(journal de mes sensations)

lundi 17 juin 2013

Sujets de méditation.

Je dois dire que j'étais quand même conscient de la nécessité d'aller courir ce matin. Hier, mon premier jour de repos, j'ai fainéanté, me suis abandonné à la lascivité, toute relative voir imaginée, de mon lit douillet. C'est fort ennuyeux, parce que ce matin c'est une autre histoire. Il faudrait que j'ai un marathon à préparer pour sortir par un temps pareil. Sans compter que ça tonne, ça gronde, ça flashe.
J'adore l'orage. Pas au point d'aller me promener dessous, je ne suis pas fou. Même si je n'en ai jamais eu peur, je m'en suis toujours méfié, sachant percevoir très finement cette sensation de n'être rien devant les éléments de la nature... C'est sans doute ce rappel à l'ordre des choses qui me fait tant aimer l'orage... 
Dans cette petite chambre sous les toits, ça doit bien résonner. Et par cette petite fenêtre de toit, quel spectacle ça doit être...
Du coup, voilà mes plans matinaux chamboulés, sans trop de regrets, je dois honteusement l'avouer. J'espère que cela va tout de même se calmer ; je dois, aujourd'hui, aller acheter mon thé ! Aujourd'hui, dans l'après-midi, parce que j'imagine que c'est le jour de la semaine et le moment de la journée où j'ai les meilleures chances de l’entrapercevoir...
Voir ce qu'elle est... Observer sa silhouette, sans doute inchangée à l'inverse de la mienne ; si elle a laissé repousser ses cheveux ou si elle a continué à les couper... Peut-être même distinguer les traits de son visage, s'ils sont tirés parce ce qu'elle est fatiguée, préoccupée ou anxieuse ; ou s'ils sont relâchés, parce qu'elle est reposée, peut-être heureuse... Son allure peut m'indiquer si elle se trouve en bonne santé ou indisposée... Et comment elle est habillée m'en dira un peu sur ce qu'elle fait de son temps libre...
Hier j'ai reçu un cadeau. C'est touchant bien sûr... Mais, j'avais pourtant dit, depuis toujours, que je n'en voulais pas... C'est une vraie responsabilité !
Un petit arbre dans un pot, un de ces bonsaïs produits à la chaîne. Six ans m'indique son étiquette, il a déjà six ans ! Comment ont-ils fait pour qu'il vive jusque-là ? Et moi, comment vais-je faire pour qu'il survive encore quelques années ; pour ne pas me rendre coupable de ce geste inconsidéré qu'est l'oubli ?
En prendre soin, lui parler... Bon sang, quelle préoccupation ! En plus, chez moi, c'est très sec... tout l'inverse de ce que c'était dans cet atelier où... C'est plus sain paraît-il, cependant il m'est arrivé de me réveiller avec la sensation d'être tellement desséché que la peau me tirait à craquer... alors lui, si frêle, comment va-t-il réagir ? Sachant qu'il ne faut pas trop l'arroser... Comment compenser sans le noyer ? J'ai constaté qu'une ou deux de ses petites feuilles étaient jaunies, est-ce une maladie ? Ah, quelle misère cette responsabilité, tout de même ! Déjà que je suis devenu incapable de m'occuper de moi-même...
Bon, voyons le bon côté des choses... ça peut-être aussi une façon de méditer quelques minutes par jour... le regarder, le ressentir, être tout absorbé... 
J'ai cette vision d'elle, qui après s'être épilé les jambes, s'installait confortablement sur une chaise à la lumière et finissait le travail à la pince à épiler. Elle retirait avec une étonnante patience, tous les récalcitrants, un à un... c'était, me disait-elle, le moment ou elle oubliait tout ; un moyen très efficace de méditation en quelque sorte... C'est certain que cela lui demandait une considérable concentration, les poils restants étaient si souples et si blonds, transparents, que je me demande encore comment elle réussissait à les attraper. C'était la même chose pour cette séance de vernissage... mais là, moi aussi ça me vidait la tête, n'y laissant plus qu'une idée... tenace toute la journée... de la voir ainsi déposer sur ses ongles de pieds, un rouge carmin, un rouge envie... et de suivre du regard ses longues jambes blanches et effilées...



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