(journal de mes sensations)

jeudi 23 mai 2013

Saṃsāra

Matinée ensoleillée avec de gros nuages blancs, ces cinq derniers jours à me lever à l'aube m'ont rendu, cependant, incapable de décoller... Je me sens, étrange, groggy, ce n'est pas désagréable.
Mon thé est prêt, dans la pièce blanche de lumière, se diffuse une brume d'huiles essentielles d'oranges douces, de cèdre et de menthe poivrée, et ma "playlist" préférée...
Dans cet écrin de sérénité, tel un joyau, mon manque à l'état pur, ma déchirure, brille de mille éclats.
J'ai remarqué, chez moi, quelques modifications de comportement depuis ma nouvelle pratique... Hormis une évidente détente pour n'être plus en permanence stressé par ces interférences synaptiques ; un sommeil plus profond, quand je réussis à sombrer et une légèreté d'être au réveil ... Je retrouve ces éclairs d'émotions excessives et débordantes, que n'importe quel psy qualifierait de désordres psychiques, de symptômes dépressifs... mais qui, pour moi, sont devenus indispensables depuis que... j'y ai accédé, en plongeant dans les yeux et l'âme d'une comète de passage.
Quelques inconvénients cependant, qu'il va me falloir combattre, la tendance à jouir de ces instants plutôt que de sortir courir...
Disons que, par exemple, des deux représentations du bouddha que l'on connaît tous, c'est une période où je tends plutôt vers celui qui se nommait Budai (un moine bouddhiste zen chinois, jouisseur et sage, représenté tel qu'il était, gros et jovial. J'écris bien "je tends", je n'ai rien de jovial) plutôt que vers cet être éveillé, mince et élégant, Siddhartha Gautama, devenu samyaksambuddhā... 
Selon la tradition populaire chinoise, toute femme se frottant sur le ventre de Budai était comblée... par la chance et la prospérité. Hum... Bon, j'ai un peu arrangé ça à ma façon... on ne sait jamais, sur un mal entendu, les faveurs d'une belle perdue...
Ces deux Bouddhas me vont bien comme buts ultimes à atteindre, l'ascète en quête de son éveil et le jouisseur décomplexé ; je ne peux fonctionner que par excès ! Pratiquant tantôt l'un, tantôt l'autre, et me refusant, inconsciemment, à l'équilibre, au standard, à la tiédeur, à la raison.
Conscient d'être pris dans le saṃsāra, d'être sous l'emprise de la souffrance, de l'attachement et de l'ignorance... Mais pas très pressé d'atteindre le nirvāṇa... Que ferais-je sans désir ? Je n'ai pas fini de tout explorer... Et j'ai toujours plus de plaisir à parcourir le chemin qu'une fois le but atteint.

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