(journal de mes sensations)

jeudi 10 juillet 2014

Grisaille tenace.

C'est certainement la faute à ce temps qu'il fait... un temps où attendre me semble la seule attitude envisageable... Debout, le front posé sur la vitre, mon regard s'égare dans cette grisaille qui masque le ciel... Est-ce l'humidité, cette fraîcheur crue trop soudaine ? Toutes mes plaies... sont plus douloureuses.
Tout ce à quoi je m'efforce, tout ce que je pense comprendre... même ce chemin... tout disparaît dans ce manque qui me tenaille soudain. Comme hier, je revis tous ces moments difficiles, non pas ceux où je me sentais trahi, mais ceux où je me désespérais d'attendre sans qu'aucun repère ne me soit donné...
Ce manque me presse si fort que je sens les larmes monter.
Ça ne va pas durer !
C'est toujours aussi vif, aussi inattendu. Et les quelques promesses qu'il y a eu n'y changent rien... à croire que les promesses ne soulagent que ceux qui les profèrent...
Enfin ! Ça va passer...
Ce soir, je vois P. J'en suis heureux, mais il ne m'apporte pas ce qui me manque. Il parlera de sa vie, de lui... puis me posera, pour la forme, deux, trois questions me concernant... ne m'écoutera pas... se remettra en scène, sans même s'en apercevoir... tantôt prônant avec un sérieux exagéré et réactionnaire des valeurs obsolètes... tantôt une pensée volontairement provocante sinon un humour machiste... Je ne lui en veux pas, il est comme beaucoup de ceux qui s'égarent quand leurs rêves de pouvoir commencent à s’effilocher... Toujours pressé, débordé, préoccupé... Par sa vie, ses soucis, ses envies... Toujours empli de lui-même, ou plutôt de celui qu'il doit désormais accepter ne jamais devenir. Et cela, sans répits à venir !
Finalement, tout comme moi, il cherche de la reconnaissance... Mais alors qu'il la voudrait de toutes et tous... Seule celle de ceux que j'aime m'importe !
Peut-être que moi aussi je m'égare et que personne ne peut m'apporter ce qui me manque, enfin... presque personne...
Je ne saurais pas bien expliquer ce que c'est exactement que ce manque... il faudrait pour cela que je sois musicien... oui, je crois bien qu'eux seuls peuvent le traduire. Une sensation d'âme... Le produit d'un savant mélange de tout ce qui existe comme sentiment... concentré et transmis en un seul regard, un geste même, un souffle presque... Oh ! Rien dont l’autre pourrait s'enorgueillir. Il ne s'agit pas de talent, de charme ou d'un quelconque savoir-faire... mais d'une tout autre chose, peu commune malheureusement... une sorte de lien, que l'on peut sentir mais pas définir.
Une satisfaction, cependant, depuis quelques jours je m'impose de ne pas fumer ou me servir un verre, tant que je suis seul... Et, je tiens bon ! Je pense avoir trouvé une raison suffisamment solide. C'est plutôt positif ? Il fallait que je le note.
Par contre, ce soir, c'est permis !

4 commentaires:

  1. cher Ecrits et chuchotements, je me permets de relever ici un extrait : "Finalement, tout comme moi, il cherche de la reconnaissance... Mais alors qu'il la voudrait de toutes et tous... Seule celle de ceux que j'aime m'importe !"
    Vous seriez donc altruiste.
    Familier ce ressenti de vos lignes en lecture,
    Cette quête, assumée au prix de quelques pudeurs, qui rougis vos joues d'une salutaire couleur.
    On se sent bien au chaud de vos méandres d'âme, enfin, je m'y sens bien.

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  2. Merci pour ce bleu dans mon thé. Votre commentaire me flatte et je suis heureux d'apprendre que mes mots vous réchauffent l'âme.
    Altruiste ? Pas plus que chacun de nous... j'imagine que c'est selon... les circonstances, la tournure des événements... ou une rencontre...
    Bien que cette qualité puisse paraître hors de portée à toute conscience honnête... on y accède sans même s'en apercevoir. Toutes nos digues cèdent alors et l'on se déverse avec le sentiment d'être inépuisable...
    Mais d'autres, selon "leur posture"... qualifieraient mon attitude comme un manque d'ambition personnelle...
    La réalité se trouve sans doute dans le milieu de tout cela... Mais je continue ma quête, en tentant d'être le plus honnête possible...

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    1. Je suis plus thé que café, itou.
      Pour son intime parfum, jamais le même, profitant d'une mémoire qui s'effiloche lorsqu'elle n'est pas assez sollicitée. Le thé qui accompagne un moment de travail, seule, ou un temps de goûter gourmand entre amis.
      Quant au bleu de mon café, c'est une autre histoire.
      J'ai lu votre avant dernier billet où vous êtes semeur et veilleur en même temps, toujours en espérance ; comme le boulanger qui rabroue sa chatte revenue après qq jours de maraude, pour mieux dire à sa femme volage ce qu'il ne peut lui dire en face, tant il l'aime, tant ce fil, cette corde infime qui les relie est fragile.
      Je me promène parmi vos mots semés dans des sillons attachants. Des sillons donnant l'envie d'aller explorer encore un peu plus loin, sortant même du jardin potager.
      Au delà du sable, déjà les orteils baignant dans une étonnante mer chaude, des sillons que l'on peut tracer avec discernement ou pas.
      C'est selon.

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  3. Allez... hop! ça ne va pas durer, oui... ça ne va pas durer...
    Tchin! - ce soir, c'est permis, aussi.

    (Et, alors, P. ... a-t-il trouvé de la reconnaissance depuis?!
    Oui, je sais... je suis impossible!)
    :)

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