(journal de mes sensations)

mardi 22 novembre 2011

Qu'est-ce qui demeure de ce qui paraît être ?

"Il semble qu'il existe dans le cerveau une zone tout à fait spécifique qu'on pourrait appeler la mémoire poétique et qui enregistre ce qui nous a charmés, ce qui nous a émus, ce qui donne à notre vie sa beauté."
(L'insoutenable légèreté de l'êtreMilan Kundera)
Cela pourrait donc être techniquement effacé ? Une lobotomie par exemple, cette dramatique farce qui efface les grimaces !
Petit, une infection d'origine bactérienne m’infligea de telles douleurs que mon cerveau déconnecta la partie atteinte me privant de l'usage de mes jambes durant quelques mois. Je devais avoir à peu prés cinq ans, hospitalisé, je subis toute une batterie d'investigations plus douloureuses les unes que les autres...
Je ne me rappelle de presque rien sinon des bons moments, parce qu'il y en eut quand même. J'eus l'occasion comme bon nombre d'entre-nous de souffrir physiquement, rage de dent, maux de ventre... De ces douleurs qui vous font perdre la notion du temps, tant vous êtes centré sur l'instant. Et pourtant, la souffrance, une fois finie, paraît aussi irréelle qu'un rêve. Et même si certaine d’entre-elles, sont si aiguës qu'elles laissent comme un sillage, une réminiscence évanescente, elles finissent toujours par disparaître. Tant que l'on souffre, on ne peut concevoir que ce que l'on éprouve puisse disparaître, qu'il puisse n'en rester rien.
Il semble qu'il n'existe pas, dans le cerveau, une zone spécifique qui enregistre la souffrance physique. 
Est-ce qu'il en va de même pour celles de l'âme ? J'ai, aujourd'hui encore, accès à des peines... si douloureuses. Certaines circonstances, une ambiance, une musique, un parfum... et j’accède à cette mémoire de l'âme et ressens la souffrance avec autant de violence qu'à l'origine. Je me remémore tout à coup ce film aussi surprenant qu'attachant : Eternal Sunshine of the Spotless Mind
Est-ce pour essayer de concrétiser dans l'instant ces souffrances psychiques qu'on les accompagne de douleurs physiques ? Et ne garderait-on pas que celles auxquelles on tient trop ?
Alors, qu'est-ce qui demeure de ce qui paraît être ? Peut-être l'essentiel ?

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