(journal de mes sensations)

mercredi 8 juin 2011

Anecdote d'humeur

Je repense à cette anecdote. 
Les derniers jours à l'atelier, les propriétaires venaient chaque matin, pendant mon absence, pour repeindre les traces qu'avait laissé l'humidité autour des vitres et faire visiter... Un jour rentrant du travail, je les trouve en grande discussion avec une femme paraissant affolée. Après les présentations, j'étais quand même chez moi, j'appris qu'il s'agissait d'une New Yorkaise, ayant échangé son appartement avec un type habitant l'impasse. Attendant son amie qui devait arriver, elle était sortie oubliant les clefs à l'intérieur et la porte avait claqué ! Tout ce petit monde palabrait, essayant de trouver une solution pour entrer dans l'appartement... Des barreaux protégeaient chaque fenêtre et la porte blindée récemment les amena à chercher un serrurier ouvert le dimanche...  
Je proposais à l'Américaine, je dis "Américaine", parce qu'elle était si peu féminine, pas vraiment laide, peut-être même aurait-elle pu passer pour jolie, mais, il y avait autre chose... sa copine était, quant à elle, totalement asexuée, une de ces "intellectuelles universitaires anarchistes" (entre guillemets parce que j'ai des doutes, surtout quant à la qualité d'intellectuelle et aussi quant à la fréquentation de l'université, pour ce qui est de l'anarchisme, je me ferai un plaisir de revenir un jour sur le sujet), un de ces êtres qui préfèrent passer pour appartenant à une minorité "typée", plutôt que pour des délaissées... Peut-être même, en étaient-elles ? Mais sincèrement, je m'en fiche comme de ma première chemise, des goûts et tendances de chacun, ce que je ne supporte pas, ce sont les signes ostentatoires en tout genre, les marques d’appartenance comme pour justifier son existence... 
Bref, j'invite les demoiselles à s’abriter de la chaleur et à déposer leurs affaires chez moi. Je leur propose une autre idée, de téléphoner chez elles à NY où dort, sans doute, le proprio et, de lui expliquer ce qui se passe, peut-être aura-t-il une solution... 
Sitôt dit, sitôt fait, surtout à mes frais ! 
06h30 à NY, le type émerge comprenant à demi mot le problème. Il leur dit qu'il les rappelle dès qu'il aura contacté sa sœur vivant à Paris et surtout possédant une clef...  Oublié le serrurier et ses tarifs spéciaux "ceux qui n'ont plus le choix"...
Pour ma part, nous étions dimanche, je revenais du boulot, j'étais levé depuis 04h00 du matin et je tenais, plus encore qu'à ma vie, à passer au marché, au cas où une main par surprise se glisserait dans la mienne... 
Je leur proposais donc de rester chez moi jusqu'à l'appel attendu et même jusqu'à ce que leur problème soit résolu... 
- Oh ! Merci, merci, c'est vraiment aimable de vous... (je vous le fais en Français, mais elles n'en parlaient pas un mot) s'exclamèrent-elles. 
Pas peu fier, de pouvoir à l'occasion me vanter de cet hospitalité envers ses compatriotes. J'attrape mes lunettes de soleil, me passe du déodorant, me souris dans la glace et pars le cœur léger et plein d'espoir, faire mon marché...
Je revins "avec des nèfles", bredouille, sans plus aucune Américaine dans ma maison... ce qui m'arrangeait bien concernant les deux dernières, je le reconnais. Certainement chez elles, riant pour chasser l'angoisse de leur mésaventure Française, quelle histoire ! Quand même, ces stupides portes Française qui se ferment toutes seules, c'est vraiment... Tu te rends compte ?
Plusieurs jours passèrent sans nouvelles d'elles, mais seul le manque de nouvelle d'elle, l'abandon de traces d'elle et de ce jardin, m'accaparaient... 
Le jour de mon déménagement, passant dans la ruelle, elles me firent un signe discret de la main, me disant : 
- Oh !? Vous déménagez ?! Non !? Bon courage ! (en anglais dans le contexte)... tout ça du bout des lèvres et faisant des manières dans leurs robes légères en synthétiques vert pâle et jaune acidulée, découvrant bras et jambes aussi livides que poilues et pieds douteux, chaussés de ces chaussures ajourées (raison de l'aspect douteux des pieds) profilées avec excès, pour la marche...
J'avoue qu'elles m'ont estomaqué ! 
Je reconnais, téléphoner aux US ne me coûte rien de plus que mon abonnement, l'eau est comprise dans les charges, les deux verres de jus de fruit et les quelques feuilles de papier toilette, ne m'ont pas ruiné ! 
Mais merde, j'aurai dû laisser la propriétaire faire ami-ami avec ses congénères avec cet art remarquable qu'elle a de donner peu comme ci c'était beaucoup, offrant des conseils en tout genre et surtout pas appropriés et des encouragements distants... J'aurai surtout dû les laisser dessécher au soleil dans la ruelle, prendre des couleurs locales ! Non ?
Bon, de quoi je me plains, elles auraient pu me détrousser de tout ce que j'avais chez moi, c'est à dire, rien... Comme quoi, elles avaient de l'éducation tout de même ! Et puis j'attendais quoi, qu'elles m'invitent chez elles... Grand dieu, non ! 
Peut-être qu'elles viennent me dire que tout aller bien et me voir, comme quelqu'un qui existe... 
Les voyages offrent l'opportunité de belles rencontres à qui sait s'ouvrir aux autres... J'ai toujours détesté mes congénères qui, à l'étranger ne cessent de tout juger et critiquer ; j'ai toujours détesté ceux qui ne cherchent qu'à profiter des avantages ici ou là ; ceux qui pensent qu'avec leur fric, ils peuvent tout se payer y compris d'autre qu'eux... et ceux qui ne vivent qu'en clan identitaire. Ceux qui ne pensent qu'en terme de marché et supermarché... et ceux, qui ont un goût copié collé de leurs revues d'art ou de mode qu'ils collectionnent... Ceux dont l'esprit est obtus par peur de s'apercevoir qu'ils sont perdus... 
De toute race, de toute culture, on a tous nos malotrus.
J’exècre, plus que tout, les sectaires !
Évidemment avec de pareilles idées, je n'aime pas beaucoup de monde ! Mais ceux que j'aime, une fois que je les aime, et bien ils pourraient être tout ça à la fois sans que ça change le fait que je les aime ! 
Allez comprendre... Mais je ne me suis jamais vanté d'être logique et droit...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire