(journal de mes sensations)

lundi 7 février 2011

Ces sens en manque

Au cours de ces absences, mes sens les plus à plaindre sont, le touché, le goût et celui de l'olfaction. 
La mémoire du touché subsiste plus longtemps. Mes bras, l'embrassant toujours avec ferveur, ont mémorisé la forme de son corps ; mes mains, quant à elles, gardent le poids de ses seins et, tout en les soutenant, mes pouces rejoignent naturellement mes index, pinçant tendrement ses tétons tendus. Elles se souviennent aussi de la douceur poudrée de sa peau, de la fraîcheur souple de ses fesses et, de la duveteuse délicatesse de framboise qu'a sa naissance du monde. Tout cela subsiste grâce au sens de la vision, à la contemplation de photos que j'ai d'elle. Et c'est sans doute pour conserver ce privilège de mémorisation tactile que j'évite, inconsciemment, tout contact physique. Il m'arrive même de passer plusieurs jours sans toucher personne. 
Le goût et surtout l'odeur sont très volatils et s'estompent trop rapidement... Jean-Baptiste Grenouille, par la technique de l'enfleurage, avait réussi à capter les parfums des êtres vivants, et je ne connais aucun autre Enchanteur susceptible de m'aider à résoudre ce problème : comment garder son goût et son odeur, sinon dans leur réalité, du moins en mémoire et aussi longtemps que dure son absence ? Il y a bien, le jeu des Correspondances cher à Baudelaire, mais je le trouve, malheureusement, un peu trop aléatoire. J'ai essayé en gardant sous mon oreiller, ses sous-vêtements portés, mais leur odeur n'est envoûtante qu'encore chaude et cela tient au mieux une nuit. Ses effluves sont si subtils et délicats qu'il faut avoir ma sensibilité et la finesse de mon odorat pour réussir à en capturer les étonnants parfums, tantôt de foin fraîchement coupé, tantôt de brioche. Je ne peux donc qu'attendre, en étant attentif à la moindre réminiscence d'une odeur, d'un goût sur la langue...
Je rêve de m'éveiller au chaud tout contre elle, mon nez enfoui dans ses cheveux, mon souffle sur sa nuque, mes mains comme des caresses... Portant encore sur moi toutes ses fragrances consenties la veille, lors de plaisirs mutuels...

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