(journal de mes sensations)

jeudi 24 novembre 2011

L'odeur des fanes de pommes de terre que l'on brûle dans les champs !

Une journée à se fiche à l'eau ! 
Il a suffi d'un coup de fil de ma banquière... Pour que cet à quoi bon réapparaisse. À chaque fois plus fort. 
En rentrant, je me suis enfoui dans mon lit, de toute façon, je n'attends plus aucun signe ou peut-être bien que je m'en fiche, maintenant... Avant de sombrer dans le néant, je lis quelques pages où l'auteur évoque son enfance en Roumanie... Cette odeur de fanes de pommes de terre qui brûlent m'envahit alors, sans raisons apparente, mais si puissante que les yeux me piquent ! Certes, depuis quelques mois je retourne dans cette campagne de mon enfance, et de chaque promenade surgit quantité de souvenirs. Mais d'où peut donc me venir cette odeur, si fortement réelle ? J'adorais cette odeur ! Je l'avais pourtant oubliée ! Elle symbolisait... mon bien-être, je ne dis pas mes racines parce que je suis incapable de revendiquer une appartenance à quoi que ce soit ; j'ai, depuis toujours, ce sentiment diffus de n'être de nulle part, peut-être parce qu'il y en a toujours eu un avant moi, pour revendiquer ce droit... Mais cette odeur est associée au réconfort, celui qu'attend tout enfant... Sans doute aussi parce qu'elle précédait le souper puis cette nuit froide et sombre, d'abord silencieuse puis étoilée des cris des animaux de la forêt. Alors que moi, après ce souper de pissenlits, d’œufs à la coque et de tarte aux pommes, j'irai me coucher bien au chaud et à l’abri de la nuit... bien aise ; avec l'assurance que demain tout recommencerait. 
Je veux la sentir à nouveau !
Je sais à cet instant que, si je résiste ici, je finirais ma vie là-bas. Là où je suis né. Cet endroit qu'enfant, je ne voulais jamais quitter. J'y ferai pousser mes légumes (y ont déjà été semées des graines d'une sorte de choux d'un autre pays) j'aurai quelques poules, pour leurs œufs et pour, parfois le dimanche, rôtir un poulet. Et je ferai dans la forêt, du bois pour me chauffer. J'ai vu que dans la remise avec les clapiers à lapins, tous les outils de mon grand-père, sont encore là...
En humant l'air du soir qui vient, à la fin de l'été, peut-être sentirai-je à nouveau cette odeur de fanes de pommes de terre que l'on brûle, dans le silence d'une fin de journée... heureux d'avoir travaillé la terre. Je crois que je ne désire plus rien d'autre. 
Et, comme dans ce film, Le Quattro Volte (vu à l'époque de si belles promesses que, naïvement, je croyais), un coup de froid m'emportera, j'oublierai toutes les promesses, tous les petits bruits que fait la vie s'arrêteront. 
On me mettra dans cette terre de sable noir, ou on m'y dispersera après m'avoir brûlé, avec des fanes de pommes de terre... et puis voilà.

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