(journal de mes sensations)

mardi 13 mars 2012

Dehors comme dedans.

Souvent, juste après avoir éteint la lumière, je fais ce rêve éveillé où je me trouve aux commandes d'un vaisseau envoyé depuis la Terre vers l'inconnu. À la fois, transport, travail et maison, tout y est bien organisé pour me permettre d'y vivre le mieux possible au cours des années nécessaires à ce voyage dans l'espace du silence. Un navire solide et fiable, bien équipé ainsi que lourdement armé, car on ne sait jamais... Un navire conçu pour voguer dans un espace sombre et froid, tout autant hostile que merveilleux, en partie parce que inconnu. Le vaisseau est immense et nécessite, quotidiennement, de nombreux contrôle afin d'assurer son bon fonctionnement. Chacun d'eux est toujours une aventure pleine d'imprévus et, parfois, de dangers. Ma vie quotidienne dans ce vase clos est en somme, la représentation délimitée de celle que je vis en tant que partie de ce vaisseau, voyageant au milieu de l'incommensurable, de l'inattendu.
En fait, je vis la même chose au-dehors qu'au-dedans ! Il y a concordance, tranquillisé, je finis par m'endormir, sans jamais savoir ni quand, ni comment. Et n'y pense plus à mon réveil.
Il m'arrive parfois de me rappeler certains de ces rêves que j'ai faits, alors endormi. Dans le dernier, nous étions voisins et gardions un œil l'un sur l'autre, sans jamais le faire voir. Nous nous observions secrètement à travers une porte aux vitres translucides, séparant nos deux vies respectives. Malgré toutes ces manières et ces effets, nous savions où l'autre se trouvait, ce qu'il savait, nous ressentions même ce qu'il vivait. 
À mon réveil prédominait la sensation d'une faille ouverte entre ces deux mondes. Celui, au dehors, dans l'immensité du quotidien, que j'agrémente d'un perpétuel rêve éveillé où se jouent des retrouvailles qui me viennent comme les idées. Et l'autre, dans mon sommeil, au centre de mon inconscient où, intimement nous nous trouvons toujours si proches, mais comme errant dans une étrange attente, séparés d’invraisemblables cloisons jamais tout à fait étanches, jamais tout à fait concrètes. Entre ces deux mondes, semblable à une faille, un passage, une même et unique sensation d’incrédulité.  
Incompréhensible vie que celle du dedans ou les élans semblent toujours aussi puissants sans jamais porter. Impensable, cette autre du dehors, où la réalité est incapable de prendre l'aspect déterminé qu'elle revêt habituellement. 
Quel étonnant et persistant accord entre le dedans et le dehors ! Quel drôle de mélange, ces sensations ni tout à fait réelles, ni tout à fait imaginées...
Ce soir, sans doute, embarquerai-je à nouveau dans ce navire symbolique, peut-être aura-t-il l'image de ceux des siècles passés, tout en bois grinçant, emporté par d'immenses voiles de chanvre ou de lin. Tenant la barreen équilibre sur un océan rugueux, n'en connaissant ni la carte, ni les fonds, avec en bouche et dans les cheveux l'empreinte salée d'embruns furieux. Tentant d'apercevoir entre les lourds et sombres nuages, une étoile étincelante pour me guider vers un tendre et clair rivage.
Un océan, mais sans fin, car jamais, je n'ai vécu ou même imaginé, à ces voyages, d'arrivée...  

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