(journal de mes sensations)

samedi 15 décembre 2012

Contre Nature ?

Une fois n'est pas coutume. Je vais me lâcher un peu quant à un sentiment personnel, un positionnement d'ordre social sinon moral. Je ne le fais pas pour ouvrir un débat, chacun voit midi à sa porte et éprouve sa propre conscience humaine.
J'ai eu la confirmation d'un écho, qui circulait depuis un peu plus d'un an, concernant une démarche qui, pour le moins, prête à controverse... Elle concerne une personne dont je fus proche, par alliance... Rien d'autre, en effet, chez elle ne m'aurait attiré... Son comportement d'alors à mon égard ne laisse aucun doute quant à la réciprocité de nos sentiments. Lorsque nous nous croisions, nous nous contentions de nous supporter sinon de nous ignorer. Même en considérant que son état d'esprit était sans doute la conséquence de sa nature de victime... je ne pouvais tout lui pardonner. Mariée sur le tard, comme par résignation, elle annonça que ne pouvant avoir d'enfant, elle adopterait. N'ayant déjà pas supporté de vivre plus de deux mois en communauté avec les filles, pré ados, de son conjoint, son annonce me semblait peu responsable, voire inconsciente. Ce qui n'était pas pour m'étonner. J'imagine que, malgré tout, l'idée chemina jusque dans son esprit pourtant peu disposé à l'abstraction. Et après l'acquisition d'un quadrupède - qui, au cours des années, enflât comme sa maîtresse. Mimétisme ? Mystère et boulimie... - elle abandonna ou, oublia cette idée. 
C'est à peu près à cette époque que les vicissitudes de la vie firent qu'il ne nous fut plus nécessaire de nous supporter...
Au fil des années, j'appris qu'avait germé dans son esprit, sans doute affaiblit par son état de victime et une vie de rentière trop pénible... une nouvelle idée, susceptible de convenir à son incapacité maladive d'en aimer d'autres qu'elle-même. Elle s'était approchée, par je ne sais quel organisme, aussi onéreux que discret, d'une pauvre fille d'Europe de l'Est. Mère célibataire d'un tout jeune enfant, qui acceptait moyennant finance, de recevoir par insémination artificielle (bien que monsieur n'aurait certainement pas rechigné à se sacrifier), la conséquence de la rencontre in vitro, de l'ovule de madame et, du plus habile ou plus chanceux, des spermatozoïdes de monsieur... 
La nature, comme un signe ultime, mit fin prématurément à cette tentative ! 
Il me faut ouvrir ici une parenthèse : 
Bien qu'ayant eu le minimum nécessaire d'éducation religieuse, je suis, du moins me considère, athée ou, plus précisément, agnostique... Conscient de la nécessité d'une morale et d'une éthique pour cohabiter, je la souhaiterais universelle et dénuée de toutes croyances ou cultures plus propices à conduire à la guerre. Une sorte de bon sens de la vie que la connaissance enrichirait... Comment croire ou respecter des lois qui diffèrent selon les pays, les coutumes et je ne sais encore quelles différences qui nous distinguent en apparence ?
En plus d'être agnostique, sans doute suis-je aussi, un utopiste. Mais personne n'est parfait, c'est d'ailleurs ce qui fait le charme de chacun...
Donc, une fille de l'Est, plutôt jeune, comme mère porteuse... Évidemment je suppute que le choix de l'origine, ne fut pas anodin... Africaine ou Asiatique n'aurait sans doute pas convenu, quand bien même il n'est dans ce cas, pas question de gènes !
Certaines persistances ne sont l'oeuvre que de l'ego... Une seconde tentative fut donc... éprouvée... L'affaire semblant alors bien engagée, afin de contourner les tracas légaux et administratifs que pose ce genre d'entreprise, la jeune porteuse fut invitée, je ne sais sous quelles raisons légales, à se rendre chez sa demandeuse, six mois avant le probable terme... du contrat. Invitée avec son fils, à prendre résidence chez ce couple en mal de progéniture, et par la même occasion, à se retrouver sous haute surveillance... Six mois que je ne peux ou n'ose imaginer, sachant déjà que concernant l'aspect - j'allais dire maternel - de gestation, comment le pourrais-je ? En revanche, pour ce qui est de la cohabitation, je ne manque pas d'anecdotes qui, toutes soulignent le comportement à forte tendance individualiste, égocentrique et capricieux de l'acheteuse...
