(journal de mes sensations)

samedi 8 septembre 2012

À vue de nez...

Je dois avoir des troubles olfactifs ! J'ai constaté que depuis... depuis quand ? Bref, depuis quelques mois, il m'arrive parfois, de ne humer que des odeurs, soit agréables, soit désagréables. Depuis ce matin, par exemple, je ne perçois que des odeurs plaisantes. Parfums divers et variés, à croire que je ne suis entouré que de gens élégants, à l’hygiène impeccable, à l'alimentation irréprochable et à la couenne encore fraîche... 
Ce dont je doute... J'en doute, parce que mon œil, lui m'indique des invraisemblances et, parce que je sais qu'à un autre moment, indéterminé dans le temps, je ne sentirai plus que des odeurs pestilentielles ! Quoi que je fasse je ne percevrai alors que des effluves organiques nauséabonds, sans être capable d'en définir la source.
Le plus discrètement possible je me reniflerai une aisselle, soufflerai dans mes mains, vérifierai sous mes semelles... quant aux autres éventuelles provenances, je compte encore sur la tenue de certains de mes muscles et, sur celle de mon éducation !
Évidemment je préfère les premières... L'odeur a toujours était un facteur important, voir déterminant dans ma relation à l'autre. Plus encore depuis que je suis devenu non fumeur... 
Petit déjà, il m'arrivait d'être vite écœuré au point d'avoir des hauts le cœur, particulièrement quand il y avait des choux-fleurs, de Bruxelles ou d'ailleurs ; des endives braisées ou des épinards, pour le déjeuner. À cet âge, retirer mes chaussettes après avoir couru toute la journée dans mes bottes en plastique bleu marine ou faire, accidentellement, dans ma culotte, parce que trop occupé... me dérangeait moins que celle de ces plats détestés. Ma mère nous racontait que la première fois que nous avions pris, mon frère et moi, le métro avec elle, nous nous étions retrouvés debout dans un wagon bondé, l'un de nous deux, je crois que c'était mon frère, je gardais déjà pour moi mes sensations, avait crié : "Maman ça sent mauvais, ça sent des pieds !" Cette remarque, sortie de la bouche d'un enfant, dont le nez se trouvait dix centimètres au-dessous du niveau de la ceinture des adultes autour... avait contribué à nous faire de l'air, créant un mouvement d'écartement notable des suspectés, c'est à dire tout le monde sauf nous trois, en même temps qu'un sourire embarrassé sur le visage de ma mère, et une grimace de dégoût sur le notre.
Je me rappelle aussi ces voisins, de mes grands-parents à la campagne. Lorsqu'ils venaient pour l'été, nous jouions ensemble et parcourions la campagne. Ils étaient deux frères et une sœur, leur grand truc était de se renifler les pets ! Je passais auprès de tous pour un dégonflé, ayant toujours refusé de m'y adonner. Je m'en fichais, j'avais trop peur de défaillir, voire pire, de vomir mon quatre heures ! Et puis, à voir leur tête et leurs mains sales, je n'avais pas envie d'avoir une idée de leur intérieur. 
Aujourd'hui, je déteste toujours autant les choux-fleurs ou de Bruxelles, mais j'apprécie ceux d'ailleurs, les endives et les épinards. Je ne porte que des chaussettes en coton et des chaussures en cuir et ne sens pas des pieds. Je ne fais plus dans ma culotte et si, un jour un accident devait survenir, je crains que ce ne soit plus grave et embarrassant... Dans le métro, je suis en général au-dessus de la mêlée, et si nous sommes serrés les uns contre les autres, je ne crains qu'une chose, l'expression aussi soudaine qu'incontrôlable de mon appréciation du corps contre lequel je suis écrasé... Quant à mes jeux, je n'en ai qu'avec des partenaires du sexe opposé, sélectionnées avec d'infinis soins, et à qui je ne cache pas mes émerveillements ni mes émois... Je reconnais même qu'il m'arrive, non sans un réel plaisir, de mettre mon nez... Mais, je m'émoustille et perd le fil... Me reviennent, mais seulement en tête, des explorations olfactives, extraordinaires...
Mon nez, fonctionne, ce doit être mon cerveau qui me joue des tours. Par quels mécanismes choisit-il de ne prendre en compte que telle ou telle odeur ? J'imagine que cela doit dépendre de l'état émotionnel dans lequel je me trouve, un peu comme quand on aime et qu'on ne retient alors que le meilleur et le bien... 
Peut-être suis-je proche de l'illumination, en attente dans les limbes de l'ordinaire et du vulgaire ? De plus en plus, tout me semble beau, même si parfois, ça sent la merde !

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