(journal de mes sensations)

lundi 25 mars 2013

Cet autre que l'on est, que l'on peut être...

Rien de nouveau sous mon ciel gris. Et aucune probable amélioration en prévision.
D. est partie, aujourd'hui, rejoindre L. chez nos voisins les Anglo-saxons... Elle n’était pas si fière, en partant ce matin... moi non plus en la voyant partir. Que lui dire d'autre qu'elle prenne soin d'elle. Que, finalement, on ne s'appartient jamais tout à fait !
Celui que je connais le moins, c'est sans doute ce moi, celui que voit l'autre de moi. Jamais je ne verrais mon visage, en vrai... autrement qu'en reflet. Ce qu'il est quand je bouge, quand je vis... Tout particulièrement, ce qui émane de moi ! Que les autres voient et même, me reconnaissent à ça. Je dois admettre qu'il y a certains moi, chez d'autres, que j'aime bien...
Un intime qui s'en va, garde-t-il avec lui ces parties de moi et vis et versa ? Qu'advient-il alors de ces parties de moi qu'il emporte avec lui ? 
Est-ce qu'elles perdent petit à petit de leur réalité, au propre comme au figuré ? 
Cette intime, ces parts d'elle que j'ai conservées, qu'en est-il de leur réalité aujourd'hui ? Est-ce que ce ne sont plus que des ersatz moribonds pour n'avoir plus été rafraîchis, mis à jour, avec leur original, depuis trop longtemps ? 
C'est sans doute la réalité de cette idée qui depuis quelque temps me travaille, me désole... Naïf, je pensais qu'aimer suffisait... J'ai bien peur que non, qu'il faille le vivre, le dire, toucher... l'user et même abuser... pour que l'autre vive. 
Et lorsque l'on se retrouve, après une longue séparation, y a-t-il un décalage ? J'ai, une fois, vécu cette situation, après une longue absence... il n'y en eut aucun ! Ces parties d'elle, que j'avais conservées, avaient évolué en parallèle de leur original, mais sans jamais en perdre sa réalité... Exceptionnel, non ? 
Et qu'en est-il de ces parties que chacun conserve de l'autre, lui font-elles défaut ? Ce ne serait pas drôle, moi, je n'ai gardé d'elle que le meilleur... Cependant, je peux croire que la vision subjective que l'on a de l'autre, cette vision de lui qu'il n'est pas tout à fait... mais qu'il finit par devenir à force de votre projection... cette part-là disparaît avec celui qui vous l'offrait... Et, pour ma part, c'est peut-être dommageable...
J'imagine que ce fait n'est pas sujet aux affres du temps, c'est mon esprit qui l'est, mon imagination... Je crois qu'au bout d'un certain temps il faut pouvoir incarner cette image que l'on garde de l'autre, aussi aimée soit-elle.
L'incarnation de l'autre est une nécessité pour pallier notre propre altération... et ses fâcheuses conséquences sur notre mémoire...

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