(journal de mes sensations)

vendredi 18 mai 2012

Bestiaire adoré, adulé...

C'est dans ces bois qui ont impressionné mon enfance, que je m'enfonce, pour courir. J'essaye que mon attention soit plus forte que l'effort. Et je tente le plus possible d'être aux aguets. Alors que j'étais au plus profond de ce bois, un étrange sentiment m'envahit, ce genre de peur d'enfant, de rencontrer le loup. 
Me raisonnant, je distingue tout à coup, plus loin dans le talus au bord du chemin, une ombre... Sans doute un renard, mais quelle bête ! S'il y avait eu un promeneur derrière, j'aurai parié que c'était un Braque, c'est dire la taille ! M'approchant en courant, je saisis à terre un grand bâton... on ne sait jamais, et juste avant il y avait eu cette réminiscence d'une peur d'enfant... Arrivant à la hauteur de l'endroit où j'avais vu la bête, je note inconsciemment la profondeur du fossé, ayant claqué des mains afin d'avertir le monstre que j'étais disposé à en découdre s'il le fallait, je lance dans les fourrés bordant ce fossé mon bâton et, sans doute, accélère un peu... Il avait dû s'enfuir, pas plus agressif que moi me suis-je rassuré. 
C'est à ce moment qu'elle a bondi, là, à peine dix mètres devant moi... Magnifique ! Quel con je fais ! La plus sauvage des féminités, et je lui ai fait peur ! 
Pourquoi cet animal me touche autant ? Sans doute parce qu'il est tellement farouche, et que dans un environnement aussi cruel que le sien, il garde une féminité à couper le souffle. (cf. "Féminité du bois"... Bon sang ! Voilà que je me réfère à moi-même ! Vite un petit coup d'autodérision) 
Quel bond ! Quelle grâce ! C'est ce qui me fait aimer que les femmes portent des talons... Leurs jambes ainsi allongées, les muscles sollicités, confèrent à leur démarche l'élégance d'une gazelle, d'une biche, la grâce d'une féminité divine, inatteignable. Si, en plus elle porte, confiante, au bord des yeux, cette tendresse que seules les femmes belles possèdent, et non pas l'air hautain et sûr d'elle qu'arborent les laides... Alors, je deviens le chien de garde le plus fidèle et le plus cruel.
Était-ce la même que celle aperçut en février ? Qu'importe... l'esprit de cette rencontre était, quant à lui bien le même. 
Mon instinct m'avait averti de cette rencontre, mais, sans doute pollué par ces quelques tensions passagères, j'avais exprimé mon pressentiment par une absurde peur enfantine. 
Je ne peux que papillonner pour être dans le vrai. Le quotidien qui se répète trop et qui diffère trop du mien, fini par m’exaspérer.

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