(journal de mes sensations)

jeudi 31 mai 2012

Elitisme commercial façon East Coast

Nuit calme mais bien trop courte ! De temps en temps, même un peu de satisfaction semble inatteignable...
Hier, j'ai retrouvé J., aux Champs Élysée ! Pour me faire aller là-bas, il faut vraiment que ça soit important... C'est, sans doute, l'endroit de Paris que je déteste le plus. 
Nous devions nous retrouver chez Abercrombie & Fitch ! Autre exploit de ma part, que d'entrer dans ce genre de temple... Une explication vague de l'adresse et me voilà parti. J'ai cherché durant une dizaine de minute avant d’appeler, c'est mon côté obstiné. Il faut dire que l'entrée, qui se fait par un grand portail de grilles dorées et un jardin, est inhabituelle. Mais ce n'était que le début de ma surprise. 
À l'entrée, une bande de jeunes gens propres sur eux, en bermudas rouges, ceinture de toile tressée, chemisette à carreaux et nu-pieds en cuir épais, vous accueillent dans un jardin à la Française, carrés de pelouse et buissons taillés au cordeau, arbres élégants aux troncs habillés une toile beige clair enroulée comme un bandage... Enfin devant le sanctuaire, une immense porte ornée d'écussons dorés, s'ouvre sur une majestueuse entrée, où vous attend tout sourire, un jeune éphèbe, torse nu jusqu'au pubis, carte en chair de tous les muscles que l'on peut trouver sur un buste. À ses côtés, une jeune fille vêtue de blanc et de peau, qui, accessoirisée d'un énorme appareil à photos instantanées, vous propose de vous immortaliser en compagnie de cette statue vivante de l'Olympe !
À l'intérieur, un vaste atrium orné d'un immense escalier tout en métal, distribuent, un sous-sol et deux étages. Il y fait sombre et frais. Partout, de ces jeunes filles à peine vêtues de blanc, chair de poule, vous sourient en remuant doucement au rythme d'une musique répétitive et... insistante. Les murs et le sol, sont couverts de bois foncé, l'air embaume le parfum-maison, au point que l'odeur persiste encore, une fois dehors. Quelques fauteuils clubs en cuir usagés et partout, des frises, des fresques, hallucinantes, où de jeunes hommes athlétiques, le plus souvent nus, pratiquent des sports d'université : tennis, aviron, lutte et course à pied... Sorte d'ode gay à la beauté et à la jeunesse, dont le style aurait pour mère la Grèce Antique et pour père un artiste arriviste de la propagande national-socialiste ou bolchevik. 
Et puis, il y a cette myriade d'employés, habillés de sombre, invisibles, qui nettoient sans interruption, astiquent discrètement... Tout ici, se veut beau, propre et gaie... certes, un peu stéréotypé... cela me fait d'ailleurs penser à ce roman de Boris Vian : "Et on tuera tous les affreux"... 
J. est excitée comme une puce... elle, choisi avec assurance, sait où tout trouver, bien qu'il n'y ait aucun panneau... Trouve ces jeunes hommes beaux... et se fait même photographier à l'entrée... Elle est aux anges dans cet espace onirique...
Pour tout dire, le concept est tellement particulier que j'ai (presque) cru qu'il fallait payer à l'entrée... 
Tiens, comme c'est étrange, je n'y aie pas croisé mes voisins du dessus...  
Ah oui, au fait, dans cette boutique, s'y vendent vêtements et quelques accessoires de mode au style décontracté chic américain Côte Est...
Sept millions et quarante-sept millions, loyer et chiffre d'affaires annuel en euros de cette seule boutique !

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