(journal de mes sensations)

mardi 6 novembre 2012

De quoi aurai-je l'air ?

Sans doute devrais-je faire l'effort d'aller faire un tour dehors. Peut-être que quelqu'un m'y espère ? Mais j'ai déjà si froid dedans, que l'idée même de sortir me glace.
Il y a encore quelques semaines, j'aimais marcher jusque dans le coeur de ma ville, depuis quelques jours je me sens étranger à tout. Il va pourtant falloir me faire violence, j'ai promis à J. de l'emmener rendre visite à L. qui vit à Londres pour un an. Deux jours seulement, deux jours quand même ! Une nuit ailleurs, à quelques enjambées de Hyde Park, où je n'irais pas courir à cause de ce genou qui continue de me faire souffrir.
Je sais qu'une fois en route, j'y prendrai un certain plaisir, mais l'idée de ce départ m'angoisse... Lorsque je pars pour la campagne, ce n'est pas pareil, je m'y sens en sécurité, la forêt alentour m'a vue grandir et me protège, la terre grise et sableuse m'est familière et nourricière.
Tandis que ce voyage, il va falloir que je me plie à toutes ces règles qui organisent l'extérieur, c'est un peu comme de passer d'un état d'apesanteur à celui de la pesanteur des autres ; d'un état d'inconscience à celui de gravité... Croiser des visages qui m'ignorent ou me scrutent, alors que je ne cherche que ce regard qui sait me fixer et m'envelopper...
Il me faudra faire l'effort de me faire comprendre alors que je suis tout accaparé à gérer ce qui me manque, ce manque si abyssal que personne n'en supporterait même l'idée.
Je tremble de ce froid qui vient de l’intérieur, je me contracte en spasmes et claque des dents, comme cela m'arrivait parfois... jusqu'à ce que des bras m'enlacent et qu'une voix enfin me calme...
Alors comment sortir quand on est dans cet état-là ? De quoi aurai-je l'air ? Sans ces bras, sans cette voix, il va m'en falloir du temps pour que cette crise passe...
En même temps, peut-être que je me fais des idées... Sur ce qui me manque ou pas ! Sur ce qui m'attend ou pas ! Sur ce que j'espère...
À moins que ce ne soit l'extraordinaire beauté de cet "Air" de Bach... La musique baroque a le pouvoir de m'attraper l'âme, Bach de l'essorer !
"Air" Orchestral Suite N° 3 in D Major_BWV 1068

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