(journal de mes sensations)

lundi 8 octobre 2012

Circonvolutions et soirée Coréenne

Si je m'écoutais, je raconterais toutes sortes de billevesées sur le temps de ce lundi à Paris... Mais j'efface et recommence cette première phrase pour la quatrième fois afin de ne pas tomber dans le résumé météorologique. D'une part, ceux qui y sont n'ont pas envie d'en entendre parler et d'autre part, ceux qui sont ailleurs, n'y tiennent pas plus. Personne ne souhaite lire quelque chose sur le temps qu'il a fait au cours de la journée. Il est donc préférable que j'évoque ici plutôt mes humeurs que celle de la météo. Quand bien même les premières dépendent pour partie des secondes.
Étonnamment, et sans raisons évidentes, les miennes se trouvent être bien moins mauvaises que le temps qu'il fait ne le laisserait présager. J'étais bien plus abattu hier... 
Certes, je ne sortirai pas courir comme prévu, ce qui en soi est une déception supplémentaire. Pas plus que je ne ferais de sieste, je n'en éprouve pas l'envie, cela c'est plutôt satisfaisant parce que je me trouve avec autant de temps libre. Une heure et demie pour la course, pareil pour la sieste, me voilà tout à coup riche d'au moins trois heures à perdre.
J'ai même envie de me faire du thé. Amateur de thé, j'en possède pour toutes les heures de la journée.  Acheté dans des magasins spécialisés ou rapportés d'Inde, de Chine ou du Japon par des amis. Je choisis un Darjeeling vert qui, pour mon nez et surtout mon vocabulaire de néophyte, a des parfums d'herbe fraîchement coupée et de réglisse ; une couleur ambrée et une franche astringence, faisant se resserrer toutes les papilles de ma langue, la chair de mes joues et, excitant mes synapses... Idéale pour ne pas risquer de somnoler, pour essayer d'écrire à propos d'autre chose que du temps. Les premières tasses dégustées, il semble qu'il ait, sur mon organisme, d'autres effets qui m'obligent à quitter pour quelques minutes mon bureau...
La nature est ainsi faite que tout ce qui entre doit à un moment, sortir. Sauf, peut-être, selon le vœux de certains banquiers... Me voilà donc prêt et disposé à toutes les circonvolutions potentiellement imaginables par moi, à toutes les circonlocutions... Enfin, c'est ce que je croyais... Parce qu'il semble qu'il a suffi d'une coupure pour que mon élan se brise, me voilà tout à coup desséché, vidé !
Un bâillement me distant les mâchoires au point que je panique à l'idée de rester ainsi coincé... Je me lève pour aller chercher quelque chose à manger, détend ma nuque par quelques mouvements de tête et regarde par la fenêtre les passants courir s'abriter... 
Me dis que je me ferais bien quelques-uns de ces raviolis chinois que j’apprécie, pour le dîner... 
Bon sang, ça ne vient ou pas ?! Je le sentais pourtant bien ce coup des circonlocutions, après avoir parlé de billevesée... Où sont passés les effets du thé ? Disparus, au cours de cette dernière miction ? 
Ou peut-être, je peux sortir m'acheter des lentilles de chez Picard ? Voilà que maintenant j'hésite, gyoza ou lentilles ? Je crois que je ferais mieux de sortir m'aérer...  ça m'aidera à réfléchir...
Allons pour les gyoza, en regardant un de ces films Coréen qui me fascinent. Lumière blafarde de la télé et des enseignes de la rue quand il pleut ; chuintement des pneus sur la chaussée mouillée... Des baguettes et des nouilles sautées, l'odeur aigre de choux fermenté... La même ambiance, un peu glauque, de ces thrillers, crus et grouillants, comme peut l'être une ville asiatique un soir de pluie froide... 
Ne manque à cette mise en scène que ce qui, par sa beauté, son éclat et sa tendresse, crée le contraste et en accentue l'effet. 
Une petite liane élégante et glabre aussi brune qu'aimante mais à la peau fine et blanche, qui masserait savamment mon cou avant de m'attirer sans ménagements sur ma couche, pour me réchauffer vigoureusement, me faire tout oublier... 

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