(journal de mes sensations)

samedi 6 octobre 2012

Fractales rencontres.


C'est par hasard que je suis tombé sur cette image : Collision fractale de protons !
Petit je ne faisais pas ces cauchemars que font en général les enfants, ou si cela fut quelquefois le cas, je ne m'en souviens pas. En revanche je me rappelle avec une précision haute définition des deux rêves qui parfois hantaient mes nuits. Il y en avait un où ma chambre était envahie de chiffres de toutes tailles, plus ou moins denses, pesants... J'avais alors la sensation d'être engourdi, englué dans mon corps ; mes lèvres, ma langue ainsi que mes membres, gonflés comme sous l'effet d'œdèmes... Je finissais par me réveiller en nage, au bord de l'asphyxie. 
Dans le second, l'image était plus directement associée aux sensations. Dans un espace infini et noir, une ligne lumineuse que seuls les légers tressautements qui animaient l’extrême pointe m'indiquaient qu'elle avançait, se traçait. Tant que la ligne suivait une trajectoire horizontale, ma sensation était l'apaisement, la quiétude. Mais, j'avais une conscience ténue qu'un drame allait se produire. Était-ce qu'une telle paix m'amenait à douter que cela puisse durer ou bien une sensation de fond teintée d'une inexplicable légère angoisse ? 
Subitement, et sans raisons apparentes, la ligne s'emballait, filant en tout sens, tout en courbes, aussi précises que différentes, faisant des nœuds inextricables... 
Puis, aussi soudainement que cela avait commencé, la ligne reprenait sa course initiale et calme. 
Y avait-il eu collision ? C'est ce qui aujourd'hui me semble le plus plausible. 
Durant le temps ou se dessinaient ces figures fractales, je me sentais bouleversé. Ma respiration, mon cœur, s'emballaient... Le sang cognait mes tempes... Je vivais le chaos, je me sentais terriblement instable... Dans ma tête, mes pensées étaient tendues, tendues à se rompre, j'allais à coup sûr perdre la raison, une des circonvolutions de ma cervelle allait lâcher, éclater, rien ne serait jamais plus pareil... 
Puis, tout aussi subitement que ce brouillon s'était formé, le fil reprenait son cours, tranquille bien qu'imperceptiblement différent ! Mes battements de cœur ralentissaient, mes nerfs se relâchaient doucement, je me détendais, je m'observais pour tenter de cerner ce qui avait changer, sans succès...
Ces périodes récursives d'extrêmes tensions suivies de calmes plats, comme une mise en abyme, me donnaient le vertige. Bien que similaires, elles devenaient imprévisibles par le fait que chacun de ces évènements fractals et violents, modifiait de façon infime les conditions initiales de ma ligne. Tout me semblait fondamentalement instable, avec du recul, je me dis qu'il y avait là quelque chose de la théorie du Chaos !
Cette ligne représentait-elle ma vie, mon âme, qui en percutaient une autre ? Ces chocs, étaient-ce ces rencontres qui vous transforment infimement, mais suffisamment pour être chaque fois moins prédictible ? Avais-je déjà conscience de ce qui allait me modifier, me singulariser et que ces remises en question avec leurs lots de doutes, de craintes... n'allaient pas toujours s'avérer agréables ? 
Ce rêve ou cauchemar qui se répétait au cours des nuits de mon enfance, a certainement des causes plus historiquement vraisemblables, mais il me plaît de l'expliquer ainsi, et cette interprétation en lève élégamment l’énigme, et offre une explication plausible au fait que je m'en souviens si bien aujourd'hui.
Chaque rencontre est une épreuve, il n'y a là ni bon, ni mauvais, juste un évènement qui me fait évoluer, avec plus ou moins de bonheur, avec plus ou moins de regrets.    

1 commentaire:

  1. Un des pires cauchemars que j'ai fait quelques fois quand j'étais jeune, c'était seulement de gros cubes qui me tombaient dessus et m'écrasaient, me coupaient le souffle, faisaient planer sur moi une immense anxiété...

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