L'ovule et le spermatozoïde génèrent, certes, l'embryon inséminé, porteur de toutes les futures caractéristiques physiques, génétiques et même intellectuelles (nous ne pouvons pas tous avoir de la veine). 
Mais ce fœtus commencera à se former... à accéder à la vie, à prendre conscience de la chair et du sang, à s'attacher à ce cœur qui bat et qui l'apaise, aux bruits et aux humeurs de ce corps qui protège son achèvement... À ressentir ces vibrations, qui font que longtemps, on reconnaît cet autre dont on provient... bref, à prendre figure humaine, au sein d'une chair qui n'est pas celle de sa mère (ou bien est-ce l'inverse). Comment toutes les conditions de la grossesse ne pourraient-elles pas être constitutives de l'être à apparaître ? D'ailleurs n'est-ce pas là, la raison principale, qui porte les demandeurs à choisir la porteuse, selon des critères physiques et culturels les plus proches possibles de leur apparence... enfin de celle qu'ils pensent avoir ?
Bref, cet enfant est né, porteur des gènes de ses futurs parents. Dans quelques jours, celle qui assura son développement durant neuf mois rentrera dans son pays, plus seule que quand elle en est partie, mais avec de l'argent et, un sournois et irréversible sentiment de culpabilité. Que répondra-t-elle aux questions de cet enfant qui l'accompagne ? Qu'elle a fait cela pour lui ?!
Et ce nouveau-né, de quelle nature seront les stigmates qui le singulariseront le restant de sa vie ? 
Finalement, cette femme étrangère a vendu sa chair, et une partie d'elle-même... très certainement poussée par la nécessité. Je ne peux m'empêcher de me demander depuis quand l'humanité combat-elle l'esclavagisme, la prostitution ?
Puisse cette femme qui voulait, à n'importe quel prix, être mère... le devenir. Puisse cet enfant, n'être pas que le caprice onéreux d'une enfant gâtée...
La science est nécessaire au confort de notre vie... La Nature, elle, lui est indispensable. La science ne devrait-elle pas servir cette Nature en péril, plutôt que les caprices luxueux et contre nature de certains d'entre-nous ?
Quant aux lois que la société édicte pour maintenir l'ordre social, ne devraient-elles pas être au-dessus du pouvoir de l'argent ? Ainsi que des diverses croyances... Par exemple, l'avortement, si tant est qu'il faille le légiférer, ne devrait-on pas considérer que c'est avant tout l'affaire de la femme concernée et aussi de ses réalités ? Je remarque qu'il y a des caractéristiques communes à tous les prêcheurs de morale, c'est de faire feu de tout bois et, de manquer d'humilité au regard de la Nature, au nom de ce qui ne sont que des idées...
D'un autre point de vue, cette pauvre femme a enfin de quoi vivre, pour un certain temps... Et cette autre, peut enfin accéder à ce statut qu'elle convoitait tant... Sans compter que l'emprunte carbone de cette aventure doit être moins importante que celle d'une famille qui part en vacances...
Ça n'empêche... moi, il y a là, quelque chose qui me gêne. Sans doute mon côté utopiste...    

2 commentaires:

  1. Je trouve vote commentaire plein de bon sens et assez convaincant, mais il faut trouver plus pour ceux ou celles qui ne rechignent devant rien!Le monde fonctionne par l'argent pour l'argent et rien d'autres!
    J'ai survolé rapidement votre blog et je le trouve assez riche pour les thèmes abordés.
    Bonne fin de journée.

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  2. Merci,Bizak, pour me lire et pour votre commentaire.
    J'ai cette fâcheuse tendance à penser que l'argent s'avère un outil de mépris dès lors qu'il est obtenu sans mérites... Il n'est, finalement, que ce nous en faisons...


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