(journal de mes sensations)

lundi 20 décembre 2010

Mes mots sont mes ailes

Quand je cours, c'est à tire d'ailes, pour que le vent chasse les peines, les peurs, emmêle les humeurs en une centaine d'éclats de rire, me donne la sensation d'avoir des ailes, des ailes pour elle. 
Debout et fier je déploie sèchement mes ailes, blanches immaculées, aussi grandes que moi. Les muscles de mon dos sont tendus à craquer, l'effort se lit sur mon visage. Je semble tout à coup plus austère, mes veines affleurent et rampent tout le long de mon corps. Je serre les poings et non sans un sourire exprimant une fierté réprimée, fais claquer dans un éclat de tonnerre ces deux ailes devenues souveraines. Le souffle ainsi créé, balai tout autour de moi. Deux, trois coups comme celui-ci font naître tumultes et fracas, m’élèvent de quelques mètres, tel un christ suspendu et vénéneux. Je ne ressens plus qu'une étonnante vigueur qui me parcourt et rien désormais ne peut me résister. Je me cambre et bande tous mes muscles, prêt pour ce coup de reins élévateur, ultime acte de puissance et d'existence. L'envol et l’atterrissage sont les moments les plus extraordinaires, mélange de force et d'élégance, où l'on perçoit que cette toute-puissance n'est jamais vraiment sous contrôle et ne vous appartient qu'en partie... 
Je regarde passer les anges, et constate qu'ils ne paraissent jamais vieux. Meurent-ils jeunes ? Dans des accidents de vols ? Serait-ce dangereux ? Peut-on percuter un avion, une fusée ? Ou, par excès quitter tout à coup l'atmosphère et ne plus pouvoir revenir sur terre sans finir brûlé ? Un peu comme être amoureux ? Parce que tout ça, c'est bien pour tenter de lui plaire. Montrer son courage, son assurance, s'arracher de la terre et hurler au ciel ce que l'on veut faire.
Si je portais ces ailes, je l'embrasserai et délicatement, sans bruit, je les déploierais et l'entourerais pour qu'elle sente leur étonnante robustesse, leur énergie, leur chaleureuse protection. Puis je lui murmurerais doucement de s'agripper, avec les bras, avec les jambes, comme elle le fait parfois, et nous envolerais, à tire d'ailes...
Les imaginer, n'est-ce pas déjà les avoir ? 
Et mes mots, ne sont-ils pas ces ailes ? 
Une certitude, mes ailes sont pour elle !

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