(journal de mes sensations)

vendredi 7 septembre 2012

La dimension de l'argent.

J'avais proposé à J., qui voulait se faire couper les cheveux, de l'emmener à Paris. Là où je vais. Alors, hier en rentrant du travail, je suis passé la prendre. Nous nous sommes arrêtés chez moi pour me rafraîchir... Puis sommes allés, à pied, jusqu'à côté de Bastille. Son petit corps ne rechigne pas à l'effort ! Elle ne se plaint jamais.
Ça a tout de suite collé avec Nathalie, c'est ma charmante coiffeuse... En sortant, J. m'a confié qu'elle avait mal aux pommettes d'avoir tant sourit...
Puis nous sommes allés sur les lieux de mon vice et, avons choisi trois romans pour elle. Nous avons acheté de quoi goûter en regardant un film chez moi et ensuite, sommes descendus jusque la porte dorée où sa mère nous attendait... Belle virée !
Et heureusement, parce que le matin même, mon banquier s'était rappelé à mon bon souvenir en m'annonçant que c'était pour moi, déjà la fin du mois...
Un jour j'ai lu de Cioran, l’aveu qu'il faisait de son incapacité à... gagner, attirer, garder... ou je ne sais quel autre verbe, l'argent. Cette nouvelle faite simplement, sans jugement, comme le constat d'une maladie, me fit l'effet d'une délivrance. Ce qui, pour moi et ne concernant que moi, était une source de honte, parce que certainement le huitième des péchés capitaux aux yeux des autres, de la société... s'avérait être, la Némésis d'un homme d'exception. 
Mais quel forfait, ont bien pu commettre mes aïeux pour que je sois ainsi puni ?
Je me rappelle d'une histoire, il y a longtemps, j'avais eu, grâce à une amie, l'occasion de faire une bonne affaire (c'était à l'époque où, certes, un peu poussé... je pensais pouvoir faire comme mes aînés). Pour la remercier, je l'invitais elle et son compagnon, dans un bon restaurant... qui me coûta toute ma peine et le bénéfice de cette affaire ! 
Au fil de ces dernières années, je me suis petit à petit débarrassé de tous les objets de valeur qui m'avaient été offerts. Chez moi, je n'ai que le strict nécessaire, le minimum ; ma voiture (parce qu'il m'en faut une) à plus de dix ans et mon vélo date des années quarante (la selle aussi). Un poste de télévision et un ordinateur portable, pardon, transportable (mon Précieux, même si je rêve d'un MacBook Air 13 pouces gonflé à bloc et véloce comme un coureur de fond, que je puisse emmener partout avec moi) qui n'en ont pas moins et quelques bouquins ! Un four multifonction, un petit réfrigérateur, une machine à laver (cadeau) et un fer à repasser (dernièrement cassé après être tombé, pile alors que je n'avais repassé que la moitié de ma chemise... Le lendemain, on a bien rigolé, au bureau).
Je peux dire que je ne possède, rien ! Et que ça me va !
Dire que je n'ai aucune conscience... sociale, est injuste. Si c'était le cas, je ne me sentirai pas, aussi mal, chaque fois qu'il m'est annoncé qu'on me met au piquet ! Ce qui m'agace, alors que je constate l'évidente progression de mon relativisme en général, c'est de n'avoir pas encore évolué sur ce terrain-là... Et puis, si l'argent ne vient pas, c'est peut-être parce que je ne le respecte pas ? Je me souviens de ce geste de Gainsbourg...  
Mais il y a pire. C'est cette incapacité à valoriser ce que je produis ! j'ai toujours la sensation de ne pas mériter ce salaire que l'on me donne. Plus encore si j'aime ce que je fais... Quelle autre valeur peut bien avoir tout cela, sinon celle de pouvoir m'offrir ce qui me manque, n'est-ce pas ? 
Mais moi, ce qui me manque... n'a pas de valeur, ne s'achète pas !       

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