(journal de mes sensations)

mercredi 16 juillet 2014

Source de tares.

Lundi dernier, je suis rentré plus tôt, parce que, entre autres obligations, P devait passer me confier son scooter afin que je le lui expédie par le train dans son sud, où il se rend demain... et je m'étais engagé à le raccompagner chez lui...
Depuis qu'il le possède, il a toujours fait en sorte que je sois assuré comme second conducteur... j'ai beau faire part ici de mes agacements à propos de certain de ses comportements... quelques dizaines d'années, d'histoires, de soutiens et de partages, nous lient...
J'ai donc, juste en bas de chez moi, un engin puissant qui se trouve être à ma disposition pour deux, trois jours... La tentation... Mais pour quoi faire ? Ce n'est pas mon genre d'aller là où je ne vais pas à pied, parce que trop loin, pour m'installer à la terrasse d'un café en quête d'opportunités... Tiens ! Je pourrais facilement aller faire un tour dans le 6eme arrondissement, jeter un œil à une petite fenêtre... ou dans le 1er, voir ce qui se trame... Mais s'y déroule désormais une autre vie, qui ne me regarde plus et où je ne suis pas plus attendu que convié. Et quand bien même je le serais... qui ferais-je ? Qui suis-je, pour féliciter ? Je me sentirais embarrassé et tout emprunté... je ne me vois que maladroit, mal à l'aise, dans ce rôle de servir des éloges ou des critiques ; j'ai toujours pensé qu'il y avait dans ces actes, une certaine et non moindre, condescendance. Et je déteste cela, la condescendance. De toute façon, je ne suis pas étonné de... ce qui doit être, enfin j'imagine... Je n'en ai jamais douté...
J'ai toujours été plus intéressé par ce que les gens sont que par ce qu'ils font !
… même si voir ceux que j'aime réaliser de belles choses m'émeut... m'émeut aux larmes... me projetant dans un violent et soudain état d'émotivité que je n'assume toujours pas devant les autres et que je préfère cacher... Au moins, dans ce cas, l'embarras m'est évité.
Déformation sans doute due au fait que je n'ai jamais été... non ! que je ne me suis jamais senti, réellement encouragé pour ce que je tentais de faire... pardon, presque jamais... Il m'était plus volontiers servi que j'étais un brave garçon, et toujours bien sage... Et je dois bien avouer ne pas me rappeler, ne serait-ce qu’une seule fois, que l'on ait été fier de moi... Allez savoir d'où viennent toutes ces tares.
Bon... je pourrai simplement aller me balader, avec de la musique dans les oreilles, des rêves dans la tête et le vent qui gonfle ma chemise et me caresse en douceur... rechercher cette sensation physique et d'espace, que l'on a en sortant d'un virage serré ou en accélérant soudainement...
Oui... mais je crois que je vais plutôt faire une sieste... c'est plus sage.

2 commentaires:

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  2. Deux phrases se détachent (entre autre) de votre billet, les reliant à la même source : "je ne me suis jamais senti réellement encouragé pour ce que je tentais de faire... pardon, presque jamais" - "je dois bien avouer ne pas me rappeler, ne serait-ce qu’une seule fois, que l'on ait été fier de moi", clôturant par un terme assez violent "tare".
    A vous lire, il n'apparaît pas cependant de carence de talent.
    Écrire, savoir exprimer avec élégance ce qui nous motive, nous agace ou nous émeut est un don. Pour tous ceux qui ne peuvent coucher sur papier la moindre phrase valable, vous apparaissez comme un phénix. Ils sont légion les amputés du stylo, ...je ne sais à quoi est-ce dû, mais c'est une réalité.
    Si nous poursuivons sur le thème du talent (celui qui aurait dû être encouragé et émaillé de signes de reconnaissance par vos pairs) ce qui se peint un peu tous les jours dans votre journal en révèle un autre : la sensibilité qui fait se taire plutôt que de laisser aller son mécontentement, même si celui-ci est juste.
    Combien d'entre-nous se permettent de déverser leurs humeurs sans même se soucier du tort qu'ils font à ceux qui les écoutent ?
    De ceci, vous pouvez être fier.
    Choisir tous les jours d'être ceci ou cela révèle une intelligence qui n'est pas forcément celle de l'esprit, cher Écrits et chuchotements.
    Et c'est un choix.

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