Moi qui pensais ne plus me faire d'illusions... Quelle
présomption !
Les soucis attirent les soucis dit-on. À bien y regarder, aucun
n'est vraiment une surprise. Sauf, peut-être le premier, je l'ai vu arriver,
mais je ne pensais pas qu'il prendrait cette vieille et vilaine tournure que je
connais si bien... Le second, récurent pour ne pas avoir les moyens du remède
définitif qui convient... d'ordre matériel il est moins important que les
autres, mais me ronge et nuit à ma personnalité, à ma santé.
Le troisième... mon plus profond tourment ? Je ne sais
pas. Peut-être n'est-il que le révélateur d'un vice caché, d'un trouble enfoui ?
Ou bien il est de ceux qui s'avèrent insolubles parce qu'ils sont la conséquence
de ce sentiment qui ne se contrôle pas...
Je dois avouer que les trois réunis, sont
destructeur...
Ces trois jours au cours desquels je pensais dormir, je
me suis remis à lire, j'ai pris une résolution d'avenir et je suis allé
courir...
Autodidacte et disons-le, plutôt original quant à
l'organisation de mon éducation culturelle, c'est mon instinct qui me mène aux
œuvres, aux auteurs... Il y a quelques mois j'avais acheté "Les frères
Karamazov", les nouvelles de Gogol m'avaient un peu laissé sur ma faim et un
sentiment me poussait à ne pas rester sur mes a priori concernant la littérature
Russe... Certainement que Romain
Gary avec ses "Enchanteurs" y est
pour quelque chose... Le pavé était là, dans ma bibliothèque, avec quelques
autres livres achetés de la même manière ; attendant l'envie ou le
courage...
À peine entamé, je n'ai pu m'arrêter de le dévorer
!
Je ne possède pas plus l'envie que l'érudition ou la
prétention, dans faire ici une quelconque critique... Mais, quel bouquin !
Est-ce aussi parce que dans le portrait de cette Grouchenka il y a des traits de caractère, des indices
psychologiques et comportementaux, que je reconnais comme appartenant à un
autre...
Totalement absorbé, je ne me suis qu'à peine nourri...
ne suis sorti que pour prendre un café avec D et J de passage à Paris, et pour
aller courir dimanche matin ; sans doute poussé par le scrupule d'être resté
allongé trois jours durant... et sans même m'adonner à la masturbation ! c'est
dire... Cette ascèse soudaine et non prévue me fit immédiatement du bien, et je décidais qu'il
était temps de faire quelque chose de difficile, de saint pour moi... Il y a quelques
années, j'avais décidé de devenir marathonien... cette fois, j'optais pour le
jeûne ! Je vais devenir un jeûneur.
Je vais commencer par supprimer ces mauvaises habitudes
prises afin de compenser la dépression... Me restreindre à ne plus grignoter et
à manger plus équilibré... Faire dans un premier temps une cure de
désintoxication, bannir vin et bière, pain, fromages, viande et gâteries (alimentaires, s'entend)...
Espacer un peu plus ces moments de détentes avec l'Oaxaca... Courir plus
régulièrement... Bref, redessiner ma silhouette, éprouver ma volonté, renaître...
Par trop intimiste et ne brillant d'aucun talent reconnu
et donc susceptible de reléguer mon aspect physique au second plan... ce n'est
pas avec un corps amolli que je me sentirai favorablement disposé pour trousser quelques gourgandines ou qui sait, séduire une fée... (Décidément, je me sens capable
d'abandonner toutes mes valeurs morales, au profit d'un style ou d'une musique
que je m'efforce de trouver en associant des mots...)
C'est étonnant comme cette propension à l'ascèse ne me
vient que dans ces circonstances extrêmes que sont celles d'être amoureux ou
d'être miséreux. Tantôt une qualité nécessaire, tantôt une pénitence que je
m'inflige... Ascèse ou débauche, je ne m'y égare que pour m'y faire mal, convaincu que la beauté ne peut naître que de la douleur...Que mon salut est dans la peine...
J'entrecoupe toujours ma lecture de moments de
réflexion, particulièrement lorsque celle-ci me plaît, une façon de reprendre mon
souffle. Je m'extasie sur un passage, son style, sa chute... Je fais une pause,
relis ledit passage... Vagabonde, puis en viens naturellement à mes
préoccupations, et y applique ma découverte... J'en conclus que ce manque d'élan, ces disparitions... sont, indéniablement, de l'indifférence. Peut-être devrais-je me résoudre à tourner cette page ?... Puis, reprenant ma lecture, un peu plus loin, je suis amené à tout de même convenir de l'étrangeté de
ces alternatives... qui ne peuvent être que maladives, et donc...
Ah ! Grouchenka, comme tu me tourmentes. Un jour ou l'autre, si rien n'est fait... je résoudrai drastiquement ce cas d'âme à celui d'ordinaire... et oublierais...
En attendant, une sieste s'impose, j'espère ne pas y faire de ces récents et troublants cauchemars... Rêves peu agréables, déjà fait il y longtemps, auxquels ce sont ajoutés des événements récents...
Ce doit être le Détox que je bois en grande quantité, le manque ou encore cet état soucieux qui réveille en moi quelques peurs lointaines...
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