Hier, une amie helvète de passage à Paris m'invite à
prendre un verre en fin d'après-midi... Une lectrice devenue amie, nous ne nous
sommes rencontrés que deux fois, mais comme je lui disais, les "inadaptés" se
reconnaissent tout de suite... Nous échangeons quelques mails, plutôt concise
voir minimaliste, elle s'amuse, au fil de nos rares échanges, à m'envoyer des
références sous forme de rébus se rapportant à ce qui l'a interpellé dans ce que
j'ai écrit...
Une bien agréable fin d'après-midi, qui fut cependant,
une fois de plus, l'occasion pour moi, de constater mon incapacité à tenir une
conversation intelligible, argumentée, avec une introduction, des exemples et
une conclusion. De ma difficulté à accéder à mes données intellectuelles,
culturelles ou même de vie courante...
Comme j'envie ces gens qui citent à tout va tel ou tel
écrivain, nomment les peintres et leurs œuvres, des cinéastes... des artistes en
tout genre, ont toujours une référence pertinente... Même si, certainement par
jalousie, par réaction, je les soupçonne de ne se préoccuper de toutes ces
informations que par vanité, et de n'avoir presque jamais de sentiment propre à
propos de ce dont ils parlent avec manières et intentions...
Pour ma part, certes, il doit aussi y avoir un peu de
fainéantise à ne pas apprendre par cœur, par exemple, quelques fines et
remarquables citations de ces auteurs qui m'enchantent... mais qu'en ferais-je ?
Et puis, ma conscience, ma sensibilité, supporte mieux de passer pour un
demeuré, plutôt que pour un fat !
Chaque fois que je suis en présence d'un
autre, inconsciemment je m'emploie à communiquer avec
lui, autrement... Mes sens prévalent sur ce que j'entends, sur ce que je dis. Ma
perception extra-sensorielle interfère le processus de la parole, exacerbe la
sensibilité de mes autres sens... bref, c'est un joyeux chaos apparemment
orchestré par mon instinct ; sorte d'animal aussi imprévisible qu'halluciné,
mais maître incontesté des lieux... Mon esprit, alors submergé par des
informations codées différemment, incapable de tout traiter en temps réel ;
enregistre, traduit, mémorise, répertorie et classifie. Dessinant doucement,
avec une diabolique précision, la carte émotive et psychologique de l'entité
qui communique avec la mienne. Tout cela ralentissant du coup toutes autres
opérations, ainsi que tout accès à la mémoire...
Bien que conscient de ce fonctionnement hors norme, je
ne peux m'empêcher d'essayer de communiquer avec les outils ordinaires... et
cela donne quelque chose que j'imagine particulièrement abstrait pour ne pas
dire abscons ; je m'embrouille, perds le fil, finis la plupart du temps par
abandonner pour reprendre une autre idée qui me vient ; une prolixité
entrecoupée de grands silences, d'égarements, à peine embarrassés... Parce que
finalement, je sens plus que je ne sais, que le message principal est passé ;
comme par enchantement...
Je me souviens de ces conversations que nous avions lors
de ces repas que nous partagions...
Elle, dont l'esprit est si pragmatiquement
organisé, contrôlé, ou même la folie y est organisée (sauf peut-être l'intérêt
et l'empathie qu'elle a pour les chiens)... sachant toujours choisir les mots
les plus appropriés à l'idée qu'elle veut donner, fussent-ils
d'une autre langue que la sienne... Sans doute ai-je atteint, au cours de certains de nos
échanges, des sommets d'incohérence ?
Pour ma défense, je dirai que mes sens étaient si
entièrement sollicités... elle était un tel gisement d'émotion, la promesse
d'une moisson si abondante... que chaque fois, en sa présence, je m'emballais,
dépassais dangereusement les limites de surchauffe. Et bien que cela fût
imperceptible extérieurement, j'étais intérieurement, en état de fusion
nucléaire... Au point d'être, par un effet "extraphysique" pas encore connu des
scientifiques, propulsé dans une autre dimension, un autre monde, où je me
trouvais être un peintre réalisant d'elle le plus gigantesque des portraits. Une
fidèle représentation d'elle, ou tout admirateur n'y voyait qu'une magnifique
Voie lactée...
Elle devait et doit encore me prendre pour un sacré
demeuré...
Comment voulez-vous que l'on me prenne au sérieux
avec de pareilles idées ? Même moi, lors de mes rares moments de lucidité, je
dois admettre que je me trouve un peu barré. Certes, les psychotropes ne doivent
pas contribuer à ce que, mes instants de clairvoyances soient plus fréquents.
Mais qu'importe, tant qu'il m'en reste assez pour m'occuper d'un potager, de
quelques poulettes... d'une ou deux biquettes, et pour couper du bois pour me chauffer... Eh
bien, ça ira bien. Ah, j'oubliais, une bonne étoile aussi, c'est primordiale
une belle étoile pour veiller sur elle et qu'elle veille sur moi, et sur les chiens...
Bon, il est temps d'y aller ! Je vais passer deux jours à la campagne, pour me changer les idées... enfin, pas toutes.
Extra..! Vous etes d'une vérité touchante.
RépondreSupprimerJe vous rassure, je pense que je viens de la même planète que la vôtre....
Merci Douce...
RépondreSupprimerJe l'avais bien senti en lisant vos mots ici (m@claireaddax.overblog.com), et là (PoésiEtmoi PoésiEmois).