(journal de mes sensations)

mardi 1 février 2011

Sortir du fleuve

Il aurait pu ne rien se passer. L’année aurait pu s'écouler sans que rien ne soit bouleversé, sans drames, sans heurts. Et rien, peut-être, n'aurait bougé... 
Debout devant ses peurs, on se tétanise ou, on réagit. Par le passé, en suivant le courant, on survivait, ayant même parfois l'impression de nager, d'avancer de notre propre volonté. Mais depuis toujours la rive, inconsciemment, nous attirait. Jusqu'à ce choc, ce doute trop percutant... alors, ce bord qui défile, quelque chose de plus puissant que d'habitude, nous attire, notre intuition se fait plus pressente, tenaillante. Nous soufflant qu'il existe une autre façon de vivre, une autre manière d'être, plus lente, plus profonde, et certainement plus satisfaisante. Et, qu'il est temps !
Rejoindre la rive demande du cœur, y grimper aussi. Une fois sorti du flot, tout bascule, ces efforts, cette audace, se payent cash. La tête tourne, les repères disparaissent, bien que l'on soit enfin sur le sol, on perd pied. Puis, on aperçoit ce chemin pressenti depuis si longtemps, mais qu'il semble long et difficile une fois sur la rive. Alors on doute, pourquoi avoir agi de la sorte, et comment retourner dans le courant sans risquer de se noyer, tant il paraît frénétique, fou, vu de là ? On pose les genoux à terre, on pleur sur soi, sur ce qui a été, sur le confort et la sécurité, abandonnés ; sur sa nudité... Avancer semble si hasardeux, reculer si impensable. Au début, on triche, longeant la rive, se rassurant de cette possibilité folle de rejoindre les autres, ceux d'avant, même s'ils ne vous reconnaissent plus. Comme figé, un temps entre-deux, cédant parfois aux compromissions comme pour reprendre son souffle... On comprend que le temps de faire semblant, de se mentir à soi-même, aux autres, nous est compté... Qu'en s'extirpant du fleuve, on a perdu cette inconscience berçante, et que chaque acte qui va à l'encontre de cette force qui nous a poussée à en sortir, nous engourdis, nous meurtris. Tous nos actes "impurs" semblent lourds de conséquences, de plus en plus insupportables... Quoi que l'on fasse, on est mal ! Peut-être parce qu'on réalise qui on est, que l'on se distingue, se détache de notre ego... on est en route ! Comprenant petit à petit que cette souffrance vient de notre passé, qu'il est inutile de chercher à en guérir, qu'il vaut mieux s'accepter pour, se faisant, progresser, s'émanciper. 
Il est temps de s'inventer, de devenir cet être de passion souhaité. De refuser le mensonge qui est le contraire de l'art, lequel crée la vérité, au lieu que le mensonge, la dénature et la travestit. 
On s'affranchi enfin, on renaît, pour soi. 

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