(journal de mes sensations)

mardi 3 septembre 2013

Passer pour demeuré plutôt que pour un fat !

Hier, une amie helvète de passage à Paris m'invite à prendre un verre en fin d'après-midi... Une lectrice devenue amie, nous ne nous sommes rencontrés que deux fois, mais comme je lui disais, les "inadaptés" se reconnaissent tout de suite...  Nous échangeons quelques mails, plutôt concise voir minimaliste, elle s'amuse, au fil de nos rares échanges, à m'envoyer des références sous forme de rébus se rapportant à ce qui l'a interpellé dans ce que j'ai écrit... 
Une bien agréable fin d'après-midi, qui fut cependant, une fois de plus, l'occasion pour moi, de constater mon incapacité à tenir une conversation intelligible, argumentée, avec une introduction, des exemples et une conclusion. De ma difficulté à accéder à mes données intellectuelles, culturelles ou même de vie courante...
Comme j'envie ces gens qui citent à tout va tel ou tel écrivain, nomment les peintres et leurs œuvres, des cinéastes... des artistes en tout genre, ont toujours une référence pertinente... Même si, certainement par jalousie, par réaction, je les soupçonne de ne se préoccuper de toutes ces informations que par vanité, et de n'avoir presque jamais de sentiment propre à propos de ce dont ils parlent avec manières et intentions...
Pour ma part, certes, il doit aussi y avoir un peu de fainéantise à ne pas apprendre par cœur, par exemple, quelques fines et remarquables citations de ces auteurs qui m'enchantent... mais qu'en ferais-je ? Et puis, ma conscience, ma sensibilité, supporte mieux de passer pour un demeuré, plutôt que pour un fat !
Chaque fois que je suis en présence d'un autre, inconsciemment je m'emploie à communiquer avec lui, autrement... Mes sens prévalent sur ce que j'entends, sur ce que je dis. Ma perception extra-sensorielle interfère le processus de la parole, exacerbe la sensibilité de mes autres sens... bref, c'est un joyeux chaos apparemment orchestré par mon instinct ; sorte d'animal aussi imprévisible qu'halluciné, mais maître incontesté des lieux... Mon esprit, alors submergé par des informations codées différemment, incapable de tout traiter en temps réel ; enregistre, traduit, mémorise, répertorie et classifie. Dessinant doucement, avec une diabolique précision, la carte émotive et psychologique de l'entité qui communique avec la mienne. Tout cela ralentissant du coup toutes autres opérations, ainsi que tout accès à la mémoire...
Bien que conscient de ce fonctionnement hors norme, je ne peux m'empêcher d'essayer de communiquer avec les outils ordinaires... et cela donne quelque chose que j'imagine particulièrement abstrait pour ne pas dire abscons ; je m'embrouille, perds le fil, finis la plupart du temps par abandonner pour reprendre une autre idée qui me vient ; une prolixité entrecoupée de grands silences, d'égarements, à peine embarrassés... Parce que finalement, je sens plus que je ne sais, que le message principal est passé ; comme par enchantement...
Je me souviens de ces conversations que nous avions lors de ces repas que nous partagions...
Elle, dont l'esprit est si pragmatiquement organisé, contrôlé, ou même la folie y est organisée (sauf peut-être l'intérêt et l'empathie qu'elle a pour les chiens)... sachant toujours choisir les mots les plus appropriés à l'idée qu'elle veut donner, fussent-ils d'une autre langue que la sienne... Sans doute ai-je atteint, au cours de certains de nos échanges, des sommets d'incohérence ?
Pour ma défense, je dirai que mes sens étaient si entièrement sollicités... elle était un tel gisement d'émotion, la promesse d'une moisson si abondante... que chaque fois, en sa présence, je m'emballais, dépassais dangereusement les limites de surchauffe. Et bien que cela fût imperceptible extérieurement, j'étais intérieurement, en état de fusion nucléaire... Au point d'être, par un effet "extraphysique" pas encore connu des scientifiques, propulsé dans une autre dimension, un autre monde, où je me trouvais être un peintre réalisant d'elle le plus gigantesque des portraits. Une fidèle représentation d'elle, ou tout admirateur n'y voyait qu'une magnifique Voie lactée...
Elle devait et doit encore me prendre pour un sacré demeuré...
Comment voulez-vous que l'on me prenne au sérieux avec de pareilles idées ? Même moi, lors de mes rares moments de lucidité, je dois admettre que je me trouve un peu barré. Certes, les psychotropes ne doivent pas contribuer à ce que, mes instants de clairvoyances soient plus fréquents. Mais qu'importe, tant qu'il m'en reste assez pour m'occuper d'un potager, de quelques poulettes... d'une ou deux biquettes, et pour couper du bois pour me chauffer... Eh bien, ça ira bien. Ah, j'oubliais, une bonne étoile aussi, c'est primordiale une belle étoile pour veiller sur elle et qu'elle veille sur moi, et sur les chiens...
Bon, il est temps d'y aller ! Je vais passer deux jours à la campagne, pour me changer les idées... enfin, pas toutes.  

2 commentaires:

  1. Extra..! Vous etes d'une vérité touchante.
    Je vous rassure, je pense que je viens de la même planète que la vôtre....

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  2. Merci Douce...
    Je l'avais bien senti en lisant vos mots ici (m@claireaddax.overblog.com), et là (PoésiEtmoi PoésiEmois).

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