang-ylang... et cette odeur persistante et douloureuse de la suie, de la fumée d'incendie... Cette autre aussi douloureuse mais si discrète et fragile de toutes ces bougies allumées avec recueillement pour accompagner un être aimé qui s'en allait... et cette autre, tellement réconfortante, du tendre et tiède parfum de bergamote qu'exhalait son haleine matinale...
Ce fut ensuite celles du marché d'Aligre ; de tous ces légumes verts, ces fleurs ; du quinoa et du pain frais grillé de chez Kayser et aussi celle-ci, qui nous fit rire aux éclats, de ces petits pois frais mais pas assez cuits... ah non ! ce n'était que des bruits impromptus...
Ma mémoire embaume de tant de souvenirs... De presque tous les raviver ne me déplairait pas...

4 commentaires:

  1. Mmmmmmm quel voyage olfactif...!

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  2. C'est par hasard que je découvre votre blog. Votre façon d'écrire est très originale et c'est une agréable surprise.
    Je ne sais pas de qui vous parlez dans ce texte, mais pour révéler ainsi ce que la plupart cachent ou ne remarque pas, il faut aimer pour de vrai.
    Vous m'enchantez, je vais tout lire :)

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  3. Allez, je me lance moi aussi. Ce que j'aime beaucoup dans vos textes c'est votre impudeur et quelquefois votre grivoiserie soudaine qui m'émoustille drôlement. Ce n’est jamais obscène et c'est toujours plein d'humour et de tendresse. Voilà !

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  4. Douce... Anonyme et Anonyme... considérez-moi comme votre serviteur... ;-)

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