(journal de mes sensations)

samedi 7 avril 2012

Etat d'âme d'un soir

Hier soir, dîner chez des amis. Un très grand appartement juste en face de l'église du Val de grâce. Soirée fort sympathique et décontractée. Un peu avant minuit j'ai pris le chemin du retour, en ayant décidé de rentrer à pied. Luxembourg, la Sorbonne (même pas... trop mal...) puis le boulevard Saint Germain jusque la Seine. En traversant par le Pont de Sully, je me suis arrêté pour regarder vers l'ouest. La rambarde n'est pas si haute. L'eau sombre paraît vivante, attirante même... y sauter, si facile. 
À cet endroit elle fait bien une centaine de mètres de large et de chaque côté, les berges sont de hauts mûrs abrupts empêchant tout échappatoires... Saisi par le froid de l'eau, nager jusqu'à eux doit déjà être un véritable exploit... Quelle drôle d'idée ! Il faut reconnaître que sauter dans l'eau est un geste plus facile que d'appuyer sur une gâchette ou que de chasser un tabouret de dessous ses pieds...
En revanche l'instant suivant dure plus longtemps ! Le vif et brutal contact avec l'eau doit faire l'effet d'un électrochoc, et donner alors pleinement conscience de la nature irrémédiable du piège dans lequel on s'est jeté ou,devrais-je peut- être dire, précipité.
C'est en effet à ce moment précis que l'on constate, réellement, du bon sens ou non, d'un tel geste. Accepter calmement de sombrer ou, paniquer, lutter, se débattre ?
Sauter d'un pont dans l'eau est finalement plus courageux que d'appuyer sur une gâchette, ou que de chasser des pieds un tabouret, parce que pendant les longues minutes qui suivent, on se fait face sans pouvoir se fuir !
Après cette réflexion penché au dessus d'une eau me semblant de plus en plus inacueillante, j'imagine que je me débattrais comme un forcené. Inutile donc de sauter !

Sans compter, que là juste devant moi, une seule étoile brille, une planète plus exactement, Vénus veille... peut-être sur moi ?
Arrivé sur la rive droite sans m'être mouillé, j'emprunte un vélo (un vélib, bien entendu) remonte le boulevard Henri IV (m'aperçois au cours des deux premiers mètres que j'ai quand même un petit coup dans le nez), traverse sans peur la place de la Bastille, enfile (en tout bien tout honneur) la rue du Faubourg Saint Antoine puis les rues Crozatier et de Charenton, jusque chez moi. Me déshabille dans le noir et me couche plein d'espoirs. Pour me lever, à peine quatre heures plus tard, contraint et épuisé.

"Si un homme manque de reconnaître sa véritable nature, le véritable objet de son amour, la confusion est grande et irrémédiable." (Platon)

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