Je m'essouffle un peu...
C'est à cause de certains silences, d'une soudaine
absence... dont je ne sais quoi penser.
Après tout... je ne suis plus personne... au mieux, une
connaissance... D'autres ont toujours été mieux placés que moi pour s'en faire...
hier comme aujourd'hui. Et peut-être même qu'à eux, cela ne leur est pas
nécessaire...
Allez savoir !
Mais comment savoir ? Je suis partagé entre deux
attitudes : l'irritation et l’inquiétude. La première, conditionnée par le
passé... la seconde, parce que je sais que seul, tout est tellement plus
difficile. Bien sûr, on peut s'éprouver, résister au mal... mais nous tous avons
nos limites et les atteindre, tout particulièrement quand on est seul, peut
s'avérer insidieusement destructeur...
L'irritation, je m'y suis fait depuis... C'est
l’inquiétude à laquelle je ne me ferai jamais... J'ai une conscience aiguë de
ces épisodes terriblement blessants que nous sommes tous amenés à traverser...
J'en garde moi-même de vilaines plaies, continuellement sensibles...
J'ai toujours préféré souffrir plutôt que voir un être,
à qui je suis attaché, souffrir. Je n'en tire aucune fierté, ni ne cherche à
m'en vanter, c'est juste que je sais comment gérer ce qui m'atteint et que
j'encaisse extraordinairement bien ; je suis indestructible, j'épuise même le
mal... Avec cependant, un talon d'Achille : la peine, le désarroi de cet autre
que j'aime... Cela me bouleverse...
profondément, infiniment !
Au chevet d'un malade, inconsciemment je lui prends la
main puis appose les miennes là où ça fait mal, avec tendresse... tente, sans
mot dire — parce que je sais qu'il semble y avoir là quelque chose
d'inexplicable, et donc de potentiellement ridicule — de lui prendre sa
souffrance... Je me rappelle mes mains sur des ventres brûlants, des nuques ou
des tempes fiévreuses, d'êtres aimés... Je n'ai pas le souvenir d'avoir ressenti
leur douleur, ailleurs que dans mon imagination... pas plus que je n'ai su si
j'avais réussi à les soulager... Mais j'étais là et j'ai fait ce que me dictait
mon cœur avec un total engagement. Peut-être cela suffit-il, ce peu d'amour dans
ces moments-là ?
La contrepartie, parce que c'est dans la nature de
rétablir l'équilibre, c'est que de ne pas savoir... m'irrite, et exergue ce
soupçon d'orgueil qui s'obstine en moi...
Le plus pénible des deux ?
Que vaut-il mieux :
"Ouf !... Ce n'était qu'un peu
d’indifférence...",
ou :
"Quoi ? Non ! Non, non, non, non... ce n'est pas
possible... Non, non pas ça !" ?
Mais ne dramatisons pas, j'ai déjà eu tant de fois
l'occasion de le faire... et puis, d'autres sont là...
Qui suis-je, moi, pour
importuner les gens comme ça ?
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