Fût-elle un jour heureuse ? Lorsqu'elle me parle, je comprends ce que j'ai toujours pressenti, cette question n'a aucun sens, pour elle, pour moi, pour nous tous.
Elle est pour moi un personnage énigmatique. Il y a ces perceptions que j'avais d'elle étant petit, ce qu'en dit sa fille, l'amabilité attentionnée que les gens du village, où elle a toujours vécus, ont pour elle... Rien ne s'accorde tout à fait ! Elle est bien trop complexe pour ne pas être dotée d'un fort caractère, pour ne pas être plus intelligente qu'il n'y parait.
Ce qui me fascine, c'est son état d'esprit. Elle n'est pas aigrie, bien qu'elle ne fût que victime, et condamnée au manque après l'abondance puis à la solitude. Toute sa vie, elle fut une Étrangère, des pensions de son enfance bourgeoise, à ce village perdu de paysans durs et bourrus et maintenant par l'effet de sa longévité, ce grand âge qui fait que plus que le corps qui s'affaiblit, c'est la Vie qui vous fatigue, vous lasse. Et peut-être aussi cette indéfinissable solitude que nous avons en commun elle et moi.
Elle a cette générosité matérielle qu'ont ceux qui ont appris à se contenter de ce qu'il possède. Elle a aussi l’égoïsme de ses sentiments, de ses émotions, de sa personne. Elle n'a rien oublié, rien renié, et si parfois dans une colère qui semble un peu poussée, elle se met à dénoncer ceux qui, il y a si longtemps, l'ont abusé, c'est parce qu'elle souhaiterait pouvoir aider ceux qui aujourd'hui sont à ses côtés. Bien qu'elle sache que l'essentiel dans la vie, ce n'est pas ça... elle n'est pas donneuse de leçons...
Chacun va jusqu'où son esprit et son âme peuvent l’emmener !
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