Ce matin, pas de risque que je m’envole... Ouvrant
l’œil à sept heures, je pouvais voir que dehors, même les corneilles restaient
au nid. Pas un oiseau, juste un voile gris, uniforme et de la pluie, de la
pluie. Dans d'autres circonstances, sans doute serai-je sorti, mais là, j'ai
préféré profiter de cette doucereuse lascivité dans laquelle je me trouvais et
éviter de prendre le risque de perdre un peu de dignité, moulé de trop près dans
un collant malencontreusement trop saillant en cette matinée... et déjà même de
réussir à l'enfiler ?
J'ai donc préféré me calmer en m'abandonnant à
Ulysse... Je ne pense pas qu'il y ait un autre moyen, que celui d'un total
abandon, de lire Joyce. J'imagine, pour me rassurer, qu'il est impossible de
tout comprendre, de tout saisir... mais suivre l'activité cérébrale et
sensorielle de ces personnages, me rappelle mes propres pensées intérieures...
incessantes, chaotiques, multidirectionnelles... souvent inachevées parce
qu'intégrées ou produites immédiatement par ma chimie organique...
C'est le repas dominical qui me ramena à la
réalité...
Parfois, la rigueur de certaines règles sociales
m'exaspère, mais il faut quand même leur reconnaître de nombreux avantages, par
exemple celui d'être, en France, moins sujet à l'obésité grâce à cette coutume
de manger à heure fixe, à table, en famille ou entre ami, et de faire de chaque
repas une fête ! Des scientifiques ont démontré que les écarts alimentaires sont
bien mieux assimilés par notre corps dès lors qu'on s'y adonne au moins à deux
et toujours avec convivialité...
De retour dans mon foyer parisien, après avoir déposé
V dans le sien, je me dis que je vais tout de même m'accorder, bien que seul, un petit abus...
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