(journal de mes sensations)

jeudi 3 novembre 2011

Les choses de ma vie...

Qu'est-ce qui m'arrive ? Aïe ! Merde ! C'est quoi cette douleur ? Pourquoi je ne vois rien ? Mais... c'est quoi ce cirque ? Je commence à avoir la frousse... et, dans quel sens je me trouve là ?
... Ça coule de mes yeux sur mon front... je suis tête en bas ! Impossible de bouger... Panique... 
Je pleure comme un enfant tellement j'ai mal et tellement j'ai peur. Je n'arrive pas à comprendre ce qui se passe, je suis coincé, tête en bas, dans un trou noir, une douleur vive dans le dos, au milieu comme un pincement sur la colonne... sans doute d'être tordu la tête en arrière... Et ? qu'est-ce que c'est que cette odeur ? c'est suffocant, ça brûle la gorge ! Oh, merde, merde, merde... AU SECOURS !
Ça y est, j'y suis, je suis dans ma voiture, oui c'est ça, je sortais du travail... Un accident ! Merde... J'ai mal ! Me calmer... contrôler ma respiration... Je ne peux pas prendre de grandes respirations, cette odeur, c'est trop fort.
... Je ne sens pas mes jambes !... Je crois que je suis mal, là ! Les bras, ils ne  bougent pas non plus... Souffler, inspirer... Je commence à comprendre maintenant, rien de rassurant, il faut peut-être même s'attendre au pire... mais ça me calme un peu de comprendre ! On va me sortir de là, il faut réagir, appeler ! 
... 
Flash spécial : 
- Un grave accident sur l'A1, en direction de Paris. Un camion-citerne est tombé d'un pont qui enjambe l'autoroute. Il s'est écrasé sur l'autoroute ! La circulation y était importante mais fluide, ce qui fut très certainement un facteur aggravant. Cela a provoqué un carambolage d'une cinquantaine de voitures lancées à vive allure. Il semble que sous le pont, le camion et les véhicules écrasés ne sont plus qu'un amoncellement de tôles froissées de plus de six mètres de hauteur.
- On nous annonce à l'instant qu'un plan rouge a été déclenché. Le camion-citerne impliqué, dont on ne connaît toujours pas la raison de sa chute, contiendrait un produit chimique hautement dangereux. Les témoins, indemnes, ceux-la même qui ont averti les secours, il y a maintenant une heure, assurent avoir entendu des appels au secours provenants de cet enchevêtrement de métal, de plastique et d'huile. 
Une brigade de pompiers spécialisés dans la désincarcération, serait déjà sur place... 
En direct :
- Oui, il y a bien des équipes spécialisées dans ce genre d'accident ici, mais elles semblent impuissantes pour le moment. Tout ce qu'ils font actuellement c'est d'asperger cet enfer avec de la mousse afin de diminuer les risques d'explosion... Aucun outils n'est utilisable. La moindre étincelle provoquerait une terrible catastrophe.
- On peut voir qu'un vaste périmètre est en cours de sécurisation, par les militaires. Aux abords du sinistre, les sauveteurs sont équipés comme des démineurs...
- On ressent, cependant, à leurs attitudes, un immense désarroi chez ces hommes, ils paraissent incapables de savoir quoi faire... Ils essayent de communiquer avec les survivants, a priori il y en aurait plusieurs...
...
Je commence à distinguer ce qui m'entoure. Mais c'est de plus en plus irrespirable. J'entends du bruit... il y a du monde... Eh ! Oh ! ICI ! Bon sang, j'en chiale d'entendre les secours... Il y a quelque chose qui s'allume ? là ! Mon téléphone ! Oui, je vois l’écran... Oh merde, ça fait du bien ! Oh, je l'aime ce téléphone... Il me rattache tout à coup à tout ce que j'ai vécu, à la vie... C'est qui ? Non ! C'est... Oh, enfin... À L'AIDE ! je... j'y arrive pas... Mais merde à la fin, s'il vous plaît, sortez-moi de là, il faut que je sorte, il faut que je réponde, et lui dire que je risque d'être en
...
- Oh mon dieu ! Une... une explosion ! Une terrible explosion vient de se produire ! C'est horrible... tout à était soufflé... les pompiers... Oh mon Dieu...
...
Plus tard, 
- Qu'a-t-il pu se produire Commandant ?
- Tout avait été mis en oeuvre pour cela n'arrive pas. Les hommes qui étaient sur le terrain étaient des professionnels. L'étincelle, parce qu'il y a eu une étincelle, venait de l'intérieur ! Tout est envisageable, vous savez, une batterie... même un téléphone portable peut être à l'origine d'une étincelle...
...
05h11 ! 
J'ai dû m'endormir après 02h00, je me rappelle avoir vu l'heure. Et je suis déjà réveillé, à envisager une histoire, que je pourrai écrire, pour m’exercer aujourd'hui. Il faudrait que je puisse enregistrer ce qui me passe dans la tête. J'ai bien essayé de le faire avec un petit enregistreur, mais entendre ma voix me coupe tout... Je n'aime pas ma voix. 
Il faut que je m'en souvienne, ça peut être un bon exercice... Tout à l'heure ça ne sera plus tout à fait pareil, mais tout de suite, j'ai la flemme de m'y mettre... L'histoire m'intéresse pas tellement, c'est plutôt la mise en forme de la situation. D'essayer de donner à ce que j'ai à dire au final, la sensation que j'en ai.   
Quand on est comme moi, je veux dire avec une drôle d'imagination... alors que sachant tout ce qui se passe, je devrais m'inquiéter de ma situation, de celle de la France, de celle de l'Europe... Eh bien non, je pense à une petite histoire à la con, pour essayer de dire quelque chose dont beaucoup se fichent. Tiens ! Un truc qui resurgit, ce bouquin qui m'avait marqué... il y avait eu un film aussi, de Claude Sautet avec Piccoli et Romy Schneider, "Les choses de la vie" de Paul Guimard. C'est le film qui m'avait donné l'envie de lire le livre. Ce bouquin fût pour moi un révélateur. Je saisissais une autre dimension, celle de l'auteur. Son aptitude à inventer des circonstances non vécues par lui, enfin je l'espère pour certaines, à se mettre en situation, à imaginer chaque détail, chaque sensation, chaque réaction. Il y avait aussi cette construction, qui pour le profane que j'étais, me paraissait terriblement percutante. J'avais une douzaine d'année, je m'en souviens parfaitement maintenant, ce devait être mon premier bouquin de grands. Je l'avais oublié, jusqu'à ce matin.
Mais revenons à mon histoire, je disais donc, quand on est comme moi, je veux dire avec une drôle d'imagination... la pire des choses, c'est de ne pas savoir !
Par exemple, quand je n'ai pas de nouvelles de ceux... eh bien, je m'inquiète ! Je me fais des idées, comme tout le monde me direz-vous. Non ! pas comme tout le monde ! Tous les détails que j'ai enregistrés auparavant surgissent et se mettent en place. J’échafaude alors le pire des scénarios, mais aussi le plus vraisemblable. Il ne s'agit pas d'accidents, de drames. Non, c'est juste que je ne vois plus que toutes ces petites choses qui nous séparent, tous ces petits désaccords. Je ne perçois plus que l'individualisme forcené de chacun... Je crois qu'ils ne m'aiment plus, ou encore qu'ils me jugent mal. Je deviens jaloux et, ou paranoïaque. Ça me ronge. Je vis ça comme un drame, je ressens cela comme une catastrophe !

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